Présentation de la commune de Lencloître

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Histoire de Lencloître

Une occupation humaine ancienne

Si le territoire de Lencloître se développe autour de son prieuré au début du 12e siècle, les traces d’occupations humaines sont bien antérieures. En effet plusieurs artefacts ont été découverts fortuitement sur la commune et permettent de relier les premières traces d’occupation du territoire à la période néolithique.

Au lieu-dit le Bouchet, des lames de silex, une hache polie et des pointes des flèches ont été découvertes. Leur fabrication est sans doute à relier au grand centre de débitage de lames de silex situé autour du Grand-Pressigny, dont les productions, qui s’échelonnent entre -3000 et -2400, s'exportent dans toute l'Europe. La présence d'un polissoir à Orches, utilisé à la même période pour polir des outils, est également un indice de la diffusion de ces productions dans un périmètre large autour de leurs lieux de fabrication.

Une occupation antique de la fin de l’Âge de Fer (-800, fin du 1er siècle de notre ère) est également attestée : un gué romain a été repéré, probablement sur l’Envigne, mais sans plus de précision sur sa localisation, des pièces de monnaies romaines ont été trouvées à Gironde, des tessons antiques au Bouchet, une statue en pierre de l’impératrice Faustine (2e siècle) et des constructions gallo-romaines aux Chintres.

La période médiévale est également représentée avec la découverte dans les années 1970 d’une nécropole à la Taille des Lys (sarcophages en pierre datant du haut Moyen Âge). Plus récemment, un chapiteau sculpté et une clé de voûte ont été mis au jour lors de travaux de rénovation à Celliers et La Coue. Utilisés comme pierres de réemploi, il pourrait s'agir de vestiges du prieuré de Celliers et d'un manoir à La Coue.

Des prospections aériennes autorisées par le service régional de l'archéologie au début des années 1990 ont permis de repérer dans des champs plusieurs traces d’enclos notamment au Bouchet, près du château de la Boutière, à la Lande et au Breuil. Ces enclos peuvent dater de la période gallo-romaine mais en l’absence de fouilles, il est difficile de pouvoir les dater plus précisément.

Enfin, l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives(INRAP) a réalisé en 2014 un diagnostic archéologique autour de l’église paroissiale Notre-Dame. Huit sondages localisés autour du chevet, le long des collatéraux nord et sud, devant le portail ouest et à l’intérieur de l’édifice, ont permis de mettre au jour des sépultures de la période médiévale ainsi que du mobilier archéologique : céramiques, éléments d’un retable sculpté du 17e siècle avec décor de drapé portant des traces de polychromie et fourneau de pipe en terre cuite décoré d’une mouche et portant la mention du fabricant Gambier (fin 18e siècle, 19e siècle).

De la fondation du prieuré à la Révolution

Un premier prieuré est fondé au lieu-dit Celliers à la fin du 9e siècle. Il dépend de l’abbaye Saint-Benoît de Quincay. Il comprend des bâtiments conventuels et une église qui sont rattachés à la fin du 18e siècle à la paroisse de Boussageau fondée au début du 14e siècle. L’église prend ensuite au 18e siècle le vocable de Sainte Mélaine (Sainte Melene de Celliers) avant d’être détruite au moment de la Révolution. Deux toponymes témoignent de la présence du prieuré, la pièce et le bois du prieuré. Aujourd’hui seul perdure le nom de la pièce du prieuré, situé en contrebas du hameau de Celliers.

Le prieuré fontevriste est fondé entre 1106 et 1109 par Robert d'Arbrissel. Il est édifié en bordure de deux rivières, l'Envigne et la Fontpoise, sur la terre de Gironde (Obedientia de Jarundia ) donnée par Aimery, vicomte de Châtellerault. Une communauté de femmes, dans un premier temps, puis d'hommes s'organisent autour de l'église Notre-Dame. Le couvent des femmes s'articule autour d'un cloître et comprend une salle capitulaire, des dortoirs, un réfectoire, des cuisines, un logis pour la prieure, une hôtellerie et son cellier. Un noviciat et une bibliothèque sont également construits. Le couvent des hommes est édifié quelques dizaines de mètres plus à l'est autour d'une chapelle placée sous le vocable de Saint-Jean-de-l'Habit. Le prieuré possède un pigeonnier, un moulin (molendinum de claustro, vers 1113) dont il ne subsiste que le bief, et de nombreuses terres.

Après une longue période de relâchement de la Règle, les prieurés fontevristes sont réformés. A Lencloître, la réforme est menée par Antoinette d'Orléans à partir de 1610. Elle se traduit par de nombreuses constructions et reconstructions au sein du prieuré : couvent des hommes, chapelle Saint-Jean-de-l'Habit, portail de l'hôtellerie, cloître, et par la commande de nombreux objets mobiliers et liturgiques (tableaux, retable, fer à hostie, encensoir...).

Autour du prieuré, des maisons d’habitations s’agglomèrent peu à peu le long des actuelles rues de La Franchise, de l’Ancien Pont, et de la Grand'Rue ainsi que sur la rive gauche de l’Envigne. Trois bourgs distincts sont mentionnés à la fin du 18e siècle : celui de Lencloître, celui de Saint-Mathurin et celui de l’Epinette.

En 1612, les religieuses acceptent la tenue de quatre foires annuelles sur le champ de foire (à la Saint-Jean, à la Saint-Roch, à la Saint-Simon et à la Saint-Jude) moyennant une redevance de deux deniers sur chaque mouton ou agneau vendus, cinq deniers sur chaque banc de boucher vendant chair sous les halles, trois deniers sur tous autres bestiaux qui se vendaient, un denier sur chaque denrée étalée, le tiers du droit des minages des blés exposés. En 1782, la fréquence annuelle des foires passe de quatre à neuf. En plus de ces foires, des halles sont édifiées dès le 16e siècle au carrefour Joyeux, complétées par de nouvelles halles bâties le long de la Grand'Rue et qui seront démolies au milieu du 19e siècle lors de la construction de l’hôtel de ville.

Dans les écarts, cinq seigneuries au moins sont mentionnées à partir du 15e siècle (Ligueil, La Grand Cour et La Coue) et au 16e siècle (Varenne, Le Bouchet). Deux autres manoirs sont également édifiés au 15e siècle : l'hôtel du Dognon et celui de la Chaume. Répartis principalement sur la partie ouest du territoire, les seigneuries comprennent un manoir ou hostel , résidence du seigneur, une ou plusieurs fermes, un pigeonnier, un étang ou des fossés en eau et de nombreuses terres.

Les transformations du 19e siècle

Au sortir de la Révolution, le bourg est encore marqué par 700 ans de présence religieuse. Si l’aliénation des biens nationaux constitue, pour la commune et ses habitants, un réservoir de biens immobiliers et fonciers acquis par un petit nombre, dont la famille Touchois entre 1791 et 1795, il n’en demeure pas moins que l’économie du bourg peine à redémarrer et que l’état des bâtiments -halles et églises notamment- et des habitations est très dégradé.

L’ancienne église de Boussageau, dont la paroisse est rattachée à celle de Lencloître-Saint-Genest, en 1805 n’est plus en état de recevoir des fidèles et la vie paroissiale se tient désormais dans l’ancienne église priorale. Son mobilier est transféré dans l’église Notre-Dame au début des années 1825 et l’édifice est détruit en 1827. Le notaire chargé de faire le procès verbal d’état de lieux nous permet d’avoir une description de l’édifice, probablement construit au début du 14e siècle : Les deux murs collatéraux de l’église ont perdu leur aplomb celui à gauche en entrant est écarté de dix pouces et celui à droite est pourri dans le bas à la hauteur d’environ 90 [cm] dans toute la longueur sur filtration des eaux pluviales. Le plaimpier de l’église en pierre de tuf est presque usé et cassé en beaucoup de parties. L’église n’est point voûtée seulement il existe sur le couvert un espèce de plafond en bois blanc usé et qui tombe en morceaux. Il n’y a jamais eu de clocher, les cloches qui y sont, sont placées dans deux petites fenestres construites sur un des pignons de l’église sur le bout en entrant auxquelles on monte par une échelle portative. Les pignons et les fenêtres menacent une ruine prochaine.

L’élément fédérateur pour le bourg est la création de la commune de Lencloître en 1822 née d’une partie de la commune de Saint-Genest et du rattachement de la commune de Boussageau. Lencloître devient alors chef-lieu de canton et accueille à ce titre une brigade de gendarmerie, une perception et une justice de paix. La mairie et le presbytère sont installés dans l’aile droite de l’ancien couvent.

Au cours de l’année 1826, le plan cadastral parcellaire de la commune est levé : il donne des indications précieuses sur les bâtiments présents à cette date. 306 maisons sont construites, dont les deux tiers sont groupées dans le bourg autour faubourg de l’Epinette et le long de la Grand'Rue. La levée du cadastre nous renseigne également sur les aménagements réalisés dans les abords proches de l’Envigne et de ses affluents drainés par un faisceau de fossés en eau et de fosses utiles au rouissage du chanvre (153,5 ha de chènevières dont la moitié sur la section de Pont-Caillas et 105 ha de vignes).

C’est sous les deux longs mandats de maires Pierre Delétang (1825-1858) et Alexis Montaubin (1858-1874) que le changement s’amorce et que la ville se développe. Au début du 19e siècle, peu de nouveaux édifices sont bâtis une maison portant la date de 1830, la brigade de gendarmerie datant du début des années 1840, ainsi que les halles reconstruites à peu de frais en 1845.

Beaucoup d’édifices sont en mauvais état et menacent ruine. La crue dévastatrice de l’Envigne le 22 juin 1845, qui touche le faubourg de l’Epinette et les rues autour de l’ancien prieuré, conduit à lancer au cours des années 1850 la construction de plusieurs bâtiments et ouvrage d’art. Une maison d’école pour garçons est édifiée entre 1852 et 1855 et le pont sur l’Envigne est reconstruit en 1857 quelques dizaines de mètres en amont de son emplacement d’origine. Un vaste édifice public abritant la mairie, la justice de paix chargée de régler les litiges de la vie quotidienne, la halle au centre et l'école de filles est inauguré en 1869 à l’emplacement de maisons et des halles. Ce bâtiment longé par la Grand'Rue est le nouveau cœur du bourg.

La démographie témoigne également du renouveau amorcé entre 1836 et 1851 puisque la commune gagne 406 habitants en quinze ans puis 198 entre 1856 et 1872. Cette évolution démographique favorise la construction de maisons dans le bourg, autour du champ de foire, et dans le bourg de l’Epinette.

Plusieurs châteaux sont édifiés dans les écarts mais à proximité des grands axes de communication (route de Poitiers, route de Mirebeau, route de Châtellerault). Reprenant une architecture de style classique dans la première moitié du 19e siècle, les châteaux de La Boutière (1808) et de Gaudion (1852) sont bâtis pour la famille de Fouchier. Le château de la Grand Cour est construit à proximité de l'ancien manoir du 15e siècle pour Alexis Montaubin, conseiller municipal puis maire de Lencloître. Les châteaux du Pontreau (1877, famille Simonneau-Janin), de Cursay (1886, famille Lambert de Cursay) et Picol (1890, famille Delpont) sont de style néo-gothique.

L’inauguration de la ligne ferroviaire de Loudun à Châtellerault en 1886 génère de nouveaux débouchés économiques pour la commune et les communes environnantes. La population se stabilise et les constructions de maisons d’habitations se localisent le long d’axes jusque là peu prisés : route de Châtellerault, route de Richelieu et avenue de la Gare.

Lencloître au 20e siècle

Durant la première moitié du 20e siècle, peu de grands chantiers bâtis sont lancés. En 1900, la construction de l'abattoir au sud du bourg permet de supprimer les nuisances et les problèmes d'hygiène liés aux tueries particulières des cinq bouchers exerçant en ville. La loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, notamment l’article neuf promulguant un basculement des biens mobiliers et immobiliers aux communes fait entrer dans le giron communal le presbytère et les biens mobiliers de l’église. À Lencloître, elle entraîne dans son sillage l’installation d’une école maternelle dans l’ancien presbytère en 1907, et la protection au titre des monuments historiques de l’église l'année suivante.

Les aménagements réalisés sont surtout liés à l’arrivée de nouveaux réseaux. Ainsi, le réseau téléphonique est installé en 1899. En 1922, l'arrivée du réseau haute tension, depuis la manufacture d'armes de Châtellerault, permet l'électrification des rues et de l’église, puis de la gare en 1925 et des écarts à partir de 1932.

En ce qui concerne les déplacements, une ligne de tramways est inaugurée en 1911 et fonctionne jusqu’au début des années 1930. Elle est supplantée par la circulation automobile et celle des autocars pour les liaisons plus longues. En 1925, la commune souhaite réduire la vitesse automobile dans le bourg et fait installer par le biais de la société Citroën, des plaques indicatrices pour limiter la vitesse.

La période de la Seconde Guerre mondiale est peu propice à la construction de nouveaux bâtiments et concerne l’acquisition d’un terrain de jeux et d’éducation physique pour les écoliers ainsi que l’aménagement de bains douches dont la construction est réalisée à la hâte pour les troupes allemandes au printemps 1941.

C’est une période de transition qui s’ouvre après la guerre, celle où les acquis administratifs du 19e siècle bougent également avec la suppression de la justice de paix, et la création d’un collège. La nécessité de rénover et de moderniser des constructions anciennes se fait également de plus en plus pressante.

Le gros chantier d'après-guerre est celui des équipements scolaires. Les bâtiments utilisés pour l’accueil des élèves sont en effet vétustes, exigus et dispersés sur plusieurs sites de la commune : l’école de garçons dans un bâtiment sur la rive droite de l’Envigne, l’école de filles dans l’aile droite de la mairie et l’école maternelle dans l’ancien presbytère. La commune achète en 1948 un terrain situé au lieu-dit Le Parc pour y construire une école de filles.

En 1961, Lencloître est choisi pour accueillir l’un des Groupes d’Observations Dispersés, assurant la poursuite de l’enseignement au-delà de l’école primaire. Le projet d’école de filles est alors modifié pour accueillir une classe de 6e puis de 5e. La construction du bâtiment est confiée à l’architecte Pierre Gouron et est réalisé entre 1961 et 1963. En 1965, le Groupe d’Observation Dispersé, devenu Collège d’Enseignement Général accueille 486 élèves.

Le projet de construction d’une école de filles est relancé au début des années 1970 avec l’acquisition d’un terrain au nord-est du bourg. Le groupe scolaire est construit en 1975 par l’architecte André Serreau qui réalisera dans le prolongement du bâtiment, le nouveau collège au début des années 1980.

Plusieurs bâtiments publics sont également édifiés ou agrandis entre le début des années 1960 et la fin des années 1970 : construction du centre de secours par l’architecte Pierre Gouron, perception et gendarmerie en 1970 et 1972 par l’architecte Bernard Salignat, bâtiment des autocommutateurs en 1978 par l’architecte Madeleine Ursault qui signe également le réaménagement du salon du château de Picol.

Dans l’habitat, outre les lotissements au Pied-Breton ou aux Tuileries, réalisés par la commune dans les années 1960, le pavillonnaire se développe et quelques constructions se démarquent par leur style : auvent en pavé de verre (17, rue Louis Pasteur), toit à un pan (3 bis, rue de Boussageau).

Dans la Grand’Rue, plusieurs façades sont modifiées pour accueillir des commerces ou des services : c'est la cas du magasin de photographies, jouets et disques construit en 1966 au 32, Grand'Rue ou du cinéma l’Étoile en 1978. Enfin, la volonté de modernité se traduit également par le changement de noms des rues avec l’abandon de dénominations parfois très anciennes, comme la rue du Parc, pour des noms de personnalités ou de dates historiques ayant marqués l’histoire de la commune.

Aujourd’hui, la commune de Lencloître poursuit la valorisation et la préservation de son patrimoine bâti, amorcé avec la restauration des bâtiments conventuels récompensée par le prix départemental des Rubans du Patrimoine en 2002. La médiathèque, inaugurée en 2018 dans un ancien corps de ferme et le projet de restauration de l’ancien couvent des hommes est en cours.

L’eau sur le territoire

Le paysage de Lencloître est constitué de collines et de petites dépressions où coulent des ruisseaux qui descendent en pente douce vers la rivière de l’Envigne affluent de la Vienne. De nombreux cours d’eau traversent la commune d’ouest en est (le Cursay, le Boussageau, le Gaudion, le Sautard) et du nord au sud (l’ancienne Veude, la Fontpoise, le Calais).

Puits et fontaines

Six toponymes portant la mention de fontaine ont été recensés et sont présents sur le plan parcellaire de 1826 : la fontaine de la Crapaudine (appelée fontaine Castalon ou Costolon sur le plan terrier de 1789), la fontaine à Bied (hameau de Sautard), la fontaine de l’Aulnais, la fontaine de la Motte, la fontaine Saint Mathurin et une fontaine sans nom au champ de foire.

De nombreux puits sont également visibles au bord des chemins, plus rarement dans la cour des fermes. Ils présentent la même typologie : margelle en pierre calcaire, trépied, tambour en bois, chaîne et manivelle. Les puits sont remplacés progressivement au début du 20e siècle par des pompes parfois couplées avec une auge ou un abreuvoir pour les animaux.

Les moulins

Le moulin de la Franchise appelé également moulin des Dames et le moulin Robert sont établis au 12e siècle sur le cours de la Fontpoise. Le moulin de Sautard, sur le Sautard semble dater du 15e siècle. Le moulin de la Franchise a été détruit au cours de la décennie 1970, les autres ne sont plus en activité.

Géologie et paysage

Géologie

Sur le plan géologique, le sous-sol est constitué en majorité de marnes argilo-calcaire formées au Crétacé (cénomanien) et d’alluvions sableux localisés autour de l’Envigne et de ses affluents. La pierre argilo-calcaire, localement appelée pierre de grison est une pierre dure utilisée dans la plupart des constructions du bourg et des écarts. Sa teinte varie du gris foncé au blanc en passant par le jaune. La pierre de tuffeau qui lui est parfois associée n’est pas extraite sur place mais provient jusqu’au début du 20e siècle, des carrières de Sossais et de Marigny-Brizay. La tuile et la brique sont fabriquées à Orches et Saint-Genest d’Ambière.

Le sol est constitué de marnes argilo-calcaire formées au Crétacé (cénomanien) dont la teinte varie du gris foncé au blanc en passant par le jaune. Le silex et la brique ne sont pas présents dans le sol même si un lieu dit porte le nom des Tuileries. La craie (pierre de tuffeau est présente dans les constructions mais provient des environs de Sossais (par la route des Ormes) et au sud à Marigny Brizay.

Paysage

Le paysage de Lencloître est constitué de collines et de petites dépressions où coulent des ruisseaux qui descendent en pente douce vers la rivière de l’Envigne affluent de la Vienne. Sept cours d'eau traversent la commune d’ouest en est (le Cursay, le Boussageau, le Gaudion, le Sautard) et du nord au sud (l’ancienne Veude, la Fontpoise, le Calais).

Autour des rivières, les sols sableux et fertiles irrigués par des veudes ou fossés appelés parfois rivulets, favorisent dès le Moyen Âge la culture chanvrière et maraîchère. La culture maraîchère fait la renommée de Lencloître. Au milieu du 19e siècle, la commune est décrite comme un véritable jardin maraîcher où l’on trouve, à côté des cultures en terre sous cloches ou sous châssis, de nombreux vergers. Les productions sont très diversifiées : pois, fèves, haricots, choux, ail, melons, oignons, poireaux, carottes, laitues, betteraves, céleris, navets, asperges, artichauts et champignons. Le parcellaire conserve encore la forme héritée de ces cultures, des bandes de terre longues et étroites. Le chanvre voit sa culture s’intensifier à partir du 18e siècle. Des rouissoirs, petites fosses carrées ou rectangulaires, sont creusés pour l'immersion du chanvre afin d'en favoriser son défibrage.

La commune conserve encore un couvert boisé réparti sur sa partie ouest où se trouvent les deux points culminants de la commune à 106 mètres (bois du château de Cursay et bois des Barres à proximité du Bouchet).

Le patrimoine bâti de Lencloître

La commune de Lencloître est constituée d’un riche patrimoine bâti. Son église est construite dans le style roman poitevin alors que le prieuré, reconstruit en partie au début du 17e siècle, emprunte des éléments au style classique. Dans le bourg, la construction des édifices publics, dont l’hôtel de ville inauguré en 1869, amorce une vague de reconstructions marquée par des façades de plus en plus décorées avec pilastres, corniches et linteaux sculptés. Les fermes et hameaux, présents principalement à l’ouest du territoire, sont pour la plupart reconstruits à partir du milieu du 19e siècle et au 20e siècle en moellon argilo-calcaire. Enfin, Lencloître possède plusieurs châteaux construits entre 1808 et 1891 dans les styles classique et néo-gothique.

Le patrimoine religieux

L'église paroissiale Notre-Dame, classée au titre des monuments historiques le 19 mars 1908, était le siège d'un important prieuré fondé au début du 12e siècle. L'église n'a connu que peu de transformations. De ce fait, et par son plan et son architecture, elle est très représentative de l'art roman poitevin avec une nef à collatéraux, un transept et un chœur à abside encadré par deux absidioles. Si la façade occidentale a été reprise au 15e ou 16e siècle, avec création de deux tourelles fortifiées, le reste du bâtiment a gardé toute sa structure et son décor. Le mur nord de la nef, plus soigné que le mur sud, est couronné par une corniche que soutient une série de modillons sculptés, représentant pour la plupart des têtes fantastiques. La porte en plein cintre est richement est richement sculptée avec deux voussures chargées de palmettes, de pointes de diamant, de tores gaînés, de losanges curvilignes, de galons et de perles.

Le chevet est également particulièrement décoré. L'abside et les absidioles sont rythmées par des contreforts-colonnes, et l'abside est ornée d'une dentelle de modillons dont certains, réunis par deux, soutiennent une arcature en hauteur. Le même soin est observé pour le clocher, à deux niveaux : colonnes-contreforts, colonnettes d'angles et corniches aux nombreux modillons sculptés en assurent l'élégance et la richesse.

À l'intérieur de l'édifice, la nef est longée par deux collatéraux qui assurent seuls l'éclairage intérieur par une suite de baies en plein cintre. Les hautes voûtes en berceau brisé retombent sur des groupes de huit colonnes. Chaque colonne présente un chapiteau sculpté, le tout formant un ensemble décoratif riche et varié où alternent lions, oiseaux, chimères, rinceaux, palmettes, feuillages, êtres fantastiques et masques humains. Ce décor se poursuit sur les chapiteaux du chœur et de l'absidiole sud. Le chœur présente un décor peint de la fin du 19e siècle recouvrant les absides du chevet (abside principale et deux absidioles latérales). Les décors sont peints à l'huile directement sur la maçonnerie en pierre de tuffeau. Dans le chevet et la travée centrale le décor est constitué de faux drapés, faux vitraux losangés, faux appareillage à joint rouge, d'anges les mains levées et ouvertes, de frises décoratives et de bandeaux monochromes. Le cul de four est décoré d'étoiles dorées sur fond bleu.

Le mobilier de l'église Notre-Dame.

L'église possède un riche mobilier composé de tableaux, statues et d'objets liturgiques provenant de l'ancien prieuré fontevriste et couvrant la période du 16e au 18e siècle. Les vitraux et les cloches, réalisés dans la seconde moitié du 19e siècle et au 20e siècle, pour l'église paroissiale, complètent ce mobilier.

Voir le dossier Présentation des objets mobiliers de l'église Notre-Dame de Lencloître.

L'ensemble conventuel

Les anciens bâtiments conventuels construits à la même époque que l’église Notre-Dame ont été remaniés à la fin du 16e siècle et au début du 17e siècle. L’organisation des bâtiments suit celle de l’abbaye mère à Fontevraud. Autour du mur sud de l’église, trois ailes édifiées en moellon calcaire viennent clore un espace dédié autrefois au cloître.

L’aile orientale est accolée au transept sud de l'église. Elle se compose d'un rez-de-chaussée, d'un étage carré et d'un étage de comble et abritait la salle capitulaire et les dortoirs. Entre le premier et le second niveau, un retrait de parement, qui suit une ligne horizontale, était destiné autrefois à supporter le solin de toiture d'une galerie du cloître. Au premier étage, une succession de dix fenêtres chanfreinées et deux fenêtres bouchées semblent correspondre aux ouvertures des cellules du dortoir. Le bâtiment était à l'origine prolongé vers le sud par un bâtiment (probablement la bibliothèque) le reliant au bâtiment du noviciat.

L'aile sud était dédiée au réfectoire, de la cuisine et au logis de la prieure. Elle reprend les mêmes caractéristiques constructives que l'aile orientale. Son élévation sud comprend au rez-de-chaussée deux baies à arrière voussures en arc segmentaire qui assuraient une circulation entre le cloître et un bâtiment aujourd'hui détruit. Le premier étage comprend une succession de huit fenêtres dont certaines sont chanfreinées. L'une porte un blason fleurdelysé. On remarque également au dessus de la porte cochère une pierre d'évier surmontée d'une boulite bouchée marquant l'emplacement de la cuisine. L'aile sud est prolongée vers l'ouest par le logis de la prieure construit en moellons et pierre de taille sur quatre niveaux. Une partie de l'aile sud est inscrite au titre des monuments historiques (31/12/1990).

L'aile ouest réservée à l'hôtellerie comprend un cellier en sous-sol, un rez-de-chaussée surélevé et un étage de comble. L'angle est occupé par une tour d'escalier en vis en pierre calcaire (moellon et pierre de taille) dont l'accès se fait par une porte surmontée d'un linteau en pierre. Deux petites fenêtres chanfreinées éclairent également la tour d'escalier. La vis est en pierre et bois. L'hôtellerie est fermée au nord par un portail monumental en pierre calcaire en arc en anse de panier entouré de bossages alternant bossages vermiculés et bossages plats. Il est encadré par deux pilastres avec chapiteaux à palmettes et surmonté d'un fronton en plein cintre. Au sommet du fronton, une sculpture représente un lion tenant entre ses pattes un écusson. Le blason situé dans le fronton est mutilé. Le portail est inscrit au titre des monuments historiques (20/11/1962).

Le couvent des hommes

Le logis des hommes est une construction en pierre recouverte d'un enduit qui mesure 26 mètres de long sur 8.40 de large. Elle est contrefortée au nord-est et au sud-est. Les façades est et ouest ont été très remaniées (modification des ouvertures, enduit). Un escalier en pierre situé à l'angle sud-est du bâtiment permet d'accéder au premier étage du logis éclairé autrefois par des petites baies chanfreinées comparables à celles visibles au premier étage des ailes est et sud du cloître des femmes. A l'intérieur du bâtiment subsiste une cheminée adossée au pignon sud. Les piédroits n'existent plus. La hotte présente deux rangs de denticules et est surmontée d'un blason. Sur ce même mur sud, deux baies sont visibles dont l'une à droite de la cheminée est en plein cintre. Une autre cheminée se trouvait dans une pièce voisine adossée à un mur de refend : elle a été arrachée probablement au 20e siècle. Les embrases des baies de la façade ouest conservent quelques graffiti animaliers.

La chapelle Saint-Jean-de-L'Habit est construite perpendiculairement au logis. L'élévation de la façade nord comprend des arcs moulurés appuyés sur une console qui ont pu servir de support à une galerie protégeant l'escalier d'accès au logis. Le pignon oriental est percé d'une fenêtre avec un arc en ogive. La façade sud possède deux fenêtres avec arc en ogive dont l'une a conservé un remplage polylobé.

Le pigeonnier en pierre calcaire recouvert d'un enduit, est surmonté d'un toit conique en tuile plate percé de trois lucarnes d'envol. L'intérieur du pigeonnier comprend 1270 boulins. Il a conservé son échelle tournante en bois et son pivot central.

Les châteaux

Le château de la Boutière est édifié en 1808 au nord-ouest du bourg, pour la famille de Fouchier originaire de Mirebeau. Il est constitué à l'origine d'un corps de bâtiment de plan rectangulaire sur trois niveaux et est entouré d'un parc, de bois et de vignes. En 1862, le château entre dans la famille de Lastic Saint-Jal par le mariage du comte Henri avec Marie de Fouchier, arrière-petite-fille des premiers propriétaires. Le comte fait agrandir le château en 1868 par l'ajout d'une aile au nord et au sud et d'une tour d'escalier circulaire à l'est desservant les étages. Le château reste la propriété des Lastic Saint-Jal jusque dans les années 1930. Le lieu devient ensuite maison de repos pour familles puis colonie de vacances. C'est aujourd'hui une propriété privée. Au-dessus de la porte d'entrée surmontée d'un fronton courbe se trouve toujours le blason des famille de Fouchier (lion couronné) et Lastic Saint-Jal (de gueules à fasce d'argent).

Le château de Gaudion fait face au château de la Boutière dont il est séparé d'un kilomètre environ. Il a été bâti pour la famille de Fouchier en 1852 et reprend la même typologie architecturale que La Boutière : un rez-de-chaussée, un étage carré et un étage de comble percé par des lucarnes. Le château de Gaudion ne comprend qu'une aile au sud.

Le château de la Grand Cour est construit à partir de 1847 pour Alexis Montaubin, maire de Lencloître entre 1858 et 1874. Il est acheté par la famille Castex entre 1873 et 1876. Celle-ci y apporte des améliorations, fait construire des bâtiments d'habitation et des dépendances dans le hameau (logements pour les ouvriers viticoles, maison du régisseur, maison du garde forestier, chais, écuries). En 1898, un pavillon appelé "musée" est édifié pour abriter les collections de sculptures des Castex. Léon et Marthe Castex, frère et sœur, se suicident à la Grand Cour en juillet 1916 et sont enterrés, selon leurs volontés, dans l'allée du château au pied d'une croix en pierre de Volvic. Après la dispersion des collections, le château est vendu dans les années 1920. Édifié en pierre de taille en rez-de-chaussée surélevé, un étage carré et un étage de comble, il se compose d'un corps de bâtiment central entouré de deux travées construites en retrait. Le belvédère situé au centre de la toiture est entouré d'un garde corps en fer forgé et surmonté d'un toit conique en ardoises lui même surmonté d'un paratonnerre.

Le château de Cursay :

La famille Lambert, originaire du richelais acquiert au début des années 1820 quelques terres aux lieux-dits Cursay, la Chapallière, la Clergeaudrie et la Balle. En 1839, elle devient propriétaire du Breuil, grand corps de ferme longé par le ruisseau du Cursay et situé à proximité des terres acquises précédemment. Elle y fait reconstruire en 1842 une maison entourée de bâtiments. Le château de Cursay, ses écuries, mais aussi la chapelle, la maison de garde à la Balle et la maison du garde-forestier sont édifiés entre 1888 et le début des années 1890. Au cours de l'été 1960, le château est partiellement détruit par un incendie et perd son étage de comble, sa tour, ses tourelles et ses frontons pignons.Le château est en pierre et moellons partiellement enduits et comprend un corps principal avec une aile en retour d'équerre au sud-est ainsi qu'une avancée au nord. Il est bâti sur quatre niveaux (cave, rez-de-chaussée surélevé, un étage carré, un étage de comble) et suit une élévation ordonnancée (cinq travées sur la façade principale). Le soubassement est en pierre de taille de même que les encadrements des baies et les chaînes d'angle. Les fenêtres du rez-de-chaussée surélevé et de l'étage sont à croisée. Le pignon oriental a deux demi-croisées au premier étage. La toiture en ardoise est à longs pans et croupes. La porte d'entrée est surmontée d'un arc en accolade.

Le terrain sur lequel est édifié le château du Pontreau appartient jusqu'à la Révolution au prieuré. Il est longé à l'est par la rivière Fontpoise. Le château est construit au début des années 1850 pour Pierre Simonneau, juge de paix, puis agrandi par son beau-fils, Louis Janin à partir de 1877. Celui-ci donne à l'ensemble un style néo-gothique avec de grandes fenêtres à gâble et un belvédère sur le toit (aujourd'hui disparu) semblable à celui construit à la même période la Grand Cour. Dans les années 1950 un foyer pour personnes âgées est installé dans le château et dans les communs sous l'impulsion du curé de Lencloître, Lucien Petit.

Le château de Picol, appelé lors de sa construction château du Pied de Picol du nom de la parcelle sur laquelle il a été édifié, est construit entre 1890 et 1891. Bien que la tradition orale rapporte qu'il aurait été bâti par l'architecte de la reine Victoria pour son tailleur sur le modèle du château de Balmoral en Ecosse, le château a été édifié pour la famille Delpont, originaire du sud de la France. Le château est surtout remarquable par son élévation orientale rythmée par cinq travées, percée par des fenêtres à croisée, entourée de deux échauguettes et terminée par un fronton pignon à crochets, fleuron et gargouilles.

Habitat

Le bâti civil le plus ancien semble dater du début du 15e siècle (manoir-ferme du Dognon). Les bâtiments présents sur le cadastre napoléonien levé entre juillet 1826 et janvier 1827 ont pour la plupart été remaniés, partiellement détruits ou reconstruits. Les constructions, reconstructions ou extensions s'échelonnent entre la première moitié du 19e siècle et les années 1970 avec un pic autour de 1880 qui correspond à l'arrivée du chemin de fer.

Voir le dossier Habitat

Les monuments funéraires

Jusqu'en 1822, il existe trois lieux d'inhumations. Le premier autour de l'église Saint-Hilaire de Boussageau, le second sur la paroisse de Saint-Genest d'Ambière et le troisième aménagé dans le quartier de Saint-Mathurin. Lors de la création de la commune de Lencloître en 1822, un nouveau terrain est choisi pour établir le cimetière au nord du bourg, à proximité du champ de foire. Ce cimetière est clos de murs en moellon et fermé par un portail en plein cintre. Au début des années 1920, il est agrandi au nord par l’achat de trente ares de terrain. Une bande de dix mètres de large partant de l’allée de la forêt est interdite à l’inhumation et est aménagée en allée plantée de deux rangées d’arbres d’essence résineuse lui conférant un caractère paysager jusque là absent.

Lieu de sépulture des habitants, le cimetière conserve à travers ses tombeaux individuels ou collectifs la mémoire de la vie lencloîtraise. Les tombeaux sont de plusieurs types : stèles, enclos, chapelles, cippe, colonne et peuvent prendre parfois la forme d’un sarcophage ou d’un obélisque. Les tombeaux les plus anciens encore visibles remontent au 2e quart du 19e siècle. Parmi les plus représentatifs on peut citer celui d’Adalbert de Fouchier, propriétaire du château de Gaudion qui prend la forme d’une colonne surmontée d’une urne, le tombeau de l’ancien maire Pierre Delétang surmonté d’un obélisque orné de la croix de la légion d’honneur ou celui de l’abbé Frapier en forme de sarcophage.

Les épitaphes, peu nombreux, apportent un témoignage sur la vie des personnes décédées à l’image de celle gravée sur le monument de Moïse Foloreille : La Caisse d’Épargne de Châtellerault garde un souvenir ému de son dévoué collaborateur M. Moïse Foloreille sous-caissier à la succursale de Lencloître de 1895 à 1930. L’identité du défunt, d’abord gravée directement sur la pierre, est ensuite, à la fin du 19e siècle, gravée sur des plaques en métal puis en marbre. Certaines sont simples et lacunaires comme la plaque gravée et clouée sur la tombe de Louis Rebillon "Ici repose Louis Rebillon décédé à son domissile" ou celle d’Eugène Philipponneau en forme de cœur. Peu de monuments sont attribués ou signés. Le sculpteur A. Pouzioux à Poitiers a réalisé le tombeau de Charles de Fouchier en 1856 et Narcisse Bordeaux à Châtellerault, auteur du monument aux morts situé place de l’hôtel de ville, celui de Marcel Pasquinet en 1922.

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