Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

L'Ecole nationale de perfectionnement (ENP) de Poitiers est créée en 1968 sur un terrain de la commune de Mignaloux-Beauvoir acheté par celle de Poitiers et remis à l'Etat. Les écoles de ce type ont été définies en 1954 comme des établissements d'enseignement primaires publics auxquels sont adjoints des fonctionnaires de l'enseignement technique. Les élèves, qui sont affectés sur proposition des commissions médico-pédagogiques, ne peuvent fréquenter utilement les classes ordinaires d'enseignement général ou professionnel. Elles dispensent l’instruction, l’éducation, et, pour les élèves de plus de quatorze ans, une formation professionnelle appropriée. Le régime est celui de l’internat ou de l’externat.

L'implantation choisie en bordure de la route nationale 151, à la limite du périmètre urbain et à proximité du campus universitaire assure à cette école une desserte aisée. Celle-ci, dont la situation est approuvée par le ministère de l'éducation nationale le 5 avril 1967 dans le cadre du 5e Plan, est destinée à accueillir 150 filles dites inadaptées, c'est-à-dire déficientes intellectuelles moyennes ; les garçons de 14 à 17 ans continuent d'être pris en charge par l'institut médico-pédagogique situé rue du Mouton à Poitiers. Pour ce projet, une coordination s'établit entre le ministère de l'éducation nationale et le service régional de l'action sanitaire et sociale. Les élèves, entre 12 et 18 ans environ, auxquelles doivent être délivrés une éducation spéciale et un enseignement professionnel, comptent 120 internes et 30 demi-pensionnaires. Les dortoirs accueillent 30 lits chacun regroupés en 5 boxes. Les élèves sont réparties en 10 classes de 15 élèves selon les cycles élémentaire, de transition et de la fin du premier cycle. Des salles d'enseignement ménager, de coupe et couture, de travaux industriels et d'employées de collectivités (option lingerie) sont aménagées pour la formation professionnelle donnée à mi-temps. Un centre médico-scolaire et des logements pour le personnel d'encadrement sont également prévus.

La construction est réalisée par l'Etat sur les plans de l'architecte parisien André Laurenti, par le recours à un procédé industrialisé à ossature métallique. Un avant-projet proposant un établissement entièrement en rez-de-chaussée est modifié au profit de bâtiments à étages, cela concerne notamment l'internat de manière à faciliter la surveillance des dortoirs. Une autre modification concerne l'accès, initialement prévu sur la route nationale, reporté par mesure de sécurité sur une impasse du côté est, aménagée sur une bande de terrain acquise à cette fin par la Ville de Poitiers.

La Société France-Gironde-constructions industrielles et navales de Bordeaux est retenue par un marché en date du 7 février 1968. Dans le rapport de présentation de l'architecte, il est noté que l'économie générale des bâtiments sera très proche de celle du CET féminin, construit par le même constructeur au titre de la campagne industrialisée de 1966 [CET du Dolmen]. La trame constructive retenue ici est de 1,81 mètres. Au cours des travaux, André Laurenti se fait représenter sur le chantier par son collaborateur Jean Willaume. Les travaux sont en grande partie achevés en novembre 1968 puisqu'une rentrée s'effectue à cette date, mais la réception définitive de l'ouvrage est signée en février 1970. Le gymnase de type A prévu sur le plan de masse initial n'est cependant pas réalisé. Dès la fin des travaux, des malfaçons plus ou moins importantes apparaissent, l'infiltration d'eau pluviale en façade ouest des bâtiments au moment de fortes pluies est la plus grave et entraîne un long procès entre l'Etat et les repreneurs de la société adjudicataire initiale.

En 1975, la Commission nationale des travaux de décoration choisit un projet de la peintre et sculptrice Béatrice Casadesus, une oeuvre murale intitulée "A propos du portrait de Diane", comme 1% artistique. Il s'agit d'un portrait figuré par des points de 9 centimètres de diamètre, découpés dans de l'aluminium anodisé et apposés sur un bardage métallique couvrant 36 mètres carrés du pignon du bâtiments des logements de fonction. Cette oeuvre, réalisée en 1976 et détruite lors des travaux de reconstruction, a été remplacée par deux oeuvres de la même artiste, accrochées actuellement dans le bureau du proviseur.

En 1985, les écoles nationales de perfectionnement (ENP) deviennent des établissements régionaux d'enseignement adapté (EREA), affectés à la prise en charge des adolescents en grande difficulté scolaire et sociale ou présentant un handicap. L'internat constitue un aspect important et singulier de leur fonctionnement. C'est sans doute à cette époque qu'est donnée à l'établissement l'appellation Anne Franck, du nom de la jeune juive victime de l'holocauste durant la Seconde Guerre mondiale.

La décision du Conseil régional de reconstruire tous les bâtiments de lycées "en ossature métallique", dont il a hérité par la décentralisation en 1985, concerne l'EREA Anne-Franck. Il est prévu que les travaux s'y déroulent tout en maintenant l'activité dans les bâtiments existants. Un premier chantier est lancé avec la construction d'un nouvel internat en 1994 par l'équipe d'architectes, Karine Millet et Luc Lefebvre, retenue à l'issue d'un concours en février 1993. Cet internat peut accueillir 108 élèves répartis en quatre dortoirs, dont deux sont divisés en neuf chambres de trois lits.

Un deuxième concours d'architecture, lancé en 1994 pour la reconstruction de l'externat, est remporté par l'équipe Diagonale formée de François Hossin et Patrick Vettier, associée à Gilles Daugan. Le projet propose un bâtiment en rez-de-chaussée relié à l'administration comportant à une extrémité les ateliers et à l'autre un bâtiment en ellipse. Le permis de construire est accordé en 1995. Le chantier se déroule en plusieurs tranches : l'aile de classes et d'ateliers à l'est est terminée en 1999, les ateliers au nord de l'ensemble sont agrandis vers l'est en 2004. Au sud, le bâtiment renfermant le CDI et des salles de réunion prend sa forme d'ellipse en étant doté d'une surtoiture en 2005. La même année, des logements de fonction sont livrés au nord-ouest de l'ensemble.

Enfin, en 2006, le long de l'impasse est édifié un gymnase qui remplace d'anciens logements. Celui-là a reçu, en 2019, le nom de Gérard Bobin en l'honneur d'un ancien enseignant d'EPS à l'origine de sa construction. De l'école initiale, seul le bâtiment de demi-pension est conservé de nos jours, bien que très modifié en 2018.

L'établissement, à la fois collège et lycée, prépare au Certificat de formation générale (CFG) et au brevet professionnel en fin de 3e, ainsi qu'au Certificat d'aptitude professionnel (CAP) spécialité maintenance technique des bâtiments, ou agent accompagnant au grand âge ou agent de propreté et d'hygiène. Il dispose également d'une ULIS pro au niveau des formations lycée.