Lycée Max-Linder

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Libourne

Le conseil municipal de la ville de Libourne émet le vœu, le 8 décembre 1949, que soient transformés en lycée les collèges de Libourne. Le collège de garçons (actuel collège Atget), et celui de jeunes-filles (ancien couvent des Récollets, aujourd'hui médiathèque), ne bénéficiant pas d'une situation permettant de les agrandir, la municipalité opte pour une construction nouvelle, sur le terrain du haras de Libourne, à l'occasion de sa suppression par décret du 31 octobre 1950. En 1954, les terrains du haras appartenant au département et à la ville sont cédés à l’État et une parcelle au nord-ouest du terrain, appartenant à l'entreprise Malville est achetée par la municipalité pour être également cédée à l’État.

Jacques Carlu, architecte des Bâtiments Civils et des Palais Nationaux, est désigné par le Ministère de l’Éducation nationale le 27 février 1954 pour diriger l'érection des bâtiments neufs comprenant l'externat et l'internat de garçons, et la transformation de l'ancien collège de garçons en internat féminin. Pour construire le lycée, Carlu s'associe à l'ingénieur Jean Piquemal et à l'architecte Claude Bruley ; tandis que pour l'aménagement de l'internat féminin, l'architecte bordelais Claude Ferret, apporte son concours temporairement avant de démissionner en 1956.

En ce qui concerne le budget, 65 % sont apportés par l'Etat et 35 % par la ville. Carlu estime le budget des constructions neuves à presque 800 millions de francs et l'aménagement de l'internat féminin à 140 millions de francs.

Le programme établit en 1955 prévoit 1282 élèves. Pour l'enseignement général sont prévues 16 classes pour les 4ème et 3ème et 9 classes de la Seconde à la Terminale ; pour les sciences on compte 12 salles et 3 amphithéâtres ; une salle de gymnastique pouvant faire office de salle des fêtes complète l'ensemble ; 10 logements et 4 chambres pour le personnel sont également envisagés. En 1961, la presse spécialisée en architecture mentionne une capacité accrue : 1300 élèves pour l'externat et 330 lits dans l'internat de garçons.

Carlu fournit l'ensemble des plans définitifs en 1956 après avoir obtenu le 15 novembre 1955 un avis favorable du Conseil Général des Bâtiments de France sur l'avant-projet. Les travaux commencent en 1957, les fondations sont achevées en 1958, les anciens bâtiments du haras sont détruits et le lycée ouvre ses portes le 22 septembre 1959. L'établissement sera cependant réellement achevé en 1960. La décoration, dans le cadre du 1% artistique est réalisée entre 1960 et 1962 par des artistes de renommée ayant déjà collaboré avec Carlu sur le projet du Palais de Chaillot. Il s'agit de Charles Barberis (ici céramiste et sculpteur), de Paul Belmondo (sculpteur), de Charles Souverbie (peintre). A ce groupe s'ajoute Jean Dupas, peintre bordelais, auteur notamment des fresques de la Bourse du Travail à Bordeaux, Charles Sahuguet (peintre issu de l’École des Beaux-Arts de Bordeaux) et Nicolas Untersteller (membre titulaire à l'Académie des Beaux-Arts en même temps que Carlu). Souverbie , Sahuguet, Dupas et Untersteller décorent ainsi la cantine de grandes peintures, évoquant les éléments : terre, eau, air, feu. Enfin, pour un motif décoratif sur la façade, suite au désistement d'Alfred Jeanniot, Carlu opte pour le ferronnier d'art Raymond Subes.

En 1976, un collège d'enseignement technique est créé au lycée ; dénommé "Henri-Brulle" à partir de 1980, il devient autonome en 1987. En 1977, le premier cycle du lycée devient un collège autonome et porte le nom "Eugène-Atget" depuis 1980. Il est définitivement établi entre les rues Jules-Favre et Abel-Boireau (ancien internat féminin du lycée).

Le lycée prend le nom de "Lycée d'Etat Mixte de Libourne" jusqu'en 1983, date à laquelle on le baptise "Max-Linder".

En 1995, l'agence des architectes Brochet-Lajus-Pueyo réalise un programme d'extension et de restructuration : ils élargissent la base du bâtiment principal en courbe, créent un bâtiment trapézoïdal comprenant une salle polyvalente divisant ainsi la cours en deux espaces distincts et édifient un bâtiment réservé à l'enseignement technologique en fermant la parcelle à l'est.

En 1959, le lycée compte 1396 élèves ; en 1968, il y en a 2037 et en 2017, ils sont 2000.

Périodes

Principale : 3e quart 20e siècle

Secondaire : 4e quart 20e siècle

Dates

1957, daté par source

1995, daté par source

Auteurs Auteur : Carlu Jacques

Fiche descriptive Fonds Carlu, Jacques (1890-1976). 010 Institut français d'architecture (IFA, Paris).

Jacques Carlu est né à Bonnières-sur-Seine en 1890 et décédé à Paris en 1976. Il est établi à New York et à Paris, et actif en France, aux Etats-Unis et au Canada de 1921 à 1976. Frère cadet du célèbre affichiste Jean Carlu, c’est l’homme des défis, des grandes entreprises et d’une certaine démesure, dont témoignent ses œuvres souvent empreintes de monumentalité. Alors qu’il est encore à l’Ecole des beaux-arts, il réussit en 1919 le concours de Rome, qui l'amène à séjourner en Italie de 1919 à 1924. Il vit ensuite de 1924 à 1934 à New York et au Canada, où il réalise des travaux de décoration intérieurs, de magasins notamment (grand magasin Eaton à Montréal, 1930-1931), dans le style paquebot.De 1935 à 1939, de retour en France, il transforme, en collaboration avec Boileau et Azéma, l’ancien Trocadéro de Davioud, qui devient le palais de Chaillot. La monumentalité de l’édifice, la polémique qui entoure le projet asseyent sa notoriété. Sans attendre l’organisation d’un concours, il avait proposé, avec Robert Mallet-Stevens, plusieurs esquisses pour un « musée de la République ». En tant qu’architecte des bâtiments civils et palais nationaux, il est architecte en chef de la Chapelle expiatoire de Louis XVI, en 1934, et architecte en chef puis conservateur du palais de Chaillot de 1934 à 1963.En 1935, il dirige aussi la section française des Beaux-Arts à l'Exposition internationale de Bruxelles.De 1940 à 1945, il séjourne de nouveaux aux Etats-Unis, avant de s’installer définitivement en France. Sa carrière est marquée, à Paris, par les aménagements provisoires de l’ONU (1948-1951) dans les jardins du Trocadéro, et de l’OTAN (1951-1960), aujourd’hui faculté de droit et de sciences économiques, porte Dauphine. Il est aussi architecte en chef, puis conseiller technique pour les travaux d'extension et d'aménagement du Palais des Nations à Genève, à partir de 1950. Son rayonnement passe par l’enseignement, au Massachusetts Institute of Technology (MIT) de 1924 à 1934, et par son rôle de directeur fondateur de l’Ecole américaine d’été à Fontainebleau, de 1923 à 1937.

[Notice essentiellement reprise de : RAGOT Gilles. Dictionnaire de l’architecture du XXe siècle. Paris: Ifa ; Hazan, 1996, p. 172.]

, architecte des Bâtiments civils (attribution par source)
Auteur : Piquemal Jean, ingénieur (attribution par source)
Auteur : Bruley Claude

Ancien élève de l'école des Beaux-Arts de Paris.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Ferret Claude, architecte (attribution par source)
Auteur : Brochet-Lajus-Pueyo

L'agence Brochet, Lajus, Pueyo (Bordeaux) a acquis une notoriété dans le bordelais par trois chantiers : le théâtre du port de la Lune en 1988, la chambre régionale des comptes en 1993, la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) en 1994. L'agence montre particulièrement son savoir faire dans l'intégration de la modernité dans un patrimoine ancien. Pour le lycée Magendie par exemple : intégration d'une architecture aux formes épurées composée de verre et de béton dans un tissu urbain en pierre de taille, édifié dans un quartier cossu du 19e siècle à Bordeaux.

(voir : R. Coustet, M. Saboya : Bordeaux. La conquête de la modernité... p.299)

Profession de foi de l'agence : https://www.blp.archi/agence

, agence d'architecture (attribution par source)
Auteur : Lafond

Entrepreneur gros œuvre dont le siège est dans les années 1950 au n°45 rue de la procession Paris.

, entrepreneur (attribution par source)

Le lycée est implanté au centre-ville face aux allées Robert Boulin.

A l'origine, afin de s'adapter à l’exigüité du terrain, l'architecte a conçu un long bâtiment d'externat courbe relié à trois barres disposées en escalier au nord de la parcelle. L'ensemble approchait les 17 000 m2. Par la suite, à la fin des années 1990, un rez-de-chaussée a été accolé à la barre centrale (aujourd'hui bâtiment C/D), un nouveau bâtiment est venu fermer les cours à l'est (appelé E) et un vaste préau trapézoïdal doté d'une salle polyvalente a été inséré entre l'externat d'origine et le bâtiment E. Les bâtiments ont au plus cinq étages carrés.

Les bâtiments d'origine sont des élévations à travées conçues avec une ossature en béton armé reposant sur des fondations sur pieux battus et longrines en béton armé. Les façades sont revêtues de plaques de pierre reconstituée, provenant de Saint-Emilion, teintées dans la masse par incorporation de marbre et polies en surface. Les toits en terrasses en béton sont recouvertes d'une étanchéité multicouches et de gravillon enrobé de bitume. Les salles de gymnastique et les réfectoires sont couverts en zinc sur charpente métallique.

En ce qui concerne les bâtiments ajoutés ensuite, ils se caractérisent par des revêtements en bois. Le toit du bâtiment trapézoïdal est en bacs acier de grande taille.

Enfin, à 200 mètres se trouve le collège Atget dans lequel l'aile ouest, sur la rue Jules-Favre, a été entièrement aménagée par Carlu pour créer l'internat féminin à la fin des années 1950. Il s'agit d'une longue barre en béton avec un rez-de-chaussée surélevé et deux étages carrés.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Libourne , 43 Allées Robert-Boulin

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 2016 BH 699

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