Villa Meunier

France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Eaux-Bonnes

Relevant de la troisième vague de construction d'Eaux-Bonnes, cet édifice hybride, à la fois pension de tourisme et villa résidentielle, ce que facilite son double accès rue de la Cascade et place de l'Espérance - actuelle place Valéry-Meunier -, fut construit à l'initiative du célèbre guide pyrénéen Lanusse sur un terrain situé non loin d'une autre de ses propriétés de la rue de la Cascade. Il engage les démarches pour ce chantier en 1865, sollicitant puis obtenant du préfet l'autorisation d'augmenter la longueur d'alignement de l'édifice par rapport à la Maison Grousset voisine. Cette nouvelle construction est ajoutée sur le plan cadastral révisé et approuvé par le préfet en 1866 et, selon les guides touristiques contemporains, endosse la fonction de pensions pour voyageurs avec service de location de voiture et de chevaux.

L'édifice acquiert davantage de renommée encore lorsqu'il est occupé par le docteur Valéry Meunier, dont il conserve l'appellation courante et auquel il doit probablement sa singulière tourelle, vraisemblablement lors de remaniements effectués au début des années 1880. Par un arrêté ministériel du 25 juin 1881, celui-ci est nommé médecin-inspecteur à Eaux-Bonnes après avoir officié à Paris et à Pau durant plusieurs années. De son arrivée au début du mois de juillet à son installation dans sa villa, le docteur Meunier est préalablement hébergé à l'hôtel Richelieu puis, durant environ un an, au premier étage de l'établissement thermal, aménagé spécifiquement à son intention. En septembre 1881, le conseil municipal lui accorde d'ailleurs un bail de 2000 francs annuels pour trois, six ou douze années, que le médecin a sollicité afin de prendre le temps de trouver une résidence.

Les archives ne renseignent pas la date de son acquisition de la Maison Lanusse, mais le maître d'œuvre de son remaniement est probablement Pierre Gabarret, architecte communal dans les années 1880. La maison conserve partiellement sa fonction d'accueil des touristes : ainsi, en 1896, la liste des étrangers indique la Villa Meunier parmi les lieux d'hébergements des villégiateurs. En outre, la villa, qui constitue aussi la résidence privée du médecin, accueille son cabinet médical, qui fait l'objet d'encarts publicitaires réguliers. En 1903, elle appartient toujours au docteur Meunier malgré ses deux accès semblant indépendants.

Cette demeure constituant l'une des rares villas d'Eaux-Bonnes, aux côtés de la Villa du Rocher et de la Villa Excelsior entre autres, figure sur de nombreuses cartes postales anciennes, vraisemblablement pour la dimension pittoresque véhiculée par sa tourelle emblématique. Divisée en appartements, elle abrite de nos jours deux résidences privées.

Périodes

Principale : 3e quart 19e siècle

Principale : 4e quart 19e siècle

Dates

1865, daté par source

1881, daté par source

Auteurs Personnalite : Meunier Valéry

Médecin thermal des Eaux-Bonnes.

, commanditaire, habitant célèbre (attribution par source)
Personnalite : Lanusse Pierre

Guide-accompagnateur des Eaux-Bonnes, guide attitré de l'impératrice Eugénie. Il est, avec Jacques Orteig et Jean Soustrade, recommandé par la Société Ramond pour son excellence et sa connaissance de la montagne. Après plusieurs récompenses accumulées au fil des ans, il se voit décerner une médaille d'or 1ère classe du ministère de l'Intérieur suite à un sauvetage relaté dans la presse locale en 1880. Ses fils Augustin et Jacques poursuivent cette activité issue de la tradition familiale et sont d'ailleurs récompensés de plusieurs médailles de sauvetage la même année que leur père. Jacques, en particulier, est présenté comme l'un des guides les plus sûrs et les plus estimés des Eaux-Bonnes. En 1880, il se voit ainsi décerner une médaille d'Or Première classe par le ministère de l'Intérieur.

, commanditaire (attribution par source)
Auteur : Gabarret Pierre

Architecte communal des Eaux-Bonnes dans les années 1870-1880.

, architecte (attribution par analyse stylistique)

Avec ses deux façades, presque antinomiques, cet édifice représente deux facettes architecturales - et deux positionnements sociaux - relatif à l'âge d'or de la villégiature thermale. L'une, correspondant à la maison originelle, dans la rue de la Cascade, relève d'une logique de construction urbaine haussmannienne, tandis que l'autre, sur la place de l'Espérance - actuelle place Valéry Meunier - se réfère aux demeures pittoresques plébiscitées par les élites en quête d'évasion. Deux esthétiques semblent donc s'opposer, révélant deux façons différentes de vivre le séjour thermal, l'une dans la logique de l'immeuble de rapport destinée à la pension éphémère de voyageurs, l'autre relevant de la plaisance impliquant une retraite plus longue et contemplative.

L'édifice doit initialement sa complexité constructive au relief naturel de son emplacement, entre le plateau de l'Espérance et les abords pentus plongeant vers le Valentin. De plan carré, il est doté de deux entrées indépendantes. La façade de la rue de la Cascade se développe sur trois travées, au centre desquelles trône, au rez-de-chaussée, la porte d'entrée qui mène aux deux premiers étages uniquement ouverts sur la rue. Cette façade est recouverte d'un enduit gris excepté au niveau des encadrements de baie en pierre de taille d'Arudy, ce qui contraste avec la construction accessible par la place de l'Espérance. De ce côté, le plan carré est agrémenté d'une tourelle circulaire d'angle abritant un escalier qui, correspondant au rez-de-chaussée de cette élévation mais au troisième étage de la façade postérieure, dessert le dernier étage et les combles de l'édifice. A partir du niveau de la place de l'Espérance, la bâtisse, se distinguant par sa polychromie et une forme de rusticité, est entièrement composée de parement de pierres jaunâtres, d'encadrements de baie et de chaînages d'angle en pierre grise d'Arudy, plus soignés, y compris du côté de la rue de la Cascade.

Les élévations des deux derniers étages et des combles s'inscrivent dans le mouvement éclectique du Second Empire et de la Troisième république, avec leurs influences tantôt historicistes, tantôt orientalistes, tantôt régionalistes. Le maître d’œuvre tire du Moyen Age les baies asymétriques, la complexité des toitures, les vitraux néogothiques, la balustrade et les corbeaux en pierre du balcon et la tourelle dominant l'édifice, auxquels il conjugue le tympan en arc outrepassé de la porte d'entrée issu de l'architecture mauresque ainsi que les fenêtres en chien assis et les parements de pierre puisés dans les constructions rurales.

Murs
  1. Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

  2. Matériau du gros oeuvre : pierre

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. tuile
Plans

plan carré régulier

Étages

4 étages carrés, étage de comble

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

Escaliers
  1. Emplacement : escalier hors-oeuvre

    Forme : escalier en vis avec jour

    Structure : en charpente

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Eaux-Bonnes , 1 rue Valéry-Meunier

Milieu d'implantation: en village

Cadastre: 2018 AN 105

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