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Institution des sourdes-muettes de Bordeaux

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Bordeaux

Depuis la fin du XVIIIe siècle, l'institution des sourds-muets de Bordeaux était installée dans l'ancien couvent des Catherinettes. Cependant, en raison de l'insalubrité et de l'exiguïté des locaux un déménagement devient indispensable. De 1834 à 1860, quatre projets sont mis à l'étude par Joseph Adolphe Thiac, architecte du département de la Gironde de 1830 à 1855. Le projet adopté en 1847 est réexaminé en 1852 mais interrompu jusqu'en 1859 où un calendrier de la construction et de nouveaux plans doivent être arrêtés en raison d'un décret impérial de 1859 qui attribue les locaux de Bordeaux aux seules filles sourdes-muettes, l'institution parisienne se réservant l'accueil des élèves masculins. La féminisation des futurs occupants entraîne quelques adaptions du projet sans pour autant le modifier dans ses grandes lignes. Ainsi, le logement de la communauté se trouve au centre, les cours de récréation sont agrandies, une aile étant dédiée aux petites sections et l’autre aux grandes. Les logements de fonctions sont regroupés dans les avant-corps de part et d’autre de la cour d’entrée.

La pose de la première pierre se déroule le 10 avril 1862 en présence du préfet, du maire de Bordeaux, Pierre Castéja, et du cardinal Donnet. La construction s'échelonne de 1861 à 1870, en deux tranches. D’abord, le quartier A, au sud, avec le bâtiment central et une aile du quartier B. Puis, dans un second temps, le parachèvement du quartier nord. L'ensemble des sculptures, y compris la statue en pied de l'abbé de l'Epée et les quatre médaillons du porche, sont réalisés par Louis André de Coëffard de Mazerolles dès 1863. À la mort de Thiac en 1865, Pierre-Auguste Labbé assure la poursuite du chantier. L’institution est finalement inaugurée le 21 mai 1870.

Au cours de la Grande Guerre, 120 lits sont réquisitionnés et consacrés à l'installation d'un hôpital militaire, tandis que l'occupation allemande, pendant le second conflit mondial, impose une réquisition totale de l'immeuble et un transfert des occupants vers Talence.

En 1950, les services de police investissent les locaux, imposant une cohabitation de fortune aux pensionnaires jusqu'en 1958. Depuis cette date c'est le château Laburthe, à Gradignan, qui abrite l’institution nationale des jeunes sourds.

En 2003, les bâtiments, propriété de l’Etat, sont fermés à la suite du transfert des derniers services préfectoraux vers des locaux plus modernes dans le quartier Meriadeck. Le site est vendu en 2014 à l’office public Gironde Habitat. Un vaste programme immobilier vise à réhabiliter les locaux de l’ancienne l'institution des sourdes-muettes de Bordeaux, puis ancien commissariat central de Bordeaux, situés entre les rues Castéja, Abbé-de-l’Epée et Thiac. Une livraison est prévue fin 2024.

Périodes

Principale : 3e quart 19e siècle

Secondaire : 2e moitié 20e siècle

Secondaire : 1ère moitié 21e siècle
Dates

1870, daté par source
Auteurs Auteur : Thiac Joseph-Adolphe

Formé par son père, Pierre-Jean-Baptiste, ingénieur-architecte, il est l'élève de maîtres parisiens Huyot et Guénepin (1919-1821). Il achève ses études par un voyage en Italie en 1824. Ses commandes privées à Bordeaux sont nombreuses : hôtels Barennes, Pairier et Bouscasse sur les allées de Chartres entre 1835 et 1843. En 1835, il est chargé de la construction du bazar bordelais. Architecte du département de la Gironde de 1830 à 1855, il mène les travaux d'entretien, de restauration et de construction des édifices civils et religieux : agrandissement de la préfecture (hôtel de Saige), prisons départementales. Il réalise les tribunaux de Blaye et de Lesparrre et, à Bordeaux, deux bâtiments majeurs : le Palais de Justice (1831-1846) et l’institution des sourdes et muettes de la rue Abbé-de-l'Epée (1834-1870). S'ajoute à cette riche carrière architecturale une intense vie publique : membre de la Commission des Monuments historiques en 1840, Thiac est également conseiller municipal puis adjoint au maire de Bordeaux.

, architecte, architecte départemental (attribution par source)
Auteur : Labbé Pierre-Auguste

Architecte du département de la Gironde à partir de 1855. Il eut 4 fils et une fille. Deux de ses fils sont également architectes : Jean-Louis, né en 1847, et Pierre-Albert, né en 1848.

,

Le projet de Thiac propose deux quartiers séparés par les services communs et l'administration, l'ensemble s’organisant autour d'une cour d'entrée et quatre cours intérieures. Des pavillons hors-œuvre, destinés aux services, sont disposés aux angles. L'allure générale extérieure du bâtiment est restée intacte depuis son achèvement en 1870. La vaste cour d'honneur, aux façades rythmées de travées de baies cintrées en rez-de-chaussée et rectangulaires aux étages, conduit à l'entrée marquée d'un porche. Un ordre de pilastres jumelés à cannelures embrasse le second niveau où s'ouvrent deux baies de part et d'autre de la statue de l'abbé de l'Epée et supporte un fronton triangulaire surélevé masquant un étage de combles. Le porche franchi, le vestibule de plan barlong apparaît limité par quatre colonnes et huit piles cruciformes. Ce vestibule desservait, sur la droite la sacristie, sur la gauche l'escalier principal et, dans l'axe, la chapelle.

Cette chapelle, de plan rectangulaire, comprenait une nef de trois travées couverte d'une voûte en berceau.

La façade postérieure, côté jardin, se développe sur quatre niveaux et treize travées, rythmées par une succession de baies rectangulaires. Les trois travées centrales en ressaut supportent un fronton triangulaire percé d'un oculus.

Deux couloirs transversaux mènent du bâtiment central aux quartiers A et B, ces cheminements sont organisés autour d'une cour fermée à l'ouest par des baies en plein-cintre tandis qu'un portique ceint les trois autres côtés. Des galeries identiques se trouvaient au premier étage. Au premier étage, se trouvaient les cellules des sœurs et les classes. Au second étage, chaque quartier présentait les dortoirs des élèves.

Les lignes verticales et horizontales se déployant sur les longues façades furent jugées austères par Thiac lui-même. Il tenta don de racheter cette rigueur en adoptant un parti stylistique classique et en animant les élévations par des ornements sculptés. Les moulures et motifs décoratifs qui ornent les linteaux, bandeaux, frises et corniches viennent ainsi donner du relief au bâtiment. Les motifs de patères et de boucliers agrémentent les écoinçons des baies et les frises d'entablement. L'alphabet dactylologique sculpté sur les tables saillantes, dans la cour d'honneur, rappelle aux passants la destination de l’édifice.

L'aménagement du commissariat central de police provoque de profonds bouleversements tant dans la décoration intérieure que dans la structuration des espaces : destruction de la chapelle, vitrage de la galerie de la grande cour, transformation des jardins en une cour de bitume, construction d'un garage en béton et d'un mess.

Toits
  1. métal en couverture
Plans

plan symétrique

Élévations extérieures

élévation ordonnancée

Escaliers

  1. Emplacement : escalier dans-oeuvre
État de conservation
  1. remanié

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Bordeaux , 87 rue Abbé-de-l'Epée

Milieu d'implantation: en ville

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