Présentation de la commune de Saint-Georges-de-Didonne

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1- Une villa romaine à Suzac, un château médiéval à Didonne

Témoins d'une occupation humaine très ancienne, les vestiges archéologiques ne manquent pas à Saint-Georges-de-Didonne. Des traces de camp néolithique (vers 3000 avant J.-C.), avec une enceinte, ont ainsi été décelées près de Boube. Au 19e siècle, de nombreux vestiges d'époque romaine ont été mis au jour sur la pointe de Suzac par les propriétaires des lieux, les Roullet : briques, fragments de colonnes et monnaies laissent imaginer la présence, jusqu'au 3e siècle de notre ère, d'une importante villa. Par ailleurs, des fouilles et repérages archéologiques effectués en 1998 et 2006 ont mis en évidence une occupation dense autour des Moulins dès le Haut Moyen Âge.

Cette occupation du plateau calcaire a ensuite pris la forme d'un château et d'un bourg médiévaux, Didonne, établis en bordure des marais alors en cours de comblement. Restée dans les mémoires et la toponymie sous le nom de "châta", une véritable forteresse a commencé à livrer ses secrets lors des fouilles archéologiques menées à partir de 2012. La seigneurie de Didonne, un des fiefs plus puissants de Saintonge au Moyen Âge, est mentionnée dès 1047. Pendant toute la période médiévale, elle étend son pouvoir sur Royan, Arvert, Montendre, Beurlay, Richemont, etc.. Ses détenteurs doivent en partie leur fortune à la perception des taxes sur le passage sur l'estuaire de la Gironde.

Objet de toutes les convoitises pendant la guerre de Cent ans, le château et la seigneurie de Didonne sont confisqués en 1340 par le roi de France Philippe VI contre Guibert de Didonne qui s'était rallié aux Anglais. Le roi les attribue à Arnaud Bernard de Preyssac, dit Soudan de Latran, en récompense pour ses services. Mais dès 1350, ce chevalier trahit à son tour le roi de France, lequel envoie Foulques de Matha pour assiéger et prendre le château, avant de le lui attribuer. En 1376, après que les Anglais s'en soient de nouveau emparé, le roi de France Charles V reprend Didonne comme le reste de la Saintonge, et donne le château et la seigneurie à l'un de ses capitaines, Jean de La Personne. Vers 1450, ils sont repris par le roi Charles VII qui les donne à son gendre, Olivier de Coëtivy, seigneur de Taillebourg.

Ces différents soubresauts valent au château de sortir en ruines du conflit et d'être abandonné au 15e siècle. En 1501, Didonne passe par mariage à la famille de La Trémoille. En 1713, la seigneurie est acquise par le marquis Jean-Charles de Senecterre qui en transfère le siège au château de la Touche, à Semussac, lequel prend alors le nom de château de Didonne. Selon la tradition, des pierres de l'ancienne forteresse servent à la construction de ce nouveau château. Quant à l'ancienne forteresse, il n'en reste, au début du 18e siècle, que des vestiges, peu à peu ensevelis sous l'extension de l'ancien bourg aux 19e et 20e siècles.

2- A partir du 16e siècle, un nouvel attrait pour l'estuaire

Pendant que Didonne décline, un nouveau cœur d'activité se développe, sans doute à partir de la fin du Moyen Âge, autour d'un nouveau bourg : Saint-Georges. Il existait là déjà un prieuré, vraisemblablement établi au 12e siècle et dont les parties romanes de l'église actuelle témoignent encore. Limité aux abords de l'église et de la conche, le bourg englobe à l'ouest le logis de Lussinet, une petite seigneurie constituée à la fin du 16e siècle (rue Henri-Collignon et rue du Stade).

L'activité de la paroisse et de ses habitants est essentiellement tournée vers l'agriculture. Les blés produits sur le territoire alimentent les moulins à vent qui, servant au loin de repères pour la navigation sur l'estuaire de la Gironde, sont indiqués vers 1545 sur une carte de l'estuaire établie par Alphonse de Saintonge ; on en dénombre 8 au début du 19e siècle. Mentionnée depuis le 11e siècle, la vigne est également présente, en particulier sur la pointe de Vallières et le plateau de la Crête. Elle figure en bonne place sur les cartes des environs au 18e siècle. L'élevage de cochons, de chèvres et de moutons fait aussi partie des principales activités.

Le développement de Saint-Georges-de-Didonne est toutefois entravé par les événements souvent tragiques qui, aux 16e et 17e siècles, accompagnent la diffusion du protestantisme. Avec Meschers et Royan, la paroisse apparaît comme un bastion huguenot. En 1621-1622, la baronnie de Didonne est alors dévastée par les troupes royales venues réprimer le soulèvement protestant, et la détentrice de la seigneurie de Théon, à Meschers, s'en prend violemment aux protestants de Meschers et de Saint-Georges-de-Didonne : de 700 à 800 d'entre eux sont exécutés, et 600 sont réduits à la famine. À cela s'ajoutent les persécutions du règne de Louis XIV, notamment après la révocation de l'édit de Nantes en 1685. Dès lors, la paroisse de Saint-Georges-de-Didonne ne compte plus que 171 feux en 1713 (soit moins de 700 habitants) contre 286 en 1685.

Cantonnés à la clandestinité, les protestants de Saint-Georges et des environs, encore nombreux, continuent à se réunir tout au long du 18e siècle, d'abord, à partir de 1752, sous la houlette du pasteur Louis Gibert, remplacé dans le secteur en 1761 par le pasteur Jean Jarousseau. Celui-ci officie discrètement dans une maison du bourg de Saint-Georges (8 rue du Pasteur-Jarousseau) et, à partir de 1770, dans un temple discrètement établi à Didonne (rue de l'Ancien-Temple). Décédé en 1819, le pasteur Jarousseau est resté une grande figure locale. À sa suite, les protestants, sortis de la clandestinité, feront construire un temple en 1839 à mi-chemin entre les bourgs de Saint-Georges et de Didonne.

Pendant ce temps, alors que la majorité de la population est constituée de paysans, de viticulteurs et d'artisans, Saint-Georges-de-Didonne se tourne toujours plus vers l'estuaire en accueillant, à partir de 1727, une nouvelle activité : celle des pilotes de l'embouchure de la Gironde. D'abord appelés "locman" ou "lamaneur", les premiers pilotes sont apparus aux 15e et 16e siècles, d'abord postés à Saint-Palais-sur-Mer. Leur rôle consiste à embarquer sur les navires qui souhaitent franchir l'embouchure et ses bancs, très changeants, pour les guider.

Les pilotes, dont la profession est réglementée par l'ordonnance de la Marine en 1681, puis par une ordonnance royale en 1743, doivent aussi secourir les navires en difficulté et nettoyer l'embouchure de tous débris ou vestiges de naufrage et autres objets perdus. Exerçant un métier difficile et dangereux, les pilotes vont sur les eaux agitées de l'embouchure de la Gironde, embarquent sur leurs chaloupes qui, le reste du temps, stationnent dans les ports de Saint-Palais, Royan et Saint-Georges.

En 1743, sur les 90 pilotes recensés, 16 sont établis à Saint-Georges, malgré l'absence de port en eaux profondes. Peu avant 1770, les pilotes sont regroupés à Royan et surtout à Saint-Georges, à la suite de l'envasement et de l'abandon du port de Saint-Palais. Leur présence (on en dénombre 20 en 1831) vaut au port de Saint-Georges quelques améliorations, notamment la reconstruction de sa jetée à partir de 1841.

3- Une meilleure maîtrise des abords de l'estuaire (fin 18e - 19e siècle)

Dans la seconde moitié du 18e siècle et dans la première moitié du 19e, les habitants et propriétaires de Saint-Georges-de-Didonne entreprennent de mieux maîtriser et mieux exploiter les abords de l'estuaire de la Gironde. L'intérêt se porte d'abord sur les marais intérieurs qui lui sont liés. En 1771-1773, dans le contexte général de relance des dessèchements de marais, les propriétaires des marais de Boube unissent leurs efforts pour canaliser le ruisseau qui traverse leurs terres, créant ainsi le canal de Boube. Parmi eux figurent les demoiselles de Polignac, propriétaires du manoir de Boube, ou encore le marquis Henri-Charles de Senecterre, baron de Didonne. En 1776, ce dernier procède de même pour les marais de Chenaumoine et de la Briqueterie en faisant canaliser le Rivau. Ce nouveau canal a cependant bien du mal à se frayer un chemin à travers les dunes du Terrier de la Tâche qui séparent le marais de la conche de Saint-Georges. Ensablé dans sa partie aval, le canal est rétabli en 1838 après constitution d'un syndicat de marais.

Ces difficultés démontrent l'intérêt qu'il y a aussi à mieux contrôler les dunes de sables qui bordent la conche de Saint-Georges. Comme le montre le plan cadastral de 1837, ces dunes sont omniprésentes au pied même des maisons du bourg, sur la promenade du Trier (boulevard Michelet) et jusqu'à l'actuelle avenue Mestreau. Vers l'est et le sud, le sable occupe largement le terrain jusqu'à la pointe rocheuse de Suzac. Poussé par le vent, il menace toujours un peu plus d'envahir terres et habitations. Seule une petite partie des dunes est contenue par la forêt, à l'est, du côté de Meschers. Avant la Révolution, ces dunes sont la propriété du marquis de Senecterre, baron de Didonne, puis passent à son petit-fils, Charles-Louis-Gabriel de Conflans, marquis d'Armentières. Emigré sous la Révolution, ce dernier voit ses biens saisis comme biens nationaux, parmi lesquels la "montagne de sable aride" de Saint-Georges-de-Didonne. Les dunes sont achetées aux enchères par Pierre Lambert et Marie-Jean-François Cluzet en 1798, puis acquises en 1832 et 1834 par Alfred, comte de La Grandière (1804-1886), officier de la légion d'honneur, propriétaire du château de Didonne, à Semussac, maire de Semussac puis, de 1854 à 1863, de Royan.

En 1840, l'Etat lance une opération de fixation des dunes de Saint-Georges-de-Didonne par la plantation de pins, et pour ce faire, exproprie le comte de La Grandière. Les dunes situées entre l'actuelle avenue Joseph-Béteille et la pointe de Suzac sont ensemencées en 1845 et 1847, de même que celles qui se trouvent au nord de la pointe de Vallières, en limite de Royan, en 1848. L'opération n'est pas totalement couronnée de succès et dès 1847, le comte de La Grandière se voit restituer une partie de ses dunes. Malgré cet échec, le mouvement est lancé et, à la fin du 19e siècle, la forêt de Suzac comme le bois de Vallières sont constitués.

4. Naissance d'une station balnéaire

Davantage maître des abords de l'estuaire, Saint-Georges-de-Didonne peut envisager un nouvel avenir, que l'estuaire, de nouveau, va lui procurer. La commune est en effet très tôt concernée par la mode des bains de mer qui touche Royan dès la première moitié du 19e siècle. Vers 1850, environ 5 000 estivants fréquentent déjà la région, profitant de ses paysages et de sa douceur. D'abord simple lieu de promenade à partir de Royan, Saint-Georges-de-Didonne devient un lieu de séjour et de villégiature, une véritable station de bains de mer où l'on veut avoir sa résidence secondaire. Appréciée par ceux qui préfèrent son calme au fourmillement urbain de Royan, elle doit sa renommée à deux hautes personnalités : d'abord un enfant du pays, Eugène Pelletan (1813-1884), journaliste, écrivain et homme politique, petit-fils du pasteur protestant Jarousseau, et auteur en 1861 de La Naissance d'une ville, ouvrage dans lequel il décrit sa commune d'origine (voir en annexe) ; ensuite l'historien Jules Michelet, qui séjourne à Saint-Georges-de-Didonne (22 boulevard Michelet) à l'été 1859 et évoque les lieux en 1861 dans La Mer.

En plus d'écrire sur sa commune, Eugène Pelletan utilise ses réseaux pour attirer des investisseurs. Parmi ses amis, il convainc le banquier Frédéric Mestreau et l'avocat M. Gaudin, tous deux de Saintes, d'acquérir chacun une part des dunes de sable dont il a hérité de son beau-père, Benjamin Ardouin, au plus près du bourg, entre les actuelles avenue Mestreau et Mocqueris. Pelletan s'installe lui-même dans la maison de son aïeul, le pasteur Jarousseau, Mestreau se fait construire en 1862 une villa ("les Alysses", ex-"villa Musso", 1 avenue Mestreau), et Gaudin revend sa part à Charles-Claude Chenou, doyen de la faculté des sciences de Poitiers, qui fait édifier la villa "les Yuccas" en 1867. En 1872, c'est au tour de la villa "Sainte-Marie" (1 boulevard Michelet) de sortir de terre, pour le compte de Xavier Boyer, notaire à Poitiers (peut-être attiré par le doyen Chenou). L'aménagement du front de mer sera parachevé par la construction, vers 1886, d'une imposante villa, "Solitude" (aujourd'hui disparue, à l'emplacement de la résidence "l'Albatros"), pour le compte d'Edmond Mocqueris, gendre d'Eugène Pelletan. À la même époque, Charles Hawker, un officier anglais, se fait construire une autre des premières villas de Saint-Georges-de-Didonne, à la pointe de Suzac.

Accompagnant ces initiatives privées, les autorités municipales multiplient les aménagements pour rendre le séjour le plus agréable possible aux visiteurs et nouveaux résidents. La commune commence à se transformer dès la mandature du maire Jean-Baptiste Dusser, de 1841 à 1864, ou encore sous Simon-Eugène Pelletan, de 1881 à 1920. En 1874-1875, la municipalité achète à l’État la dune de sable qui s'étire devant les maisons de l'actuel boulevard Michelet et de l'actuelle place Michelet, afin d'aménager une promenade, appelée le Trier (de "terrier", mot désignant une surélévation). Un mur de soutènement est créé pour séparer ce nouvel espace public de la plage qui, à cette époque (le boulevard de la Côte de Beauté n'existe pas encore), avance jusqu'au pied de la promenade et des villas.

Dans les années 1880-1900, de plus en plus de maisons sont construites ou reconstruites dans le bourg. On procède à des alignements de rues, et d'anciens chemins ruraux deviennent des rues. En 1892, le conseil municipal décide de donner un nom à chaque voie, pour faciliter le travail de la Poste ; la nomenclature est revue en 1912 pour tenir compte de la création de nouveaux axes. Parmi eux figure l'avenue Eugène-Pelletan, créée en 1898 et bordée de villas toutes plus ostentatoires les unes que les autres. Autour d'elles, le quartier entre le bourg et le port s'urbanise rapidement, et les nouvelles villas se multiplient le long de la corniche et de la rue du Port. Dans les années 1900, de premières constructions sortent aussi de terre dans le bois de Vallières, autre secteur où le prix des terrains flambe. Dans le même quartier, des arènes sont ouvertes en 1903, contribuant à l'offre de distractions proposées aux estivants. Parallèlement, les équipements publics continuent à se développer : une ligne téléphonique en 1889, l'éclairage public en 1912, un nouveau bureau de poste en 1913... Des hôtels et pensions sont créés pour loger les visiteurs, par exemple l'hôtel de l'Océan, en 1896. En 1910, la commune compte 1500 habitants (contre 900 en 1850) et reçoit entre 2 000 et 3 000 estivants.

Interrompu par la Première Guerre mondiale, le mouvement reprend aussitôt et s'adresse désormais davantage aux classes moyennes que fortunées, en attendant l'arrivée des classes populaires après 1936. Un nouvel effort d'embellissement de la commune est mené dans l'Entre-deux-guerres : dégagement de la place de l'église, aménagement du jardin et construction d'un syndicat d'initiative sur la promenade du Trier... L'eau courante arrive en 1928, le gaz en 1929, l'électricité dans les écarts la même année. Un château d'eau est construit en 1933 à la Duboiserie (à l'angle de la rue de la Duboiserie et de l'avenue Tourtet). En 1934, les principales rues sont bitumées. Les opérations immobilières privées se poursuivent aussi, en particulier dans le bois du quartier de la Roche Blanche, au sud de l'avenue Joseph-Béteille, entre la plage et l'avenue de Suzac. Tous ces efforts portent à nouveau leurs fruits démographiques : en 1936, la population de la commune dépasse les 2 000 habitants ; elle a ainsi doublé en un siècle.

Toutefois, ces initiatives immobilières ne sont pas toutes couronnées de succès, à l'image du lotissement du Parc de Vallières, établi sur l'ancienne dune en limite de la commune de Royan, au nord de la pointe de Vallières. Dès 1907, Félix Carrière, un grand propriétaire viticole originaire de Saint-Sorlin-de-Cônac, ayant fait fortune par l'importation de plants de vignes américains destinés à reconstituer le vignoble saintongeais laminé par le phylloxéra, achète ce bois, y fait tracer de grandes allées et découpe l'espace en vingt lots. Repris par son gendre, Paul Gros, le projet n'est approuvé par arrêté préfectoral qu'en 1929, mais il peine à se concrétiser avant que n'éclate la guerre en 1939.

Pendant ce temps, l'offre de services et d'équipements se développe. Sur la plage de Saint-Georges, près du Trier, cafés, restaurants et glaciers proposent leurs terrasses, à côté des cabines de bain mises en location, en plus d'un établissement de bains créé en 1936. De premiers terrains de camping voient le jour ; d'abord sauvages, ils sont réglementés à partir de 1938. Des centres de vacances sont créés, ainsi que des établissements hôteliers comme "le Saint-Georges", près du port, et "l'Océanic", face à la Grande conche de Royan.

Parallèlement à ce développement urbain et balnéaire, le reste de la commune continue à vivre des activités déjà présentes avant 1850. L'agriculture nourrit beaucoup d'habitants du bourg de Didonne et des hameaux du Coca, des Brandes, des Moulins et de Boube. Le vignoble reste très répandu avant que les maisons ne prennent la place des ceps. La vigne est ainsi très présente sur les plans du 19e siècle et sur les cartes postales du début du 20e siècle, notamment dans le quartier de la Crête, là où elle était déjà mentionnée au 11e siècle ! Sur la côte, la pêche aux huîtres constitue en hiver un complément de revenus important pour les paysans, les enfants, les adolescents et les femmes. Collectées sur les rochers devant le port et sa jetée, elles sont revendues à des intermédiaires qui fournissent les ostréiculteurs saintongeais.

Tout près de là, le port continue à accueillir les chaloupes des pilotes de l'embouchure de la Gironde jusqu'au transfert de leur station, en 1921, à Pauillac et au Verdon. Les pilotes font partie des grandes figures de la commune et, encore aujourd'hui, leurs maisons face à l'estuaire et les ancres de marine sculptées sur leurs tombeaux dans le cimetière des Bois, rappellent leur souvenir. Le prolongement de la jetée du port en 1899 est réalisé pour améliorer le stationnement de leurs bateaux. C'est aussi pour faciliter la navigation dans l'embouchure de la Gironde que le phare de Vallières est édifié en 1901, remplaçant une maison-phare construite en 1860 en même temps qu'un autre repère lumineux, le phare aux Lapins, au milieu de la forêt de Suzac (détruit en 1944).

5- De la Reconstruction au développement urbain et touristique

La Seconde Guerre mondiale et l'Occupation allemande marquent une profonde césure dans l'évolution de la commune. Proche de Royan, Saint-Georges-de-Didonne va en partie en connaître le sort. À partir de l'été 1944, de nombreux raids aériens alliés sont menés contre les navires allemands qui mouillent au large. La commune est évacuée en octobre par les Allemands qui préparent leur résistance dans la Poche de Royan. Le 13 décembre, le fort de Suzac est visé par les alliés, puis, le 19, un dépôt de munitions près de l'hôtel "le Saint-Georges". Plus tard, des bombes tombent sur la rue de la République, le carrefour des Fleurs, et entre la rue du Coca et la rue du Docteur-Larroque. Au total, 300 maisons sont détruites et 700 sont endommagées. Les 15 et 16 avril 1945, Saint-Georges-de-Didonne est libérée par différentes unités dont la mémoire est rappelée par un monument élevé avenue du Lieutenant-Colonel-Tourtet, du nom d'un des chefs de l'opération.

Déclarée sinistrée le 20 juin 1945, et décorée de la Croix de guerre (un diplôme le rappelle aujourd'hui dans l'entrée de l'hôtel de ville), la commune est comprise dans le programme de Reconstruction mis en place autour de Royan par le ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme (MRU). De nombreuses reconstructions totales ou partielles sont effectuées au cours des années suivantes vers le boulevard Frédéric-Garnier, le boulevard de Lattre-de-Tassigny, le carrefour des Fleurs et la rue Henri-Collignon. Il ne s'agit pas, toutefois, d'un grand plan d'ensemble comme à Royan, mais bien d'interventions ponctuelles, au cas par cas. L'intervention urbaine la plus importante réalisée dans le sillage de la Reconstruction, est la création, en 1955, du boulevard de la Côte de Beauté dans sa partie nord. Séparant désormais la plage des villas et de la promenade du Trier, il sera prolongé vers le sud, au-delà du quartier de la Roche Blanche, en 1965.

Sa création manifeste la reprise rapide de l'extension urbaine de la ville à partir des années 1950, liée à l'essor fulgurant d'un tourisme désormais populaire et de masse. De nouveaux quartiers naissent et se développent en périphérie du bourg de Saint-Georges : de nouvelles rues sont créées vers le nord, au-delà du marché ; des lotissements pavillonnaires voient le jour dans les années 1950-1970 entre Saint-Georges et Didonne (par exemple le lotissement du Pigeonnier, en 1956-1957), et au-delà de la route de Royan (le quartier Plein-Eté est créé à partir de 1970).

Au sud, le quartier de la Roche Blanche, né dans l'Entre-deux-guerres, s'étend toujours davantage en lisière de la forêt de Suzac. Cette dernière est toutefois en grande partie préservée de l'urbanisation, mis à part le long de la route de Meschers où les campings et les centres de vacances se multiplient. Au nord de la commune, le bois de Vallières, où seules quelques grandes villas avaient pris place au début du 20e siècle, se couvre cette fois de constructions, tout en préservant son aspect boisé. Si les zones pavillonnaires s'étendent, très peu d'immeubles d'habitat collectif sont construits : ainsi la résidence "l'Albatros", sur le boulevard de la Côte de Beauté, la résidence "Océanic" et les quelques immeubles qui l'entourent, face à la Grande conche de Royan.

Le développement des équipements publics et/ou collectifs accompagne ce mouvement : nouveau temple protestant en 1951, nouveau groupe scolaire en 1954-1957, nouveau stade avec tribune en 1959 (stade qui porte le nom de la championne olympique Colette Besson, originaire de la commune), nouvel hôtel de ville en 1977, création d'une desserte routière à travers la forêt à la fin des années 1970, prolongée en rocade vers Royan en 2000... Pendant ce temps, le nombre d'habitants ne cesse de grimper : 3 400 habitants en 1950, 4 000 en 1975, plus de 5 000 en 2011. Plus des deux tiers des logements sont aujourd'hui des résidences secondaires.

L'inventaire du patrimoine de la commune a donné lieu à la réalisation de 306 dossiers documentaires (293 sur le bâti et 13 sur les objets mobiliers et le décor porté de l'église). Parmi les éléments étudiés, 142 ont été sélectionnés pour leur intérêt historique et/ou architectural, 148 ont été repérés et 82 ont été recensés. Un dossier de synthèse a été réalisé sur l'habitat (maisons et fermes).

La commune de Saint-Georges-de-Didonne se trouve sur la rive droite de l'estuaire de la Gironde, entre Royan au nord et Meschers au sud. D'une superficie de 1 058 hectares, elle présente une façade sur l'estuaire large de 4,5 kilomètres, et s'étend jusqu'à 5,5 kilomètres à l'intérieur des terres.

Située aux portes de l'embouchure de la Gironde, la commune de Saint-Georges-de-Didonne est très profondément marquée par la proximité du fleuve, tant dans son histoire que dans ses paysages. Elle assure la transition entre des paysages urbains d'un côté, forestiers et ruraux de l'autre. Très lié à son histoire balnéaire, son patrimoine recèle aussi quelques témoins de son passé plus ancien.

Le territoire de la commune affecte la forme d'un vaste croissant ouvert sur l'estuaire de la Gironde et dont les deux pointes, rocheuses, sont constituées par la pointe de Vallières, au nord, et la pointe de Suzac, au sud. La seconde est considérée comme la limite géographique, avec la pointe du Verdon, côté Médoc, entre l'estuaire de la Gironde et l'embouchure de la Gironde. La commune est ainsi à cheval sur un environnement estuarien et un autre plus maritime. La pointe de Suzac, culminant à 32 mètres d'altitude, avance dans les eaux de la Gironde du haut de ses impressionnantes falaises tombant à pic. Depuis la plage de Suzac, au sud, en limite avec la commune de Meschers, un ancien sentier douanier permet d'en faire le tour et d'en apprécier le paysage, la lumière et la végétation aux accents méditerranéens.

À l'opposé, la pointe de Vallières, plus large et un peu moins élevée (25 mètres d'altitude), est aussi plus déchirée. Ses rochers qui, avec son phare, lui confèrent une ambiance bretonne, avancent parfois loin sous l'eau, notamment au nord (banc de Vallières) et au sud, près du port (banc de la Béchade). Le plateau, appelé "la Crête", s'élève en son centre. Il a été en grande partie recouvert par l'urbanisation.

Entre les deux pointes, la côte se courbe en une grande anse ou "conche", la conche de Saint-Georges. Sur plus de 2 kilomètres, elle étire sa longue plage de sable fin, véritable pôle d'attraction pour les milliers d'estivants qui fréquentent la commune en été. Au nord de la pointe de Vallières, ils bénéficient de la même façon d'une partie de la Grande conche de Royan qui, sur une longueur de 500 mètres, fait partie de la commune de Saint-Georges-de-Didonne. Les deux plages sont bordées par un boulevard qui les sépare d'une zone à la fois urbaine et forestière, occupant d'anciennes dunes de sable.

Au sud de la commune, en débordant sur le territoire de Meschers, la forêt de Suzac constitue un important massif de 350 hectares, dont 83 sont la propriété du Conservatoire du Littoral. La forêt fixe les anciennes dunes dont le relief est encore nettement perceptible sous le boisement. La forêt avance jusqu'à la pointe de Suzac, excepté à son extrémité, couverte d'une végétation rase entourant les vestiges du fort de Suzac. De nombreux chemins traversent le massif au cœur duquel ont pris place plusieurs campings et centres de vacances.

Situé à la jonction entre la conche de Saint-Georges, la Crête et les bois, le bourg de Saint-Georges s'est transformé, au cours du 20e siècle, en une véritable ville qui a fait sa jonction avec l'ancien bourg de Didonne, à l'est. Développés de part et d'autre de la route de Royan, les nouveaux quartiers urbains gagnent toujours plus de terrain sur les champs. Ils atteignent maintenant la lisière de la rocade de l'agglomération royannaise qui, formant une saignée à travers la forêt de Suzac, aboutit à la conche de Saint-Georges.

Au-delà de l'ancien bourg de Didonne et de la rocade, le paysage se différencie en deux grandes entités. La première est constituée par le plateau agricole, péninsule qui prolonge la plaine saintongeaise venant de Cozes et de Saujon. Très vallonné, ce plateau s'élève vers le nord-est et culmine à 34 mètres d'altitude près du hameau de Boube. Au sud, près de la route de Bordeaux, se trouvent la zone artisanale et commerciale des Brandes et le lieu-dit "les Moulins" qui, comme son nom l'indique, présentait jusqu’à la fin du 19e siècle plusieurs moulins à vent.

La seconde entité paysagère de l'arrière-pays est formée par les marais qui s'étendent de part et d'autre de cette péninsule : les marais de la Briqueterie au sud, liés aux marais de Chenaumoine, sur la commune de Semussac ; et les marais de Margite ou de Boube au nord, prolongés sur la commune de Royan par les marais de Belmont. Dans les deux cas, il s'agit de marais intérieurs séparés de l'estuaire de la Gironde par les dunes de sable, aujourd'hui couvertes de bois et de constructions. Exploité en champs, en prés et en jardins, chaque marais est irrigué par un petit cours d'eau canalisé : le Rivau pour les marais de la Briqueterie, et le canal de Boube pour les marais de Margite. Le premier se fraie un chemin au sud de Didonne, puis file de manière souterraine sous le secteur du Relais de la Côte de Beauté, pour aboutir à la conche de Saint-Georges. Le canal de Boube, au nord, sépare les communes de Saint-Georges-de-Didonne et de Royan. Formant une coulée verte dans le quartier de Vallières, il finit sa course dans la Grande conche de Royan juste après l'avenue des Américains. Il existait enfin un troisième marais intérieur, beaucoup plus petit, au nord du bourg de Saint-Georges : enfoui sous la ville, le marais du Coca s'écoulait par un petit ruisseau, la Goulette, qui aboutissait dans la conche vers l'actuelle base nautique.

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