Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

En 1794, parmi les dépenses approuvées par le conseil municipal, figurent l'entretien d'un maître d'école et le loyer d'une maison pour la mairie. Ce loyer figure encore dans les dépenses municipales en 1807. En revanche, il n'y a plus d'instituteur. En 1833, la loi Guizot sur l'enseignement pousse la municipalité à se doter d'une école proprement dite. Il est alors décidé de louer une maison appartenant à M. Coudray l'aîné (actuellement 50 rue du Caviar), comprenant une seule pièce au rez-de-chaussée. Le 29 décembre, François Moreau, né et domicilé à Saint-Seurin, est désigné instituteur. A partir de 1845, l'école se tient dans une autre maison, louée auprès d'Ambroise Guillon, ancien maire. Cette maison se trouvait à la place de l'ancienne fabrique de raisins secs puis entrepôt, rue de l'Uzet.

Non loin de là, à l'emplacement de l'actuelle mairie annexe, ancienne mairie-école, le plan cadastal de 1832 mentionne une maison, propriété de Michel Béguet, maire de Saint-Seurin-d'Uzet, et de son épouse Henriette Goyau. En 1838, ils la vendent à Henri Polydor Baudry, médecin à Cozes, et à son épouse Alida Sophie Curaudeau. En 1847, lorsque la paroisse de Saint-Seurin-d'Uzet est détachée de celle de Chenac, la municipalité loue cette maison pour y loger le curé. Ce dernier s'installe en 1856 dans le nouveau presbytère (39 rue du Caviar). La maison Baudry est finalement achetée par la municipalité en 1861 pour y installer la mairie-école, jusqu'ici logée dans la maison louée auprès d'Ambroise Guillon. Le plan qui en est établi en 1862 par Pierre Raine, maçon à Barzan (déjà sollicité en 1858 pour l'agrandissement de l'église), montre une maison en alignement sur la voie, double en profondeur, avec des dépendances sur la gauche, empiétant sur la rue, et d'autres à l'arrière, avec une petite cour, un jardin et un puits.

Le projet d'aménagement présenté par Raine prévoit d'abattre les dépendances qui empiètent sur la rue ainsi que le chai qui sépare la cour du jardin ; la mairie et les archives seront installées au rez-de-chaussée de la maison, à droite en entrant ; le reste de la maison servira de logement pour l'instituteur ; une salle de classe sera construite dans le prolongement gauche de la maison, à la place des dépendances démolies. Approuvés par décret du ministre de l'Intérieur du 15 février 1863, l'acquisition de la maison est conclue le 1er novembre suivant, et les travaux sont réceptionnés par le maire le 5 février 1865. La nouvelle mairie-école fait l'objet de nouveaux travaux dans les années 1880. Des réparations au logement d'instituteur sont réalisés en 1884 sur les plans de l'architecte Eustase Rullier, de Saintes.

Dans les années 1880, la création d'une école publique de filles, rendue obligatoire par la loi de 1882 puis par la laïcisation de l'enseignement public, suscite la polémique à Saint-Seurin-d'Uzet entre partisans de l'Eglise et anticléricaux. Les débats se cristallisent autour de l'école privée de filles, tenue par des religieuses depuis 1873 dans une maison (11 rue du Château) appartenant au baron de Saint-Seurin, avec le soutien financier de la municipalité. En octobre 1885, l'inspecteur primaire vient depuis Saintes installer la nouvelle institutrice publique, Mlle Bonniot, en lieu et place du maire qui s'y refuse. Les brimades se multiplient entre le curé, l'abbé Chaillaud, les enseignants et la municipalité. Il faut attendre 1887 pour que le conseil municipal, majoritairement favorable à l'Eglise, accepte de reconnaître l'école publique de filles (il continuera toutefois à verser une contribution à l'école privée jusqu'en 1889). Le 11 août 1887, Eustase Rullier présente donc un projet d'aménagement d'une salle de classe pour les filles dans la mairie-école. Ces travaux sont menés à partir de l'été 1889 et réceptionnés le 3 mars 1891.

La mairie-école, ancienne maison Baudry, s'avère pourtant rapidement trop petite et vétuste pour recevoir un nombre d'élèves grandissant. Après la loi de juillet 1904 interdisant l'enseignement congréganiste, la fermeture de l'école privée de filles accroît le besoin de bâtiments plus grands et plus adaptés. Le 24 octobre 1904, l'architecte Félicien Balley, de Saintes, présente un projet de construction d'une nouvelle mairie-école, à la place de l'ancienne (il construira aussi, quelques années plus tard, la mairie-école de Chenac). Ce projet, modifié le 29 novembre 1905, comprend une construction ex-nihilo, avec de la pierre de taille de Thenac et, pour la couverture, de l'ardoise en fibro-ciment provenant de l'usine de la Gravelle, à Mortagne, tout récemment ouverte. Les travaux sont adjugés dès le 6 août 1905 à Fernand Cougrand, entrepreneur à Royan. L'opération prend du retard et présente un surcroût en raison des fondations qui doivent être faites en béton armé. En décembre 1906, un accord est signé avec Jean Patrice Petit, horloger à Saint-Fort-sur-Gironde, et représentant de la fabrique d´horloges publiques L. D. Odobey Cadet, de Morez-du-Jura, pour la fourniture et l'installation d'une horloge sur la façade.

La nouvelle mairie-école est finalement réceptionnée le 9 novembre 1907. Au rez-de-chaussée du bâtiment sur rue, la mairie occupe la pièce de gauche et l'école de garçons celle de droite. L'étage est occupé par un logement d'enseignant. Une aile en retour d'équerre à l'arrière du bâtiment principal comprend en alignement une cuisine et une salle à manger, puis la salle de classe des filles. Cette aile est comprise entre, à gauche, la cour de récréation des filles et, à droite, celle des garçons.

En 1930, l'éléctricité est installée dans la mairie-école. En 1933, deux institutrices célibataires succèdent à un couple d'enseignants. Le logement doit alors être scindé en deux. Au début des années 1950, l'école ne compte plus qu'une classe. Une seconde classe est ouverte en 1955. Le bâtiment sert de mairie jusqu'à la fusion des communes de Chenac et de Saint-Seurin-d'Uzet en 1965. Il est désormais utilisé comme mairie annexe et comme logements locatifs.