Extrait de Jouan, Eutrope. Monographie de Barzan, Recueil de la Commission des arts de la Charente-Inférieure, t. 5, 1880-1881, p. 155-157 :
"La nouvelle église, de style romano-ogival, construite en 1876, sur l'aire des dîmes, d'après les plans de M. Alaux, architecte à Bordeaux, s'élève gracieusement, en forme de croix latine. Plus spacieuse que l'ancienne, elle sera surmontée d'une flèche. En eu creusant les fondations, on a découvert des sépultures en forme de puits, de deux mètres de profondeur environ, comblées de terre, contenant les ossements d'un seul individu de grande taille. Les ouvriers, avertis trop tard, n'ont pu donner aucune indication sur l'orientation des corps, ni sur la disposition des sépultures. Dans l'un des puits a été trouvé le fer d'une hache, du XVIe siècle ; un autre renfermait un vase de terre cuite avec couverture. Six de ces sépultures ont été ainsi remarquées dans la portion du sol qui devait recevoir la nouvelle construction.
Sur l'emplacement du chœur de l'ancienne église existaient des sépultures modernes. Plus profondément, à un mettre sous terre, il y avait un rang de cercueils en pierre avec couvercle légèrement taillé en forme de toit, sans sculptures ni inscriptions. Cependant, l'un des couvercles était à pans coupés ; quelques autres portaient une croix. La plupart de ces tombeaux étaient comblés de terres ; quelques-uns ne contenaient qu'un squelette. Un seul paraissait avoir été fouillé. Dans un autre se trouvaient des ossements d'enfants. Plusieurs servaient de sépulture à deux individus, bien que toutes les parties du corps n'y fussent pas réunies.
On a découvert certains objets mêlés aux ossements : 1° deux lames de poignard en fer, avec la garde en forme de crois ; 2° une pince à deux branches en bronze ; 3° une plaque avec boucle oxydée ; 4° un reste de vase de terre ordinaire, à pied, façonné au tour, renfermant une petite fiole brisée ; 5° un éperon, qui paraît dater du XVIe siècle ; 6° une truelle de forme ovale allongée ; 7° une fiole en verre ordinaire, haute de treize centimètres ; 8° une coupe en verre blanc, sans pied ; elle mesure dix centimètres de diamètre et six de profondeur.
Les travaux de terrassement ont aussi révélé l'existence, à deux mètres sous le sol, au midi de l'ancienne église, d'une construction voutée. C'est une chambre carrée dont les murs, d'une seule épaisseur de pierres de taille, étaient soutenus par les terres, dans lesquelles, existent des cercueils en pierre, couverts, non fouillés ; la partie supérieure du terrain contient les sépultures du cimetière actuel. L'intérieur de la chambre était vide ; mais tout autour, une saillie du mur avait la forme de siège. Une seule porte, étroite, donnait jour à cette crypte ou ossuaire. Avant la démolition du chevet, il y avait au bas du mur extérieur du sanctuaire, une petite fenêtre qui paraissait destinée à recevoir les ossements du cimetière ; on les jetait par cette ouverture dans la chambre souterraine. Sous les marches de la porte de cette crypte, on découvrit l'entrée d'un souterrain, creusé dans l'argile marneuse, donnant accès à un couloir qui descend obliquement vers le nord, en s'élargissant à quelques mètres plus loin ; de chaque côté se présente une chambre ronde de deux mètres de diamètre. Mais à peu de distance, ce couloir finit par se trouver complètement obstrué par les éboulements d'un puits. Revenant sur ses pas, on s'introduit par deux ouvertures très basses dans une autre galerie suivant la direction nord-ouest, qui est comblée par les éboulements de la voûte. Ce souterrain ne paraît pas creusé à la pioche ; sa hauteur et sa largeur varient à chaque pas".