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Porte de Pont-Achard, puis clinique de Pont-Achard, actuellement Institut Régional du Travail Social (IRTS)
Historique
Le site actuel de l´IRTS, en contrebas du plateau de Poitiers, est occupé depuis au moins l´époque romaine. En 1880, lors du creusement d´un puisard et de fouilles menées par le Père Delacroix, un passage à gué gallo-romain a été mis au jour, parallèle à l´actuelle rue Georges-Guynemer, dans l´actuelle première cour de l´IRTS. Des installations se développent à partir du 10e siècle au pied du bourg de Saint-Hilaire qui s´étend autour de l´église du même nom. Elles tirent partie notamment des eaux de la Boivre qui inondent la vallée, le lieu appartenant au chapitre de cette église. Un moulin à eau est mentionné en 997, un autre en 1017, date à laquelle apparaît pour la première fois dans les textes le nom de Pont Achard. Un moulin est cité en amont de la porte en 1102. Dans la seconde moitié du 12e siècle, le site, qui garde l´accès ouest de la ville, est incorporé dans l´ensemble de tours, portes et remparts qui viennent enserrer le plateau. Entre la tour Aymar de Beaupuy au nord et celle de Vouneuil au sud, la porte de Pont Achard constitue un poste avancé dans la vallée de la Boivre. Elle est construite sur une digue qui barre la vallée, permettant le passage d´une rive à l´autre et surtout créant une défense naturelle par l´inondation de l´étang de Saint-Hilaire. La digue est percée par endroits de passages pour alimenter les moulins à eau. En 1262, ces derniers sont mentionnés au nombre de quatre, à l'intérieur comme à l'extérieur des murs. Pendant la Guerre de Cent ans, la porte fait l´objet d´attaques et est même murée en 1411. Après la fin du conflit, les moulins reprennent leur activité. Des moulins à papier sont créés et arrentés en 1455. En 1484, les quatre moulins de Pont Achard et le droit de pêche sont affermés. Un marchand papetier y est mentionné en 1522. Des moulins à draps sont actifs en 1563. Une roue est même utilisée en 1618 pour battre monnaie. Après avoir à nouveau joué un rôle défensif pendant les guerres de Religion, la porte fait l´objet de descriptions et de quelques représentations qui permettent de mieux se l´imaginer : en 1569, on signale "au droit de Saint-Hilaire, en lieu fort bas sur l´étang, un pont et porte, nommé le pont Achard, auquel y a une tour seulement" ; d´autres sources, comme le tableau du siège de Poitiers par Nautré en 1619, ou la vue de Poitiers par Gaignières en 1699, font état de deux tours, de manière semble-t-il exagérée. A la fin du 17e siècle, on ne mentionne plus que deux moulins : le "grand moulin", affermé en 1692 par exemple, "consistant en maison et moulin, étant les plus proches du portal de Pont Achard" ; et le "petit moulin", mis en ferme entre autres en 1695. Le droit de pêche dans l´étang, en amont comme en aval de la porte et de la digue, est aussi affermé, par exemple en 1703. En 1751, la digue est en partie emportée par un orage et des inondations. Des travaux d'élargissement sont réalisés sur la porte en 1767, mais en août 1790, sa couverture est en ruine. En décembre, les deux moulins sont décrits après avoir été saisis comme biens nationaux, comme l´étang, au détriment du chapitre de Saint-Hilaire. Chacun possède trois roues dont deux en état de marche. L´étang de Saint-Hilaire est acquis par la municipalité en 1791, puis en 1792 par Pascal Creuzé, maire de Châtellerault. Le 25 février 1794, alors que l´armée catholique et royale vendéenne a pris Bressuire et menace Poitiers, le conseil municipal décide d´inonder l´étang, d´abattre le pont et de murer la porte. En 1803, un plan établi par l´ingénieur en chef des Ponts et chaussées Lapeyre (figure 3) montre le dispositif encore en place soit, en venant de l´ouest (en haut du plan) : la digue ou "chaussée", le petit pont qui traverse un bras de la Boivre au pied de l´épaisse porte flanquée d´une tour ronde ; de là partent deux murs, l´un vers le nord et la tour Aymar de Beaupuy (à droite du plan), l´autre vers l´est, la route de Bordeaux et les remparts ; dans l´enceinte ainsi formée, deux autres dérivations de la Boivre alimentent les deux moulins : le "grand" au plus près de la porte, et le "petit" le long de la route de Bordeaux. Le site est acheté le 6 mars 1804 par Louis-Jacques Guignard et Zacharie Galland. Architecte et entrepreneur, ce dernier fut l'auteur de la démolition du gros horloge de Poitiers en 1784, et de deux ponts à Paris, au début du 19e siècle, les ponts de Sèvres et d'Iéna. Après avoir acheté les lieux, Guignard et Galland procèdent au dessèchement de l´étang afin de mieux exploiter la vallée, et se le partagent le 28 octobre 1808 : Galland obtient l´espace situé sur la rive droite du bras principal de la Boivre, alors situé au milieu de la vallée, sauf le grand moulin qui est attribué à Guignard. Dès 1805, tous deux proposent à la municipalité d'établir une route sur la digue et un pont plus large sur la Boivre à l'emplacement de l'ancien déversoir de l'étang. Les travaux commencent en 1812. Ils entraînent la destruction partielle du grand moulin et la reconstruction du petit moulin dans l'alignement de la nouvelle route. En 1850, dans le cadre de la construction de la nouvelle ligne de chemin de fer juste à l´ouest, la porte sera arasée, le pont élargi et le bureau d´octroi reconstruit. Il restera encore longtemps de la porte une partie de la tour qui la flanquait au nord : elle a été arasée en 1976 au moment de l´élargissement de la rue, mais son emplacement a été marqué au sol. C´est sur ce site anciennement défensif, sur la rive droite du bras principal de la Boivre, que Zacharie Galland développe sa propriété au début du 19e siècle. Un plan de 1817 montre que le domaine s'étend en aval et en amont de l'ancienne digue : en aval des champs cultivés, des jardins, le moulin et, à son déversoir, des lavoirs ; en amont, un grand jardin à la française structuré par une allée d'arbres et un bras transversal de la Boivre, et, plus loin, au pied des remparts et de la tour de Vouneuil en remontant vers la porte de Ville, un jardin à l'anglaise. Après 1817, Zacharie Galland construit sur l´ancienne digue, à l´est de la porte, un ensemble de bâtiments en vue de fonder un hospice pour accueillir les ouvriers "pauvres et malades" et les "ouvriers passants", avec une chapelle dans le prolongement gauche, auprès de la porte (il s´agit de la partie centrale des bâtiments actuels). La chapelle est bénite le 20 juillet 1820. Enfin des dépendances sont édifiées au sud-est, le long des remparts et de la route de Bordeaux. Après la mort de Zacharie Galland en 1821, sa veuve Magdeleine Brunet donne la propriété, dont les bâtiments ne sont pas achevés, à la congrégation des Filles de la Sagesse qui en prend possession le 23 décembre 1823. L´institution de Pont Achard est alors fondée et placée sous le vocable de saint Zacharie et sainte Magdeleine. En 1833, le site accueille une institution pour jeunes filles sourdes-muettes. La promiscuité entraînée par la construction de la ligne de chemin de fer entraîne son déménagement à Larnay, à Biard, en 1847. Le site abrite une école de 1855 à 1902 (dans un bâtiment annexe situé de l'autre côté de la rue Guynemer) et une maison de santé à partir de 1898, où l´on donne des soins d´hydrothérapie. Le bras de la Boivre qui passait au pied de la porte de Pont Achard sera dévié après 1945. Un cimetière des soeurs est installé au pied de la tour de Vouneuil, comme le montre le plan cadastral de 1838. Dans la seconde moitié du 19e siècle, une première aile en retour d'équerre est ajoutée au bâtiment initial construit par Zacharie Galland, côté est, afin d´accueillir des cuisines au rez-de-chaussée et les logements des religieuses aux étages. Les anciennes dépendances le long des remparts sont augmentées de logements, même si à la fin du 19e siècle, le tracé de la ligne de tramway, actuellement rue des Remparts, vient mordre sur ces bâtiments. En 1896-1898, avec les fonds issus de l´expropriation de terrains pour l´agrandissement des installations ferroviaires voisines, les Filles de la Sagesse agrandissent encore leur établissement : une seconde aile en retour d´équerre est adjointe à l´ancien bâtiment de l'hospice, à l´ouest cette fois, le tout formant un U ; à la jonction, la première chapelle est détruite et remplacée par une autre, au premier étage. Le rez-de-chaussée de la nouvelle aile accueille l´administration et les installations d'hydrothérapie, tandis que les chambres des patients sont situées dans les étages. Ce qui est nommé alors "Maison de santé" deviendra peu à peu une clinique chirurgicale, et des chirurgiens y opèrent à partir de 1905. En 1927, l´aile de 1896 est allongée de deux travées. C'est probablement à cette époque que sont ajoutés sur les façades les bows-windows au niveau des salles d'opération. Parmi les dépendances situées le long des remparts, l'une d'elle abritant une étable est transformée en 1933, par les architectes Bérugeau et Martineau, en logement de jardinier au premier étage, salles de garde-meubles et matelasserie au rez-de-chaussée. Après la Seconde Guerre mondiale, la modernisation nécessaire des locaux, leur mise aux normes techniques et le coût induit amènent les religieuses à envisager une autre activité. Une école d´éducatrices spécialisées ouvre donc ses portes en novembre 1963, à laquelle succèdera l´Institut Régional du Travail Social (IRTS). Un quatrième étage est construit la même année sur l'aile ouest, dans le but jamais achevé d'y établir un internat. La clinique ferme définitivement ses portes en 1964 et les locaux sont réaménagés ; la chapelle notamment est cloisonnée en 1971. Les Filles de la Sagesse quittent le site en 1975. En 2005, les dépendances situées le long des remparts sont démolies.
Détail de l'historique
Description
Il reste dans les fondations des bâtiments de l´actuel IRTS et sous la rue Guynemer, des vestiges de l´ancienne porte de Pont Achard. En surface de la rue, le tracé de l´ancienne tour ronde a été conservé lors de l´élargissement de 1976. Sous la rue, en amont du pont, au pied de l´ancienne morgue de la clinique, le lit comblé de la Boivre est flanqué de hauts murs en pierre de taille. Face au pont, celui de droite constitue la base de l´ancienne porte de Pont Achard, et se poursuit sous l´ancienne morgue ; le mur de gauche correspond à la section de la digue qui retenait les eaux de la Boivre et de l´étang de Saint-Hilaire en amont. Parallèle à la rue, cette digue se poursuit d´une part vers l´ouest, où elle est interrompue par la ligne de chemin de fer ; d´autre part vers l´est, sous les bâtiments de l´IRTS. Ces derniers s´étendent le long de la rue Guynemer et donnent au sud sur trois cours, en avant d´un grand parc délimité à l´ouest par la ligne de chemin de fer, à l´est par les remparts. L´accès principal s´effectue par un portail à l´est, à l´angle de la rue Guynemer et du boulevard de Pont-Achard, là où en face se trouvait autrefois le "petit moulin". Une porte piétonne se situe à l´opposé, à l´ouest, sur la rue Guynemer. On peut encore lire sur son fronton "Hydrothérapie", en mémoire du type de soin proposé ici au 19e siècle. A partir du portail, après une première cour, une seconde, plus vaste, est délimitée par les bâtiments en U. Le corps de bâtiment situé au fond, adossé à la rue, est le bâtiment initial de l'hospice, donné en 1823 par la veuve de Zacharie Galland aux Filles de la Sagesse. Il est prolongé de chaque côté par d´autres bâtiments adossés à la rue. Comme l´aile en retour d´équerre à droite, il possède un soubassement en pierre de taille et deux étages, sous une haute toiture couverte d´ardoise. Accessible par un perron, la porte en plein cintre s´inscrit dans une travée d´ouvertures centrale qui sert d´axe de symétrie à la façade. A gauche de la cour, l´autre aile en retour d´équerre est plus haute et plus longue que l´autre. Sa façade présente plusieurs travées d´ouvertures, dont des bow-windows. A l´intérieur, les couloirs, la cage d´escalier et la répartition des anciennes pièces hospitalières ont été en partie conservés. Sous l´extrémité ouest de cet ensemble de bâtiments, le long de la rue, se trouve en sous-sol une ancienne piscine d´hydrothérapie dans laquelle on descendait par quelques marches et à laquelle était associée un système de tuyaux encore partiellement en place. Au-delà de la porte à fronton donnant sur la rue, se situent des petites constructions, dont l´ancienne morgue de la clinique. Surplombant le bras mort de la Boivre, elles sont édifiées sur l´ancienne porte de Pont Achard. De l´autre côté du bras mort de la Boivre, et jusqu´à la voie ferrée, en contrebas de la rue Guynemer, se trouve l´ancienne digue dont on voit encore sur quelques mètres de longueur le parement en blocs de pierre de taille. L´ensemble de logements et de dépendances au sud-est des bâtiments principaux, qui a été démoli en 2005, était adossé aux remparts. Des petites caves avaient été ménagées sous le rempart à l'arrière de ces bâtiments. Ces derniers étaient au nombre de cinq : d´abord, du nord au sud, trois maisons comprenant plusieurs logements, puis une dépendance abritant une buanderie et une écurie, et enfin, un peu plus loin, des garages. La buanderie avait conservé une partie de ses installations, en particulier des ponnes à lessive qui reposaient sur d´imposantes pierres de taille longilignes (peut-être issues de l´ancienne porte de Pont Achard). La cheminée de cette installation construite dans le rempart et maçonnée en brique est toujours visible. Dans la dépendance se trouvait aussi une source d´eau. Une ruelle séparait cet ensemble d´un sixième bâtiment à un étage qui servait de buanderie au temps de la clinique. En partie réaménagé en parking, le parc a conservé une allée d´arbres, quelques bosquets et de petites dérivations de la Boivre.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Étages |
sous-sol, rez-de-chaussée surélevé, 4 étages carrés |
Couvertures |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA86005182 |
Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée et directeur du Centre vendéen de recherches historiques à partir de 2017. |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Poitiers |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2009 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Porte de Pont-Achard, puis clinique de Pont-Achard, actuellement Institut Régional du Travail Social (IRTS), Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/95a6940b-f830-4918-b2f4-100b46e723ab |
Titre courant |
Porte de Pont-Achard, puis clinique de Pont-Achard, actuellement Institut Régional du Travail Social (IRTS) |
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Dénomination |
porte de ville établissement médical |
Statut |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Poitiers , rue Georges-Guynemer
Milieu d'implantation: en ville
Cadastre: 2004 BE 14, 15 et 16