La Croix-Comtesse: présentation de la commune

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La Croix-Comtesse dans l’histoire

Plusieurs textes évoquent l'histoire de la seigneurie de La Croix-Comtesse. Cependant, aucune source n'a permis d'attester leur véracité. Il est toutefois possible de retracer, sans doute de façon lacunaire, l'histoire de cette seigneurie.

La toponymie prête à confusion car deux hypothèses sont émises quant à l’origine du nom de cette bourgade. La première dit qu’elle peut s’interpréter comme suit : le village est situé à un carrefour et l’on sait que des croix marquaient régulièrement les carrefours des routes médiévales.

La deuxième, la plus cohérente, proviendrait du fait qu’à partir de la fin du 12e siècle, l’exploitation de la forêt de Chizé, jusque-là réservée aux grands domaines ecclésiastiques, s’étend à la construction de villes nouvelles. En plusieurs siècles, plusieurs villes sont ainsi créées, Belleville, Villeneuve-la-Comtesse et La Croix-Comtesse.

La localité (Crucem Comitisse) fut fondée, comme Villeneuve-la-Comtesse, par Raoul II, seigneur d’Exoudum. Richard Cœur de Lion le maria, vers 1194, à une riche héritière, Aélis ou Alix, comtesse d’Eu, et c’est de Richard qu’il reçut le territoire où il créa des villages.

Après la mort de Raoul d’Exoudun, la seigneurie passe par alliance au vicomte de Ventadour. Ce dernier, afin de faire face à un important endettement, vend les terres à Hugues de Lusignan, comte de La Marche. Le seigneurie est affermée suite à la défaite du comte de La Marche face à Alphonse de Poitiers en 1242.

La motte féodale

Un texte du 15e siècle rapporte que le comte Raoul d’Exoudun et sa femme Alix, comtesse d’Eu, séjournaient régulièrement sur les terres de Chizé et que, pour le bâtiment de la chasse, il firent bâtir un édifice fortifié. Ce dernier, était construit sur l’emplacement actuel de la motte (élévation de terre), disposant encore par endroits de fossés. Il est situé sur un terrain au centre du bourg et il appartient aujourd’hui à la commune.

Sa datation exacte n’est par définie, mais elle pourrait correspondre à la date proposée pour l’édification d’un premier castrum, autour de l’an 1000.

En général, ce type de butte de terre aménagée (motte) servait de support à un ouvrage défensif. Elle était surmontée d’une tour carrée ou rectangulaire, toute en bois. Dans ses étages inférieurs étaient stockées les réserves de vivres et au dernier étage se situait le logement du seigneur et de sa famille, aménagé avec une plate-forme de guet en bois. Un fossé plus ou moins rempli d’eau doublait une palissade composée de pieux pointus, et une porte unique communiquait avec l’extérieur, souvent à l’aide d’un pont mobile. Une seconde et haute palissade entourait également un terrain, appelé la basse-cour, sur lequel les paysans, placés sous la protection du seigneur, avaient édifié quelques demeures en torchis et en branchages.

A La Croix-Comtesse, les rues de l’Amitié et des Douves se trouvent probablement sur le tracé du second fossé. La motte a probablement été abandonnée pendant la période trouble de la guerre de Cent Ans, en raison de l’existence de dispositifs de défenses plus robustes, notamment à Villeneuve-la-Comtesse.

De l’époque moderne à la période contemporaine

C'est au 16e siècle que la seigneurie de La Croix-Comtesse aurait été rattachée à celle de Villeneuve. En 1506, l'abbé de Notre-Dame de Celles, Mathurin, aurait rendu aveu à Jean de la Chambre, seigneur de Villeneuve, pour le "chastel" et les terres de La Croix-Comtesse. Le domaine regroupait alors un moulin à la Lignate, un four banal et des droits en forêt de Chizé. À la fin du 16e siècle, durant les guerres de Religion, l'église Saint-Révérend, déjà incendiée durant la guerre de Cent Ans, connaît de nouveaux cas de vandalisme. Ce qui lui vaut aujourd'hui le surnom « d’église rôtie ».

La seigneurie de La Croix-Comtesse, passée aux mains des Francs puis des Castello, revient, au 18e siècle, aux De La Laurencie et aux Descures. Le curé De La Laurencie repose d'ailleurs sous la crypte de l'église.

L'étude des registres paroissiaux révèle une certaine prospérité dans la commune de la fin du 17e siècle à la fin du 18e siècle. Ainsi, plus de 40 activités artisanales ou agricoles ont été identifiées de 1685 à 1792 : "cardeur à laine", "fournier", "taillandier", etc. et une forte présence de journaliers et de laboureurs. L'existence sur le territoire de vignerons et de tonneliers témoignent d'une activité viticole encore importante au 18e siècle et qui cessera avec l'arrivée du phylloxera. D'autre part, la commune a pu être le siège ou le lieu de passage de compagnons en raison de la présence, sur plusieurs maisons, d'un ou deux chapiteaux ioniques. En 1631, La Croix-Comtesse se composait de 43 feux, et en 1685, il y avait 67 feux (260 habitants). En 1709-1710, la commune connaît, "sans précédent de mémoire d’homme", un terrible hiver suivi d'un été de vents brûlants, qui entraînèrent des mauvaises récoltes et la famine.

Au lendemain de la Révolution, la commune est rebaptisée "La Liberté" pour rompre avec la noblesse évoquée par son nom. La commune regroupe alors, en 1793, 236 habitants. À la fin du 18e siècle, la carte de Cassini représente la paroisse de La Croix-Comtesse et le hameau de la Lignatte.

Les 19e et 20e siècles sont les témoins de la modernisation de la commune de La Croix-Comtesse. En 1830, Alexandre Laverdure fait construire un moulin à vent au fief le "Moulin à Verduret" devenu la Butte du Moulin. En 1836, La Croix-Comtesse connaît son apogée avec 381 habitants. Dès 1841, la commune sollicite l'autorisation d'établir une école communale pour permettre aux enfants d'éviter de se rendre à pieds à Villeneuve-la-Comtesse. Une maison d'école est ainsi bâtie à la limite des 19e et 20e siècles. En 1927, le conseil municipal prend la décision de construire un réseau d'électrification publique. Deux ans plus tard, en 1929, c'est au tour du réseau d'adduction d'eau potable d'être mis en place. Cependant la population n'a cessé de décroître pour atteindre 172 habitants en 1999.

La famille de La Laurencie

Cette puissante famille de La Laurancie est originaire de Claix et de Charras, dans le sud du département de la Charente. C’est une famille de la noblesse française, dite d’épée (et non de robe), et reste une des plus anciennes de l’histoire de France. Établie en Angoumois, Poitou et Saintonge, son origine remonte au 14e siècle, en 1367. En raison de ses hauts titres de noblesse, cette famille est admise aux honneurs de la cour. Elle tire son nom de la terre de La Laurencie, sur l’actuelle commune de Saint-Auvent, près de Rochechouart.

Vers 1560, François de La Laurencie, seigneur de Claix et de Charras, épouse Marie de La Chambre. Jean de La Chambre, père de Marie, achète, vers 1552, la châtellenie de Villeneuve-la-Comtesse puis il la cède vers 1560 à son gendre, François de La Laurencie. C’est à partir de cette date que les La Laurencie s’installent dans notre région.

Diverses branches de La Laurencie ont été propriétaires de terres et de châteaux ou manoirs à Coivert, Vergné, Villeneuve-la-Comtesse, Blanzay-sur-Boutonne, Tonnay-Boutonne ou encore Aulnay-de-Saintonge.

Les terres et le manoir de l’Effort, sur la toute proche commune de Coivert, ont été achetés par Jean Charles de La Laurencie, seigneur de Blanzay-sur-Boutonne, vers 1715, à Jean-Baptiste de Castello, mort sans prospérité et inhumé à l’intérieur de l’église de La Croix-Comtesse. La famille de La Laurencie de l’Effort a ensuite vécu au logis de l’Effort. Plus tard, ils achètent le domaine de la Crignolée, sur la commune de Breuil-la-Réorte, ce qui explique la naissance de Marie Alexandrine de La Laurencie à la Crignolée, en 1766.

Françoise Alexandrine Laine Duvergné, épouse de Marie Jean de La Laurencie, ainsi qu’un de leurs enfants, Marie Alexandrine de La Laurencie, ont été inhumées dans le cimetière de La Croix-Comtesse, respectivement en 1819 et 1840, où Leurs tombes existent toujours.

La petite commune de La Croix-Comtesse se situe dans la région Nouvelle-Aquitaine, dans le département de la Charente-Maritime et plus précisément au nord au territoire des Vals-de-Saintonge. Ses communes limitrophes sont Villeneuve-la-Comtesse au nord, Vergné au sud, Migré à l’ouest et Coivert à l’est. D’une superficie de 262 hectares, elle ne compte, en plus du bourg, qu’un seul hameau, la Lignate. Seule la partie nord de celui-ci fait partie du territoire communal, la partie sud dépend de la commune voisine de Vergné. Les habitants de cette petite localité sont dénommées les Crucicomtessins et Crucicomtessines.

La Croix-Comtesse est desservie par la route départementale 150, de Saint-Jean-d’Angély à Villeneuve-la-Comtesse, et la départementale 115, de Dampierre-sur-Boutonne à Surgères. Elle dispose aussi d’un réseau de routes secondaires qui facilitent la circulation dans le bourg et le hameau. Ainsi desservie, la commune est positionnée favorablement non loin des pôles urbains d’intérêts local et régional, comme Saint-Jean-d’Angély, Loulay ou Niort.

La localité dispose d’un cours d’eau, le Ritz, qui coule au sud du territoire. Elle possède également un relief uniforme sur l’ensemble de son territoire, qui oscille entre 43 mètres et 59 mètres d’altitude. Selon l’Atlas Régional des Paysages du conservatoire des Paysages de Poitou-Charentes, le territoire de La Croix-Comtesse appartient à l’entité paysagère de la Plaine du Nord de Saintonge. Elle comprend des espaces vastes et simples, où la culture généralisée du sol offre des paysages presque sans obstacle. Le moindre objet se remarque de loin, clocher, château d’eau, alignements d’arbres, etc. Malgré l’apparence d’une structuration nette, le paysage peut cependant paraître plus complexe. Celui de La Croix-Comtesse s’organise en trois entités qui sont, les paysages ouverts, les paysages urbains et les paysages semi-cloisonnés ou fermés.

Les paysages ouverts se caractérisent par des terrains occupés par de grandes cultures pratiquées sur de vastes champs. Les boisements sont peu présents et on trouve quelques haies ou arbres isolés. On retrouve ces paysages sur une importante partie du territoire, ils sont générés par l’agriculture intensive, ne laissant que peu de place aux éléments naturels.

Les paysages semi-cloisonnés ou fermés sont caractérisés par des zones de transition entre les espaces habités et les plaines cultivées. L’élevage, encore présent sur certains secteurs de la commune, a préservé des paysages de bocages, associant linéaires de haies et de prairies.

Le paysage urbain de La Croix-Comtesse, assez préservé jusqu’à aujourd’hui, permet d’apprécier des paysages associant bâtis anciens et plaines ouvertes. En outre la concentration de l’habitat, associée à la végétation, met ses zones en contraste avec les grandes cultures qui les entourent.

La courbe de la population depuis le début du 20e siècle n’est pas stable, elle montre un déclin dû à une exode rurale. Depuis le début des années 2000, la tendance est à l’inverse, avec un retour progressif de la population dans les communes rurales.

La principale ressource économique de La Croix-Comtesse, comme la majeure partie des communes du territoire, est l’agriculture. Toutefois, une petite zone artisanale est implantée le long de la route départementale 150, au nord de la commune. Les équipements et services publics correspondent à ceux d’une petite commune rurale. Les enfants scolarisés sont envoyés à Loulay pour le primaire et le collège, et à Saint-Jean-d’Angély pour le lycée.

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