Demeure dite Maurepas
France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Coulon
Historique
Le fief de Maurepas fait partie des biens détenus dans les environs par les comtes de Poitiers puis les comtes de Lusignan. Au 12e siècle, Hugues VIII de Lusignan le détient ainsi, conjointement avec Thibaut II Chabot, seigneur de Vouvant, Mervent et Oulmes. Vers 1130, celui-ci et son épouse donnent à l’abbaye de l’Absie des terres prises dans leur fief de Maurepas, avec leur part dans un moulin et un étang. En 1169, Geoffroy de Lusignan, fils de Hugues VIII, fait à son tour don à l’Absie de portions de terres détachées du fief de Maurepas. Au 13e siècle, après la révolte de Hugues X de Lusignan, ses biens, dont Maurepas sont saisis par le roi Louis IX. Le frère de celui-ci, Alphonse de Poitiers possède Maurepas et ses moulins à vent, dont un mentionné en 1246 pour réparations. Les Lusignan retrouvent leurs biens, dont Maurepas, après la mort de Hugues X. Maurepas passe ensuite aux seigneurs de Coulon. En 1674, dans un aveu rendu au seigneur de Benet, celui de Coulon, Pierre de Belleville mentionne "ma maison, seigneurie et métairie appelée les Marais autrement Morspas", avec aussi les "moulins, guerennes et fuies" qui en dépendent.
La métairie de Maurepas apparaît sur une carte de la région par Claude Masse vers 1720, puis sur le plan cadastral de 1833. Selon ce dernier, elle comprend alors trois ensembles de bâtiments autour d'une cour, situés dans la partie sud-est du parc actuel, là où s'élèvent aujourd'hui des communs. Un chemin traverse alors le parc actuel, prenant naissance au nord dans l'axe de la route de Malécot, jouxtant la demeure actuelle, et aboutissant à la Sèvre Niortaise au bord de laquelle devait se trouver un port, voire un passage à gué (le nom Maurepas, dérivé du latin mala rapasta, désignerait d'ailleurs un mauvais passage. Un autre port desservait les bâtiments. Le plan cadastral de 1833 montre aussi le vaste enclos de la Chaume, à l'est, dans lequel se trouvait deux pigeonniers. L'un, au nord-ouest de la parcelle, a depuis disparu. L'autre, qui existe toujours, remonte probablement au 17e ou 18e siècle.
Le 11 novembre 1755, le comte de Montbrun, seigneur de Coulon, afferme à Thomas Cochard, laboureur, et Marie Giraud son épouse, la métairie de Maurepas "composée de maison logeable, grange, écurie, toit, coursoire, jardin, ouche, prés marais, terres labourables et non labourables", avec aussi "le renclos de Maurepas, ensemble les deux fuies à la charge par lesdits preneurs de nourrir les pigeons et de blanchir lesdites deux fuies tous les ans dans le mois de mars tant en dedans qu'au dehors et d'entretenir lesdites fuies de couvertures bien convenablement".
Au cadastre de 1833, Maurepas appartient aux héritiers du dernier seigneur de Coulon, les comtes de Sainte-Hermine, demeurant au château de la Tiffardière, et de La Rochebrochard, demeurant à Aiffres.
Le 20 mars 1887 (devant Me Lammare, à Niort, et Me Roy, à Coulon), Maurepas est acheté pour 42 100 francs à Raoul Xavier de La Rochebrochard par Jules Châtelet (1848-1929), négociant, marchand de bois, époux d'Amélie Brunet. Originaire de Bourgogne où il est associé dans plusieurs scieries, il est d'abord établi quai de la Rapée, à Paris, puis créée une scierie à Coulon, au lieu-dit Mouillecul, sur la rive gauche de la Sèvre, en face de Maurepas, puis une autre à Damvix. Il aurait instauré la technique du flottage du bois sur la Sèvre et les canaux du Marais poitevin pour le transporter depuis les parcelles jusqu'à sa scierie. En 1895, demeurant toujours à Paris, il est l'un des acquéreurs des marais de Benet vendus aux enchères et par lots sur la succession de la princesse de Beauvau-Craon. Il se fixe également dans la région par son mariage avec Honorine Brunet, née à Coulon.
Enrichi par le négoce du bois des marais (en particulier le peuplier), Jules Châtelet commence dans les années 1890 à réaménager la propriété de Maurepas. En 1897, il est ainsi autorisé à établir deux prises d'eau sur la rive droite de la Sèvre Niortaise pour alimenter une pièce d'eau aménagée dans sa propriété, à l'aide de deux tuyaux passant sous le chemin de halage. Surtout, en 1901, il fait construire une nouvelle demeure, véritable petit château en bord de Sèvre, qui marque sa réussite dans la pierre. A noter que Jules Châtelet possède aussi à Coulon la maison héritée de ses beaux-parents, 64 quai Louis Tardy, qu'il met à disposition à partir de 1915 de la peintre Hélène Colin-Lefrancq.
Lui-même établi à Coulon, Jules Châtelet décède à Maurepas en 1929, puis son épouse en 1937. Leur fils, Jules Châtelet (1887-1967) lui succède à la tête de la scierie et du domaine de Maurepas, avec son beau-frère, Auguste Grange. Jules Châtelet fils est maire de Coulon pendant la Seconde Guerre mondiale.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 17e siècle, 18e siècle, limite 19e siècle 20e siècle |
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Dates |
1901, daté par source |
Description
La propriété est délimitée par un mur de clôture. Il est interrompu au nord-est par un portail à piliers maçonnés et à couronnement en ferronnerie. Formé d'enroulements, comme les vantaux du portail, ce couronnement est marqué en son centre par les initiales C et B. Dans l'angle nord-est du clos de murs, on remarque un pilier surmonté d'une vasque en métal.
Le portail ouvre sur une allée qui traverse un parc en direction de la demeure. La propriété s'étend en effet sur un terrain en pente douce descendant vers la Sèvre Niortaise qui s'écoule au sud. Elle en est séparée par le chemin de halage le long duquel est construit un mur de clôture interrompu par une porte piétonne qui permet d'accéder aux bords du fleuve. A côté se trouve, comme au nord-est, un pilier surmonté d'une vasque en métal. Au sud-est du parc se trouvent des communs.
(NB : La description qui suit repose sur l'observation d'une carte postale du début du 20e siècle) La demeure prend place au milieu du parc. De plan massé, elle comprend un étage et un étage de comble, sous un toit à longs pans brisés et à croupes. La façade sud présente cinq travées d'ouvertures. Les deux travées latérales s'inscrivent chacune dans un léger avant-corps coiffé d'un haut toit à croupes, donnant l'illusion de deux pavillons d'angles. Le toit de chacun est percé d'un grande lucarne en pierre, à fronton triangulaire et ailerons. Les trois travées centrales se terminent chacune par une petite lucarne en arc en plein cintre. La travée centrale comprend la porte, accessible par un perron, sous une porte-fenêtre à l'étage qui ouvre sur un balcon en pierre, soutenu par de puissantes consoles. Le rez-de-chaussée se distingue par ses chaînes d'angles et les encadrements des baies à joints creux. Toutes les baies possèdent une clé de linteau saillante, encadrée à l'étage par des modillons qui soutiennent la corniche soulignant le toit.
A la propriété est adjointe une ancienne ferme, au nord-est, et un vaste clos de murs, à l'est, qui renferme les vestiges d'un pigeonnier ou fuie. De plan circulaire, et de plus de six mètres de diamètre, celui-ci a été arasé. On observe encore à l'intérieur des rangs de boulins à pigeons.
Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Deux-Sèvres , Coulon , 26, 30 route de la Gare
Milieu d'implantation: en village
Lieu-dit/quartier: Bourg
Cadastre: 1833 C 271, 272, 273, 274, 275, 276, 2024 AI 62, 132, 133, 630