Manoir du Dognon
France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Lencloître
Historique
La première mention du Dognon remonte aux années 1430 : le Doignon, terre du Dognon, le Dougnon. Cette dernière appellation apparaît dans le terrier de Gironde en 1439. L'étymologie du toponyme est à rapprocher du gaulois dumio, colline, monticule, tertre. De fait, le manoir du Dognon est édifié en contrebas d'une petite butte culminant à 83 mètres. Des prospections au sol, menées sur la butte et datant de 2007, ne permettent pas de définir la nature du site. Le Dognon pourrait également se rapporter au latin dominionem signifiant tour, donjon et pouvant faire référence à la tour du manoir. Le fruit du mur assurant un contrefort au logis est une hypothèse allant également en ce sens.
Les bâtiments les plus anciens (tour du logis, tour d'escalier et logis avec ses croisées) sont vraisemblablement édifiés pour Pierre Mestivier autour de 1430 puis sont acquis entre 1434 et 1439 par le seigneur de Puygarreau, Jean Barbin. Sa veuve, Françoise Gillier conclut avec les chanoines de Saint-Hilaire de Poitiers un accord en vertu duquel elle paie 50 écus d’or pour " droits de lods et vente de l’hôtel du Dognon dépendant de la seigneurie d’Ouzilly ". Joachim Gillier (1482-1535), petit-neveu de Françoise Gillier, vend le Dognon à Nicolle Bourgeau femme de Jean Goeslard.
Au logis du 15e siècle viennent s'ajouter dès la fin du 18e siècle des bâtiments d'habitation et des dépendances parmi lesquelles, un fournil, des granges, des toits à cochons. Sur le plan cadastral de 1826, le Dognon est prolongé par des bâtiments à l'est, au nord et au sud qui délimitent une cour fermée. Au cours du 19e siècle, les bâtiments sont loués à différents fermiers qui cultivent les terres alentours.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 15e siècle, 18e siècle, 19e siècle |
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Description
L'ensemble bâti du Dognon est édifié perpendiculairement à une butte en limite su-est de la commune de Lencloître. Il se compose de plusieurs corps de bâtiments séparés (logis, tour d'escalier, maisons d'habitations, fournil, toit à cochons, granges, pigeonnier) organisés selon un plan quadrangulaire légèrement plus large vers le sud-est. Au centre de la cour se trouve une grange. Le puits est situé à l'extérieur de cet ensemble, au sud, mais autrefois proche de bâtiments aujourd'hui détruits.
Bâtiments au nord : logis, tour d'escalier, maisons d'habitations, grange :
Le logis est en moellons de pierre calcaire enduits. Il est partiellement chaîné aux angles par des pierres de taille. Il est composé de deux parties reliées par une tour d'escalier circulaire demi-hors-oeuvre assurant la circulation entre la partie gauche et la partie droite du logis.
La partie nord-ouest, formant l'angle du manoir est de plan carré avec à sa base un fruit. Elle se compose d'un rez-de-chaussée, de deux étages carrés et d'un étage de comble. L'élévation sud comprend au rez-de-chaussée une porte et une fenêtre (murée) surmontées d'un arc de décharge en pierre, au premier étage, une fenêtre et au deuxième étage une petite fenêtre (murée). Les encadrements des baies sont en pierre de taille. Au nord, l'élévation se compose d'une fenêtre à chaque niveau et d'une lucarne en pierre au niveau des combles. L'élévation ouest est aveugle. La toiture est à longs pans en tuile plate. Le rez-de-chaussée du bâtiment est indépendant de la tour d'escalier : celle-ci permettant l'accès au premier et au second niveaux. L'étage de comble était sans doute desservi par un escalier en bois ou une échelle aujourd'hui disparus. Ce premier bâtiment de plan carré est relié à l'autre partie du logis par la tour d'escalier dont l'accès avec ses deux marches cimentées a été remanié.
Intérieur du logis (tour carrée) :
L'intérieur de ce premier bâtiment comprend au rez-de-chaussée : une pièce carrée avec trois corbeaux en pierre sur le mur ouest supportant l'assise de la cheminée du premier étage. Au premier étage, la pièce carrée d'origine est divisée en deux parties par une cloison et comprend une cheminée du 19e siècle. La porte d'accès depuis l'escalier en vis présente un arc de décharge. Au second étage, la pièce carrée ne comporte pas de cheminée. L'étage de comble éclairé par une lucarne n'existe plus car le plancher est effondré.
Tour d'escalier et deuxième partie du logis :
L'escalier en vis en pierre, dont une vingtaine de marches sont recouvertes de bois, est éclairé par deux ouvertures au sud et est percé de deux meurtrières au nord. La tour est arasée et couverte d'un toit en ardoise. L'escalier dessert trois paliers. Les fenêtres et les meurtrières présentent un ébrasement. Dans le prolongement est, le logis se compose d'un rez-de-chaussée et d'un étage carré. La façade sud comprend une porte et une fenêtre. Au nord le rez-de-chaussée est percé d'une ouverture chanfreinée (murée) et le premier étage d'une fenêtre à meneaux. Le pignon ouest possède une fenêtre au rez-de-chaussée et une fenêtre murée au premier étage avec appui saillant et mouluré. Le toit à longs pans est couvert de tôle. À l'intérieur du logis, l'accès au rez-de-chaussée se faisait à la fois par la tour d'escalier (accès condamné transformé en placard) et par la porte sur la façade sud. Une cheminée en pierre dont le linteau conserve la trace de peinture noire et rouge représente un motif végétal (arbre, branche, vigne ?). Le sol est couvert d'un dallage en terre cuite et pierre. Au premier étage, l'escalier en vis dessert une grande pièce éclairée à l'origine par quatre fenêtres. La porte d'accès chanfreinée présente un linteau plat triangulaire. La cheminée a conservé ses deux corbeaux en pierre et a été reconstruite dans sa partie haute. Le plancher est en bois. Les fenêtres présentent toutes un ébrasement. Un arc de décharge est visible au dessus de la fenêtre condamnée.
Les deux bâtiments du logis sont prolongés par des bâtiments jointifs abritant deux maisons d'habitations (rez-de-chaussée et comble à surcroît), une étable (rez-de-chaussée et grenier) et une grange. L'ensemble est couvert d'un toit à longs pans en tuile creuse. Les encadrements des baies sont en pierre de taille.
Pour chacune des deux maisons d'habitations : deux pièces dont la plus vaste comporte une cheminée en pierre ; élévation côté sud : deux portes et une fenêtre au rez-de-chaussée, lucarne à surcroît et petite ouverture ; côté nord : une fenêtre murée. La maison mitoyenne à l'étable comporte une porte au nord.
Bâtiments à l'est :
Un premier bâtiment abrite sous un même toit le four à pain et deux toits à cochons. Il est couvert d'un toit à un pan en tuile creuse. Les chaînes d'angle et les encadrements des baies en pierre de taille. La mise en oeuvre est en terre et chaux. Ce bâtiment est jointif à une grange partiellement effondrée. Le mur oriental présente un appareillage de gros moellons carrés en calcaire. Un portail en ferronnerie à barreaux ronds joint la partie nord et orientale des bâtiments.
Bâtiments au sud :
Deux granges non jointives sont séparées par un portail. Leurs pignons et façades alternent pierre calcaire et moellon. Le pignon oriental de la grange à droite présente trois ouvertures ovales en tuile creuse. Le toit est à longs pans en tuile creuse.
Bâtiment à l'ouest (pigeonnier) :
De plan carré, il est en pierre calcaire et moellons assemblés avec un mortier en terre. Deux arcs en plein cintre sont visibles sur le pignon nord et le mur gouttereau ouest. Au nord, le pignon est percé d'une porte avec un linteau chanfreiné et des pieds droits évasés dans la partie haute. La toiture est à longs pans en tuile plate. Une fenêtre a été percée en partie haute du pignon sud. À l'intérieur, les quatre murs ont été aménagés en pigeonnier et des boulins ont été ajoutés sur les quatre murs après que les baies en plein cintre ait été murées.
Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Lencloître
Milieu d'implantation: en écart
Lieu-dit/quartier: Le Dognon
Cadastre: 2016 AT 313, 2016 AT 373, 2016 AT 374