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Historique
Des traces d´occupation humaine ont été relevées à Montamisé pour les périodes du Néolithique, de l´Age du fer et de l´Age du bronze. Des prospections aériennes notamment ont permis de repérer des structures de type enclos aux lieux-dits « Vallée Rang », « les Toises » et « les Hautes landes ». Il n´est pas rare de trouver des morceaux de pierres polies à la surface du sol de la commune. La période gallo-romaine est encore plus représentée, en différents sites : d´abord la portion de voie romaine Tours-Poitiers qui détermine aujourd´hui la limite ouest de la commune ; ensuite des traces archéologiques relevées au Petit Nieul (substructions, cimetière), à Ensoulesse (constructions), la Jourie (cimetière), Montigny (cimetière), etc. De cette même époque daterait le site de la Pierre Pèlerine (parcelles A 59 et 60 du cadastre de 1817). Partagé avec la commune voisine de Buxerolles, il s´agit d´une cavité souterraine à plusieurs galeries, aujourd´hui en partie située sous la rocade est de Poitiers, et où ont été trouvés au 19e siècle des petits vases et des sépultures gallo-romaines. Une grosse pierre tombée en fond de vallée et brisée, aurait été l´objet d´un pèlerinage, d´où le nom du site.
C´est du Haut Moyen Age que date la première mention explicite de Montamisé. En l´an 964, Ebles, évêque de Limoges, donne à l´abbaye de Saint-Maixent des biens situés « in parrochia Sanctae Marie de Monte Tamiserio ». Plusieurs hypothèses ont été émises sur l´étymologie du nom de la commune. Selon une légende, ce nom serait lié à la « misère » de la paroisse, due à la perte d´une ancienne rivière qui faisait la prospérité de la commune mais qu´un sortilège aurait fait se tarir. Seul fait avéré, des eaux souterraines coulent sous les vallées sèches et reviennent par temps de fortes pluies. Ce n´est qu´au 15e siècle que l´orthographe « Montamiser » s´est stabilisée, perdant ensuite son « r » final. Le Haut Moyen Age a laissé de nombreuses traces dans le sol de la commune, à commencer par un nombre important de sarcophages tout autour de l´église, où se trouvait le cimetière paroissial, mais aussi dans la forêt de Moulière, au lieu-dit « les Tombeaux », où certains sont encore visibles. De l´époque féodale date le développement de plusieurs fiefs : Corsec, Charassé, Sarzec, Mortier et surtout la Roche de Bran. Des liens étroits sont également tissés avec les abbayes et chapitres de Poitiers. La seigneurie de Montamisé elle-même dépend du chapitre de Notre-Dame-la-Grande, tutelle que lui disputent longtemps les seigneurs de la Roche de Bran. Le prieuré d´Ensoulesse relève quant à lui de l´abbaye Saint-Cyprien. Enfin les comtes de Poitou puis le pouvoir royal possèdent la forêt de Moulière.
La reprise économique qui suit les troubles de la fin du Moyen Age, se traduit à Montamisé par le développement de domaines tels que la Richardière, Prunier, Tronc, Montigny, la Gacheterie, etc. Plusieurs métairies gravitent notamment autour de la Roche de Bran, comme Bran ou les Royères. Sous l´Ancien Régime, Montamisé dépend de l´élection et de la sénéchaussée de Poitiers, et de l´archiprêtré de Dissay. Sa population semble relativement stable : 135 feux en 1700, 136 en 1760, 142, soit environ 700 habitants, en 1790. Elle est alors déjà répartie entre le bourg, de taille réduite, et les différents hameaux. Un plan de la commune établi en 1804 donne une idée de son état à la fin de l´Ancien Régime, notamment sur le plan économique. Il indique en effet la répartition des cultures, répartition que le cadastre de 1817 permet d'affiner. En ce début du 19e siècle, 60 % du territoire de la commune est en terres labourables, 21 % en forêt, 15 % en vignes, 3,8 % de terres incultes, 1,4 % en prés et pâtures, le reste se répartissant entre l'habitat et les jardins. La vigne apparaît ainsi bien plus répandue qu'aujourd'hui, notamment entre Ensoulesse et le bourg, au sud du bourg, au sud de Tronc, et au sud et à l´est du Petit Nieul. Cette activité est sans doute une des raisons, avec l'extraction de pierre pour la construction des bâtiments, du grand nombre de caves observées sous les maisons et les fermes de Montamisé. La partie est de la commune quant à elle, est alors largement occupée par la forêt, de même qu´au sud de Mortier. L´activité des métairies se traduit toutefois par une plus grande extension des labours sur certaines zones qu´aujourd´hui, par exemple au sud et à l´est de la Roche de Bran ou à l´est de Charassé. De même, des pâturages s´étendent à cette époque au nord-est de la Roche de Bran, zone maintenant forestière, ou encore autour de Tronc.
Administrativement, la paroisse de Montamisé et celles de Bignoux et de Buxerolles n´en forment qu´une seule au début du 19e siècle. Démographiquement, Montamisé connaît la croissance qui caractérise les campagnes françaises d'alors : sa population passe de 726 habitants en 1821, à 1061 en 1876, et 1130 en 1896. Cette augmentation se traduit par l´ouverture et l´agrandissement, dans les années 1880-1890, des écoles de garçons et de filles, publiques et privées. Sur le plan économique, l´exploitation de la forêt de Moulière et des carrières d´Ensoulesse se poursuit jusque dans l´Entre-deux-guerres, tandis que des fours à chaux sont en activité à Charassé et à Tronc. Si les céréales et la vigne continuent à se partager le territoire, la crise du phylloxéra à la fin du 19e siècle, lamine le vignoble de la commune. L´agriculture montamiséenne en général souffre du manque d´eau, malgré la présence de très nombreux puits sur toute la commune, notamment à Ensoulesse. Au début du 20e siècle pourtant, le bourg et les hameaux abritent encore de nombreux petits agriculteurs, 110 en 1925, mais aussi des artisans et des commerçants dont le travail est lié à la proximité de la forêt : menuisiers, scieurs de long, marchands de bois, sabotiers, bûcherons, fendeurs de bois, etc. Un bouilleur de cru maintient quant à lui le lien historique avec la vigne. Il n'en demeure pas moins que Montamisé connaît le recul démographique des campagnes françaises à la veille de la Grande Guerre, accentué ici par l'attraction de Poitiers et par la crise du phylloxéra. La commune ne compte déjà plus que 987 habitants en 1901. Le hameau de Bran disparaît de même que certaines métairies mentionnées sur le cadastre au 19e siècle : ainsi la Bignotière ou Bagnotière, au nord des Bruères (lieu-dit « les Fontenelles »), démolie dès 1877 ; la Vauroulaye (au nord-est des Bruères) et la Cubaiserie (au sud de Charassé), dont les dernières ruines sont détruites en 1926. A cette date, on ne recense plus que 880 habitants, 779 en 1946, 886 en 1962. En 1977, il ne subsiste que 31 exploitations agricoles, de 55 hectares en moyenne chacune ; on n´en dénombre plus que 17 en 2000. A cette date, la vigne ne couvre plus que 12 hectares. Malgré tout la population se rassemble autour d'une vie associative importante (musique, sport) et lors d'occasions comme la foire annuelle de Sainte-Quitère, fin mai. Montamise ne reste pas non plus en marge des progrès techniques. L´éclairage public fait son entrée dans la commune en 1912, un premier bureau de poste ouvre à Charassé en 1916 puis dans le bourg en 1919, et l´électricité est mise en service à partir de 1923. L´adduction d´eau est installée dans les années 1940-1950, avec la construction d'un château d'eau et d'une station de pompage.
Montamisé connaît une nouvelle période de forte croissance démographique à partir des années 1970. La population augmente de nouveau, sous l´effet de la rurbanisation en périphérie de Poitiers : 1120 habitants en 1972, 1787 en 1982, 2164 en 1990, 2660 en 1999, soit une hausse de 200 % par rapport à 1962, et un taux d'accroissement annuel d´environ 4 %. La pyramide des âges en 2002 fait apparaître une population jeune (26 % de moins de 20 ans, 5 % de plus de 75 ans). Ce dynamisme démographique se traduit par une vague de constructions qui se concentrent sur un quart du territoire de la commune, laissé disponible par le relief, la forêt et les cultures. Parmi les 989 logements dénombrés en 1999, près des deux tiers ont été construits après 1975. Les lotissements, publics ou privés, se multiplient : rue du Clos en 1966, rue des Trois barreaux en 1970, lotissement de la Gravière, en 1977, des Fousserettes en 1978, des Tamisiers en 1987, extension de la Gravière en 1988, les Jardins de la Cure en 1990, les Erables de la Germonière en 1992, le Clos du Prunella en 1997, les Cerisiers de Charassé en 1998. 609 permis de construire sont accordés entre 1972 et 1998, dont 309 dans le bourg, 108 à la Germonière, 24 à Sarzec, 52 à Ensoulesse, 4 à Fontaine, 18 à Mortiers, 49 à Tron, 32 à Charassé, 18 au Petit Nieul. La fin du 20e siècle voit aussi Montamisé se pencher sur son patrimoine naturel et paysager avec la protection du site des anciennes carrières d´Ensoulesse, et la construction de la Maison de la forêt. Les eaux souterraines sont par ailleurs exploitées, à Sarzec notamment, à partir de 1990, pour alimenter une partie de l´agglomération de Poitiers. Montamisé est membre depuis 1972 du district de Poitiers, devenu Communauté d´Agglomération de Poitiers en 1999.
Description
Le territoire de Montamisé, plus étendu d´ouest en est que large du nord au sud, couvre 3171 hectares, au nord-est de Poitiers. Les paysages sont marqués par deux éléments d´une grande richesse écologique : d´une part, la forêt de Moulière et ses prolongements vers la Roche de Bran et Charassé, occupe 1110 hectares à l´est de la commune, soit 35 % de sa superficie, avec quelques grandes trouées autour de Corsec, les Bruères, Charassé et la Roche de Bran ; d´autre part, les vallées sèches serpentent d´est en ouest, depuis Corsec en passant au nord de Charassé et de Tronc, au sud du bourg, Sarzec, Ensoulesse et au sud de Fontaine, pour descendre vers le Clain ; une autre vallée sèche venant de Bignoux, passe au sud de Mortier et du Petit Nieul, et continue vers Buxerolles. Les coteaux de ces vallées sont occupés par des bois et des prairies, et recèlent parfois de riches écosystèmes, comme entre Sarzec, Ensoulesse et Fontaine. Au-dessous circule l´eau souterraine qui a autrefois érodé le sol calcaire tendre, et qui ressurgit parfois par temps de fortes pluies. Une seule résurgence permanente est observée au sud du hameau de Fontaine, dans la vallée des Prés des Joncs. Entre la forêt et les vallées, au-dessus du socle calcaire, s´étendent de vastes plateaux agricoles où se pratique la polyculture, également présente dans les fonds de vallées. En 2000, sur un total de 3171 hectares, 1262 (soit 40 %) étaient occupés par l´agriculture dont 1189 en terres labourables.
L´habitat quant à lui représente aujourd´hui 25 % du territoire. Il est éclaté entre plusieurs secteurs répartis sur une grande part de la commune (fig. 2). Outre le bourg, géographiquement centré, les principaux centres d´habitat sont Ensoulesse au nord-ouest, Tronc et Charassé à l´est, la Germonière à l´ouest. S´y ajoutent plusieurs hameaux ou fermes isolés : Mortier, la Gacheterie, les Bruères, etc.
La commune est traversée selon un axe sud-ouest/nord-est par la route D3 qui relie Poitiers à la forêt de Moulière. Le bourg et les différents hameaux y sont reliés par plusieurs axes secondaires, en plus des nombreux chemins ruraux et forestiers qui sillonnent la commune. Du bourg partent la route D85 vers le nord et Saint-Georges-les-Baillargeaux, et la route D18 vers Ensoulesse et Chasseneuil.