Fortifications

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Talmont-sur-Gironde

Des fortifications médiévales

L'histoire des remparts de Talmont se confond en grande partie avec celle du village. Les premières mentions connues de Talmont, à la fin du 11e siècle, font état d'un castrum, non pas au sens château du terme mais bien de site fortifié. Talmont fait alors partie des lieux stratégiques que les autorités féodales implantent, depuis la fin de l'époque carolingienne, pour contrôler une parcelle du territoire. Le promontoire défensif regroupe le bourg, avec ses activités artisanales, une chapelle (mentionnée en 1094) et sans doute un logis seigneurial.

Le site connaît un développement majeur à la fin du 13e siècle. En 1284, le roi Edouard 1er d'Angleterre achète le "manoir" de Talmont (terme qui renvoie à la notion de résidence seigneuriale), et entreprend de véritablement fortifier ce site stratégique. La cité est ainsi entourée d'un rempart, tout autour du promontoire, renforcé de demi-tours carrées dont la tour Espanie, la tour Montigue, la Viguerie et la tour Blanche. Seuls deux accès interrompent cette enceinte : au nord-est (à l'entrée de l'actuelle rue de la Porte de Ville), une porte précédée d'une barbacane et veillée par un corps de garde ; au sud, face à l'estuaire, une poterne appelée porte ou fosse de Médoc, qui permet à des chaloupes de venir s'abriter dans la petite crique au pied de l'église. A l'est, au-delà du Caillaud, il semble que deux sites aient un rôle de poste avancé : le Porteau ou Portail de Bas et le Porteau de Haut. A l'opposé, face à la pointe ouest du village, le dispositif a pu être complété par un châtelet posté sur le rocher, aujourd'hui disparu, du Sphinx. Le doute subsiste sur l'existence réelle d'un château au sein de l'enceinte fortifiée. Les termes chastel et castrum peuvent désigner le site fortifié dans son ensemble, bien que certaines archives, aux 14e et 15e siècles (notamment un aveu de 1480), semblent distinguer les deux entités.

Un système défensif mis à mal par les guerres

A l'issue de la guerre de Cent ans, Talmont et ses fortifications sont en très mauvais état. A cela s'ajoutent les éléments et le recul de la falaise, probablement à l'origine de l'effondrement, au 15e siècle, d'une partie de la nef de l'église. En 1492, le roi Charles VIII ordonne la remise en état des fortifications de Talmont. Cette restauration s'accompagne de l'armement de la place en boulets de canon, pour alimenter des bombardes. Un stock de 65 de ces boulets, de trois tailles différentes, seront retrouvés en 1972 à l'emplacement de l'ancienne porte de la ville ; on en trouve encore aujourd'hui ici ou là, dans les maisons et jardins du village. En 1539, une visite de Talmont et de ses fortifications réalisée sur ordre du roi, alors que l'ennemi espagnol menace, fait état des réparations effectuées quelques décennies plus tôt, et de celles qui restent à financer.

Les fortifications subissent de nouveaux dommages pendant les guerres de Religion, au cours desquelles Talmont connaît plusieurs attaques et sièges. Une garnison de 70 soldats est envoyée en renfort par le roi en 1585. Viennent ensuite une violente tempête, en 1645, puis la Fronde, fatale : en avril 1652, les troupes espagnoles qui occupaient le site depuis plusieurs mois, s'en retirent après avoir détruit la tour Blanche et l'essentiel des fortifications. Vers 1688, une partie de l'enceinte est sommairement relevée par les milices garde-côtes : c'est à cette époque que se rattache probablement, au moins, le mur nord actuel, constituée de moellons disparates, posés sans véritable soin.

Au début du 18e siècle, l'ingénieur du roi Claude Masse, visitant Talmont dans le cadre de sa mission cartographique que les côtes atlantiques, trouve les fortifications dans un état de délabrement avancé. Il constate que la cité a été entourée "d'assés bonnes murailles dont l'entretien a esté abandonné". L'état du front sud, face à l'estuaire, assis sur la falaise en proie aux attaques de la mer, est le plus inquiétant. Masse confirme qu'au nord, le rempart, d'une hauteur de 4 mètres sur 1,5 d'épaisseur, a été grossièrement réparé.

Une tentative avortée de relèvement, au début du 18e siècle

La mission première de Masse étant de proposer au roi les améliorations possibles pour le système de défense des côtes, il élabore un projet de refonte des fortifications de Talmont, à travers des plans et des mémoires. Manquant de moyens humains, matériels et financiers, une partie seulement de ce projet est réalisé sous la direction de Masse lui-même, à l'été 1706 : la courtine nord est renforcée et l'on construit à ses pieds (à l'emplacement actuel du parking et tout le long du rempart) des terre-pleins en forme de bastions, avec fossés, parapets gazonnés, etc.

Pour le reste, à l'est, face à l'anse de la Grave ou du Caillaud, Masse propose en vain de relever la courtine et de déraser un ancien bastion en forme de fer à cheval (dont un mur épouse encore aujourd'hui la forme) ; au sud, il prévoit d'abaisser le niveau de la courtine, d'y établir une banquette d'artillerie, et de détruire ce qui reste de la tour Blanche ; plus loin, au pied de l'église, la poterne de la porte de Médoc serait fermée, sauf une petite porte de secours ; Masse envisage par ailleurs la construction, toutefois très coûteuse, d'un mur de soutènement sous l'église, là où la falaise donne de graves signes de faiblesse ; il suggère aussi de transformer la maison du sieur Jouan (actuelle "maison de l'armateur") en un magasin à poudre et magasin d'artillerie, et son jardin en un parc à boulets ; enfin, il propose de construire un bastionnement plus en avant encore de la porte de ville, et un autre en face de Talmont, sur la pointe de Cornebrot.

Dans un second projet, encore plus ambitieux, Masse va plus loin, sans davantage de succès, visant pourtant à transformer Talmont en véritable citadelle moderne : puissant ouvrage à cornes à l'avant de la porte de ville, grands fossés communiquant avec la mer, souterrains, casemates, magasins à poudre et à munitions en arrière des remparts, réservoirs d'eau dans les marais, creusement de la petite crique de la fosse de Médoc pour créer un vrai petit port, etc.

Les souvenirs fragiles d'un passé glorieux

Le rôle militaire de Talmont, bien que très amoindri, perdure au 18e siècle à travers probablement le logement d'une garnison (l'organisation interne de plusieurs maisons, communiquant entre elles, le laisse penser), et ce qui reste des remparts continue à se détériorer. En 1759, des vues cavalières de Talmont associées à la carte de la Gironde par Desmarais, figurent ce qui reste alors des fortifications : on devine le rempart nord et les vestiges de la tour Blanche ; une tour ronde est même représentée, là où ne devait pourtant s'élever que le bastion en fer à cheval. Sur le plan cadastral de 1831, il ne reste plus grand chose de ces éléments : au nord-est, une esplanade et un fossé dont le tracé rappelle la pointe d'une étoile, ont remplacé les anciens bastionnements, dont il ne reste plus rien le long du rempart nord ; à l'ouest et jusqu'à l'église, la falaise se découpe, battue par la mer ; au sud, le plan ne mentionne plus la poterne de la fosse de Médoc.

Cet état de chose perdure pendant tout le 19e siècle et une grande partie du 20e, comme le montrent des cartes postales. En 1869, le conseil municipal note que le rocher sous l'église est dégradé et mérite d'être consolidé. En 1895 puis en 1947, le soubassement du front est (sous l'actuelle "maison de la douane") est consolidé. En 1959-1960, le mur de soutènement ouest est réparé et l'on crée une promenade tout le long du front de mer. En 1998-1999, une importante campagne de restauration est engagée sur le front sud et sur la tour Blanche. La tempête de décembre 1999 entraîne d'importants dégâts (une ancienne ouverture est dégagée au pied du rempart nord). A sa suite, en 2000, un nouveau mur de soutènement est élevé au pied de l'église, dans l'ancienne Fosse Porte ou Fosse de Médoc, masquant une ancienne cavité naturelle que la tempête avait dégagée.

jusqu'à ce que des murs de soutènement viennent consolider et fixer les falaises à l'ouest et sous l'église, et jusqu'à que le rempart nord soit restauré.

Périodes

Principale : 11e siècle, 13e siècle, 17e siècle, 1er quart 18e siècle

Le promontoire de Talmont est entouré par un système défensif qui présente encore d'importants vestiges, même si d'autres ont disparu.

La défense du site est assurée au sud par une ligne de falaises qui supporte les ruines d'un mur d'enceinte, entre l'église et ce qui reste de la tour Blanche. Au pied de l'église, une petite crique constituait le seul accès au village par ce côté-ci, à travers une fausse porte dite "du Médoc", aménagée entre les deux falaises et dont on ne devine plus que les fondations. A l'ouest, la falaise, autrefois à nu, a été consolidée par un mur de soutènement, sans cesse repris en raison des attaques des éléments.

Sur le côté nord nord du village. court encore un haut mur contre lequel sont désormais adossées des habitations et qui se termine au nord-ouest par une demi-tour carrée. Construit en moellons de différents appareils, ce mur était peut-être couronné d'un chemin de ronde.

D'autres éléments défensifs, au nord-est, ont disparu. Le tracé supposé en a été restitué sur le sol du parking. A l'est, un mur arrondi reprend le tracé d'un bastion en fer à cheval qui surplombait directement la mer. A la pointe sud-est, la tour Blanche, ancienne demi-tour carrée, ne présente plus qu'un pan de mur en moellons, percé d'une porte.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Mise en oeuvre : moellon

Toits
Décors/Technique
  1. sculpture
Décors/Représentation
  1. Representations : losange


Précision sur la représentation :

La partie haute du fût de la croix est ornée de losanges.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Talmont-sur-Gironde

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: le Bourg

Cadastre: 2009 AA

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