Château
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Dampierre-sur-Boutonne
Historique
Un premier château, appelé le Château Gaillard, devait s'élever à Dampierre-sur-Boutonne sur les hauteurs du village, à proximité de l'église. Un castrum est mentionné vers 1028 par le cartulaire de l'abbaye de Saint-Jean-d'Angély. Vers 1045, une charte établit les frères Rabiol, seigneurs proches des vicomtes d'Aulnay, comme fondateurs du bourg (plusieurs églises y existent déjà néanmoins). De ce premier château, il ne reste aucune trace.
Après avoir appartenu aux seigneurs de Surgères, Dampierre échoit à la famille de Clermont. C'est François de Clermont qui entreprend, vers 1475, la construction du nouveau château de Dampierre, sur une île du lit de la Boutonne. Le vieux Château Gaillard, devenu inconfortable ou menaçant ruine, fut abandonné et démoli. Le projet initial devait être celui d'un château fort, dont la rivière devait constituer les douves. Le château, à quatre ailes autour d'une cour, était cantonné de tours. Une gravure de Chastillon de la fin du 16e siècle ou du début du 17e siècle montre l'aile autrefois parallèle au bâtiment actuel : elle comprenait une tour d'angle circulaire à clocheton et une grosse tour maîtresse carrée, flanquée de deux tourelles à pans coupés et garnie de mâchicoulis.
Dans la 1ère moitié du 16e siècle, le projet initial évolue en demeure de plaisance inspirée de la première Renaissance. Le corps de logis est pourvu de deux galeries à l'italienne ouvertes sur la cour et ornées de plafonds à caissons. L'ornementation sculptée, qui aurait été achevée à la fin des années 1540, est typique de cette période. Les murs sont ouverts vers l'extérieur par de grandes fenêtres à meneaux, visibles sur le bâtiment actuel et sur la gravure de Chastillon. Celle-ci figure également les communs, probablement construits à la même période, ainsi qu'un pigeonnier circulaire aujourd'hui disparus. Les jardins s'étendaient sur une troisième île. Les travaux de construction du château seraient ainsi l'oeuvre de trois générations de Clermont : François, Jacques et Claude. L'épouse de ce dernier, Jeanne de Vivonne, aurait commandé la construction des galeries.
Au cours des guerres de Religion, le château, devenu par mariage propriété du duc de Retz, fut assiégé à plusieurs reprises par les Huguenots en 1586 et 1587. Occupé par la Ligue, il fut pris par Condé qui le fit piller et en partie démanteler. Le château à demi-ruiné fut ensuite vendu à David Fourré, seigneur de Beaulieu et gouverneur de Saint-Jean-d'Angély nommé par Henri IV. Devenu baron de Dampierre, il fit abattre les parties ruinées du château et restaurer l'aile aux galeries. Ses armoiries figurent au-dessus d'une porte. A partir de 1670, le château passe rapidement dans les mains de plusieurs familles. La terre, élevée au rang de marquisat au début du 18e siècle, est vendue en 1752 aux Gallifet. A cette époque, le corps de logis était encore flanqué de deux ailes en retour (toujours visibles sur le cadastre napoléonien de 1834), l'une abritant un monumental escalier en pierre. Le pigeonnier et le porche avec pont-levis étaient encore en place. Un marché de 1754 prévoit la démolition d'une partie des bâtiments.
En 1791, le château est vandalisé et pillé par les Révolutionnaires. Les Gallifet émigrent en 1793 et leurs propriétés sont saisies comme bien nationaux : il s'agit du château et de ses dépendances, le moulin qui en relevait et les métairies de la Brassière et Saint-Giraud. Le château comprend alors six chambres basses, six chambres hautes, corridor et galerie, écuries, ballet, le pigeonnier qui est encore debout, petit, grand et vieux jardins, garenne, grange, chais, terres, etc. Le domaine est vendu en 1795 à François Dubois, cultivateur à Courant, qui l'aurait acheté en assignats, à renfort de tonneaux d'eau-de-vie et grâce à la vente des plombs de la toiture. Dans les années 1840, son fils fait démolir les restes des deux ailes en retour du château, le pont-levis, les cheminées et reconstruit la tour nord (celle-ci ne figure pas sur le cadastre de 1834).
A partir de 1851, le château appartient à la famille Rabaud-Texier-Hédelin. En 1923, il est attribué au docteur Jean Texier, amoureux du patrimoine, qui en fait l'étude et se consacre à son entretien. Il obtient en 1926 le classement comme Monument Historique et procède à des travaux de restauration. Des réfections sont également nécessaires suite à l'occupation allemande du bâtiment pendant la Seconde guerre. L'instabilité du sol dégrade le monument, qui s'enfonce dans la Boutonne, ce qui disloque les maçonneries. Il a donc fait l'objet d'importants travaux de sous-oeuvre et de restauration globale dans les années 1980. Les galeries ont notamment été démontées et certains éléments remplacés par des copies. Les communs sont inscrits à l'Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 1990. Le château est la proie d'un incendie en 2002 qui détruit les toitures, les charpentes et les décors peints du 17e siècle. L'édifice a été restauré dans les années suivantes pour effacer au mieux les traces du sinistre. Le monument, propriété privée, est ouvert à la visite.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 4e quart 15e siècle, 1ère moitié 16e siècle Secondaire : 2e quart 19e siècle, 2e quart 20e siècle, 4e quart 20e siècle |
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Description
Le corps de logis du château, posé sur une île de la Boutonne, est un bâtiment rectangulaire flanqué, aux angles extérieurs, de deux tours circulaires. Trois travées de fenêtres à meneaux éclairent la façade arrière, tandis que, devant les trois travées de la façade sur cour, ont été plaquées deux galeries superposées, à arcades surbaissées, séparées par des piliers ronds à chapiteaux feuillagés. Les piliers des deux niveaux reposent sur des socles carrés et des bases moulurées. Une frise de rinceaux et une corniche à denticules séparent les étages, tandis qu'une corniche moulurée couronne la façade, au-dessus de laquelle se trouvent trois lucarnes en œil-de-bœuf. Deux statues de personnages (en costume Renaissance) sont positionnées aux extrémités de la corniche. Des statues de quadrupèdes assis prennent place plus haut sur les rampants des pignons.
Les deux tours du château sont pourvues de chemins de ronde sur mâchicoulis et de toitures en poivrières à épis de faîtage, mais la tour nord est une reconstitution du milieu du 19e siècle. La tour sud est percée de deux grandes fenêtres à meneaux, d'oculi et de canonnières. Elle est flanquée d'une tourelle d'escalier polygonale dont le sommet émerge de la toiture du corps de logis. Le pignon sud de celui-ci présente une porte moulurée à corniche, décor végétal sculpté et armoiries des Fourré, surmonté d'une fenêtre à meneaux. Une autre petite fenêtre à pilastres et fronton triangulaire éclaire l'étage de comble. Le pignon nord possède deux travées d'ouvertures à encadrement mouluré, dont une fenêtre à meneaux, ainsi qu'une petite fenêtre pour l'étage de comble.
Pièces maîtresses de l'ornementation du château, les deux galeries en anse de panier présentent un réseau de nervures à clés pendantes délimitant des caissons. Les 93 caissons de l'étage sont sculptés de motifs assortis de phylactères portant des proverbes, devises ou citations (en latin, français et espagnol). On trouve également les monogrammes d'Henri II et de Catherine de Médicis. Cet ensemble unique en France a fait l'objet de nombreuses études. Il s'inspirerait principalement du Recueil des emblèmes d'André Alciat, ouvrage en vogue au 16e siècle, mais aussi de la Bible ou de l'Enéide. Certains y ont vu un ensemble de symboles alchimiques dont la lecture codée aurait été réservée aux initiés.
La porte principale du logis, située sous la galerie, est ornée d'une frise végétale, d'un fronton triangulaire et d'amortissements. Quelque peu mutilée, on y lit néanmoins l'inscription : «Si tu viens partager notre lumière blonde, salut, mais si tu veux la partager longtemps, ne viens qu'avec ton cœur, n'apporte rien du monde et ne raconte pas ce que disent les gens». La décoration intérieure a été en grande partie emportée par l'incendie de 2002. Il subsiste des bribes de peinture du 17e siècle (encadrements des fenêtres notamment). L'escalier actuel a été aménagé au 19e siècle : l'escalier primitif se trouvait dans une aile latérale aujourd'hui disparue. Une cheminée peinte de l'étage présentait la devise des Fourré : «Se cognestre, estres, et non parestre». Les cheminées du rez-de-chaussée proviendraient des logis de Saint-Georges de Longuepierre et Voissay et du prieuré de Cherbonnières.
Une seconde île, en avant de celle du château, abrite la basse cour, avec des bâtiments de communs (anciennes écuries) disposés en U et couverts de tuiles plates. Un pavillon carré en forme l'extrémité gauche. Plusieurs éléments de remploi, comme les lucarnes, ont été placées sur ces bâtiments par les Texier. On remarque des ouvertures à meneaux et accolades, une large porte en arc segmentaire et une porte en plein cintre. Deux ponts dormants relient les deux îles et la rive. Un portail à piliers marque l'entrée de la basse-cour, un autre sculpté de bucranes presque effacés se trouve à droite de l'entrée et permettait d'accéder aux jardins. Les jardins ont été restitués dans l'esprit Renaissance, avec notamment un labyrinthe de buis circulaire.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Étages |
rez-de-chaussée, 1 étage carré, étage de comble |
Élévations extérieures |
élévation à travées |
Couvertures |
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Escaliers |
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État de conservation |
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Décors/Technique |
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Décors/Représentation |
Précision sur la représentation : Chapiteaux des colonnes et frise de la galerie ornés de décors végétaux. Statues de personnages (en costume Renaissance) aux extrémités de la corniche, statues de quadrupèdes sur les rampants des pignons. Portes principale et du pignon sud à décors végétaux sculptés et armoiries des Fourré. Voir annexe pour le décor des caissons des galeries. |
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA17003392 |
Dossier réalisé par |
Lhuissier Nathalie
Chargée de mission entre 2004 et 2018. Barreau Pierrick |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Vals de Saintonge Communauté |
Phase |
repéré |
Date d'enquête |
1998 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Vals de Saintonge Communauté |
Citer ce contenu |
Château, Dossier réalisé par Lhuissier Nathalie, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Vals de Saintonge Communauté, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/ec7c1bdb-0151-4856-b5b0-750f0256793d |
Titre courant |
Château |
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Dénomination |
château |
Parties constituantes non étudiées |
grange écurie portail cour |
Statut |
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Protection |
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Intérêt |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Dampierre-sur-Boutonne , 10 place du Château
Milieu d'implantation: en village
Cadastre: 1834 C1 583 585, 2016 AA 5 6