Phare de Terre-Nègre

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Saint-Palais-sur-Mer

Jugée très dangereuse par les navigateurs, la traversée de l'embouchure de la Gironde est, jusqu'au 18e siècle et au début du 19e, seulement aidée par des repères visuels pris parmi les éléments du paysage côtier : à Saint-Palais-sur-Mer, le clocher de l'ancienne église, les arbres du Bois du Roi ou encore le Logis de Saint-Palais font partie de ces éléments qui, pris en alignement, permettent de situer les bancs de sable qui entravent la navigation au large de la côte. Aucun repère lumineux n'apparaît encore sur les cartes, hormis celui du phare de Cordouan.

A la demande des navigateurs et des pilotes de la Gironde, le pouvoir royal entreprend à la fin des années 1760 d'améliorer la situation. En 1768, divers rapports préconisent, entre autres, d'établir des balises flottantes et des tours, ainsi que de surélever les clochers de Royan et de Saint-Palais. Une taxe sur les navires est décidée pour financer le projet. Une des nouvelles tours dont la construction est décidée doit se trouver près du village de Saint-Palais, l'autre au Chay, à Royan. Le 14 mai 1770, les travaux sont adjugés pour 6000 livres à Claude Tardy, maître architecte à Bordeaux, déjà engagé pour des travaux sur le phare de Cordouan. Chacune des deux tours, composée d'une simple fut cylindrique, avec un escalier en vis à l'intérieur et une terrasse au sommet, aura une hauteur de 80 pieds (environ 25 mètres). Elle sera construite en pierre de taille extraite dans une carrière près du port de Saint-Palais (actuel parking du Rat). Un petit logement de gardien sera accolé en appentis à ses pieds. En juillet 1771, un rapport de M. de La Porte, commissaire général, indique que les fondations de la nouvelle tour sont réalisées, tandis que la tour du Chay est presque terminée. Achevée peu après, la nouvelle tour "de Terre Nègre", simple repère visuel sans point lumineux, apparaît sur une carte de l'estuaire de la Gironde dès 1772, puis sur une carte de "l'entrée de la rivière de Bordeaux", relevée en 1776 et vérifiée en 1798 par l'ingénieur Teulère. Equipée d'un sémaphore, elle figure ensuite sur une autre carte de l'estuaire de la Gironde, dressée en 1812.

Cette tour s'avère pourtant rapidement insuffisante. Dès les années 1780, un projet repris en 1823 mais jamais réalisé, prévoit de l'agrandir en enveloppant son fût d'une autre tourelle capable de supporter une lanterne. Il s'agit en effet de palier l'insuffisance des signaux lumineux établis l'un au port de Royan, l'autre à la pointe de la Coubre, trop faibles et trop éloignés. En 1838, une lanterne provisoire est installée au sommet de la tour de Terre-Nègre, dans un abri en bois. Plusieurs essais de différentes techniques sont opérés durant l'été, afin d'obtenir une lumière la plus intense et la plus visible possible, le tout sous le contrôle des pilotes de Royan et de Saint-Georges-de-Didonne. Ce premier fanal est remplacé par un feu définitif en 1842, établi dans une nouvelle cabine octogonale qui existe encore de nos jours, entourée d'une rambarde. L'ensemble du projet est conduit par l'ingénieur des Ponts et chaussées Lessore. En 1839, le petit magasin en appentis placé au pied du phare pour servir de magasin à matériel et de logement au gardien, est agrandi vers le sud, enveloppant le pied du phare (il sera encore agrandi vers le nord, prenant sa physionomie actuelle).

Dès 1847, il est encore question d'améliorations, l'appareil d'éclairage étant imprécis et d'une lueur trop faible. En 1852, le dispositif de signalement des bancs de sable, notamment de la Barre à l'Anglais, est amélioré par la création d'un nouveau point lumineux placé dans l'alignement ouest du phare de Terre-Nègre. Une tout en charpente remplacée en 1865 par une tour en maçonnerie, de section carrée et à lanterne fixe, est ainsi dressée à 550 mètres à l'ouest, de l'autre côté de la conche du Concié. Ce petit phare de la Falaise est supprimé en 1897, la construction du phare de Vallières, à Saint-Georges-de-Didonne, rendant inutile l'alignement de Terre-Nègre. Le petit phare restera tout de même en place jusqu'en 1950.

Quant au phare de Terre-Nègre, il est équipé le 12 septembre 1899 d'un feu clignotant à secteurs colorés blanc, rouge et vert, en remplacement de son feu fixe. L'appareil est fourni par la Société parisienne Henry-Lepeaute. Le phare est entièrement électrifié peu avant 1939. Parmi les dépendances qui encadraient la cour à l'avant du phare, vers le sud-ouest, la dernière encore en place a été démolie en 2013.

Périodes

Principale : 3e quart 18e siècle, 2e quart 19e siècle, 3e quart 19e siècle

Dates

1772, daté par source

1842, daté par source

Le phare de Terre-Nègre est situé sur une hauteur en arrière de la corniche qui relie la conche du Platin et celle du Concié. Haut de 26 mètres, il comprend un fût cylindrique surmonté d'une lanterne octogonale qu'entoure une coursive. La lanterne et la moitié supérieure du fût sont peintes en rouge côté ouest et sud, le reste en blanc. Le pied du phare est enserré dans un ancien logement de gardien constitué d'un simple rez-de-chaussée avec un comble, avec façade sur le mur pignon sud. A l'intérieur, un étroit escalier en vis de 143 marches s'enroule autour d'un noyau plein.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

    Revêtement : enduit

Toits

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Saint-Palais-sur-Mer , rue du Brick

Milieu d'implantation: en ville

Lieu-dit/quartier: le Platin

Cadastre: 2009 AV 207

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