Les carrières exploitées en 1991 : Carte de localisation des carrières exploitées en 1991 et Panorama de l'industrie des carrières et matériaux de construction en Poitou-Charentes, BRGM, DRDRE, UNICEM, 1994 (cf. annexe 4 pour l'année 2000).
Le Jurassique supérieur qui constitue le nord du département jusqu'au sud de Saint-Jean-d'Angély ne donne pas lieu à d'exploitations particulières, hormis quelques carrières de granulats de calcaire. Les niveaux calcaires du crétacé supérieur, qui forme un triangle de l'embouchure de la Charente jusqu'au sud de Jonzac, sont exploités pour la pierre de taille : des carrières souterraines de pierre calcaire à bâtir sont ouvertes à Chermignac et Thénac (cf. dossier), près de Pons et de Jonzac. D'autre part y sont exploitées des carrières de sables et de granulats de calcaires pour concassage dans la partie nord de la vallée de la Charente, dans les environs de Saint-Sornin, de Matha, Montpellier-de-Médillan, Saint-Pierre-du-Palais et La Clotte. Les calcaires du sommet du Crétacé supérieur sont exploités à Saint-Cézaire et à Bussac-Forêt pour sa cimenterie. L'extrême sud du département est constitué de terrains tertiaires composés d'argiles, de sables et de graviers plaqués sur des terrains plus anciens. Les argiles présentent souvent des qualités intéressantes ; c'est le cas par exemple des kaolinites exploitées comme matière première pour la céramique dans les cantons de Montendre, Montlieu-la-Garde et Montguyon (trois usines de traitement de chamotte, une usine de fabrication de creusets et quatre tuileries-briqueteries y ont été recensées).
Les carrières exploitées au XIXe et au début du XXe siècle :
Dans le passé, les argiles qui constituent la base du Crétacé supérieur étaient exploitées dans la région de Saintes, et très nombreuses y étaient les tuileries-briqueteries et poteries. Le calcaire à bâtir était extrait des carrières de Saint-Savinien, Saint-Vaize, Plassay et Crazannes (cf. annexe 1). Le Jurassique donnait également lieu, au XIXe siècle, à l'exploitation de carrières de pierre à chaux traitée dans des usines à Angoulins (aujourd'hui disparu), Aytré (cf. dossier), Nieul-sur-Mer (cf. dossier) et Charron (cf. dossier). La cimenterie de Mortagne-sur-Charente (cf. dossier) exploitait aussi les calcaires du Jurassique.
En 1880, 520 carriers travaillent dans les 196 carrières du département (45 dans l'arrondissement de Saint-Jean-d'Angély, 33 dans celui de Saintes, 55 dans celui de Jonzac et 35 dans celui de Marennes, AD Charente-Maritime, 11 M 3/4). En 1885, ils ne sont plus que 120 pour 53 carrières (AD Charente-Maritime, 11 M 3/4).
Les ouvriers sont payés à la tâche : en 1880, les propriétaires des carrières donnent aux carriers 1,25 F par m3 extrait ; ceux-ci peuvent extraire de 4 à 5 m3 par jour, alors que le prix de la journée varie de 3 à 3,50 F pour les tanneurs et mégissiers, elle est de 2,50 F pour les meuniers et 4 F pour les tonneliers et pour les ouvriers des fonderies de fer et fonte (AD Charente-Maritime, 11 M 3/4).
En 1900, les carrières de toute nature exploitées, soit de façon continue, soit temporairement, étaient au nombre de 245, occupant 1173 ouvriers (Charles BROSSARD. Géographie pittoresque et monumentale de la France ; description du sol, curiosités, monuments, costumes, cartes des départements, Paris, Flammarion, 1900-1903, p. 162).
En 1911 (AD Charente-Maritime, S 282), 85 carrières de pierre de taille sont exploitées par 393 carriers sur les communes de Saint-Savinien, Bellevue, Avy, Saint-Sulpice, Thénac, Tesson pour les souterraines, et Saint-Vaize, Grandjean, Crazannes, Echillais, Le Douhet pour celles à ciel ouvert. Seules deux de ces carrières sont exploitées par des sociétés industrielles.
Une seule carrière souterraine de pierre de taille a été repérée à Thénac (cf. dossier) ; elle a donné lieu à la construction d'un atelier de taille de pierre.
Exemples des carrières de Plassay et Crazannes (Anne BOCQUET, Zoé VALAT. Les carrières de pierre de Crazannes ; approche archéologique et ethnographique, Mémoire X - APC, 1995)
Elles couvraient des superficies de plusieurs dizaines d'hectares et leur exploitation a certainement débuté à l'époque gallo-romaine et a cessé dans les années 1950. Carrières à ciel ouvert et semi-souterraines, c'est-à-dire organisées en « rues » à ciel ouvert et en galeries souterraines, coexistaient. Les salles souterraines pouvaient atteindre plusieurs mètres de profondeur, et afin d'éviter les effondrements, les carriers prenaient soin de laisser des piliers appelés « piliers de masse ».
Une fois extrait, le bloc de pierre était transporté en charrettes tirées par des boeufs. Les camions n'ont été utilisés qu'après la deuxième Guerre mondiale. Pour le chargement, l'utilisation de la chèvre est attestée dès l'époque gallo-romaine ; la grue, elle, semble avoir été utilisée de la fin du XIXe siècle jusqu'à la fin de l'exploitation. L'expédition pouvait se faire ensuite par bateaux chargés au port de Crazannes. Le trafic fluvial a considérablement diminué après la première Guerre mondiale pour être progressivement remplacé par le chemin de fer et le transport routier ; un pont roulant en bois existait à la gare de Saint-Savinien pour le chargement des wagons.