Maisons et fermes : l'habitat à Arçais

France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Arçais

La très grande majorité des habitations aujourd'hui observées à Arçais, remonte à la seconde moitié du 19e siècle. On en relève toutefois 18 contenant au moins un élément (maçonnerie, baie, élément de décor) qui semble remonter au 17e ou 18e siècle, voire au 16e. C'est notamment le cas des baies observées au 13 rue du Grand port : fenêtre à meneau, porte en arc en plein cintre. Des baies en arc plein cintre sont aussi présentes par exemple 5 rue des Bateliers, 20 rue de la Mairie, ou 4 rue du Port de Cheusse. Les habitations d'Ancien Régime sont souvent de petite taille, avec un rez-de-chaussée à pièce unique, surmonté d'un grenier (par exemple 27 rue des Bateliers ou encore la maison située face à elle). C'est aussi ce qui caractérise généralement les constructions de la première moitié du 19e siècle (71 et 97 rue de la Garenne par exemple). A cette époque toutefois apparaissent des maisons de maître, comme celle au 56 rue de la Garenne. Parmi les 8 dates portées observées à Arçais, les plus anciennes remontent à cette première moitié du 19e siècle et à la toute fin du 18e : 1791 au 33 rue de la Garenne, 1798 (an VI de la République) chemin des Bouteilles, 1809 (22 rue des Bateliers) et 1833 (venelle du Charron).

L'essor économique et démographique d'Arçais, comme de tous les marais mouillés alentour, dans la seconde moitié du 19e siècle, se traduit dans le patrimoine bâti de la commune. 160 des 205 habitations inventoriées, soit 78 %, remontent ou semblent remonter à cette période. Les années 1850-1870 sont particulièrement marquées par cet essor, mais le rythme de nouvelles constructions se maintient au même niveau jusqu'à la fin du siècle, malgré un déclin démographique déjà amorcé. La recherche d'un plus grand confort dans des habitations plus grandes, explique sans doute ce maintien, permis par une élévation générale du niveau de vie. Rares sont les dates portées à cette époque : 1868 aux 4 rue du Marais et 33 rue de la Garenne, 1869 au 59 rue de la Garenne.

Le recul démographique, lié à un exode rural de plus en plus important, s'accentue dans la première moitié du 20e siècle, ce qui se traduit par une diminution drastique du nombre de nouvelles constructions. On n'en compte plus que 22 pour le tout début du 20e siècle et les années 1910-1920, 5 seulement dans les années 1930-1940. Au 5 rue du Marais, la maison "Sans Façon" porte la date 1926. Il faudra attendre la fin du 20e siècle pour voir à nouveau la commune se développer du point de vue urbanistique, avec la création de lotissements et de pavillons, surtout à l'est du bourg, route du Vanneau.

Périodes

Principale : Temps modernes, Epoque contemporaine

Un habitat concentré dans le bourg, à proximité des marais

La commune d'Arçais se distingue de ses voisines par le caractère extrêmement concentré de son habitat dans le bourg. On y compte 96 % des maisons et fermes ou anciennes fermes relevées au cours de l'inventaire. Celui-ci s'est certes concentré sur une zone d'un kilomètre à partir de la Sèvre Niortaise, étendue au bourg, mais il n'existe que peu de constructions en dehors de cette zone à Arçais. La commune ne compte qu'un site réunissant plusieurs habitations en dehors du bourg : les Bourdettes (hameau partagé avec Damvix). Une seule ferme, au Bief Boisseau, est isolée. Seules 8 habitations sont présentes dans les marais. Les autres sont toutes placées sur les hauteurs calcaires, à l'abri des inondations, une fois encore presque exclusivement dans le bourg, mais à proximité immédiate des marais exploités.

Cette très forte concentration influe sur la forme et la disposition de l'habitat. 90 % des maisons sont ainsi des maisons dites attenantes, c'est-à-dire accolées les unes aux autres, ne disposant tout au plus que d'une petite cour. 45 % des habitations (maisons et logis de fermes) sont en alignement sur la voie, formant parfois des fronts bâtis de part et d'autre de la rue, par exemple rue du Marais ou rue de la Garenne. 39 % des habitations sont toutefois en retrait par rapport à la voie dont elles sont souvent séparées par une cour ou un jardin fermé par un muret, avec ou sans grille en ferronnerie et portail à piliers maçonnés.

Un patrimoine agricole dense et lié à l'élevage dans les marais

Une telle densité concerne aussi bien les fermes ou anciennes fermes que les maisons. Certes, la majorité (47 %) des logis de ferme sont en retrait par rapport à la voie, mais un tiers tout de même sont placés en alignement sur la voie, là encore au coeur du bourg dont le caractère agricole est marqué. De la même façon, les deux tiers (80) des fermes et anciennes fermes sont à bâtiments jointifs, accolés les uns aux autres, la plupart du temps sans plan régulier. 17 fermes ou anciennes fermes présentent un plan allongé ; 9 ont même le logis et les dépendances alignés sous un même toit, formant un bloc en longueur.

Lorsque le logis est aligné sur la voie, les dépendances sont souvent en arrière avec, dans le cas notamment du quartier de la Garenne, une disposition étagée sur le coteau, entre la rue principale et le cours d'eau qui coule en contrebas. Par manque de place, il n'est pas rare qu'une partie au moins des dépendances soit séparée du logis de plusieurs dizaines de mètres. On observe ainsi une grande imbrication des propriétés, avec des dépendances qui ne correspondent pas forcément au logis dont elles sont le plus proche.

Ces dépendances sont révélatrices de l'omniprésence de l'élevage dans la commune et ses marais au 19e siècle et jusqu'au milieu du 20e. 40 % des fermes ou anciennes fermes possèdent un hangar agricole, appelé "balet" dans la région. Construit en moellons, il repose parfois en partie sur des piliers et peut-être fermé, là aussi en totalité ou non, par des bardeaux de bois, généralement des planches de peupliers. Celles-ci ont pu être remplacées à la fin du 20e siècle par de la tôle métallique. Le hangar est presque systématiquement associé à une étable que surmonte un fenil, lui aussi fermé par des bardeaux de bois. Les fermes ne regroupaient toutefois que des dépendances de taille assez réduite, signe d'un élevage lui-aussi limité, pratiqué dans une foule de petites exploitations familiales. Les vastes granges-étables à façade en pignon, caractéristiques des grandes exploitations, sont donc très rares : on n'en compte que deux à Arçais, rue du Logis et chemin du Charret.

Des logements aux caractéristiques liées à la densité de l'habitat

La grande densité de l'habitat et sa concentration dans le bourg, influent là encore sur la forme et la taille des logements. Le nombre de travées (alignements verticaux) d'ouvertures en façade en est un indice. Les logements les plus anciens, antérieurs à 1850, sont souvent aussi les plus petits, avec en façade une seule travée d'ouvertures et deux ou trois baies au rez-de-chaussée. On dénombre 30 habitations de ce type à Arçais, la plupart antérieures à 1850.

42 % des habitations relevées présentent deux travées d'ouvertures seulement en façade, proportion qui monte à 57 % si l'on ajoute les façades à une seule travée. Les façades à trois voire quatre travées d'ouvertures sont minoritaires (36 %). L'élévation du niveau de vie et la volonté d'agrandir les logements dans la seconde moitié du 19e siècle, ont dû composer avec la concentration de l'habitat dans le bourg et à proximité des marais. Dès lors, on est allé chercher la place en hauteur : les trois quarts des habitations (152) possèdent un étage, surmonté dans la moitié des cas par un comble, très majoritairement habitable. Bien souvent, ce dernier niveau est éclairé par des baies plus petites que celles du rez-de-chaussée et de l'étage, ce qui renforce l'impression d'élévation. Les maisons en rez-de-chaussée, avec grenier habitable ou non, ne représentent que 23 % du total. On compte une seule maison à deux étages (2 rue du Grand port).

Construites pour la plupart dans la seconde moitié du 19e siècle, les habitations présentent en façade un décor sobre mais bien présent, destinés à montrer la réussite économique et sociale du commanditaire. C'est le cas pour les 9 maisons de maîtres relevées à Arçais, mais pas seulement. Près de la moitié des façades sont couronnées par une corniche en pierre de taille ; un cinquième présentent au moins un bandeau qui marque la séparation entre les niveaux ; dans 20 % des cas également, la façade est ordonnancée, présentant une répartition symétrique des ouvertures autour de la porte centrale ; par ailleurs, un toit sur cinq possède au moins une croupe, une forme de toit et de charpente plus complexe, donc plus coûteuse, à réaliser. Enfin, 37 % des appuis des baies sont saillants.

Rares sont les éléments de décor plus élaborés, sculptés, comme on peut le voir au 21 rue de la Mairie. Les formes, les matériaux et les couleurs se diversifient parfois au début du 20e siècle : utilisation de la brique en alternance avec la pierre et l'enduit, solins en parement de ciment, débordement de toit... Au 5 rue du Marais, la maison dite "Villa Sans Façon", construite en 1926 par et pour le maçon Auguste Barraud, est représentative de ce phénomène, comme la maison, avec magasin au rez-de-chaussée, édifiée par le même au 17 rue du Marais, ou encore la maison à décor de brique, 1 rue du Coursault.

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