Fort Pâté

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Blaye

L'établissement d'une tour à canons sur un îlot de l'estuaire récemment sorti des flots, complémentaire de la citadelle de Blaye et d'un fort sur la rive médocaine, dans le but de verrouiller le fleuve, prend corps dans le grand dessein de Vauban de 1685. Alors que les travaux de la citadelle sont en voie d'achèvement en 1689, décision est prise par Louis XIV d'engager les chantiers en Médoc et sur l'île de Blaye. Le projet de l'ingénieur François Ferry pour un fort insulaire destiné à protéger une batterie d'une quinzaine de canons est agréé par le roi en décembre 1690, et mis en œuvre par l'architecte Pierre Michel Duplessy au début de l'année suivante. L'édification d'une tour de pierre massive en milieu mouvant nécessitait la construction préalable d'un radier de charpente destiné à soutenir la superstructure, installé en novembre 1691. Le chantier de maçonnerie, par assises successives, est achevé en 1693. La nouvelle fortification est désignée fort Pâté du fait de sa forme elliptique.

Dès le début du 18e siècle, les travaux ont surtout consisté à assurer la défense des rivages de l'île, menacés par l'érosion des courants. Une intervention fut cependant nécessaire sur le parement du fort, suite à des "écorchements" survenus en 1729, ainsi que quelques réparations vers 1760. En 1789, un inventaire de l'armement indique que le fort est doté de six canons. Durant la Révolution, l'édifice a servi de prison pour les prêtres réfractaires avant leur déportation.

Quelques travaux d'améliorations sont effectués en 1861-1862 à la batterie du fort et au corps de garde. Le développement des canons à longue portée au 19e siècle, la crise de l'artillerie rayée puis de l'obus explosif à partir de 1885 ont fait perdre de son intérêt stratégique au triptyque. Pourtant, ces défenses de seconde ligne sur l'estuaire redeviennent une priorité à la fin du siècle. Complémentaire à l'armement de la citadelle et du Fort Médoc, une batterie de 95 de quatre pièces est installée sur l'île vers 1900, au-devant du fort sur une banquette d'artillerie.

Suivant le sort du triptyque militaire de l'estuaire, le fort, inscrit comme Monument historique en 1935, est désarmé en 1937 puis vendu à des particuliers. La véritable reconnaissance de l'intérêt patrimonial du site, comme élément indissociable de l'ensemble défensif, est consacrée en 2008 par son inscription sur la liste du patrimoine mondial par l'UNESCO.

Périodes

Principale : milieu 17e siècle

Principale : 4e quart 17e siècle

Secondaire : 18e siècle

Secondaire : 3e quart 19e siècle

Secondaire : 4e quart 19e siècle

Auteurs Auteur : Vauban Sébastien Le Prestre de, marquis, ingénieur militaire (attribution par source)
Auteur : Fénis du Tourondel Martin de

Martin de Fénis du Tourondel, seigneur de Labrousse, officier de Saint-Louis et ingénieur du Roi (+ 1736) [AD Corrèze, Inventaire sommaire série E, E 931].

, ingénieur militaire (attribution par source)

Le fort se présente comme une tour massive de plan ovoïde, d'une douzaine de mètres de hauteur. Son parement est en pierre de taille de moyen appareil, parfaitement assisé et régulièrement harpé. Le parapet a été bâti de briques crépies, matériau mieux à même d'absorber l'impact d'éventuels bombardements. L'entrée unique située sur le petit côté sud, est précédée d'un pont-levis et surmontée par une bretèche sur consoles. La porte plein-cintre donne sur un sas, protégé par huit fentes de tir. Un dégagement débouche sur un long corridor annulaire vouté en berceau, ceinturant la totalité du fort, percé de 32 bouches à feu destinées à assurer la couverture de la batterie basse, dont plusieurs ont été retaillées pour améliorer l'angle de visée vers le haut. Le corridor, équipé sur chacun des grands côtés d'une citerne et d'une cheminée, pouvait servir au logement de garnison, des crochets de fixation de hamacs étant toujours visibles sur les parois. A l'extrémité nord du couloir, un second sas, dans lequel sont placées les gaines de deux puits, donne accès par un couloir étroit à la poudrière au centre de la fortification, local rectangulaire voûté en berceau.

Un escalier en vis au fond du sas d'entrée assure la desserte de la plateforme sommitale, protégée d'un parapet à ébrasements, dont plusieurs sont murés. La partie centrale de la terrasse est occupée par un corps de garde d'un seul niveau, mais à l'architecture soignée, comme en témoignent les chaînes d'angle à bossage, les encadrements à crossettes et la corniche. L'intérieur est composé d'une pièce avec cheminée et d'une annexe. Les deux puits sont adossés à l'élévation nord du corps de garde.

Le fort est complété d'une banquette d'artillerie en terre au nord, dotée d'alvéoles pour coups de sûreté.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. tuile creuse
Plans

plan centré

Étages

1 étage carré

Couvrements
  1. voûte en berceau
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

Escaliers
  1. Emplacement : escalier dans-oeuvre

    Forme : escalier en vis

    Structure : en maçonnerie

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Blaye

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: Île du Fort Paté

Cadastre: 1832 A2 302-305, 2013 AX 1

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