Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

Une maison figure à cet emplacement sur le plan cadastral de 1820. Elle appartient alors à Rosalie Julie Normand. Les parcelles voisines, rue Neuve sont aussi propriétés de membres de la famille Normand, dont Marie-Anne Guilbaud, veuve de Jean-François Normand, négociant, décédé le 14 mai 1809 à 42 ans dans sa maison de la rue des Fossés (rue Gambetta).

La façade actuelle de la maison et son élévation latérale sur la rue Neuve résultent probablement d'une reconstruction à la fin du 18e siècle ou au début du 19e (l'angle abattu formé par la construction est visible sur le plan cadastral de 1820). L'élévation latérale a alors été rapportée contre le mur pignon de la maison précédente dont on observe encore le sommet. Par cette architecture, la maison répond à la maison voisine (44 rue Gambetta) qui, comme elle, marque l'angle entre les rues Neuve et Gambetta. Les deux bâtiments en vis-à-vis forment un ensemble de qualité, représentatif du renouveau urbain de Marans à la fin du 18e siècle et au début du 19e. La maison a ensuite été divisée en deux logements, avec magasins de commerce au rez-de-chaussée (au numéro 42 se trouvait, au début du 20e siècle, une horlogerie-bijouterie).

Comme le rappelle une plaque en marbre fixée sur la façade, la maison de gauche (au numéro 42) a été "habitée par Mr Cognacq de 1844 à 1851, fondateur de la Samaritaine". Originaire de Saint-Martin-de-Ré, Ernest Cognacq (1839-1928) vint en effet, enfant, vivre à Marans avec sa famille. Devenu orphelin de père, employé comme commis de mode, notamment à La Rochelle, il s'établit à Paris et y fonda, avec son épouse, Marie-Louise Jaÿ, les magasins de la Samaritaine, parmi les premiers grands magasins créés dans la capitale. Bienfaiteur de la commune, Ernest Cognacq reçut la gratitude de la Ville qui fit apposer cette plaque et donna son nom à sa principale place, ancienne place du Château.