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Présentation des objets mobiliers : église Saint-Michel-des-Lions
France > Nouvelle-Aquitaine > Haute-Vienne > Limoges
Informations complémentaires
Les vitraux anciens
Introduction
Suite à son écroulement, l’ancienne église Saint-Michel-des-Lions a été rebâtie à partir de 1364. La consécration de l’édifice par l’évêque de Limoges Pierre de Montbrun en 1455 semble correspondre à la création de ses principales verrières, demeurées à leur place d’origine dans les fenêtres latérales du chevet plat (baies 1 et 2). L’une illustre la vie de la Vierge, l’autre celle de saint Jean-Baptiste ; toutes deux sont compartimentées d’édicules flamboyants voûtés et tendus de damas, qui abritent une foule de personnages traités en pleine couleur. Ces vastes cycles, manifestement exécutés simultanément et peut-être dus au même atelier, ont été réalisés d’après des cartons conçus par des artistes différents. Deux saints en pied créés vers 1500 subsistent en outre dans la chapelle voisine du chœur au nord (baie 3), conservés dans leur fenêtre d’origine mais réinsérés en 1871 dans le contexte d’une création. Ces figures peintes de manière délicate sur des verres de nuances raffinées et teintées d’un jaune d’argent léger, paraissent plus jeunes de près d’un demi-siècle que les panneaux des deux fenêtres du mur oriental. Il existait autrefois dans l’église des verrières supplémentaires, que documentent les historiens : dans la baie d’axe ou au centre de la façade occidentale – la mention est ambiguë -, une grande Crucifixion du 16e siècle, dont les mérites étaient reconnus sous l’Ancien Régime, avait été endommagée en 1793 dans l’église devenue Temple de la Raison ; Jean-Baptiste Tripon (1837) en fait l’éloge au vu des fragments en place de son temps. L’abbé Texier, qui n’a pas connu ce chef-d’œuvre, signale d’autres panneaux disparus après son passage, une petite Annonciation placée au-dessus du portail nord, la représentation des saints Pierre et Paul et celle d’un Christ entouré du Tétramorphe dans les fenêtres de la sacristie, ainsi que, au tympan de la baie 3, une Trinité souffrante et les Évangélistes occupés à la rédaction de leurs livres.
Les vitraux du chœur
Les grandes verrières narratives consacrées à la Vierge et à saint Jean-Baptiste ne nous parviennent pas intactes, quoique la grande proportion de verres anciens, fort corrodés, que comportent les vingt-trois scènes qui subsistent aujourd’hui en fasse un ensemble de premier intérêt. Leurs fenêtres à trois lancettes sont vitrées chacune de vingt-et-un panneaux droits, dont les deux registres inférieurs avaient été murés à une époque ancienne. Si, comme c’est probable, le rang du bas était initialement dévolu à des soubassements architecturaux, chaque verrière comptait à l’origine dix-huit scènes superposées en six registres. Leur nombre se trouvait réduit à quinze par fenêtre avant 1846, lorsque l’abbé Texier les a observées. Le témoignage de l’érudit, très détaillé, est d’autant plus utile qu’il documente les verrières avant leur réorganisation dans la forme actuelle. Le cycle marial était alors remonté dans le plus grand désordre et portait les marques d’une restauration du 16e siècle, dont on perçoit encore quelques traces. Il comprenait des épisodes par la suite sacrifiés, la Présentation de la Vierge au temple, Marie tissant dans le temple, son Mariage, l’Annonciation, la Nativité et le songe de saint Joseph, panneaux décrits en bon état à l’exception de l’Annonciation, où une pièce de verre blanc avait remplacé la Vierge. Dans une telle série entraient assurément la Rencontre à la Porte dorée, la Naissance de la Vierge et l’Adoration des mages, ce qui étaye l’hypothèse des compositions originales à dix-huit unités figurées. Les quinze scènes de l’histoire de saint Jean-Baptiste recensées en 1846, alors demeurées dans l’ordre primitif, se lisaient de haut en bas. Pour une raison inconnue, l’une d’elles devait bientôt quitter sa fenêtre ; elle figurait, d’après un passage de l’Évangile de saint Jean (I, 19-28), six personnages richement vêtus venus interroger le Précurseur. Provenant de ce panneau, la représentation du saint qui porte l’Agneau couché sur le livre de l’Ancienne Loi, précisément celle qui illustre l’article de l’abbé Texier1, était ensuite entrée en la possession de celui-ci. Avant sa mort en 1859, il avait transmis ce fragment à l’abbé Lecler, qui devait lui-même l’offrir au musée en 1867. Une copie de la pièce figure dans l’un des « panneaux d’antiquaire » conservés au Musée des Beaux-Arts de Limoges.
Les armoiries modernes insérées aux tympans de ces deux verrières, celles de Mgr Julien Desprez, évêque de Limoges en 1857, promu cardinal archevêque de Toulouse en 1859, et celles de son successeur Mgr Félix Pierre Fruchaud (1859-1871), permettent de dater l’important remaniement qui les a touchées au 19e siècle, celui de la baie 1 précédant sans doute de peu celui de la baie 2. Suite au débouchage de la partie inférieure des fenêtres, la mission de restaurer leurs vitraux et de leur apporter les compléments nécessaires fut alors confiée au peintre verrier bordelais Joseph Villiet. C’est à lui que sont dues les grandes figures en pied du Baptiste et de la Vierge à l’Enfant placées dans la lancette centrale de chaque fenêtre, autour desquelles sont répartis les panneaux anciens. La formule a permis de reloger d’une manière logique les scènes de la vie du Précurseur avec un minimum de compléments. Le récit, on l’a dit, débutait en haut de la fenêtre dans le dispositif d’origine, resté inchangé au 19e siècle d’après le schéma publié par l’abbé Texier ; on doit en déduire que les trois épisodes antérieurement disparus étaient ceux qui concluaient la légende, que Villiet a en effet restitués. Le choix de transformer la verrière de la vie de la Vierge en Arbre de Jessé, en intercalant des panneaux figurant l’ancêtre de Jésus et sept rois de la Bible entre les scènes originales, a en revanche eu des conséquences plus fâcheuses : les cadres architecturaux des « tableaux » anciens ont été rognés au profit de dais arborescents destinés à uniformiser la composition et, faute de place, six des scènes encore en place en 1846 n’ont pas été réutilisées, ce qui a provoqué leur perte.
Les mêmes verrières devaient ensuite faire l’objet d’un devis des architectes Darcy et Louzier, prévoyant leur remise en plomb en 1912. Longtemps ajournée, l’opération ne fut entreprise qu’en 1936, après une tempête survenue l’année précédente. Francis Chigot, chargé de cette restauration, assura aussi leur dépose en 1939, les caisses étant mises à l’abri dans la cathédrale, et leur remise en place en 1946, achevée pour la fête des Ostensions. Plus récemment, l’Atelier du Vitrail de Limoges a nettoyé et réparé la verrière de saint Jean-Baptiste en 1992, et a restauré dans la même décennie plusieurs des verrières modernes de l’église.
Les vitraux créés au 19e et au 20e siècles
Au 19e siècle, de nombreuses verrières nouvelles s’étaient en effet ajoutées aux anciennes. La toute première (baie 7, sainte Anne et Joachim, d’une belle technique, avec l’emploi de nombreux verres gravés) porte la date de 1846 et la signature du clermontois Étienne Thévenot, que l’on retrouve en baie 8 (la Vierge à l’Enfant et saint Joseph, 1850). Léon Dautezac est l’auteur en 1868 de la Vie de saint Martial de la baie 5, peinte avec force émaux, ce qui ne saurait surprendre de la part de ce peintre verrier qui s’intitule lui-même émailleur limougeaud dans l’inscription portée sur l’œuvre. Sous l’impulsion du curé-doyen Pinot, au début des années 1870, fut poursuivie une grande campagne de création confiée à Joseph Villiet, favorisée par des donations particulières sur lesquelles renseignent, là encore, quelques inscriptions (contributions des familles Pétiniaud en baies 10 et 102, Ernest de Salles en baie 12). Le programme iconographique étant essentiellement centré sur l’hagiographie locale, on trouve dans cet ensemble un hommage récurrent à saint Martial dont l’église Saint-Michel-des-Lions avait recueilli la châsse en 1792, aussitôt prise la décision de démolir la fameuse abbaye placée sous son vocable. Le saint figure avec ses principaux disciples dans la verrière d’axe du chœur offerte par le clergé, sous une représentation de saint Michel ; l’illustration d’épisodes de sa vie occupe les baies 6 (où on le voit surprendre, avec les saints Alpinien et Austriclinien, un druide préparant un sacrifice païen devant les Lémovices), 10 (vie de sainte Valérie, 1872), et 102 (où il est associé à saint Loup et saint Éloi). Les plus originales sont les trois grandes verrières de la façade occidentale (baies 13, 14 et 15), entièrement consacrées aux Ostensions, exécutées à partir de 1872 et posées en août 1875 par Villiet. Elles comprennent l’évocation diachronique des rois et des princes qui ont fréquenté le pèlerinage de Saint-Martial de Limoges, depuis Louis le Débonnaire jusqu’à Catherine de Médicis en passant par Aliénor d’Aquitaine et saint Louis. De l’atelier bordelais sortent également une Adoration des mages (baies 9, avant 1875), saint Guillaume de Bourges associé à sainte Catherine (baie 12), et une verrière du Purgatoire dans laquelle trône la Vierge à l’Enfant au-dessus de la célébration de l’Eucharistie et de la représentation d’un cimetière (baie 13, 1876). La vie de saint Étienne de Muret, fondateur de Grandmont (baie 4) est anonyme. L’église ne possède qu’une verrière plus récente, offerte en 1990 à la chapelle du Sacré-Cœur au nord.
Les vitraux disparus
Six scènes du cycle de la vie de la Vierge (baie 2), vers 1455, décrites en 1846, furent enlevées par Joseph Villiet en 1859. Un panneau de la vie de saint Jean-Baptiste (baie 1), probablement endommagé, disparut peu après 1846 ; la pièce figurant le saint, conservée par l'abbé Texier puis par l'abbé Lecler, qui l'a donnée à la Société archéologique du Limousin en 1867, disparut à son tour avant 1903.
Type de dossier |
Mobilier |
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Référence du dossier |
IM87005202 |
Dossier réalisé par |
Gatouillat Françoise
Ingénieur de recherche au Centre André Chastel. Lefebvre Barbara Chargée de recherches_Centre André Chastel (octobre-décembre 2015). |
Cadre d'étude |
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Date d'enquête |
2011 |
Copyrights |
(c) Région Limousin, service de l'Inventaire et du Patrimoine culturel, (c) Centre André Chastel - Françoise Gatouillat |
Citer ce contenu |
Présentation des objets mobiliers : église Saint-Michel-des-Lions, Dossier réalisé par Gatouillat Françoise, (c) Région Limousin, service de l'Inventaire et du Patrimoine culturel, (c) Centre André Chastel - Françoise Gatouillat, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/cc960133-2159-4e21-ba4e-846e64546353 |
Titre courant |
Présentation des objets mobiliers : église Saint-Michel-des-Lions |
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