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Église paroissiale Notre-Dame-de-l'Assomption d'Echillais
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Échillais
Historique
Face à Rochefort, Échillais s'est développé sur un îlot de l'estuaire de la Charente progressivement transformé en marais. Au 12e siècle, l'église Notre-Dame, qui dépend de l'église collégiale de Soubise, est reconstruite. Elle succède à un édifice vraisemblablement carolingien dont des vestiges ont été mis à jour lors de travaux réalisés dans le chœur en 1970-1971. De dimensions modestes, elle est constituée d'une nef, d'une travée-sous-clocher et d'un chœur.
L'église est agrandie au 13e siècle avec la construction au sud de la nef d'une chapelle dédiée à saint Sébastien. Au 15e siècle est attestée la présence d'une seconde chapelle adossée à la première. Dédiée à saint Julien, elle abrite les tombes de plusieurs membres de la famille Goumard, seigneurs d'Échillais connus depuis le 13e siècle.
L'église est incendiée dans les années 1570, pendant les guerres de Religion. Elle est restaurée à la fin 17e siècle comme en témoignent deux inscriptions dans la première chapelle sud et dans la nef ; elles portent respectivement les dates de 1683 et 1696. Une troisième inscription, ANNO 1777, évoque vraisemblablement une autre restauration de l'édifice. À cette même période la sacristie adossée au mur du chevet est détruite ; la chapelle seigneuriale Saint-Julien devient la nouvelle sacristie.
L'église est inscrite en 1840 sur la première liste des monuments historiques. Divers travaux d'entretien et de restauration sont réalisés dans la seconde moitié du 19e siècle et au début du 20e siècle. En 1920, une chape de ciment, coulée à l'intérieur de la chapelle du 15e siècle, recouvre les tombes des Goumard.
Depuis les années 1970, plusieurs campagnes de restauration se sont succédé afin de sauvegarder les sculptures, atteintes par la maladie alvéolaire de la pierre, et de mettre en valeur l'église. Dans les années 1997-1998, des sondages archéologiques ont mis à jour 17 sarcophages ; dépourvus de couvercles, ils contenaient des ossements mélangés à du mortier.
La dernière restauration, entre 2010 et 2014, a redonné son éclat à la façade.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 12e siècle Secondaire : 13e siècle Secondaire : 15e siècle (porte la date) Secondaire : 2e moitié 17e siècle (porte la date) Secondaire : 2e moitié 18e siècle (porte la date) |
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Description
ARCHITECTURE
L'église est édifiée au milieu du 12e siècle en pierre de Crazannes. Elle est alors vraisemblablement composée d'une nef unique, d'une travée-sous-clocher et d'un chœur à travée droite et à abside semi-circulaire. De la construction romane subsistent aujourd'hui le chevet et la façade, une des plus connues de l'art roman saintongeais pour l'équilibre de sa composition et la richesse de son décor sculpté.
La façade est composée de deux niveaux couronnés par des corniches. Au rez-de-chaussée, un portail en plein cintre est encadré par deux petites arcades aveugles ; les pierres intérieures des arcades dessinent des zigzags qui contribuent à l'animation de la façade. Quatre colonnes surmontées de deux colonnettes structurent le rez-de-chaussée en travées. Le deuxième niveau de la façade est rythmé par une suite de neuf arcades aveugles en plein cintre aveugles à l'exception de l'arcade centrale où ouvre une baie.
La nef, restaurée au 17e siècle, est éclairée par trois baies au nord et deux au sud ; un petit portail est également percé dans le mur sud. Au sud de la nef, adossé à la partie orientale du mur, s'élèvent deux chapelles contiguës à chevet plat.
Entre la nef et le chœur, une courte travée-sous-clocher porte un clocher à flèche pyramidale ; l'escalier d'accès est aménagé à l'intérieur d'une tour hors-œuvre construite au nord de la travée.
Le chœur comprend une travée droite et une abside semi-circulaire. Les murs sont confortés par des contreforts, plats pour la travée droite, demi-circulaires pour l'abside. Un enfeu est aménagé à la base de l'élévation sud du chevet.
À l'intérieur, la nef et la travée sous clocher sont couvertes d'une voûte en berceau plein cintre portée par trois arcs doubleaux retombant sur des pilastres. Sur la clé du premier arc doubleau sont gravés le nom du commanditaire de travaux de restauration de l'église, le recteur Jean Barraud, et la date, 1696.
Le chœur de l'église, dans le prolongement de la nef, est couvert d'une voûte en cul de four. Il est éclairé par cinq profondes baies en plein contre flanquées chacune de colonnettes à chapiteau sculpté.
Trois arcades en plein cintre, ouvertes dans le mur sud de la nef et de la travée-sous-clocher, communiquent avec une chapelle de deux travées couverte d'une voûte en berceau. Une inscription sur le pilastre sud signale une restauration en 1683.
Une porte aménagée dans le mur nord de la chapelle donne accès à une seconde chapelle qui abritait les tombeaux de la famille Goumard. Comme la précédente, elle compte deux travées et est terminée par un chevet plat. Elle est couverte de voûtes d'ogives et liernes. Les deux clefs de voûte portent un blason aux armes des Goumard.
SCULPTURE
La façade
La sculpture abonde sur la façade où elle est portée par la voussure du portail, l'arcature du second niveau, les chapiteaux des colonnes, les modillons et les métopes des corniches.
La voussure du portail compte trois rouleaux aux sculptures très dégradées et une archivolte ornée de pointes de diamant. L'arc interne présente, à gauche, une scène d'Ascension identifiable par la présence d'une mandorle (forme en amande) portée par des anges. Les personnages du deuxième arc ne sont plus identifiables. Sur l'arc externe est figuré le Christ dont le nom IESUS est gravé au-dessus de la tête. Il est encadré de trois personnages à droite (dont un musicien jouant de la vièle) et trois à gauche. Les rouleaux retombent sur les chapiteaux à feuillages des colonnes du portail.
Bien que très érodée, la voussure présente, par sa composition, l'aspect longiligne et souple des figures, des correspondances avec les portails saintongeais de Chadenac, Fenioux...
Le portail est flanqué de deux grosses demi-colonnes. À gauche, le chapiteau est orné d'une tête « engoulante » (avalant la colonne) qui est une des plus célèbres figures de l'église. Les autres chapiteaux du portail et des arcades aveugles portent des feuillages.
Au deuxième niveau de la façade, le décor végétal (marguerites, palmettes, demi-palmettes, rinceaux..., très présent dans la sculpture roman saintongeaise) domine sur les arcades et les métopes (plaques entre les modillons) de la corniche. Des animaux (lions, oiseaux, dragons) ornent également plusieurs chapiteaux des colonnettes des arcades.
Les modillons des corniches couronnant les deux niveaux de la façade portent des sujets récurrents dans l'art roman : têtes humaines, têtes de lions avalant des personnages, animaux (oiseaux, tête d'ours)... Un acrobate, deux musiciens, un archer, un évêque sont figurés sur les modillons de la corniche haute.
Le chevet
La sculpture du chevet se concentre sur les baies, les contreforts-colonnes et les modillons. Les arcs et les archivoltes des baies sont ornés de tores, de pointes de diamant et de rosaces. Ils retombent sur des chapiteaux au tailloir décoré de demi-besants. Les chapiteaux des baies et des contreforts-colonnes portent des feuillages et des animaux disposés sur deux niveaux comme à Saint-Eutrope de Saintes. Deux chapiteaux sont ornés de figures humaines : celui à droite de la baie centrale et celui à gauche de la baie du mur sud de la travée droite du chœur. Une femme et deux hommes sont représentés sur le premier, chevalier sur le second.
Les modillons sont ornés des sujets habituels dans l'art roman : têtes humaines, acrobates, animaux (dont une tête de sanglier), tonnelet, rosaces...
À l'intérieur, les chapiteaux des colonnettes des baies du sanctuaire sont les seuls éléments sculptés romans. Ils portent, comme à l'extérieur, des feuillages et des animaux sur deux niveaux. Le chapiteau gauche de la baie sud-est représente deux combats entre un homme et un animal. Celui de la baie nord-est porte un abbé tenant une crosse et le Livre ouvert, assis entre deux religieux.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Plans |
plan allongé |
Étages |
1 vaisseau |
Couvrements |
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Couvertures |
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Décors/Technique |
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Informations complémentaires
Entre Saintonge et Aunis, sur la rive gauche de la Charente, l'église Notre-Dame de l'Assomption conserve un riche décor sculptés roman. Sa récente restauration, la restitution partielle de sculptures érodées de la façade ont redonné tout son intérêt à l'édifice.
Dépendance de l'église collégiale de Soubise, l'église Notre-Dame de l'assomption est édifiée au milieu du 12e siècle, à l'emplacement d'un édifice vraisemblablement carolingien. L'église romane, composée d'une nef, d'une travée-sous-clocher et d'un chœur, est de dimensions modestes mais sa mise en œuvre est soignée. Elle est construite en pierres taillées provenant des carrières de Crazannes. De l'église originelle subsistent la façade et le chevet.
Une façade équilibrée
La façade s'élève sur deux niveaux couronnés d'une corniche. Au premier niveau, un profond portail avec une voussure de trois rouleaux est encadré d'étroites arcades aveugles. À l'intérieur de celles-ci, les pierres sont disposées en zigzag, ce qui animent le mur. De gros contreforts-colonnes surmontés de doubles colonnettes s'élèvent entre le portail et les arcades aveugles et aux deux angles de la façade. Ils divisent ainsi le rez-de-chaussées en trois travées ; cette tripartition des façades est fréquente dans l'architecture romane de la Saintonge et du Poitou au 12e siècle.
Le niveau supérieur est orné d'une suite de neuf arcades aveugles à l'exception de celle du centre ; légèrement surélevée, elle abrite une baie en plein cintre.
Un riche décor sculpté sur la façade et sur le chevet
Un riche décor sculpté est porté par la voussure du portail, les chapiteaux des colonnes et colonnettes, les modillons et les métopes (plaque rectangulaire entre les modillons) des corniches.
La voussure du portail portait le principal message religieux de l'église. Les figures longilignes, sculptées en suivant la courbe des rouleaux, sont aujourd'hui trop endommagées pour être identifiées à l'exception de quelques unes : anges portant une mandorle sur l'arc interne, Christ au centre du troisième rouleau.
Les autres éléments sculptés ont été moins érodés. Les chapiteaux des colonnes du portail sont ornés de végétaux vraisemblablement restaurés. À gauche du portail, le chapiteau du contrefort-colonne est orné d'une célèbre tête engoulante (qui avale la colonne).
À l'étage, chaque arcade aveugle présente un motif, végétal ou géométrique, répété sur chaque claveau. Les chapiteaux des colonnettes portent en revanche des oiseaux, des lions, des griffons... Les sujets zoomorphes décorent également les modillons des corniches ; ils sont accompagnés de têtes humaines et de motifs géométriques (notamment les rosaces). Au niveau de la corniche supérieure, se retrouvent des musiciens, acrobate, archer, religieux, personnages de la vie quotidienne fréquemment représentés par les sculpteurs romans.
La diversité de sculptures de la façade se retrouve sur les modillons, les fenêtres très décorées et les chapiteaux des contreforts-colonnes du chevet. Le décor met en valeur cet espace particulièrement sacré où s'élève l'autel.
L'église après l'époque romane
L'église est agrandie au 13e et au 15e siècles avec l'adjonction de deux chapelles. La première est couverte d'une voûte en berceau. La seconde, couverte de voûtes d'ogives, abrite les tombes des Goumard,seigneurs du lieu (disparues). D'importantes restaurations sont menées dans l'édifice aux 17e et 18e siècle, suite aux dommages des guerres de Religion.
L'intérêt archéologique de l'édifice est très tôt compris par les amateurs d'art et l'église est inscrite sur la première liste des monuments historiques, en 1840. Les travaux réalisés dans la seconde moitié du 19e siècle et au début du 20e siècle ne peuvent enrayer la maladie alvéolaire de la pierre qui dégrade la façade.
C'est à la fin du 20e siècle que les campagnes de restauration permettent d'enrayer la maladie et de mettre en valeur l'ensemble de la charmante église d'Échillais.
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA17037382 |
Dossier réalisé par |
Dujardin Véronique
Chercheur, service Patrimoine et Inventaire Sarrazin Christine |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Pays Rochefortais et Communauté d'Agglomération |
Phase |
recensé |
Date d'enquête |
2016 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Église paroissiale Notre-Dame-de-l'Assomption d'Echillais, Dossier réalisé par Dujardin Véronique, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/6cb4bf0c-f86c-467e-b744-d78ac866c2cb |
Titre courant |
Église paroissiale Notre-Dame-de-l'Assomption d'Echillais |
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Dénomination |
église paroissiale |
Vocable |
Notre-Dame de l'Assomption |
Statut |
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Protection |
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Intérêt |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Échillais , Rue de l'Eglise
Milieu d'implantation: en village
Cadastre: 1827 B1 308, 2014 AA 209