Maître-autel et son retable

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Le retable porte la date de 1746 inscrite sur l'entablement de son registre supérieur. Une source ancienne fait état de sa mise en polychromie par "le sieur Bardou, peintre et doreur". Trois générations de peintres-doreurs de ce nom sont documentées à Lescar, grand centre local de production de mobilier religieux à l'époque : François (marié en 1686), son fils Guillaume (né en 1687) et le fils de ce dernier, Jean (né en 1712). Il s'agit probablement ici du second ou du troisième membre de cette dynastie. Le retable fut à nouveau polychromé en 1867. Après la suppression du tombeau d'autel dans la seconde moitié du 20e siècle, le soubassement du meuble a été aménagé en une série de placards, ornés d'un placage de panneaux ornementaux.

Les six statues qui occupent les niches n'ont pu être examinées de près. Le Christ en croix en plâtre doré porte la marque du fabricant d'origine autrichienne Ignaz Raffl (1828-1895), installé en 1857 à Paris, où il fonda la maison La Statue religieuse : le modèle du Christ mourant, réalisé par le sculpteur parisien d'origine dieppoise Jean Norest (1822-1870) pour Salvatore Marchi, l'un des successeurs de Raffl à la tête de la fabrique, figure sous le n° 518 dans le catalogue n° 59 de la maison. L'effigie de la Vierge de l'Assomption (titulaire de l'église), bien qu'inscrite au titre des MH comme une œuvre du 18e siècle, est aussi une production de la même fabrique, vendue sous le n° 219 du catalogue. Les quatre autres statues (deux diacres et deux évêques), de matériau (bois tendre), style et facture identiques, forment en revanche un ensemble homogène, peut-être contemporain du retable - bien que l'épaisse polychromie de 1867 qui les recouvre et l'impossibilité d'étudier leur revers empêchent de confirmer l'hypothèse.

Périodes

Principale : 2e quart 18e siècle

Secondaire : 3e quart 19e siècle

Secondaire : 4e quart 19e siècle

Dates

1746, porte la date

1867, daté par source

Auteurs Auteur : Bardou

Trois générations de peintres-doreurs du nom de Bardou sont documentées à Lescar (Béarn) aux XVIIe et XVIIIe siècles. François Bardou ou Bardeau, "peintre et doreur" né à Paris, épouse à Lescar, le 28 novembre 1686, Thérèse Alary ou Lavie, fille du peintre Guillaume Alary ou Lavie (mort après 1697) et d'Isabeau Foix Lassale (morte à Lescar Saint-Julien le 7 décembre 1700). Leur fils Guillaume Bardou (dit Bardou-Dalaric ou Dalarie, du nom de sa mère), "maître-peintre", épouse Marie Pedeprat, fille de Jean et de Jeanne Betbeder, dont un fils et cinq filles tous nés à Lescar : Jean (20 novembre 1712), Jeanne (9 février 1715), Jeanne Thérèse (26 fvrier 1717), Catherine (30 août 1718), Catherine (24 février 1721) et Marie (30 août 1723). Source : Geneanet.

, peintre, doreur (attribution par source)
Auteur : Raffl Joseph Ignace (Ignaz)

Joseph Ignace (né Ignaz) Raffl, né à Méran (Autriche) le 17 septembre 1828 et mort à Menton, dans sa villa des Roses, le 11 novembre 1895 (Journal des débats politiques et littéraires, 20 novembre 1895, p. 3 ; AM Menton, 3E28). Fabricant de statues d'origine autrichienne, installé à Paris en 1857, y fonde la Maison Raffl ou La Statue religieuse (rue Saint-Jacques, puis 64, rue Bonaparte vers 1870), reprise après sa mot par les associés Delin, Pacheu, Lecaron et Peaucelle, qui créent (vers 1907 ?) la maison La Statue religieuse.

Fils de Joseph Raffl (mort à Méran le 6 février 1849) et de Thérèse Neurohrer (morte à Méran le 12 juillet 1835), Raffl épousa à Paris XIVe, le 6 février 1862, Marie Adélaïde, dite Adèle Frediani (Paris XIe, 12 juillet 1842 - Paris, 25 mars 1916), fille du sculpteur Jean Auguste Frediani (1807-1881) et d'Anne Louise Adélaïde Ollagnier (1814-1895) - le statuaire Jean-Dominique Malknecht (68 ans) fut le premier témoin du mariage (Archives de Paris, V4E 1706). Le couple eut trois enfants : Marie Augustine (1863), Paul Auguste (1864-1864) et Marie Ernestine (1867), Mme Charles Joseph Péchard.

, fabricant de statues (signature)
Auteur : Norest Jean Pascal François

Prénom usuel : Jean. Sculpteur et ivoirier né à Dieppe le 12 août 1822 et mort à Paris (9, rue Peletier) le 1er octobre 1870, fils du tisserand Jean-Pascal Norest et de Marie-Éléonor Bonneau. Élève du sculpteur Caillouette à l'École des beaux-arts de Paris en 1846, il étudia aussi sous la direction de David d'Angers et de Carrier-Belleuse. Spécialisé dans la sculpture sur ivoire (surnommé "le roi des ivoiriers"), il donna aussi des modèles pour le fabricant statuaire Salvatore Marchi. Il épousa l e 14 mai 1851 Clémence Célestine Garnot, dont il eut deux filles.

, sculpteur, auteur du modèle (attribution par travaux historiques)
Auteur : Marchi Salvatore François

Salvatore François Marchi, sculpteur d'origine italienne, propriétaire avant 1889 de la fabrique parisienne La Statue religieuse, fondée par Ignaz Raffl. Né en 1819/1820 à Santa Maria del Giudice (près de Lucques en Toscane) et mort à Paris le 24 janvier 1872, il habitait au moment de son décès au 30, passage Choiseul dans le 2e arrondissement de Paris. Il avait épousé une Parisienne, Eugénie Philippoteaux (1826-?), sœur du photographe François Firmin Philippoteaux (1829-1899) et cousine du peintre Félix Philippoteaux (1815-1884), auteur avec son fils Paul des panoramas de La Défense de Paris et de La Bataille de Gettysburg. Il en eut un fils, Florent Salvatore Marchi.

, fabricant de statues (attribution par travaux historiques)

Maître-autel en bois feuillu polychrome et doré (polychromie moderne). Le tombeau d'autel, supprimé, est remplacé par un soubassement panneauté comportant deux placards à battant unique sur les côtés, encadrant un panneau dormant ; ce panneautage se prolonge de chaque côté sur le soubassement des corps latéraux, où il inclue un placard à deux battants jumelés. Le gradin d'autel, conservé, de plan droit, supporte un tabernacle monumental, architecturé en forme de tour, de plan trapézoïdal et à deux niveaux ; des colonnettes torses d'ordre ionique et dorique sur piédestaux cubiques flanquent les travées, encadrant au niveau inférieur une porte en plein cintre et deux niches latérales de même forme, au niveau supérieur une unique niche d'exposition ; des entablements classiques règnent sur les deux niveaux, celui du niveau supérieur interrompu par la niche ; amortissant l'exposition, une balustrade entourant un attique semi-circulaire, lui-même sommé d'un dais à six consoles en volute. La porte de l'armoire eucharistique et le fond des niches sont entièrement dorés avec décor d'apprêt gravé.

Retable portique à trois corps (ou travées) et trois niveaux, les deux premiers registres de largeur égale, le dernier registre ou attique d'une seule travée et calé par des ailerons ; des colonnes jumelées (d'ordre composite au registre inférieur, corinthien au second registre, dorique à l'attique) flanquent les travées ; chaque registre est couronné d'un entablement à frise, avec ressauts à l'aplomb des colonnes internes ; dans les entrecolonnements des deux premiers niveaux, des niches en plein cintre, peu profondes, abritent des statues grandeur nature ou, pour la niche centrale du registre inférieur, le tabernacle monumental du maître-autel. La structure et le soubassement du retable, les fûts des colonnes, les entablements et les statues sont peints en polychromie (moderne) ; les fonds des niches (sauf celle du tabernacle), les ornements sculptés des frises d'entablement, les chapiteaux et bases des colonnes et les rehauts sur les vêtements des statues sont dorées à la feuille d'or à l'eau.

Catégories

menuiserie, sculpture

Structures
  1. corps, 3
  2. colonne, 32
Matériaux
  1. Matériau principal : chêne

    Techniques : décor en relief, décor en haut relief, décor rapporté, décor dans la masse, peint, polychrome, doré à la feuille d'or à l'eau, avec assiette, sur apprêt, apprêt gravé

Dimensions
  1. Type de mesure : h

    Valeur : 750

    Précision sur la mesure : hauteur totale approximative

  2. Type de mesure : la

    Valeur : 534

    Précision sur la mesure : largeur totale


Précision sur les dimensions :

Autel : h = 112. Gradin : h = 12,2 ; la = 260,6 ; pr = 54,8. Tabernacle : h = 83,5 (à la corniche) ; la = 110. Porte du tabernacle : h = 51 ; la = 28,5. Dais d'exposition : h = 100 environ. Retable : h = 750 environ ; la = 534. Statues : h = 150 environ.

Iconographie
  1. Caractère général : ornementation

    Thèmes : chapiteau corinthien, aileron, pot à fleur, panier fleuri, chute végétale, coquille, feston, quadrillage, tournesol

  2. Thèmes : saint Etienne diacre, dalmatique, pierre, livre

  3. Thèmes : saint Vincent de Saragosse, dalmatique, livre

  4. Thèmes : saint Augustin d'Hippone, évêque, livre, coeur

  5. Thèmes : saint Irénée, évêque, livre

  6. Thèmes : Vierge, Assomption

  7. Thèmes : Christ en croix

  8. Caractère général : ornementation

    Thèmes : colonne, ordre composite, volute, ordre corinthien, ordre dorique, rinceau, angelot, draperie, aileron, croix grecque

  9. Caractère général : ornementation

    Thèmes : colonnette, ordre ionique, ordre dorique, rinceau, angelot, ostensoir, feuille d'acanthe, dais, console


Précision sur l'iconographie :

Le panneautage du soubassement des trois corps porte un décor moderne de losanges et d'octogones moulurés ornés d'une branche de vigne en relief avec feuilles et grappes (panneau médian du corps central), d'arabesques peintes en doré avec palmettes, volutes et grappes (panneaux latéraux du corps central) ou des feuilles de vigne avec grappes de raisin noir (peintes sur les panneaux extérieurs des corps latéraux). Le gradin est gravé en reparure d'une frise de cercles fleuronnés reliés par des palmettes. Le tabernacle porte un riche décor, partiellement sculpté dans la masse ou rapporté, partiellement gravé en reparure : rinceaux avec graines et fleurs encadrant des cartouches en ove ou des masques feuillus sur les frises des entablements, angelots sur les dés cubiques des colonnettes et au-dessus des niches latérales des deux niveaux, enroulements de vigne sur les gaines des colonnettes (d'ordre ionique au niveau inférieur, dorique au niveau supérieur) ; grand ostensoir-soleil entre des tiges feuillues, gravé en reparure sur la porte de l'armoire eucharistique, tiges ondulantes à feuilles cordiformes sur le fond des niches du niveau inférieur, grand bouillon de feuilles gravé sur le fond de la niche d'exposition au niveau supérieur. L'exposition est amortie d'un étage d'attique à fenestrage en plein cintre gravé d'un quadrillage losangique, scandé de six consoles en volute à feuilles d'acanthe ; surmontant l'attique, un dais à six consoles adossées supporte un socle à pans couronné d'une fleur de lys en ronde bosse.

Le retable, comme le tabernacle, comporte un décor en partie sculpté, en partie peint et doré. Le stylobate des colonnes du registre inférieur et l'entablement du même registre sont sculptés de têtes d'anges (des chérubins à deux paires d'ailes sur le stylobate) alternant avec des rinceaux d'acanthe, rinceaux qui ornent également (sans les anges) les entablements des deux niveaux supérieurs. Les colonnes composites du registre inférieur sont sculptées de rinceaux de trèfles sur la gaine et peintes d'un réseau losangique fleuronné sur leur fût ; celles du second registre (corinthiennes) portent des draperies festonnées sculptées sur la gaine et des tiges feuillues peintes sur le fût ; les colonnes doriques de l'attique mêlent draperies sculptées et réseau losangique peint. L'étage d'attique est flanqué de deux grandes consoles en volute, sculptées d'enroulements d'acanthe stylisées et de colliers de perles. Un fronton à volutes affrontées, sommé d'une croix grecque rayonnante, amortit l'entablement de l'attique.

Les niches du retable abritent six statues (quatre en bois sur socles parallélépipédiques, deux en plâtre polychrome). Dans les niches latérales du registre inférieur, les saints diacres Étienne (tenant un livre sur lequel sont posées les pierres de son martyre) et Vincent de Saragosse (tenant un livre fermé), tous deux en dalmatique semée d'ornements végétaux ; dans les niches latérales du deuxième registre, les saints évêques et Pères de l'Église Augustin d'Hippone et Irénée de Lyon, tous deux mitrés, bénissant et tenant un livre fermé ; dans la niche centrale du même niveau, la Vierge de l'Assomption debout sur une nuée peuplée d'angelots ; sur la table centrale de l'attique, le Christ en croix (figuré mort).

Inscriptions et marques
  • date, peint
  • inscription concernant l'iconographie, peint, français, latin

Date (en chiffres romains, peinte dans un cartel au milieu de la traverse supérieure de l'attique) : MDCCXLVI.

Inscriptions concernant l'iconographie (sur le socle des quatre statues anciennes du retable) : ST ETIENNE ; ST VINCENT ; SUS AUGUSTINUS ; SUS IRENÆUS.

État de conservation
  • oeuvre restaurée
  • partie remplacée
  • repeint
  • manque

La polychromie a été entièrement refaite en 1867 et récemment restaurée. Deux des statues du retable (Christ en croix et Vierge de l'Assomption) ont été remplacées à la fin du XIXe siècle. Les statuettes qui occupaient les niches du tabernacle ont été volées.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Bidart

Milieu d'implantation: en village

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