[Registre paroissial tenu par l'abbé Gustave Sarrauton (curé de 1864 à 1869) avec addenda des curés successifs (Cazenave, Jean Jotuston, Amédée Moncade, Desquerre, Hargous, Césaire Daugé, André Lafitte) jusqu'en 1936 (communiqué par Michèle Tastet-Brèthes). Le texte de ce registre fut repris intégralement par l'abbé Amédée Moncade (1850-1910) dans sa monographie paroissiale de 1888 (AD Landes, 16 J 18).]
"Chapitre 1er. / § 3. Monuments. / [...] Il y a à Beylongue deux choses qui fixeront l'attention de ceux qui veulent étudier les temps qui ne sont plus. Il y a une église et un camp ou castra. [...] L'Église est du XIIème siècle. Elle n'a qu'une nef, et tout porte à croire qu'à son origine elle n'était pas telle qu'elle est aujourd'hui. D'abord, la voûte qui était de pierre, de même que les arceaux qui la soutenaient a été détruite. A quelle époque, de quelle manière, pour quelles raisons, par quelles mains a été faite cette destruction ? Il nous est impossible de le dire. Ensuite, il est certain que l'autel ne se trouve pas à la place qu'il occupait primitivement. En effet, quand de la balustrade, on se retourne pour jeter un regard vers le porche, on est tout surpris de voir que le porche n'est rien de moins qu'une abside romane du meilleur goût, et comme instinctivement, on s'écrie : c'est là qu'était l'autel, c'est là qu'il devait être. Les modillons sculptés qui décorent l'extérieur de cette partie de l'édifice, les traces d'une porte de sacristie qu'on aperçoit derrière les fonts baptismaux ne laissent aucun doute à cet égard. D'où est venue la malheureuse idée d'abandonner cette abside ? Voici, parmi les diverses versions que nous avons pu recueillir, celle qui nous a paru la plus sérieuse : un matin, tandis que le curé de la paroisse célébrait le St mystère (c'était avant la Révolution), la foudre tomba sur la tour du clocher. Or, à Beylongue, comme dans quelques autres localités, le clocher se trouvait au-dessus de la première travée, par conséquent très près de l'abside. Le pauvre curé eut peur, et quand il quitta l'autel, très certainement il remercia Dieu de ce qu'il n'avait pas permis à l'agent électrique d'aller plus loin et d'arriver jusqu'à lui. Mais il dut se dire que ce qui ne s'était pas fait à la première fois pouvait se faire à la seconde ; et alors, soldat pusillanime, il résolut de fuir l'ennemi, c'est à dire qu'il résolut de transporter son autel de l'orient à l'occident. C'est ce qu'il fit, mais il ne se contenta pas de cela. Comme les meurtrières qui donnaient le jour aux fidèles réunis pour la prière lui paraissaient insuffisantes, il les remplaça par huit grandes croisées qui diffèrent entre elles par la grandeur et par la forme, donnant à l'ensemble l'aspect le plus bizarre ; puis, comme il s'il eût voulu soustraire le clocher à l'action de la foudre, il le baissa de moitié, et il en fit un véritable pigeonnier carré, le seul du reste qui existe encore aujourd'hui. Quand on se représente ce que devait être cette abside, avec ses peintures à la fresque, avec ses sept arcades, ses sept ouvertures, ses douze colonnes et ses douze chapiteaux, et qu'on se met en présence de l’énorme four qui sert actuellement à abriter le tabernacle du Dieu eucharistique, on ne peut s'empêcher de regretter que l'auteur de ces changements n'ait pas connu l'illustre Franklin. [...]
Au sud-ouest de l'église, au-dessus de la sacristie, il y a un reste d'escalier qui devait servir pour aller sur la voûte. D'après un inventaire fait il y a près de deux siècles, outre le maître-autel, il y avait très probablement contre les deux panneaux du mur qui font saillie au-dessous de l'arc-doubleau auquel ils servent de base et de soutien, deux autres autels extrêmement petits. Le premier était dédié à la Ste Vierge, avec une confrérie du St Sacrement qui y était attachée. Le tableau représentant la mère de Dieu était fort antique ; son cadre en désordre ne joignait pas à l'autel. Le second, dédié à St Michel, avait une confrérie du même nom, mais sans statuts. Cette confrérie fut unie à celle du St Sacrement. Le tableau de St Michel n'avait rien de remarquable.
Ainsi que nous l'avons dit, le chœur actuel est circulaire. On y admire un autel en bois d'un grand prix. Cet autel appartenait jusqu'à cette année 1888 à l'église de Pontonx, laquelle accepta de le vendre à sa sœur l'église de Beylongue, où il a été placé dans les premiers jours de juillet. On y a dit ici la première messe le 8 juillet, jour de la solennité de la fête du Sacré-Cœur.
L'ancienne sacristie était étroite. Rien de remarquable à signaler dans la nouvelle... Le clocher dont nous avons parlé plus haut renferme deux cloches avec les inscriptions suivantes :
Sur la plus ancienne et la plus petite, on lit : "Parrain Mr Léon Naureils, maire, marraine Mme Ducasse née Pedegert. Dédiée à St Pierre. Pascal Ducasse, curé - Faite par D.que Délestan, fondeur à Dax, an 1858."
Sur la seconde qui est aussi la plus grande, on voit écrit ce qui suit : "Parrain Jean Louis Joseph vicomte de Vidart ; marraine Marie Louise Claire Camille d'Aon ; maire Marie Maurice Adrien d'Aon ; curé Jean Marie Gustave Sarrauton. V.t Labenne fondeur an 1869, Mont-de-Marsan."
On voit dans l'église de Beylongue, tout près des portes, une seule tombe. Elle renferme les restes de M. l'abbé Barraille, ancien curé de la paroisse, mort le 20 janvier 1824.
[...]
Le cimetière était autour de l'église ; il était parfaitement clos par un mur élevé et solide. Le curé avait obtenu de le faire baisser d'environ un pied en face du nord ; à cette occasion, on plaça dans le cimetière la croix qui, jusqu'alors, se trouvait par côté.
[...]
§ 4. Habitants de Beylongue. Leur caractère, leurs mœurs, etc. / A part la famille d'Aon qui, nous l'avons dit, n'y est établie que depuis quelques années, et M. de Vidart Carcen qui n'y fait que deux courtes apparitions aux mois de Mai et de Septembre, Beylongue ne compte point de famille marquante. Autrefois cependant les ducs d'Albret possédaient des terres à Beylongue. Ces terres furent cédées avec tout le duché par Louis XIV au duc de Bouillon, en échange de la principauté de Sedan. [...]
Chapitre 2ème. Cure de Beylongue avant la Révolution. [...] La cure de Beylongue avant la Révolution devait avoir une certaine importance. Ce qui le prouve, c'est que les prêtres qui étaient appelés à l'occuper y restaient très long-temps. Elle était estimée de 400 à 500 écus, c'était l'évêque qui y nommait. [...]
§ 1. Noms des curés et des vicaires qui se sont succédé à Beylongue depuis 1642 jusqu'à la Révolution. / Depuis 1642 jusqu'en 1793, Beylongue eut sept curés. Ce furent MM. : Dalbaret. Son nom figure dans les registres paroissiaux depuis le 23 novembre 1642 jusqu'au 7 décembre 1658. / Dutastet. Il paraît depuis le 4 novembre 1664 jusqu'au 30 janvier de l'année 1678. / Fondeviolle depuis le 3 janvier 1692 jusqu'au 17 octobre 1711. / Vaubanère depuis le 27 mars 1712 jusqu'au 21 juillet 1715. / Duprat qui signa un acte de baptême le 30 juin 1716 et mourut le 28 décembre 1758, à l'âge de soixante-douze ans. [...] / Brocha remplaça Duprat. Nous voyons son nom depuis le 26 janvier 1759 jusqu'au 27 mars 1791. / Cazade fut le dernier curé de Beylongue jusqu'à la Révolution. Il commença à signer les actes de baptême, de sépulture et de mariage le 17 mai 1791 et son nom a clos le dernier des registres, le 4 décembre 1792. C'était un prêtre constitutionnel.
[...]
Chapitre 4ème. Cure de Beylongue depuis la Révolution.
§ 1. Cure de Beylongue depuis la Révolution jusqu'au dix neuf juin mil huit cent soixante quatre. / M. Baraille. Lorsque le premier consul eut relevé les autels, l'abbé Baraille sollicita et obtint la cure de Beylongue. [...] M. Baraille mourut le 20 janvier 1824. Il fut enterré sous le porche actuel, tout près de la porte de l'église. / M. Larrieu. Mgr l'évêque [...] fit transférer l'abbé Larrieu de la cure de Ponson à celle de Beylongue. [...] L'abbé Larrieu rétablit les autels de la Ste Vierge et de St Michel qui avaient disparu pendant la Révolution. Malheureusement, il ne passa que quelques années à Beylongue. Mgr Savy, qui appréciait son mérite, le nomma au doyenné de Labrit. / M. Dutilh. [...] D'un caractère dur et sévère, l'abbé Dutilh avait trouvé le moyen de s'aliéner l'esprit de ses paroissiens. Aussi, lorsqu'il fut nommé curé d'Arsague, vers la fin de 1839, son départ fut-il salué par un feu de joie. [...] / M. Soussotte. [1839-1843 : transféré à Sort en 1843, puis à Tercis en 1861.] Il fit réparer la toiture de l'église et du clocher, ériger le chemin de la croix et la confrérie du Saint Scapulaire. Il fit revivre également une confrérie du St Sacrement qui avait existé dans la paroisse de temps immémorial.
M. Ducasse. L'abbé Soussotte eut pour successeur M. Pascal Ducasse, fils d'un sellier de Tartas. [Ex-curé de Gaas puis de Saint-Cricq] [...] Son père lui ayant laissé deux belles métairies [...] il avait très bien pu faire des économies qu'il n'est pas donné à tous les curés de campagne de pouvoir réaliser. Le fait est que lorsqu'il s'agissait d'une bonne œuvre, il n'était jamais le dernier à concourir. Ainsi, il y a une vingtaine d'années, on voulut faire l'acquisition de deux cloches, et comme la fabrique et la commune ne pouvaient pas fournir la somme nécessaire pour cette acquisition, on ouvrit une souscription. M. Ducasse fut le seul, avec M. de Vidart, qui donna cent francs. [...] Peu de temps avant sa mort, il fit don à l'église d'un jeu de canons d'autel réellement très beaux. [...] A sa demande, le conseil de fabrique acheta un ornement vert, un rouge et un blanc, une chape blanche et un voile de même couleur pour la bénédiction du St Sacrement, une belle croix de procession, un bénitier et un aspersoir ; mais quand il donna sa démission, on peut dire que l'église était dépourvue de linge. [...] Le cimetière était autrefois autour de l'église. C'est le 6 novembre 1853 que M. Ducasse bénit celui qui existe aujourd'hui. A son instigation, la commune fit redorer le maître-autel. [...] Une nouvelle attaque qui survint vers la fin de 1863 l'obligea à se retirer au sein de sa famille à Tartas, où il rendit son âme au Seigneur en janvier 1864. Il laissa à l'église de Beylongue la somme de mille francs. Ses héritiers n'ayant pas voulu se charger des droits de succession, l'église ne toucha que huit cent soixante dix francs.
M. Sarrauton (Jean Marie Gustave) [curé de 1864 à 1869] [...] L'église était dans le plus triste état. [...] M. Sarrauton crut pouvoir signaler quelques réparations et quelques changements qui lui paraissaient indispensables., il lui fut répondu que la commune n'avait point de ressources, et que, par conséquent, il ne fallait pas former d'inutiles projets. La sacristie offrait un spectacle désolant, point d'aubes, point de linge. La moitié des ornements étaient loin d'avoir la décence exigée pour le service de Dieu. [...] A signaler : la restauration de l'église [...], l'érection d'un nouveau chemin de croix donné par l'Empereur sur la demande de M. le Baron Leroy, et la bénédiction d'une cloche qui eut pour parrain M. le vicomte de Vidart et pour marraine Mlle d'Aon. [...]
§ 2. Usages en vigueur dans la paroisse de Beylongue en 1864 et depuis 1864.
1° Depuis un temps immémorial, une confrérie de St Michel est établie à Beylongue. [...] Cette confrérie a pour but de mettre les petits enfants sous la protection du prince des Archanges. Les confrères sont inscrits dans un registre qui se trouve dans la sacristie. On dit la messe à leur intention les jours de l'Apparition et de la Dédicace de St Michel, aux mois de mai et de septembre. [...]
2° La confrérie du Scapulaire dont on n'avait plus entendu parler depuis que M. Soussotte avait quitté la paroisse a été canoniquement rétablie le [blanc : 30 juillet 1864]. [...]
3° La confrérie du Rosaire a été canoniquement érigée en l'église de Beylongue conformément au mandement de Mgr Epivent du [blanc : 22 novembre 1864]. Le registre de la confrérie est à la sacristie. On a soin d'y inscrire tous les enfants qui font la première communion.
§ V. Mission de 1868.
Au commencement de l'année 1868, la paroisse de Beylongue reçut une grande grâce. Voici une lettre que son pasteur [l'abbé Sarrauton] avait reçue au mois de septembre 1867 du vénérable et saint abbé Bousquet, doyen du chapitre de la cathédrale et vicaire général honoraire : Monsieur le curé. Convaincu du bien immense que procurent les missions diocésaines, Mgr dans la dernière retraite pastorale, a témoigné le désir qu'il y en ait une dans chaque paroisse qui n'a pas encore joui de cet avantage. Je crois que la vôtre est de ce nombre. Bien persuadé, Monsieur le curé, que si vous n'avez pas encore appelé les Missionnaires, c'est parce que jusqu'ici vous n'avez pas eu les moyens de parer aux dépenses d'une mission, j'ai fait appel à quelques confrères charitables qui m'ont mis à même de vous offrir 150 fr. Quant aux petites dépenses de l'éclairage de l'église et de la plantation d'une croix, une simple invitation faite de la part du pasteur suffira, l'expérience le prouve, pour y faire contribuer vos bons paroissiens et les exciter même à profiter efficacement de la mission. [...] Bousquet ch. D. V. G." Monsieur Sarrauton s'empressa de répondre à M. Bousquet qu'il acceptait de grand cœur une offre qui répondait si bien à ses propres sentiments. En conséquence, les deux missionnaires, Serre et Ramazeilles, arrivèrent à Beylongue le 11 janvier. La mission s'ouvrit le lendemain. Elle fit le plus grand bien. Presque tout le monde s'approcha des sacrements. La croix fut érigée au moyen d'une souscription ouverte dans la paroisse conformément aux conseils donnés par M. Bousquet. Cette souscription produisit quatre cents francs. La clôture de la mission se fit très solennellement le 2 février, jour de la Purification de la Très Ste Vierge, en présence de MM. Destribats, doyen de Rion, de Chauton, curé de St-Jaguen, Capdevielle, curé de Villenave, Maniort, curé de Carcen-Ponson et joannes Meyranx, curé d'Ousse. M. Destribats bénit la croix, M. Sarrauton présida la procession, M. de Chauton donna la bénédiction du St Sacrement et M. Ramazeilles fit, sur la place publique, le sermon de la plantation de la croix. Il y avait une foule immense. [...]
§ VI. Restauration de l'église.
La même année 1868 vit l'église de Beylongue se transformer. M. Sarrauton avait eu d'abord l'intention de restaurer l'ancienne abside romane. Il en parla au conseil de fabrique. Jacques Nots, maire, fut le seul qui ne voulut pas adopter ce projet et il déclara, d'une manière formelle, qu'il ferait tous ses efforts pour le faire rejeter du conseil municipal. Invité à l'expliquer, il répondit que ceux qui avaient changé l'autel de place avaient cédé à des motifs très graves ; qu'il avait entendu dire à son père que, lorsqu'il était à l'Orient, Beylongue était sujet à des épidémies qui décimaient la population d'une manière effrayante ; que, depuis que l'autel avait été transporté à l'Occident, ces épidémies avaient disparu, et qu'il croyait faire acte de bonne administrateur en s'opposant à un projet qui attirerait sur ses administrés les plus grands malheurs. Est-il besoin de dire que ce conte fut accueilli par un éclat de rire général. [...] / Quoi qu'il en soit, un devis fut dressé, et comme il portait les dépenses trop haut, il fallut le rejeter. Cependant, l'église ne pouvait point rester ce qu'elle était. La toiture était dans un si triste état, que la pluie tombait sur le plafond et le détrempait d'une manière sensible ; on voyait sur les murs une croûte de poussière qui empêchait de reconnaître quelle était la dernière couleur dont on les avait revêtus ; puis, sur huit croisées, il n'y en avait pas deux qui eussent les mêmes dimensions, ni la même forme ; ce qui donnait à l'édifice l'aspect le plus bizarre. Les deux autels de la Ste Vierge et de St Michel tombaient de vétusté et occupaient presque toute la première travée. Après y avoir longtemps réfléchi, M. Sarrauton fit prendre au conseil une délibération, dans laquelle on déclarait : 1° que les toitures de l'église avaient besoin d'être réparées ; 2° que les croisées devaient être refaites ; 3° que les murs devaient être badigeonnés. La fabrique, qui avait mille francs en caisse, se chargea des vitraux et abandonna les autres dépenses à la commune. / M. Sarrauton présenta cette délibération au conseil municipal le jour où le nouveau maire M. d'Aon et les nouveaux membres devaient être installés. Il était sûr qu'en ce jour-là, il trouverait bon accueil. En effet, elle ne souleva pas la moindre difficulté et le conseil municipal déclara urgentes les réparations signalées par la fabrique. Une délibération fut rédigée en conséquence et envoyée à la Préfecture. Quelques temps après, elle revenait avec l'approbation préfectorale. L'architecte du département, M. Ozanne, mandé par l'autorité compétente, vint faire un devis ; et comme la caisse communale n'était pas en état de le couvrir, M. Sarrauton fit demander au Gouvernement par l'entremise du Baron Le Roy, Sénateur et préfet de la Seine-Inférieure, un secours de mille francs, et il eut le bonheur de l'obtenir. Grâce à M. Le Roy, qui l'honorait d'une bienveillance toute particulière, il obtint encore de l'Empereur et de l'Impératrice un tableau pour l'autel et un chemin de la croix. / Votées en 1865, les réparations ne purent se faire qu'en 1868. Il faut tant de temps pour remplir toutes les formalités administratives. MM. d'Aon et de Vidart donnèrent 100 fr. chacun pour décorer le sanctuaire et l'autel ; M. Sarrauton consacra au même objet une centaine d'écus.
[...]
§ VIII. Bénédiction du chemin de la croix.
Lorsque les réparations de l'Église furent terminées, M. l'abbé Sarrauton écrivit à Mgr l'Évêque pour le prier d'ériger canoniquement le chemin de la croix. Il reçut le diplôme suivant : "Louis Marie Olivier Epivent, par la Miséricorde divine et la Grâce du St Siège apostolique, Évêque d'Aire et de Dax, sur la demande écrite qui Nous a été adressée le 14 Octobre 1868 par M. le curé de Beylongue d'ériger le chemin de la croix dans l'église de Beylongue [...] Nous autorisons l'érection du chemin de la croix dans l'église de Beylongue et nous nommons pour l'ériger avec les cérémonies prescrites M. Sarrauton ou un autre prêtre de son choix. [...] Donné à Aire, en notre Palais épiscopal [...] le 14 octobre 1868 [...]." L'érection fut faite solennellement le 13 décembre 1868. M. Destribats, doyen de Rion, prêcha. [...]
Chapitre 6ème. Cure de Beylongue depuis la confirmation de 1869 jusqu'à... [blanc]
§ 2. Bénédiction d'une cloche.
La petite cloche était fêlée depuis un an. La commune vota 300 f., la fabrique 150, et comme ces deux sommes réunies étaient insuffisantes, on ouvrit une souscription qui produisit 500 f. La mère de Madame d'Aon, Madame Gérard, donna 300 f. On put donc remplacer avantageusement la cloche fêlée, car tandis que celle-ci ne pesait que 400 quintaux et demi, celle que fondit Vincent Labenne de Mont-de-Marsan en permit de 9 à 10. Ce qui lui valut l'honneur d'occuper la première place dans notre clocher. / M. Sarrauton voulut donner à la bénédiction de cette cloche toute la solennité possible. C'est pourquoi il choisit un jour où les paroissiens s'abstenaient des travaux ordinaires, le mardi de Pâques. Il invita un grand nombre de ses confrères. A cette invitation se rendirent MM. Destribats doyen de Rion, Marcadé curé de Morcenx, Louis Meyranx curé de Luglon, Joannes Meyranx curé d'Ousse, Capdevielle curé de Villenave, Maniort curé de Carcen-Ponson, de Chauton curé de St-Jaguen, et Georges Lafitte vicaire de Rion. M. Campagne curé d'Igos devait prêcher. Au moment où la cérémonie devait commencer, M. le curé de Beylongue reçut de lui une lettre dans laquelle il s'excusait de ne pouvoir point venir. M. Le doyen de Rion eut l'obligeance de prendre sa place. M. Sarrauton dit la messe à 11 heures ; après la messe M. Marcadé curé de Morcenx procéda à la bénédiction de la cloche en présence d'une foule considérable. / Le parrain de la cloche était M. le Vicomte de Vidart qui se fit représenter par M. Destribats doyen de Rion et la marraine Mlle Camille d'Aon. M. de Vidart fit don à l'église de 100 fr. et Mlle d'Aon de 60 fr. M. le curé, avec cet argent, acheta quatre bouquetiers qui valaient 45 fr., un tapis de 80 fr. et un autre de 37 fr.
Chapitre VII. La cure de Beylongue depuis le 1er octobre 1869 jusqu'au 1er mars 1874.
Tout de qui précède est de M. l'abbé Sarrauton. Ce digne ecclésiastique ayant été appelé, pour ses mérites, à l'importante cure de Montgaillard, Mgr Epivent daigna nommer à sa place M. l'abbé Cazenave, ancien professeur et principal du collège de Dax. [...]
Le monument du Jeudi-saint est dressé au fond de l'église, à l'endroit où se trouvait jadis le maître-autel. M. Cazenave a fait construire tout exprès une belle estrade, haute et large, dont les pièces se démontent et pourront servir à pareil jour indéfiniment. L'autel que l'on installe au dessus est décoré à grands frais. Le soir a lieu le chant du Stabat qui attire tous les ans une foule énorme.
Pendant le mois de mai, les cérémonies usitées en l'honneur de la Ste Vierge se font le dimanche après vêpres, et deux fois sur semaine, les mardis et jeudis, à l'entrée de la nuit. La statue de la Ste Vierge est entourée d'un véritable monument chargé de fleurs, de verdure et de mousse, porté sur des colonnes et tout illuminé de feux. Le chant de litanies et des cantiques est suivi d'une instruction. [...]
Pour ce qui est de la procession du St Sacrement, à la Fête-Dieu, M. Cazenave a pu en relever l'éclat, grâce au concours de deux familles notables de la paroisse. Le premier dimanche, un beau reposoir est dressé non loin de l'église, par les dames Ramazeilles, sous les arbres d'un bosquet attenant à leur maison. Le second dimanche, la procession se met en marche sur la route qui conduit au château de la famille d'Aon. Dans l'enclos de cette résidence s'élève un monument riche et d'un aspect grandiose. Ces jours-là, le dais est escorté d'un piquet de vingt hommes, et commandés militairement.
Depuis l'entrée en fonction de M. Cazenave, aucune réparation notable n'a été faite à l'église, le besoin ne s'en faisant pas immédiatement sentir [...]. Il fallait, d'autre part, achever de réunir la somme due pour la grande cloche, refondue cinq ans auparavant. La part contributive imposée à la fabrique a été payée exactement par les soins de M. Cazenave. Malgré la diminution causée par l'acquittement de cette dette, M. Cazenave, en administrant avec le plus grand soin les deniers de l'église, a pu consacrer des sommes relativement considérables à l'entretien de l'autel et à l'augmentation du mobilier. [...] L'église possédait une statue de la Vierge qui, après avoir servi longtemps à la dévotion des fidèles, avait fini par être reléguée dans un coin comme dépourvue de beauté artistique. Elle n'était pas, en effet, l'œuvre d'un Michel-Ange ; toutefois, la tête ne manquait pas d'expression, la pose était noble et digne. M. Cazenave, considérant que ces madones séculaires, même sculptées sans art, sont chères au peuple, et que leur disparition laisse des regrets, résolut de mettre celle-ci en honneur. Après un nettoyage minutieux, il la fit dresser sur un piédestal surmonté de gradins et enrichi de guirlandes. Vue à cette hauteur et dans ce cadre de verdure, elle attire et captive le regard ; les fidèles la contemplent avec bonheur, tenant dans ses bras l'Enfant Jésus. [...] / La sacristie était insuffisamment pourvue avec les anciens meubles ; M. Cazenave en a ajouté de nouveaux. Ce sont d'abord les deux buffets placés à droite et à gauche du vestiaire, puis une très haute armoire pour contenir les bouquets de grande dimension. La porte extérieure de la sacristie était faible et vermoulue, elle a été remplacée par une porte toute neuve en cœur de chêne, armée d'une serrure solide. Le croisillon de l'imposte a aussi été renouvelé. [...] Enfin une belle table a été construite pour les divers usages de la sacristie. [...] En fait d'ornements, M. Cazenave n'a pu en procurer qu'un seul de couleur blanche avec une étole pastorale assortie. Il a été acheté à Bayonne par les soins de Mme veuve Casedevant, née Bonnefoy, laquelle a bien voulu prendre à sa charge une partie des frais. Par contre, l'église a été pourvue d'un nombre considérable de bouquets, due à l'ingénieuse industrie des bonnes sœurs [les Servantes de Marie]. Quatre de ces bouquets ont à eux seuls une valeur de deux cents francs. Ils sont l'œuvre de la digne supérieure, Sœur Marie de l'Ange gardien, née Mathilde Bonnefoy. [...]
Chapitre VIII.
Après Monsieur Cazenave, ce fut M. l'abbé [Jean] Jotuston. Il arriva dans la paroisse de Beylongue en l'année 1881, vers le mois d'octobre. [...] Durant les cinq années de son ministère à Beylongue, M. L'abbé Jotuston travailla à rehausser les splendeurs du culte par l'échange de vases sacrés qu'il remplaça par de plus beaux, et aussi par d'autres tout nouveaux dont il sut faire l'acquisition. Après ces cinq années [...] il fut nommé en l'année 1886 curé de Pontenx-les-Forges.
Chapitre IX. La cure de Beylongue depuis le 18 juillet 1886.
[...] Il plut à Mgr Delannoy de nommer à sa place Monsieur l'abbé Amédée Moncade, ancien vicaire de Mugron, lequel depuis six ans exerçait les fonctions de desservant de l'église St-André de Bouau-Parleboscq. [...]
En 1888 enfin, par les soins de M. Moncade, l'église de Beylongue s'est enrichie d'un magnifique maître-autel. Il a été acheté à l'église de Pontonx. On put seulement le placer dans les premiers jours de juillet, et c'est le 8 du même mois qu'on y célébra pour la première fois le sacrifice divin, le jour même de la solennité du Sacré-Cœur. [...]
Année 1888. / M. Moncade a pu procurer cette année, une chasuble blanche belle moire, toute brodée or fin, couchure à la main en soie, app. or nué, accessoires brodés, double soie ... 360 f. Presque en même temps, l'église était pourvue aussi d'une bien riche étole pastorale, moire blanche, en or fin brodée en bosse et assortie à la chasuble dont il vient d'être parlé. Elle a été achetée et payée par les soins de Madame Germaine E. Naureils... 80 f.
Année 1889. / Durant cette même année, il nous a été donné de faire deux nouvelles acquisitions bien précieuses. Un ornement rouge avec une croix décorée or en relief. Et puis une riche chape, laquelle paraît seulement pour les grandes fêtes. Les dons volontaires de quelques âmes généreuses de la paroisse nous ont suffi à payer ces deux objets, sans avoir à toucher aux deniers de la Fabrique.
Année 1890. / Dès les premiers jours de 1890, la paroisse de Beylongue a reçu la grande grâce d'une mission. Elle a été prêchée par deux Franciscains, le Père Alphonse de St-Palais et le Père Colomban [...]. Les exercices en ont commencé le 2 mars 1890 pour se clôturer trois semaines après par la bénédiction de la croix et du Christ qui se voient aux Quatre Chemins, devant la maison Édouard Naureils. Quant à la plantation de la croix elle-même, c'est le jour même de la fête de St Joseph qu'elle avait eu lieu. Cette mission est due à la générosité de la famille Édouard Naureils de Beylongue. [...] A l'occasion de cette mission dont nous venons de parler, l'église de Beylongue s'est enrichie du beau confessionnal roman que l'on peut voir en se dirigeant vers le sanctuaire. Depuis le plus pauvre jusqu'au plus riche, tous dans la paroisse ont eu à honneur de contribuer à en solder le prix.
Juin 1891. Installation de la statue du Sacré-Cœur de Jésus sur le dessus de l'exposition. Don généreux d'une personne qui demande les faveurs de ce Divin Cœur.
Juin 1891. A l'occasion de la fête de l'adoration perpétuelle, la famille Naureils a fait don à l'église d'une magnifique paire de burettes.
Du 8 avril 1894 au 1er juillet 1901.
1894. Monsieur l'abbé Desquerre ayant été nommé curé de Léon, M. l'abbé Hargous, curé de Vieux-Boucau, fut appelé à le remplacer à Beylongue. Il fut installé le dimanche 8 avril 1894. [...]
1896. [...] Le 16 mai de la même année furent solennellement bénites et installées dans l'église les statues de saint François d'Assise et de saint Antoine de Padoue. Monsieur Édouard Naureils ayant manifesté l'intention de faire don à l'église de la première de ces statues, M. le curé eut l'idée de faire venir en même temps la seconde, qui fut payée par la générosité de la famille Naureils et de quelques personnes charitables de la paroisse. La commune de Beylongue ne pouvant rien faire pour les pauvres, le tronc de St Antoine s'offrit à M. le curé comme un moyen providentiel de leur venir en aide, surtout pendant les longs mois de l'hiver, et de leur procurer autant que possible une assistance rég[u]lière et assurée.
1897. En 1897, l'église s'est enrichie d'un bel ornement en velours noir, à l'achat duquel la fabrique contribua pour la somme de 36 francs, et de deux boîtes en argent pour les saintes huiles du baptême, don de M. l'abbé J. B. Larre, vicaire de St-Jean-de-Luz.
1901. Du 19 mai au 2 juin une mission jubilaire fut prêchée à Beylongue par MM. Dedeban et Bonnet, missionnaires de Buglose. Comme souvenir commémoratif de cette mission fut érigée la statue de N.D. de Lourdes que l'on voit à gauche, en venant vers le bourg, dans un bosquet appartenant à M. Naureils. Cette statue fut le don gracieux de quatre sœurs désireuses de donner ensemble à Marie un témoignage de leur filial amour. [...]
Chapitre X. La paroisse de Beylongue depuis le 1er juillet 1901.
M. l'abbé Césaire Daugé, né à Aire-sur-l'Adour le 27 août 1858, successivement vicaire de Peyrehorade 1883-1887, curé de Gaillères 1887-1893, de St-Agnet-Sarron 1893-1901, nommé curé de Beylongue par Mgr Delannoy évêque d'Aire, prit possession de la cure le 1er juillet 1901. [...]
Procès-verbal de l'installation de M. l'abbé Lafitte André, curé de Beylongue.
L'an 1936, et le 25 du mois d'octobre [...]."
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