Usine textile dite manufacture Grellet et Chassaigne, puis tissage (usine de tapis et de tapisserie) dit manufacture Requillart, Roussel et Chocqueel

France > Nouvelle-Aquitaine > Creuse > Aubusson

L'industrie du drap se serait implantée à Aubusson en 1794, pour compenser l'arrêt brutal des exportations de tapis et de tapisseries, provoqué par la guerre et la mobilisation des lissiers dans les armées révolutionnaires. Pour porter secours aux habitants et fournir du travail aux plus démunis, une première manufacture de drap fut créée le 12 fructidor an II (28 août 1794) par les citoyens Pierre Picon, Jean Conchon, Jean-Baptiste Grellet et Etienne Maingonnat au faubourg Saint-Jean-de-la-Cour, dans le château de la famille Lentilhac de Gimel, alors nationalisé. Principalement destinée à l'habillement des troupes, elle ferma ses portes vers 1800, mais les administrateurs du département de la Creuse soulignèrent l'intérêt d'implanter durablement cette activité dans la cité. Aussi, en 1839, Paul Charrière, citoyen d'Aubusson et Edouard Dayras, notaire, tous deux propriétaires d'un terrain situé à l'extrémité de la rue Vaveix, entre la route de Clermont-Ferrand à Poitiers et la Creuse, s'associèrent avec la société Chassaigne père et fils, Grellet père et Compagnie pour y créer une fabrique de draps. Ils demandèrent l'autorisation de pratiquer un canal de dérivation depuis la rivière afin de conduire l'eau nécessaire au fonctionnement de leur usine. La fondation de cet établissement fut autorisée par ordonnance royale du 27 avril 1844. Il fut construit immédiatement en aval de l'abattoir de la ville, avec un bief et un barrage de cinq mètres trente de hauteur établi obliquement par rapport au courant. En 1845, les bâtiments sont connus sous l'intitulé de "manufacture". D'après les plans dressés à cette date par l'ingénieur Chénault, architecte-voyer de la commune, ils abritent une filature, une teinturerie et un tissage de draps de laine, dont le foulonnage est réalisé grâce à des maillets, actionnés par des "moulins à foulons et autres machines hydrauliques". La teinturerie constitue un petit bâtiment indépendant, en bordure de la Creuse. Par jugement du tribunal d'Aubusson en date du 29 janvier 1851, Requillart, Roussel et Chocqueel, négociants associés demeurant à Paris, 20 rue Vivienne, devinrent propriétaires de l'usine et obtinrent de la conserver en l'état. Ils y installèrent une manufacture de tapis et de tapisseries, affiliée à celle qu'ils avaient fondée sous la Restauration à Tourcoing, dans le nord de la France. La fabrique de Tourcoing, qui fut visitée en 1867 par Napoléon III et l'impératrice Eugénie, était de taille très importante. Toute la chaîne de production y était intégrée puisque la laine qu'on y travaillait, achetée à Manchester et provenant des Indes anglaises et d'Australie, était peignée, cardée, filée et teinte sur place, avant d'être tissée. Cette usine de Tourcoing était spécialisée dans le tapis jaspé et écossais et surtout dans la "moquette française", qui était réalisée de manière totalement mécanique, sur des métiers britanniques de type Sharp actionnés par la machine à vapeur. A l'inverse de l'usine établie à Tourcoing, celle d'Aubusson était orientée vers une production plus traditionnelle : les tapis et tapisseries au point d'Aubusson (fond de soie, étein, double broché et fil simple) exécutés sur des métiers de basse lisse et les tapis au point de la Savonnerie, fabriqués sur des métiers de haute lisse. Requillart, Roussel et Chocqueel sous-traitaient aussi leurs commandes auprès d'un grand nombre d'ouvriers disséminés dans la ville. En 1865, les Grandes Usines de France de Turgan dresse un état très intéressant de la fabrique d'Aubusson et de ses techniques séculaires. Sur un plan de 1870, on retrouve l'entreprise Chocqueel dans le quartier de la gare. Elle apparaît encore sur des cartes postales du début du 20e siècle, sous la forme d'un vaste ensemble bâti autour d'une cour, à proximité immédiate du pont ferroviaire. Aucun document ne permet de dater avec certitude la fermeture de la manufacture Chocqueel, ni sa démolition. Elle intervint peut-être après la crise de 1929, qui malmena fortement le secteur de la tapisserie. Il n'en subsiste plus aucun vestige architectural aujourd'hui.

Périodes

Principale : 2e quart 19e siècle

Dates

1844, daté par source

Sur les cartes postales du début du 20e siècle, la manufacture de tapis et de tapisseries Requillart, Roussel et Chocqueel figure sous la forme d'un vaste ensemble structuré autour d'une cour carrée, à l'extrémité de la rue Vaveix, en aval des abattoirs de la ville et en amont de la gare. Le bâtiment des ateliers de tissage, comprenant un étage carré et un étage de comble sous un toit à longs pans recouvert de tuiles plates, était bâti parallèlement à la Creuse. Il présentait une façade ordonnancée, rythmée par des travées régulières de larges baies, qui permettaient d'y apporter l'éclairage nécessaire au travail du tissage. Son orientation est-ouest y autorisait une luminosité maximale tout au long de la journée. Il était complété par un petit corps de bâtiment bas, doté d'une cheminée en briques de section rectangulaire (sans doute la teinturerie), construit perpendiculairement à la rivière.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : granite

  2. Mise en oeuvre : moellon

  3. Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. tuile plate
Plans

plan régulier

Étages

1 étage carré, étage de comble

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

État de conservation
  1. détruit

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Creuse , Aubusson , rue Vaveix

Milieu d'implantation: en ville

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