Ensemble du maître-autel (autel, 2 gradins, tabernacle)

France > Nouvelle-Aquitaine > Landes > Beylongue

Comme l'indique une entrée du registre paroissial de Beylongue rédigée par le curé Amédée Moncade, cet autel fut acheté en 1888, pour la somme de 300 francs, à la paroisse de Pontonx (aujourd’hui Pontonx-sur-l'Adour), dans le même canton de Tartas ouest. Celle-ci venait en effet de reconstruire son église et d'en renouveler entièrement le mobilier en style néogothique (son nouvel autel était l'œuvre du sculpteur montois Louis Saint-Lannes). L'ancien autel, selon la monographie paroissiale de Pontonx par l'abbé Lucien Lajus (1889), avait été acquis grâce au produit d'un legs fait par "M. Nogaro" à la fabrique. Le registre des dons et legs de Pontonx précise que Célestin Nogaro testa en 1855 et mourut l'année suivante, ce qui permet de dater l'autel de 1856 environ. Les archives de Pontonx (AD Landes, 2 O 1664) conservent en outre un plan anonyme de réaménagement du chœur de l'église qui montre l'autel installé sur un nouveau parquet à chevrons.

L'autel, installé à Beylongue "dans les premiers jours de juillet" (1888) et inauguré le 8, fête du Sacré-Cœur, venait y remplacer un meuble ancien - avec tombeau galbé, tabernacle à quatre colonnes, fronton orné d'un Saint-Esprit en gloire, ailes à trophées liturgiques et vases décoratifs - que la fabrique avait fait redorer en 1858 par le doreur Miquau de Mont-de-Marsan. Le devenir de ce meuble après 1888 n'est pas connu.

L'autel ici étudié présente de nombreuses ressemblances avec des meubles fournis dans les années 1840-1850 par la maison bordelaise Doumeret et Daux, qui possédait à Dax, non loin de Beylongue, une succursale dirigée par le fils Daux, Jean Alfred (1828-1878). Le tombeau, par exemple, est identique à celui de l'autel du Sacré-Cœur en l'église Sainte-Catherine de Montaut, daté de 1856 (l'année-même de l'achat probable du meuble de Pontonx/Beylongue). Le maître-autel de l'église de Mano (près de Pissos, réf. IM40001778) est une version légèrement simplifiée (les ailes du tabernacle) de celui de Beylongue, avec des éléments décoratifs en tout point identiques (le cartouche ovale à fasces, le Pélican mystique, le bouquet de roses rubané, etc.). Enfin, la présence dans l'église d'Anglade, en Gironde, d'un maître-autel à la composition et au décor similaires (on y retrouve le même rosier dans le tympan du tabernacle) semble corroborer l'hypothèse de la provenance bordelaise du meuble.

Périodes

Principale : 3e quart 19e siècle

Dates

1856, daté par source

Auteurs Auteur : Daux Pierre Louis

PIerre Louis Daux, doreur sur bois et marchand d'ornements religieux bordelais d'origine parisienne, né à Paris le 25 août 1800 et mort à Bordeaux après 1855 ; fils de Remy Daux, boucher à Paris, et de Victoire Séré. Il épousa à Bordeaux, le 14 février 1824, Jeanne Françoise, dite Fanny Doumeret (Bordeaux, 21 novembre 1806 - Bordeaux, 23 septembre 1844), fille de Jean Joseph Doumeret (Bordeaux, 12 janvier 1778 - après 1853), doreur sur bois, et de Marie Jeanne Alexandrine Roché (époux séparés de biens par jugement du tribunal de Bordeaux le 6 juin 1853). Le couple eut deux enfants : Jeanne Amélie Alexandrine (née à Bordeaux le 13 juin 1826), mariée à Bordeaux, le 24 novembre 1849, à Louis Treignac, chasublier et marchand d'ornements religieux (né à Périgueux le 16 octobre 1825), fils de Guillaume et de Jeanne Chambareau ; et Jean Alfred Daux (Bordeaux, 1828 - Dax, 1878). Parmi les témoins du mariage de Pierre Louis Daux et Françoise Doumeret figurèrent le doreur Charles Marie Laporte (1760-?) et les ébénistes Justin Léonard (1789-?) et Guillaume Ladrée (1801-?) ; les déclarants du décès de Françoise Doumeret furent le peintre André Mousselard (27, rue des Remparts) et le doreur sur bois François Toulouse (8, rue Berquin) - tous, peut-être, collaborateurs de Daux et Doumeret.

Par ce mariage fut créée la maison Doumeret et Daux, chasublerie et dorure, puis fabrique de mobilier religieux à Bordeaux, spécialisée dans la production d'autels, active de la Restauration au Second Empire. L'atelier était situé au 58, cours de Tourny, le magasin au 2, rue de l'Archevêché, le domicile personnel de Pierre Louis Daux et de sa belle-famille au 14, cours de Tourny, puis 8, rue d'Albret. La fabrique produisit de nombreuses œuvres repérées en Gironde, en Charente-Maritime et dans les Landes. Ces dernières furent certainement fournies par la succursale de Dax (rue des Carmes), dirigée dans les années 1850 par "Daux fils" (Jean Alfred). En 1855, "M. Daux, fabricant d'autels à Bordeaux" (Pierre Louis), était membre, sous la direction de Léo Drouyn, de la section girondine de la Société française pour la conservation des Monuments historiques et participa au Congrès archéologique de France à Moulins en 1854, aux côtés de son gendre Louis Treignac, "chasublier et fabricant d'autels", de l’architecte Gustave Alaux et du marbrier-sculpteur bordelais Bernard Jabouin.

, fabricant de mobilier religieux (attribution par analyse stylistique (incertitude))
Auteur : Daux Jean Alfred

Maison Doumeret et Daux, chasubliers et doreurs, puis fabricants de mobilier religieux à Bordeaux, spécialisés dans la production d'autels, actifs de l'époque de la Restauration (avant 1827) jusqu'au Second Empire. L'atelier était situé au 58, cours de Tourny, le magasin au 2, rue de l'Archevêché. Nombreuses oeuvres repérées en Gironde, en Charente-Maritime et dans les Landes. Ces dernières furent certainement fournies par la succursale de Dax (rue des Carmes), dirigée dans les années 1850 par le fils Daux. Celui-ci, Jean Alfred Daux (Bordeaux, 4 décembre 1828 - Dax, 24 novembre 1878), fils de Pierre Louis Daux, doreur sur bois d'origine parisienne (1800 - après 1855) et de Françoise Doumeret (Bordeaux, 1806-1844), beau-frère du chasublier Louis Treignac, épousa à Dax, le 6 mai 1855, Jeanne Eglina, dite Joséphine Baudichon (Mont-de-Marsan, 11 août 1838 - 1918), fille de Jean Baudichon, teinturier à Dax, et de Jeanne Dupouy. Il en eut deux filles : Jeanne Emma (Dax, 29 février 1856 - Bordeaux, 17 juillet 1863) et Marie-Amélie (Dax, 16 novembre 1857 - Paris, 25 décembre 1915), mariée en premières noces à Jacques Riollet et en secondes noces, à Paris, le 25 mars 1903, au brasseur et officier Émile François Cornil Claeys (1859-1911), préfet, maire de Bergues, sénateur et vice-président du Conseil général du Nord. Jean Alfred Daux, mort à Dax, résidait habituellement à Paris.

, fabricant marchand (attribution par analyse stylistique)
Lieux d'exécution

lieu d'exécution

Édifice d'origine : (incertitude)

Localisation : Gironde , Aquitaine , Bordeaux

Ensemble homogène de style néoclassique avec réminiscences rocaille (galbe de l'autel, ailerons du tabernacle, détails ornementaux), en chêne et bois résineux (pin ou sapin) pour la structure du revers. Degré d'autel en chêne ciré à deux marches (angles antérieurs adoucis en quart-de-rond) et plate-forme parquetée en point de Hongrie. Autel-tombeau de plan rectangulaire et d'élévation galbée en talon droit, avec table au profil en doucine droite, dessus en deux planches de pin. Deux gradins droits superposés, encastrant le soubassement en saillie de l'armoire eucharistique. Tabernacle : armoire eucharistique parallélépipédique, à façade évoquant un temple classique, flanquée de deux paires de colonnes corinthiennes jumelées soutenant un entablement surmonté d'un fronton cintré à oreilles ; entre les colonnes, une double arcade sur colonnettes corinthiennes de taille dégressive, encadrant une porte en plein cintre, dorée, à décor de stuc ; de part et d'autre de l'armoire, des ailes de même hauteur, à panneaux chantournés de style rocaille, calées par des ailerons en volute ; au-dessus de l'armoire, un dais d'exposition composé d'un premier niveau à colonnes jumelées sur stylobate, portant un entablement droit à ressauts et surmonté d'un couronnement à quatre volutes, dôme et crucifix sommital. Un socle en bois doré à la mixtion (actuellement déposé), au profil galbé en doucine renversée, pourvu d'une mortaise au sommet, était probablement placé sur la plate-forme de l'exposition et servait de base à une croix d'autel encastrée (peut-être le crucifix actuellement au sommet du dais de l'exposition).

Les éléments décoratifs en relief, entièrement rapportés, sont en stuc ou plâtre moulé et doré, à l'exception de l'Agneau de l'autel, du Pélican de la porte du tabernacle, des deux Vertus des ailes et du bouquet de roses du tympan de l'armoire, en bois sculpté et doré. La structure du tombeau, du massif postérieur et du tabernacle est peinte en blanc crème ; la plinthe de l'autel, les deux gradins et les colonnettes du tabernacle sont peints en faux marbre de Campan grand mélange (vert, rouge et blanc) ; les panneaux de la face et des côtés du tombeau, le soubassement et la frise de l'entablement du tabernacle, les panneaux latéraux de l'armoire eucharistique et les piédestaux des colonnettes en fausse brèche d'Alep. La totalité des moulures et filets, les chapiteaux et bases des colonnettes, les ailerons et les panneaux d'amortissement des ailes du tabernacle, tous les éléments décoratifs rapportés et le dais d'exposition dans son ensemble (à l'exception du crucifix) sont dorés (originellement à la mixtion, actuellement à la peinture faux or).

Catégories

menuiserie, sculpture, gypserie

Structures
  1. plan, rectangulaire
  2. élévation, galbé, droit
  3. colonne, 20
Matériaux
  1. Matériau principal : chêne

    Techniques : mouluré, décor en relief, décor rapporté, peint, faux marbre, peint faux or

  2. Matériau principal : stuc

    Mise en oeuvre : décor

    Techniques : moulé, peint, faux marbre, peint faux or

Dimensions
  1. Type de mesure : h

    Valeur : 450

    Précision sur la mesure : hauteur totale approximative

  2. Type de mesure : la

    Valeur : 296


Précision sur les dimensions :

Autel : h = 98 ; la = 239,5 ; pr = 59. Gradin inférieur : h = 18,5 ; la = 296. Gradin supérieur : h = 14. Tabernacle (armoire eucharistique) : h = 115 (146 avec le soubassement) ; la = 87,5 ; pr = 49. Ailes du tabernacle : h = 90 (à la corniche) ; h = 135 (avec le panneau d'amortissement). Exposition : h = 200 environ. Support déposé de la croix d'autel (?) : h = 30 ; la = 27 ; pr = 18.

Iconographie
  1. Thèmes : Agneau mystique, Pélican mystique, Charité, Foi, Christ en croix, Coeur Sacré de Jésus, Coeur Sacré de Marie, trophée liturgique

  2. Caractère général : ornementation

    Thèmes : angelot, aileron, ordre corinthien, cartouche, bouquet, rose, motif rocaille


Précision sur l'iconographie :

Décor en relief rapporté et doré (stuc et bois) : Agneau mystique couché sur le livre aux sept sceaux dans une gloire sur la face du tombeau d'autel ; grandes palmes ou acanthes stylisées à enroulements aux angles antérieurs du tombeau ; bouquets de roses et de liserons noués par des rubans plissés sur les deux gradins ; grand cartouche ovale à motif de fasces et encadrement de cuirs et volutes, flanqué de chutes de fruits (pommes, prunes, nèfles) et de feuilles de chêne avec glands, sur le ressaut central des gradins ; Pélican mystique sur la porte du tabernacle ; cœur sacré de Jésus dans une gloire posée sur un cartouche à cuirs, dans le tympan au-dessus de la porte, surmonté d'un grand motif rocaille à palmettes et perles, lui-même couronné d'un grand bouquet de roses en ronde bosse avec ruban plissé flottant ; trophées liturgiques (mitre, crosse, encensoir, flambeaux et rameaux de laurier à gauche, tables de la Loi, croix pastorale, bénitier, palmes, masse et laurier à droite) sur les pans latéraux de l'armoire eucharistique ; angelots groupés par trois sur les piédestaux des colonnettes ; motifs de candélabres et d'arabesques à la Bérain (acanthes) sur le soubassement du tabernacle ; allégories féminines de la Charité (à gauche) et de la Foi (à droite) dans des cadres chantournés de style rocaille (volutes, palmettes, palmes, pots à feu, rocailles et congélations) sur les ailes du tabernacle ; ailerons en volute à palmes et grappe de raisin aux extrémités des ailes ; panneaux chantournés à rocailles, acanthes et chutes de fruits, avec médaillon central ovale orné d'un cœur sacré (de Jésus à gauche, de la Vierge à droite) en amortissement au-dessus des ailes ; quatre volutes à acanthes, palmettes et grappes de raisin supportent le couronnement en dôme de l'exposition, lui-même sommé d'un crucifix polychrome (croix à embouts en palmette ; Christ représenté mort, la tête penchée sur l'épaule dextre, les pieds cloués l'un à côté de l'autre reposant sur le suppedaneum) ; tige de rosier et coquille rocaille sur le support (déposé) de la croix d'autel.

État de conservation
  • repeint

Certains ornements rapportés en stuc sont lacunaires (fleurs des gradins, angelots des piédestaux de l'exposition), les fragments disparus sont remplacés par de la bronzine. La totalité de la dorure, à l'origine à la mixtion, a été refaite à la peinture faux or.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Landes , Beylongue

Milieu d'implantation: en village

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