Maison

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Saint-Émilion

Cette unité architecturale est aujourd'hui répartie sur deux parcelles cadastrales (AP0374 et AP0440) qui, au milieu du 19e siècle, n'en formaient qu'une (269 sur le cadastre de 1845). Cette parcelle, adossée à l'enceinte nord de la ville des années 1200, conserve les restes d'une imposante bâtisse romane de la fin du 12e siècle ou du commencement du 13e siècle. La cave voûtée en berceau pourrait remonter au 13e ou au 14e siècle. L'actuelle parcelle AP0374 correspond au corps de logis d'un hôtel vraisemblablement construit en 1506-1507, comme l'indique la datation par dendrochronologie effectuée sur les poutres du plancher du 2e étage (date d'abattage ; les linteaux en bois des deux cheminées appartenaient quant à eux à des chênes abattus entre 1495 et 1497, date plus ancienne qui est cohérente, puisque la position de ces pièces, intégrées dans la maçonnerie, nécessitait un temps de séchage, contrairement aux pièces de plancher). Il fait partie des quelques demeures saint-émilionnaises, à la construction soignée, édifiées durant la période de reconstruction consécutive à la fin de la Guerre de Cent Ans, et l'un des rares en ville, à avoir conservé son enveloppe originelle. Ce logis fut dès l'origine doté d'une tour d'escalier qui appartient aujourd'hui à la parcelle cad. AP0440.

A une date indéterminée, le logis fut agrandi sur l'emprise de l'actuelle parcelle AP0440 et doté d'une cave voûtée adossée au mur d'enceinte. Des travaux antérieurs au milieu du 19e siècle ont entraîné la suppression de la toiture à haut comble, dit "à la guise de France" qui couvrait jusque-là le logis. Un merlon percé d'une archère du chemin de ronde de l'enceinte semble correspondre à une restauration, peut-être de la fin du 19e siècle ou du début du 20e siècle.

La coupole et le dôme qui assurent la couverture de l'escalier ont été construits dans les années 1980 par le père de l'actuel propriétaire, ainsi que la partie haute de la tour quadrangulaire, qui était alors ruinée. De même, l'arcade en anse de panier de la partie antérieure de l'immeuble a été créée dans les années 2000 par l'actuel propriétaire. Enfin, les aménagements liés à l'implantation de la banque vers 2005 ont fait disparaître deux des cheminées monumentales de la demeure au 1er étage, seules celles du 2e étage ayant été épargnées.

Périodes

Secondaire : limite 12e siècle 13e siècle

Secondaire : 13e siècle, 14e siècle (incertitude)

Principale : 1er quart 16e siècle

Dates

1506, datation par dendrochronologie

Cet imposant logis de plan presque carré, bâti en moellon, occupe l'actuelle parcelle cad. AP0374 à l'intersection des rues Guadet et de l'abbé Bergey. Sa tour d'escaliers, implantée côté ouest, tout comme ses extensions sont aujourd'hui dissociées et forment la parcelle AP0440. Élevée face à la place Mercadiou et immédiatement à la suite de l'ancienne porte bourgeoise qui marquait l'entrée dans la ville par la rue des Grands Bancs, cette demeure appartenait assurément à un personnage aisé, probablement un commerçant. En effet, l'unique ouverture d'origine conservée au rez-de-chaussée correspond à ce qui devait être une boutique ouvrant sur la place côté sud. Actuellement occupée par un distributeur de billets, elle était couverte d'un large linteau droit appareillé et chanfreiné. Les congés visibles à mi-hauteur suggèrent l'existence antérieure d'un mur bahut.

Les deux étages s'organisent de la même façon avec deux demi-croisées et deux croisées superposées percées dans les murs sud et est. Les moulures prismatiques à baguettes croisées sont identiques sur les huit fenêtres ; celles du premier étage ayant perdu leur meneau et leur croisillon. Ces étages étaient divisés en deux pièces d'égales surfaces, par un mur de refend d'axe est-ouest contre lequel étaient adossées deux cheminées par étage, dont les conduits se réunissaient pour ne former qu'une imposante souche encore bien visible au-dessus de la toiture sur les cartes postales anciennes. Seules les cheminées du deuxième étage sont aujourd'hui conservées. Les deux autres ont malheureusement été supprimées lors de récents travaux et ne sont connues par aucun dessin ni photographie ; tout juste sait-on par les anciens propriétaires qu'elles étaient plus décorées que celles de l'étage supérieur. A ce niveau, les anciennes poutres qui portaient les solives du plafond ont pu être datées par dendrochronologie. Ce logis s'achevait à l'origine par un niveau de comble couvert d'une haute toiture aigüe à deux pans d'axe nord-sud. Le rampant appareillée du pignon nord, bien que tronqué par l'actuelle toiture, est encore bien visible côté ouest ; de ce côté les eaux pluviales étaient collectées par un chéneau ménagé au sommet du mur gouttereau et étaient évacuées côté sud par une gargouille à figure animale. Le pignon nord était ajouré d'une demi-croisée similaire à celles des façades est et sud.

Les quatre niveaux de ce logis étaient desservis par une tour d'escalier hors-œuvre quadrangulaire implantée au centre du gouttereau ouest. Située en retrait de la rue, cette tour était accessible côté sud par une porte dépourvue d'ornementation. Chaque palier accueillait deux portes distribuant les deux pièces réparties de part et d'autre du mur de refend. Les marches de l'escalier sont partiellement délardées, le noyau circulaire repose sur une base polygonale et se prolonge au dernier palier par une colonne portant les cinq nervures d'une voûte sur croisée d’ogives presque plates. Sur ce dernier palier, une étroite porte ouvre sur un escalier en vis ménagé dans une tourelle semi-engagée dont l'encorbellement est orné côté sud d'un animal et d'un blason. Cet escalier conduit au sommet de la tour vers une petite pièce pourvue d'une cheminée contemporaine du logis.

La tour d'escaliers se loge dans une parcelle en lanière (actuelle parcelle cad. AP0440) bordée sur toute sa longueur, côté ouest, par un mur roman de grand appareil plaqué contre l'enceinte de la ville qui ferme le côté nord de cette parcelle. Si la face externe du mur d'enceinte ainsi que son chemin de ronde crénelé (avec certains merlons percés d'archères) indiquent une reconstruction probablement durant le 14e siècle, la face interne du mur, bâtie en grand appareil de pierres de taille semble, elle, appartenir à la phase romane de l'enceinte mais aucune des ouvertures actuellement visibles ne peuvent être associée à cette phase. Il faut bien noter que les assises de cette enceinte ne filent pas avec celle du mur roman d'axe nord-sud précédemment décrit ; ce dernier étant simplement plaqué contre l'enceinte.

Après la construction du logis au début du 16e siècle, l'espace compris entre l'escalier au sud et l'enceinte au nord, accueillit une extension (à une date inconnue) comprenant une cave voûtée et deux étages desservis par des portes percées après-coup dans la tour d'escalier. L'absence de marche palière, la différence de niveau par rapport aux étages du logis et le collage du mur oriental sur l'angle nord-ouest du logis sont autant d'éléments prouvant qu'il s'agit bien là d'une extension postérieure et non d'un aménagement contemporain de la construction du logis. Bien que fortement perturbé, le mur roman en grand appareil soigneusement assisé est encore visible sur tous les niveaux de cette extension. Il s'agit a priori de la face interne d'un édifice antérieur comme le suggère, au niveau de l'actuel deuxième étage de l'extension, la présence d'une imposante corniche en quart-de-rond qui devait porter le plancher d'un étage aujourd'hui disparu. Du côté oriental de cette parcelle, le mur formé par l'ancien gouttereau du logis pourrait lui aussi conserver les restes d'un mur plus ancien en moyen appareil de pierre de taille bien visible depuis l'actuel hall d'entrée (au sud de la tour d'escalier) et sur la moitié inférieure du mur du premier étage mais le parement est ici trop perturbé pour en avoir la certitude. Enfin, depuis un local technique, le soubassement de la façade romane en grand appareil est conservé sous le mur actuel, qui ne semble pas antérieur au 19e siècle (arcade du 20e siècle).

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

  2. Mise en oeuvre : moyen appareil

Toits
Étages

2 étages carrés, étage de comble

Escaliers
  1. Emplacement : escalier hors-oeuvre

    Forme : escalier en vis sans jour

    Structure : en maçonnerie

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Saint-Émilion , 7 rue Guadet

Milieu d'implantation: en ville

Lieu-dit/quartier: Ville haute

Cadastre: 1845 C 269, 2010 AP 374, 440

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