Dépôt de mendicité, puis petit séminaire, puis école professionnelle de commerce et d'industrie, actuellement lycée Gustave-Eiffel

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1/ Les bâtiments d'origine : le dépôt de mendicité érigé par Louis Combes, 1811

L'actuel lycée Gustave-Eiffel est implanté sur les terrains et dans une partie des locaux de l'ancien dépôt de mendicité érigé sous la conduite de l'architecte du département, Louis Combes (1754-1818). Un décret impérial du 25 avril 1808 entérine en effet la création de cette institution, dont les plans sont achevés en 1811, à l'emplacement de l'ancien hôpital de la contagion, pour héberger les errants et les "filles libertines". Les bâtiments servent en fait d'abord de caserne (1813-1814), puis de dépôt de mendicité pendant deux ans avant d'être affectés au petit séminaire.

2/ Le petit séminaire, 1817-1906

En 1817, les bâtiments du dépôt sont cédés provisoirement au petit séminaire, puis définitivement en 1821 par le Conseil Général à l'Archevêché, à l'exception de deux cours concédées à l'hôpital des aliénés. Jouxtant le dépôt de mendicité à l'est, cet hôpital avait été construit par la municipalité sur l'enclos Arnaud-Guiraud en 1802 pour interner les déments.

Les cours concédées sont alors destinées aux femmes indigentes pour l'une, et aux femmes pensionnaires pour l'autre. Cependant, la cour sous les fenêtres du dortoir, de la chapelle et de la cuisine, contenant par ailleurs l'un des trois puits du petit séminaire, est revendiquée par l'archevêque qui propose de l'acheter aux hospices.

Le 30 juillet 1824, trois actes sont donc signés :

-Conformément aux décisions de 1821, la cession par le Préfet de Gironde à l'archevêque de Bordeaux des terrains, cours, jardins et bâtiments de l'ancien dépôt de mendicité ;

-La cession, par le Préfet aux hospices de la ville de Bordeaux de deux bâtiments et de deux cours, parties de l'ancien dépôt de mendicité, à l'est ;

-la vente, par les hospices à l'archevêque d'un bâtiment et d'une cour pour la somme de 25 000 francs.

En octobre 1828, les Pères Jésuites se retirent et sont remplacés par le personnel du petit séminaire de Bazas. On compte alors 255 élèves.

En 1856, la chapelle est agrandie par Charles Brun, architecte, et Danjou, maître-maçon. On y place en 1857 le tombeau de l'abbé Lacombe, réalisé après sa mort survenue en 1852. La statue de l'abbé est due au sculpteur Coëffard. En 1863-1864, de nouvelles peintures sont réalisées dans la chapelle par Louis Bordieu. En 1878, les classes sont rénovées, notamment cimentées, ainsi que la cour des classes, qui, d'une prairie banale, est aménagée en jardin anglais avec rochers, jets d'eau et statues.

A la fermeture du petit séminaire en 1906, au total, 6895 élèves ont fréquenté l'établissement.

3/ Occupation par l'administration militaire, 1907-1922

Lors du départ des séminaristes, les bâtiments de l'ancien petit séminaire reviennent en pleine propriété au Conseil général de la Gironde qui les vend à la ville de Bordeaux en 1907, celle-ci projetant d'en faire un hospice de vieillards.

En fait, une convention entre la ville de Bordeaux et le Département de la Guerre du 08 septembre 1910 entérine l'installation d'un régiment d'artillerie dans les locaux. La même année, la bibliothèque du petit séminaire est transférée à l'université et l'orgue de la chapelle au lycée de Bordeaux (cours préparatoires aux écoles polytechnique, St-Cyr et Navale). En 1911, sur un terrain à l'ouest des cours, autrefois dédié au jardin potager, sont édifiées des écuries et un manège.

4/ L'école professionnelle de commerce et d'industrie, 1921-1940

La Ville de Bordeaux demande la restitution des bâtiments à l'Autorité militaire dès 1921 afin d'y installer une école professionnelle. La caserne est évacuée en 1922 mais elle sert de refuge pour des familles peu fortunées.

Pendant ce temps, les plans de rénovation et d'agrandissement (datent de 1923 à 1931) sont confiés à l'architecte en chef de la ville Jacques D'Welles, qui fait édifier les nouveaux ateliers de mécanique, de forge, serrurerie et chaudronnerie à l'ouest, à l'emplacement des anciennes écuries et du manège.

L'école pratique de commerce et d'industrie, fondée en1909 et jusque-là installée rue David Johnston à Bordeaux est transférée dans les locaux rénovés et une première rentrée a lieu le 1er octobre 1932.

5/ Occupation pendant la guerre, 1940-1945

Les locaux situés autours de la Cour d'Honneur deviennent le siège du Quartier Général de la Transport-Kommandantur pour toute la région de l'ouest et du sud-ouest. Le Lieutenant Tarif réalise alors une action de résistance héroïque en diffusant aux alliés les références des trains allemands. Il est arrêté le 22 mars 1944 et meurt en déportation. Sa mémoire est commémorée chaque année par l'établissement, les anciens combattants et les descendants de sa famille. Une plaque célèbre sa mémoire en salle H023.

6/ Le collège technique de garçons

Après la guerre, l'établissement prend le nom de "Collège technique de garçons".

En 1956, un avant-projet de transformations et d'extension est élaboré par l'architecte en chef de la ville de Bordeaux à l'appui de demandes du directeur insistant sur la saturation et la pénurie de locaux depuis plusieurs années. Dans son rapport explicatif, l'architecte propose l'agrandissement du collège du côté de la rue Ferbos, par empiètement sur les terrains libérés par le Laboratoire municipal et les Compagnons charpentiers et tailleurs de pierre : "Profitant de cette heureuse circonstance, il est prévu de faire table rase des bâtiments devant être libérés [...] sans oublier l'ancienne Chapelle, bâtiment inadapté aux besoins, aussi disgracieux qu'encombrant par sa forme en rotonde tiercée, fortement en saillie sur la cour dite des mûriers qu'il découpe en multiples alvéoles obscures et humides."

Cet avant-projet semble sans suite dans un premier temps, excepté une extension vers le sud des ateliers de mécanique grâce à un bâtiment à un étage, sous sheds, visiblement en construction sur une photo aérienne de 1956.

En 1958, la municipalité confie finalement ce vaste projet d'extension à un trio d'architectes bordelais : Ernest Couchot, Paul Lefebvre et J.-R. Moulinet. Ce dernier décède en novembre 1960 et donc, seuls les deux premiers interviennent.

Ils sont chargés d'agrandir le collège conformément aux grandes lignes déjà tracées par l'architecte en chef. En parallèle, il est probable que le collège soit érigé en lycée conformément à la loi qui prévoit la transformation de tous les collèges techniques en lycées techniques en 1959.

Ainsi, dans leurs plans de 1959, ils prévoient de détruire la chapelle tout en gardant sa façade sur la cour d'honneur, de démolir l'ensemble des bâtiments en bordure de la rue Ferbos et quelques baraquements venus s'ajouter au fil des années à l'intérieur des cours, notamment celui servant de réfectoire dans la cour d'honneur.

Puis, ils conçoivent les bâtiments suivants :

-un immeuble à trois niveaux, adossé à l’École de Santé Navale comprenant des garages, un gymnase et une cantine

-un bâtiment d'externat, également à trois niveaux, pour les cours professionnels intercommunaux, en bordure de la rue Ferbos, prolongé par deux blocs : l'un dédié aux logements du concierge et de l'intendant et l'autre, comme une extension de l'atelier existant

-les surhaussements d'un étage de bâtiments existants en rez-de-chaussée.

Les travaux, commencés en juillet 1960, sont achevés à l'automne 1962.

7/ Le lycée Gustave-Eiffel de 1969 à nos jours

Le "Lycée Technique de Garçons de la Marne" reçoit la dénomination de lycée Gustave-Eiffel en 1969.

-Création de l'annexe au n°25 de la rue Ferbos en 1988

L'architecte Jean-Marie Olivès conçoit un nouveau bâtiment pédagogique de l'autre côté de la rue Ferbos.

-Création de l'internat, 1988-1991

Plus au sud sur le cours de la Marne et à l'intersection avec la rue Malbec, est créé le nouvel internat du lycée par l'architecte Jacques Hondelatte. Composé de glissières d'autoroute, le bâtiment a suscité une polémique dans la communauté des architectes.

-Reconstruction des ateliers dans les années 1990

-Restructuration et extension, 2005-2007

Les architectes Alain Triaud et Luc Arsène-Henry restructurent totalement le lycée sur l'emprise de l'ancien collège technique. Ainsi, tous les bâtiments en façade de la rue Ferbos sont démolis et reconstruits, ainsi que les bâtiments de Louis Combes dont ceux surhaussés dans les deux cours à l'ouest et au sud de la cour d'honneur. Enfin, un bâtiment, le K, est ajouté au centre d'une des cours. Il ne subsiste de l’œuvre de Couchot, Lefebvre et Moulinet que le bâtiment G abritant le gymnase.

Périodes

Principale : 1er quart 19e siècle

Principale : 3e quart 19e siècle

Principale : 4e quart 19e siècle

Secondaire : 1er quart 20e siècle

Secondaire : 2e quart 20e siècle

Principale : 3e quart 20e siècle

Principale : 4e quart 20e siècle

Principale : 1er quart 21e siècle

Dates

1811, daté par source

1856, daté par source

1878, daté par source

1911, daté par source

1931, daté par source

1988, daté par source

2005, daté par source

Auteurs Auteur : Combes Louis, architecte (attribution par source)
Auteur : Brun Pierre Charles

Voir notice de la base AGORHA : https://agorha.inha.fr/inhaprod/ark:/54721/00281127

, architecte (attribution par source)
Auteur : Danjou, maître maçon (attribution par source)
Auteur : Coëffard de Mazerolles André-Louis, sculpteur (attribution par source)
Auteur : Bordieu Louis, peintre (attribution par source)
Auteur : Boistel d'Welles Jacques, architecte communal (attribution par source)
Auteur : Hondelatte Jacques, architecte (attribution par source)
Auteur : Triaud Alain, architecte (attribution par source)
Auteur : Arsène-Henry Luc, architecte (attribution par source)
Auteur : Couchot Ernest, architecte (attribution par source)
Auteur : Lefebvre Paul, architecte (attribution par source)
Auteur : Moulinet J. R.

Architecte à Bordeaux au 2, place des Quinconces dans les années 1950.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Olivès Jean-Marie, architecte (attribution par source)

Le lycée Gustave-Eiffel actuel comprend des bâtiments de quatre périodes différentes que nous décrivons ci-dessous successivement.

1/ Les bâtiments hérités de Louis Combes, remaniés par Jacques D'Welles :

Il s'agit du bâtiment H sur le plan actuel. Ce bâtiment forme la cour d'honneur, seule cour restante du plan "en grille" de Combes qui comprenait six cours : la cour d'honneur, une autre cour à l'ouest et quatre cours au sud. Si cette cour d'honneur est doté de bâtiments à un étage, les autres bâtiments attenants, étaient tous en rez-de-chaussée, exceptés ceux jouxtant l'hôpital d'aliénés. Il est érigé en pierres de taille et doté d'un toit à longs pans en tuiles.

Ce bâtiment se situe en bordure du cours Saint-Jean, le long duquel il dresse sa façade principale d'un étage carré et de vingt-et-une travées. Chaque travée extrême forme un pavillon en avant-corps. Par rapport au plan masse de 1907, on constate que D'Welles a percé la façade de ces pavillons par deux fenêtres, ménageant entre elles une niche.

Les trois travées centrales, également en avant-corps, servent de corps de passage, couvert d'un dôme, composé d'une large et haute entrée, initialement surmontée d'une baie en plein-cintre aujourd'hui comblée par des pierres sur lesquelles sont gravées "LYCEE TECHNIQUE DE GARCONS" (D'Welles y avait fait graver auparavant "ECOLE PRATIQUE DE COMMERCE ET D'INDUSTRIE"). L'entrée est fermée par une grille à deux battants dont l'imposte en fer forgé arbore le chiffre de Bordeaux de chaque côté de la phrase suivante : " CET ETABLISSEMENT D ENSEIGNEMENT TECHNIQUE MIS EN CONSTRUCTION EN 1930 ADRIEN MARQUET ANCIEN MINISTRE DEPUTE DE LA GIRONDE ETANT MAIRE DE BORDEAUX A ETE OUVERT LE 1ER OCTOBRE 1932 J D WELLES ARCHITE DE LA VILLE". Un fronton triangulaire couronne cette entrée monumentale qui donne accès à une cour carrée.

Des corps de bâtiments à un étage bordent cette cour ; ils sont dotés côté cour au rez-de-chaussée et au premier étage d'une galerie. Cette dernière, au rez-de-chaussée, est d'origine. Dessinée par Combes, elle est constituée d'arcades au cintre surbaissé, à impostes et clés saillantes. Initialement couverte en appentis, D'Welles la surmonte d'une nouvelle galerie pour le premier étage dont les piliers, en continuité avec ceux du bas, portent l'appentis conçu dans la prolongation de la pente du toit. L'architecte réorganise ainsi la distribution du premier étage en permettant une circulation périphérique aux pièces, côté cour, ce qui entraîne également une modification du percement des baies.

Au centre, face à l'entrée, se dressait la chapelle détruite en 1960 mais dont subsiste la façade. Cette dernière consiste en une large baie en plein cintre précédée d'un porche formé d'un entablement et fronton dorique soutenu par quatre colonnes toscanes.

Enfin, les autres façades de ces bâtiments bordant la cour carrée d'honneur, soit donnant sur l'ancienne Ecole de santé navale à l'est, soit sur les autres cours, ont toutes été remaniées par D'Welles qui en a changé le rythme des ouvertures. Il a notamment fait percer des baies plus larges que hautes.

D'Welles aménage des douches dans la cour ouest, au sein de l'actuel bâtiment J et des urinoirs dans l'actuel bâtiment I. Il est probable que le J préexiste aux années 1930. Le J est en pierre, enduit avec un toit en appentis en tuile. Le I est enduit et possède un toit terrasse en ciment.

Enfin, il subsiste également de l'époque de Louis Combes les bâtiments de la fameuse cour rétrocédée en 1821 à l'hôpital des aliénés, sur l'emprise de l'ancienne École de Santé Navale : la moitié du bâtiment en rez-de-chaussée derrière le gymnase ainsi que le porche d'entrée dans cette cour.

2/ Les bâtiments conçus dans les années 1960 sous la direction d'Ernest Couchot :

Il ne subsiste de cette époque que le bâtiment du gymnase (G sur le plan). De plan rectangulaire, il s'élève en béton, il a deux étages carrés et un toit en appentis. Le toit comme les murs sont recouverts d'un bardage métallique.

3/ Les bâtiments édifiés dans les années 1980-90 :

L'annexe F rue Ferbos est un bâtiment en béton à deux étages, à toit terrasse.

Les ateliers A et B ont remplacés ceux construits en 1932 par Jacques D'Welles à l'ouest de l'emprise, en bordure du cimetière israélite. Le A possède un plan rectangulaire ; il s'élève de trois étages carrés et est couvert d'un toit terrasse. Il est en béton et verre. Le B a un plan en L, il est construit en béton et recouvert d'un bardage métallique. Il a un toit terrasse avec de nombreux puits de jour pour les ateliers en rez-de-chaussée. Il a deux étages.

4/ Les bâtiments conçus par Alain Triaud et Luc Arsène-Henry livrés en 2008 :

Ils ont remplacés les bâtiments des années 1960, notamment sur la rue Ferbos. L'ambition des architectes était de recréer des cours et des circulations continues. Ils ont notamment décidé de "caler" l'ensemble des bâtiments sur le niveau R+1 du bâtiment H.

Il s'agit de bâtiments au plan rectangulaire, à ossature poteaux-poutres en béton, enduit en béton poli en blanc ou en couleur, à toit terrasse, de un à trois étages. Certaines façades sont revêtues d'un voile métallique. Certains bâtiments reposent sur des piliers de façon à faciliter les circulations. Les ouvertures sont organisées en bandes, comme des lignes noires à la surface des façades blanches. Il faut noter le déplacement de la cantine au rez-de-chaussée de l'ancienne cour de la chapelle dont le sol, pour l'occasion, a été surélevé.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : pierre

    Mise en oeuvre : pierre de taille

    Revêtement : enduit partiel

  2. Matériau du gros oeuvre : béton

    Revêtement : enduit

Toits
  1. tuile creuse, béton en couverture, bitume
Plans

plan rectangulaire régulier, plan régulier en L

Étages

3 étages carrés

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Forme de la couverture : appentis

  3. Type de couverture : terrasse

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Bordeaux , 143 cours de la Marne

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 2017 DE 96 (Emprise principale du lycée.), 2017 DE 89 (Bande au sud, le long de la rue Ferbos.), 2017 DA 169 (Annexe rue Ferbos.)

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