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Château de Magné (disparu), école primaire (disparue), actuellement demeure et lotissement
France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Magné
Historique
Une forteresse en bord de Sèvre
Le château de Magné aurait été fondé au 9e siècle, sur décision du roi Charles le Chauve, à la suite des invasions normandes, pour mieux défendre la vallée de la Sèvre et les abords de Niort. Le château comprenait à l'origine une tour fortifiée, peut-être du 12e siècle, qui devait se trouver dans l'angle nord-est du périmètre. Celui-ci était interrompu par trois portes (les vestiges de deux d'entre elles étaient encore observés à la fin du 19e siècle). S'y ajoutait un logis, siège de la seigneurie de Magné, où, selon Philippe de Commynes, le roi Louis XI fut accueilli en 1469 par Guy de Chourses, se rendant à Coulonges-sur-l'Autize pour signer un traité avec son frère, Charles de Guyenne. En 1478, le roi marie sa nièce, Catherine de Coëtivy, au seigneur des lieux, Antoine de Chourses (fils de Guy). En 1502, celle-ci, veuve depuis 1485 environ, reçoit la tante du futur roi François 1er, Jeanne d'Orléans, par ailleurs sa belle-soeur. Le château, passé comme la seigneurie à la famille de Lude, dont le comte de Lude, chef catholique durant les guerres de Religion, subit des destructions irrémédiables durant le conflit. En 1568, il est pris par les protestants de l'amiral de Coligny, puis repris par le comte de Lude en 1569.
En 1621, les habitants de Niort demandent en vain son démantèlement, dénonçant l'entrave au commerce que constitue le prélèvement, à partir de ce château, de taxes sur les marchandises par le seigneur de Magné. En 1627, le roi nomme Pierre de Granzay gouverneur de la tour de Magné. Les cartes de la région par Claude Masse situent encore le château, au nord du bourg. La carte du 46e carré en particulier, en 1720, mentionne le "château ruiné où il ne reste qu'une grosse tour de 50 pieds de haut, revêtue de pierre de taille". La carte montre aussi que le château était protégé au nord et au nord-ouest par un fossé (actuelle rue du Bon Conseil). En 1705, 1711 et 1726, des procès-verbaux de visite des lieux indiquent différents éléments : le portail du château, un pont-levis, les vestiges du "vieux et ancien château, étant entièrement ruiné", une tour, une prison, la maison seigneuriale ou grand logis, etc.
Le 1er avril 1780, Suzanne Marie Cécile Lezay de Lusignan, tante du seigneur de Magné Philippe-Hugues-Roland Lezay de Lusignan, meurt à 78 ans "au château de l'île de Magné". Ce qui reste du château et de ses dépendances, avec 5 journaux de terres ou environ, est saisi et vendu comme bien national à la Révolution, Philippe-Hugues-Roland Lezay de Lusignan ayant émigré. La vente a lieu le 16 floréal an V (5 mai 1797) au profit de François Proust (1749-1823), marchand à Niort, pour 7600 francs (estimé 10000 francs). Il semble que Proust revende une partie du château par la suite.
Les vestiges et le périmètre de l'ancien château après la Révolution
La carte de la région par Mesnager en 1818-1821 puis le plan cadastral de 1833 montrent l'emprise de l'ancien château qui s'étendait entre les actuelles Grande rue à l'ouest, rue du Bon Conseil au nord, quai de la Sèvre à l'est, rue du Château au sud, en englobant aussi l'îlot compris entre la rue du Château et la rue du Grand port. Hormis ce dernier, l'essentiel était occupé en vergers appartenant à Françoise Angélique Chevallereau (1761-1849), veuve de François Proust, à Jean Pouvreau, à Louis Riffault et à François, Alexis et Jacques Berton. La carte de Mesnager montre le périmètre délimité par des bâtiments au sud (Grande rue et rue du Grand port) et traversé par ce qui semble être une allée d'arbres, d'axe nord-sud, au milieu de jardins. Le plan cadastral de 1833 indique quant à lui que cet espace était traversé par un chemin en impasse, d'axe nord-sud, et, au nord-est, par un fossé d'axe est-ouest. Au sud, l'actuelle rue du Château était alors un passage privé dont le bénéfice était partagé entre les différents propriétaires des vergers. Au sud-ouest (68 à 82 Grande rue), se trouvaient deux longs bâtiments, soit les anciennes écuries ou manège du château, appartenant en 1833 à la veuve Proust et à François Berton.
L'îlot entre la rue du Château et la rue du Grand port apparaît en 1818-1821 et 1833 déjà occupé par des habitations, dont certaines (11 et 19 rue du Grand port) remontent probablement au 18e siècle. Une autre (5 rue du Grand port) appartient en 1833 à la veuve Proust qui l'occupe. Peut-être s'agissait-il de l'ancien logis du château (là où est décédée Suzanne Lezay de Lusignan en 1780), qui aurait pu être construit à l'époque moderne, en remplacement d'un logis plus ancien, médiéval, alors situé plus au nord. Le 21 juin 1851, cette maison et les anciennes écuries du château sont vendues par les héritiers Proust à Jacques Paulin Serph, propriétaire à Niort, soit "une propriété sise à Magné, ayant fait partie de l’ancien château, occupée en dernier lieu par [la veuve] Mlle Proust, consistant en une maison d’habitation, cour, servitude non contigües, autrefois les écuries du château, chemin commun et verger". Les écuries occupent la parcelle 1264 du cadastre de 1833, le chemin la parcelle 1268, et le verger une partie de la parcelle 1259.
Les écuries ou "manège de l'ancien château" sont convoitées à partir de 1853 par la commune, à la recherche d'un lieu pour abriter l'école communale, celle-ci étant située dans des locaux successifs (en 1839, au 6 rue des Frères Largeau, puis en 1850 au 50 Grande rue) souvent insuffisants et insalubres. Faute de ressources suffisantes pour construire une école, la commune mandate l'architecte niortais François Charonnet pour étudier le projet d'appropriation des anciennes écuries que la commune finit par acheter à M. Serph le 29 juillet 1858. Finalement conçu par l'architecte niortais François-Victor Vallet, l'aménagement de l'école est mis en oeuvre suivant adjudication du 19 février 1859 au profit de Pierre Maichain, entrepreneur à Niort. L'ancien manège est divisé en deux : l'école des garçons à l'est, l'école des filles à l'ouest, avec à chaque fois une cour et un jardin correspondant, au nord. Les travaux sont réceptionnés le 24 janvier 1860. S'y ajouteront d'autres aménagements en 1876 et 1904, et la construction d'une classe enfantine (maternelle) dans une partie de l'école des filles, en 1898, suivant les plans de l'agent-voyer François Truchet.
Quant à la partie nord du site a été réinvestie par des habitations dans la seconde moitié du 19e siècle, tandis que les anciennes écuries étaient transformées en école primaire communale. Celle-ci a été démolie vers 1975 pour faire place à un lotissement, agrandi au nord de la rue du Château dans les années 1980.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : Moyen Age |
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Description
Il ne reste quasiment rien aujourd'hui de l'ancien château de Magné. Son ancienne emprise est délimitée par les rues du Château et du Bon Conseil au nord et au sud, la Grande rue à l'ouest et le quai de la Sèvre à l'est. Elle est aujourd'hui occupée par un habitat pavillonnaire, individuel à l'est, collectif au sud et à l'ouest. Au nord s'élève une demeure, avec ses communs longeant la rue du Bon Conseil. Cette propriété est délimitée par un mur de clôture qu'interrompent un portail à piliers maçonnés et une fenêtre de décharge. La demeure est un bâtiment à un étage, couvert d'un haut toit en ardoise et à croupes, souligné par une corniche et encadré par des souches de cheminées en brique et pierre.
Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Deux-Sèvres , Magné , rue du Château
Milieu d'implantation: en village
Lieu-dit/quartier: Bourg
Cadastre: 1833 A 1259 à 1287, 2024 AE 148, 322, 393, 477, 514, 515, 635