Centre hospitalier Saint-Nicolas

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Blaye

L'hôpital est implanté à l'écart de la ville, en bordure de la voie de Saintes, l'un des principaux accès à Blaye sur la route de Bordeaux depuis le nord au Moyen Âge. Cet hôpital, appelé de Lalande ou de La Lande, est fondé à Blaye par le seigneur Jaufré Rudel V et son épouse, en 1257 (Jaufré VIII selon l'abbé Bellemer). Leur fils Gérard Rudel confirme l'année suivante les donations paternelles pour la construction et la dotation de cet hôpital, et cède ses droits à l'archevêque de Bordeaux Gérard de Malemort. Le mur de pierre de taille, ouvert de deux hautes arcades en arc brisé, visible dans la partie ancienne de l'hôpital, est certainement un vestige de cet établissement médiéval.

L'hôpital, appelé maladrerie ou hôpital de la peste au 14e siècle, est cédé à l'abbaye Saint-Romain au milieu du 15e siècle, sous le nom d'hôpital Saint-Georges ; l'abbé Pey de la Vallade aurait alors entrepris sa restauration et son agrandissement. Rédigés sous l'autorité du duc de Saint-Simon comme gouverneur de la ville, des règlements et statuts de l'établissement, homologués par le parlement de Bordeaux en 1664, instituent un conseil pour administrer l'établissement. L'année suivante, l'hôpital devient civil et militaire, afin de recevoir les soldats malades en garnison, "logés dans la chambre haute du devant". L'hôpital est désormais connu sous le nom de Saint-Nicolas. Selon l'abbé Bellemer, des devis des années 1660-1670 porteraient la signature de l'architecte du roi Michel Duplessis ; quoi qu'il en soit, des travaux sont effectués à l'hôpital dans la seconde moitié du 17e siècle, puisqu'un puits y est creusé en 1683 par le maître maçon Bertrand Rayne. Le fonctionnement de l'établissement est confié aux religieuses des Filles de la Charité à la fin du 17e siècle, installation confortée par une convention en 1702.

Le plan-relief de 1703 montre les bâtiments hospitaliers à l'entrée de la rue, précédés d'une cour fermée par un mur d'enclos et séparée de la maison voisine par un jardin, également enclos. Le corps principal est formé par un bâtiment rectangulaire à étage, dont la façade alignée sur la rue est percée d'une porte du côté gauche et d'une succession de fenêtres cintrées à remplages, correspondant en partie à la chapelle. Plusieurs constructions lui sont adossées, et un bâtiment en rez-de-chaussée et en appentis ferme La cour.

Le manque de place nécessite un agrandissement des locaux décidé en 1719, "depuis la porte d'entrée en tirant vers le nord jusqu'à la balustrade du jardin sur la rue". Ce chantier correspond vraisemblablement au prolongement du bâtiment initial dans l'alignement de la rue. C'est en tout cas les dispositions que montre le plan cadastral de 1832. L'immeuble attenant à la chapelle, édifié sur l'ancien jardin pour abriter un orphelinat, est datable des années 1840 par la modénature de sa façade (proche, pour le premier niveau, de l'élévation postérieure de l'hôtel de ville).

Au milieu du 19e siècle les bâtiments menacent ruine et réclament une reconstruction urgente. Un projet de restauration d'une partie de l'hôpital, proposé par l'architecte Brun fils (sans doute le bordelais Pierre Charles Brun), est accepté par la commission des bâtiments civils en 1853, qui approuve également en 1860 le projet, réalisé par ce même architecte, de reconstruction partielle de l'aile nord. Le corps arrière à encadrements harpés date probablement de ce chantier. Des bains publics sont construits sur le site en 1872, mais ils sont démolis dès 1882, selon le registre des augmentations et diminutions. L'élévation sur rue de la partie ancienne est restaurée dans un style néo-médiéval, probablement au même moment que l'intérieur de la chapelle, dans les années 1880 (la comparaison avec la chapelle d'un ancien pensionnat rue de la Libération inciterait à attribuer ce chantier à l'architecte blayais Aurélien Nadaud). Le grand corps de bâtiment situé à l'arrière, sur cour, peut dater du tout début du 20e siècle : le docteur Sebileau, médecin-chef de l'institution, demande à cette époque l'agrandissement et l'amélioration de divers services, travaux dont l'adjudication intervient en juillet 1901 ; leur achèvement est signalé en 1903. Ce bâtiment est représenté sur des cartes postales anciennes, avec ses nombreuses travées et sa galerie au sud-est, supprimée depuis.

Les bâtiments, très vétustes, sont rénovés dans les années 1950 et des bureaux et une lingerie sont créés. Les Filles de la Charité quittent l'établissement en 1959. La refonte et l'agrandissement de l'hôpital intervient au début des années 1970, notamment dans le cadre de la loi de réforme hospitalière : les nouveaux locaux, construits en retrait et sur cour, sont inaugurés en 1973. Le nom de l'architecte bordelais Claude Chatenet apparaît dans la documentation pour de nombreux travaux réalisés durant cette décennie.

Dans les années 2000, l'hôpital a été entièrement réaménagé par la création d'un site EHPAD (maison de retraite), par la restructuration des locaux administratifs, et par l'extension du bâtiment principal qui accueille le nouveau plateau technique et l'hélistation, travaux réalisés en 2008 par l'agence d'architecture TLR. En 2011, le conseil de surveillance de l'Hôpital a décidé du changement de nom de l'établissement en accord avec l'Agence Régionale de Santé, pour devenir le Centre Hospitalier de la Haute Gironde de Blaye.

Périodes

Principale : 3e quart 13e siècle

Secondaire : 3e quart 15e siècle (détruit)

Secondaire : 4e quart 17e siècle (détruit)

Principale : 1er quart 18e siècle

Principale : 2e quart 19e siècle

Secondaire : 3e quart 19e siècle

Secondaire : 4e quart 19e siècle

Principale : 1er quart 20e siècle

Principale : 3e quart 20e siècle

Dates

1257, daté par source

Auteurs Auteur : Rayne Bertrand

Attesté à Blaye (33) dans la seconde moitié du 17e siècle.

, maçon (attribution par source)
Auteur : Brun Pierre Charles

Voir notice de la base AGORHA : https://agorha.inha.fr/inhaprod/ark:/54721/00281127

, architecte (attribution par source)
Auteur : Chatenet Claude

Architecte DPLG, domicilié dans les années 1960 au 20, cours Marc-Nouaux à Bordeaux.

, architecte (attribution par source)

Les immeubles qui composent l'hôpital comprennent des locaux "historiques" et des constructions récentes. Le bâtiment le plus ancien est le corps rectangulaire aligné sur la rue, comprenant la chapelle, la sacristie, la salle du conseil d'administration et la salle de réception. Ce corps est divisé longitudinalement par un mur de refend en pierre de taille, ouvert de deux hautes arcades en arc brisé, visibles aujourd'hui à l'étage. La façade sur rue de 8 travées est percée au premier niveau d'une série de baies entre cordon d'appui et rouleau d'archivolte. La porte d'entrée, donnant sur la chapelle, est encadrée par 2 baies géminées aveugles. Les autres fenêtres sont à tableau rectangulaire sous un arc plein-cintre. Les fenêtres du second niveau sont rectangulaires, à l'exception des deux de la chapelle, en arc segmentaire. Une corniche à modillons couronne l'élévation.

Le corps de bâtiment attenant à la droite du précédent, correspondant aujourd'hui à des locaux administratifs, compte 2 étages et 10 travées. La façade très sobre se distingue par la porte d'entrée, autrefois la principale de l'hôpital, sur la travée de gauche, à encadrement à ressaut en pierre de taille. Elle est inscrite dans une embrasure en arcade plein-cintre sur pilastres, surmontée d'une corniche ; l'agrafe est sculptée d'une croix et les écoinçons sont décorés d'un motif floral. Une corniche à modillons souligne le sommet de l'élévation et les rampants des élévations latérales.

La maison attenante à gauche de la chapelle a une façade de 5 travées et un étage. Le rez-de-chaussée est en pierre de taille à bossage, avec porte centrale en arc plein-cintre. Des bandeaux délimitent les niveaux, les fenêtres sont à arêtes vives et une corniche à modillons couronne l'élévation, avec tuiles mécaniques sur le débord de toiture.

Le bâtiment adossé à la chapelle a une façade de 6 travées et un étage. Les chaînes d'angle et les ouvertures sont harpées, la corniche est à modillons. Le long immeuble de 3 niveaux situé à l'arrière et bordant la cour, a été remaniée. Correspondant au pavillon des malades et aux salles de soins de l'hôpital militaire et civil, il est simple en profondeur pour permettre la meilleure circulation d'air possible.

L'hôpital moderne, rattaché à cette aile, est constitué d'un long bâtiment rectangulaire en béton de 4 étages sur un niveau semi-enterré, complété d'annexes. Les ouvertures de la façade forment une trame régulière, uniquement interrompue par les claustras de la cage d'escalier et par un bloc technique vertical.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

  2. Mise en oeuvre : pierre de taille

    Revêtement : bossage

Toits
  1. tuile creuse, tuile mécanique
Étages

2 étages carrés

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Blaye , 97 rue de l' Hôpital

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 1832 A1 63, 64, 66, 2007 AV 242

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