Bains du Broca ou Bains romains

France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Gan

Connue et vraisemblablement fréquentée depuis les années 1730, la source du Broca, aménagée dans un premier temps avec une fontaine primitive, suscite l'intérêt du corps de ville de Gan dès 1740. A l'appui des travaux du docteur Pierre Bergerou qui confirme les bienfaits curatifs de ces eaux, les registres de délibérations mentionnent cette année-là une volonté de valorisation et d'aménagement des lieux à destination de la population locale aux revenus modestes et des "étrangers" qui ainsi contribueraient au dynamisme économique de la localité. La ville, souhaitant éviter une augmentation supplémentaire des impôts qui serait insupportable pour ses habitants, peine cependant à réunir les fonds nécessaires, si bien qu'en 1745, elle prospecte toujours pour rassembler 4.000 livres visant à la construction des bassins et d'une "maison". A cette date, les archives indiquent que la source comprenait un édicule composé d'une niche et d'une voûte.

Au regard de l'inscription gravée sur la voûte de l'édifice subsistant, il semble que les travaux aient finalement été engagés en 1748. A compter de cette date, les bains du Broca connaissent un essor et une importante popularité, due entre autres aux travaux et à la rivalité des deux médecins s'y intéressant, en l'occurrence Pierre Bergerou, médecin royal et éminente figure locale, et Théophile de Bordeu, en passe de devenir le père du thermalisme moderne dans les Pyrénées.

Les correspondances de ces deux protagonistes indiquent que le maître d’œuvre des aménagements de 1748 était un ingénieur nommé Loguet - alias Laugué, ou Laulhé. Mais la notoriété de la source s'amenuise rapidement, bien que son exploitation continue tout au long du 19e siècle et malgré quelques tentatives d'agrandissement. En 1840, la commune fait ainsi construire un édifice adjacent à la fontaine et contenant quelques cabinets avec baignoires. Deux ans plus tard, le fermier des eaux procède à une modernisation des installations, incluant notamment l'ajout d'une pompe, d'une chaudière et de robinets, ce qui implique une augmentation des tarifs du bain.

En dépit de ces travaux visiblement réguliers, les récits et les guides de voyage de la première moitié du 19e siècle offrent une vision essentiellement pittoresque des bains du Broca, décrits - sans doute exagérément - dans leur cadre naturel sauvage comme un établissement à l'abandon propice à l'exaltation romantique et faisant office de but de promenade comme nombre de fabriques de jardins pittoresques. Les lithographies illustrant ces ouvrages font état d'une fontaine et d'un petit bâtiment adjacent. A la fin du siècle, toutefois, l'abandon semble bel et bien inéluctable et proche, les dessins de 1897 illustrant notamment la végétation poussant sur l'édifice, mais, d'après les registres de délibération, le devenir du site inquiète toujours au sein du conseil municipal. Les bains et quatre cabinets sont renommés "Bains romains" au début du 20e siècle par la population locale en raison de l'esthétique néoclassique de la fontaine et sont donc encore exploités, tant bien que mal, jusqu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

Au fil de leur histoire, les bains du Broca ont fait l'objet de contrats d'affermage habituels ou de contrats de location, avec, néanmoins, la particularité d'avoir été gérés entre 1894 et 1914 exclusivement par des femmes - se distinguant des traditionnelles donneuses d'eau en raison de leurs responsabilités.

Tombé en désuétude à partir des années 1940, l'édifice menace progressivement ruine tandis que les escaliers et les cabines de bain disparaissent totalement. Le puits d'accès au réservoir est quant à lui enfoui dans le talus. La construction des lotissements à proximité et l'aménagement de la route départementale dans les années 1960 ont contribué à la fragilisation du site et, surtout, à de nouvelles difficultés d'évacuation des eaux qui submergent depuis lors la fontaine. D'importantes campagnes de restauration engagées à compter de 1992 ont cependant permis de le préserver grâce à l'initiative de la population locale et de l'association Gan Mémoire et Patrimoine, qui a notamment organisé une exposition et des Chantiers jeunes à partir de 2012. Dans ce cadre, les murs de parements intérieurs sont consolidés tandis que l'encadrement en pierre de l'extérieur est restitué à l'identique à l'appui de la documentation historique. Le site fait désormais l'objet d'une valorisation - avec panneau d'interprétation et QR code - de par son intégration au parcours patrimonial de la commune de Gan.

Périodes

Principale : 18e siècle

Principale : 2e quart 19e siècle (détruit)

Secondaire : 4e quart 20e siècle

Dates

1748, porte la date

1840, daté par source

Situés sur une parcelle communale, au bord de la route départementale, les Bains du Broca se caractérisent par leurs proportions modestes et par leur esthétique néoclassique, caractère qui se retrouve dans de nombreux édicules périurbains de la même époque. Il ne subsiste des installations anciennes que le pavillon de la fontaine et le puits se trouvant à l'arrière.

La construction en pierre calcaire blanche adopte la forme d'une voûte en cul-de-four, abritant une galerie souterraine en forme de T surmontée d'une voûte en berceau. A l'intérieur, la voûte est gravée de la date de 1748. L'accès est fermé par une grille en métallique récente.

Compte tenu des contraintes du terrain et des problèmes d'écoulement des eaux, un bassin inondant la galerie mais aussi son entrée, dès lors inaccessible, a été créé sur ce qui fut le parvis du petit établissement. A l'arrière, le puits est surmonté par une niche en pierre.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Mise en oeuvre : moellon

Toits
Couvrements
  1. cul-de-four voûte en berceau plein-cintre
Couvertures
  1. Type de couverture : extrados de voûte

État de conservation
  1. vestiges
  2. restauré

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Gan , avenue des Pyrénées

Milieu d'implantation: en village

Cadastre: 2018 000 AL 01 488

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