0 avis
Historique
1- Un peuplement ancien
La commune de Gouex se situe dans une zone de peuplement ancien comme l'attestent les fouilles de diverses grottes et abris situés autour de Lussac-les-Châteaux. Découverte en mai 1968, la grotte du Bois Ragot, située au nord du village des Bordes, à la limite de la commune de Gouex avec celle de Mazerolles, a révélé une présence remontant au Magdalénien final et Azilien ancien et récent (environ 12000-9000 avant notre ère). A cette époque, le climat d'abord froid et sec, caractérisé par la présence d'une faune arctique, évolue vers un réchauffement, marqué par une modification de la faune et des pratiques de chasse, donc de l'outillage des populations de chasseurs-cueilleurs. Des hameaux comme celui de Pierre Taillée témoignent également d'un peuplement préhistorique.
Les origines du bourg sont médiévales. La plus ancienne mention écrite remonte à 1096, Gouex apparaît sous le nom de Goia. L'orthographe de la commune semble se fixer tardivement, vers la fin du 19e siècle. On la trouve en effet orthographiée Goy, Goiz, Goues, Gouhé, Goëx. Le père Lavault, curé de la paroisse, signale d'ailleurs en 1872 que la mairie dispose de 2 cachets différents, l'un orthographié Goëx, l'autre Gouex. Avant la Révolution, le territoire de la commune est morcelé entre diverses seigneuries, laïques et ecclésiastiques : abbaye de Nouaillé, abbaye de Charroux, dont dépend la cure, seigneurie de Lussac, ou encore maison-Dieu de Montmorillon. Jusqu'à la Révolution, le plus grand fief est celui des Escorcières, relevant du prieuré de Grand-Chaume (commune de Queaux), et dont les seigneurs à partir du 16e siècle sont issus de la famille Frottier, également seigneurs du Bagneux sur la commune de Persac.
Une activité industrielle apparaît dès le 17e siècle, au creux de la vallée du ruisseau de Goberté. L'usine de métaux est créée vers 1655, puis unie à celle de Lhommaizé en 1787. Peu après, elle cesse son activité, en raison de l'insuffisance du cours d'eau.
2- Gouex au 19e siècle
Vers 1820, l'occupation du sol de la commune montre la présence encore importante de brandes et bruyères, étangs et friches (102 hectares) ainsi que de la vigne (83,5 hectares). Un siècle plus tard, en 1913, plus de la moitié de ces terres de brandes et de friches ont disparu, mises en culture notamment grâce à l'amélioration de l'outillage. La vigne a également considérablement diminué, n'occupant plus que 16 hectares, sans doute en raison de la crise du phylloxéra qui sévit dans la région à partir des années 1865. Les bois, taillis, futaies et vergers sont restés très présents et ont même vu leur surface augmenter, passant de 195 hectares en 1820 à 261 en 1913 et marquant ainsi la physionomie de la commune.
Malgré la disparition définitive de la forge de Goberté en 1835, l'activité industrielle se poursuit, comme en atteste la présence de plusieurs fours à chaux, repérés le long du coteau, entre la Rallerie et le bourg d'une part et entre le bourg et les Bordes d'autre part, parfois associés à une activité de maçonnerie. Le cadastre en signale un seul en haut du coteau du Goberté, près de la ferme de la Bussière, au-dessus de grottes. Une huilerie dans le bourg est mentionnée à la fin du 19e siècle et une tuilerie est indiquée aux Hybaudières jusqu'en 1880.
Trois moulins sont attestés au 19e siècle : sur la Vienne, le moulin dit Tranquille, à La Rallerie, le moulin Imbault, au nord du bourg, qui semble avoir disparu au tout début du 19e siècle ; et le moulin de Bouzante ou Bouzantre, sur le ruisseau du Goberté. Le statut des terrains constituant la rive n'est pas toujours très clair et le positionnement de certains barrages en amont des moulins en activité génère des modifications de berges ou une érosion mal perçue par les propriétaires voisins. Deux affaires sont documentées dans les archives à la fin du 19e siècle. L'une concerne des terrains nouvellement apparus sur la rive à la faveur de dépôts de limons, et utilisés par les habitants comme communaux pour y faire paître les oies, y rouir le chanvre et laver le linge. Ces terrains, non cadastrés car apparus après l'établissement du plan, ce qui est réalisé très tôt à Gouex (dès 1811), sont revendiqués en 1891 par les propriétaires des terrains riverains qui entreprennent de les clore au détriment des usages traditionnels. Bien que défendu par la mairie, le droit d'usage semble s'éteindre petit à petit au cours du 20e siècle, avec la disparition de ces petits élevages de subsistance et l'arrivée de l'eau courante dans la commune.
En dépit de ces activités, la commune de Gouex est longtemps perçue par ses édiles et par l'administration départementale comme une commune pauvre, peinant à faire face à toutes les dépenses obligatoires qui lui incombent. En témoignent de nombreux appels à l'imposition extraordinaire des plus riches de la commune lorsqu'il faut soutenir les projets d'achat d'un presbytère ou d'installation de l'école primaire. Plusieurs délibérations du conseil municipal illustrent ces préoccupations : celle du 8 juillet 1822 qui indique "[...] que depuis huit mois la commune étoit privée d'un desservant de sa succursale, que celui qui la desservoit depuis plus de quinze ans en avoit été retiré parce qu'elle ne possédoit pas de logement convenable pour lui [...]" ; ou bien encore cette note de 1849, glissée dans le dossier de l'école primaire, où le maire écrit au préfet qu'il n'a pu obtenir "[...] du conseil municipal et des plus imposés (fatigués d'avoir déjà voté des sommes pour le presbytère et le nouveau cimetière) une somme plus forte que les 1200 francs votés [...]". L'établissement de l'école communale ne se fait qu'à partir de 1851, lorsque la commune acquiert une petite maison donnant sur la place de l'église.
La famille Pierrugues, demeurant au château des Escorcières à partir de 1845 s'investit dans la vie publique locale et vient en aide à la commune à plusieurs reprises. Même après le décès du maire Jean-François Pierrugues en 1860, sa veuve entreprend en 1866-1867 la construction d'un nouveau presbytère et d'une école destinée à l'éducation des filles pauvres de la commune. Elle en confie la direction aux sœurs de la Charité du Sacré Cœur de Jésus, originaires de la Salle-de-Vihiers en Maine-et-Loire.
3- Le 20e siècle
Le 20e siècle est marqué par l'installation d'équipements publics et la réalisation d'achats et de travaux d'importance pour l'installation des services communaux et des principaux services publics de la commune. Le groupe scolaire est mis en service en 1901, un premier bureau de poste est installé en 1923. Les premiers travaux d'adduction d'eau sont réalisés par un syndicat privé, constitué par les habitants des Bordes, dont le château d'eau entre en service en 1932. Le hameau de la Grange, au nord du bourg, suit avec l'installation d'une pompe publique en 1936. En 1949, l'eau potable arrive sur l'ensemble de la commune, englobant ces 1ers réseaux issus de l'initiative privée. Par l'acquisition de la Villa des Roseaux en 1957, la commune se dote d'un ensemble apte à accueillir tous les services de la commune, y compris les bains-douches ! Avec la villa, l'achat du parc qui s'étend à l'arrière jusqu'aux rives de la Vienne, est l'occasion pour Ferdinand Maillocheau, député-maire communiste, d'ouvrir un espace de promenade et de loisirs aux habitants de la commune et des environs. La création en 1959, dans le parc, de la première piscine municipale de plein air du département s'inscrit dans cet état d'esprit. La fin des années 50 et le début des années 60 est marqué par une densification et une expansion du bourg vers le nord, par la création de deux lotissements et l'intégration définitive du hameau de la Groge dans le périmètre du bourg.
Les guerres mondiales ont marqué le paysage communal de leurs monuments commémoratifs : le monument aux morts situé au sud de l'église, une croix monumentale dans le cimetière et un monument commémorant l'emplacement de la fusillade qui faucha deux résistants.
La fin des années 60 est plutôt marquée par un recul de l'activité économique industrielle et la concentration des exploitations agricoles. La population passe d'un peu moins de 600 à 491 habitants (d'après le recensement de 2017). De nos jours, l'activité industrielle se poursuit sur la commune par l'exploitation de carrières de sable situées tout au nord de la commune, débordant sur la commune de Mazerolles.
Description
D'une superficie de 1800 hectares, la commune de Gouex est établie sur la rive gauche de la Vienne. Elle est limitrophe de Mazerolles au nord, Bouresse à l'ouest, Queaux au sud et Persac à l'est, sur l'autre rive. Elle compte 491 habitants (population de 2017 selon l'INSEE) groupés en 3 zones dans la vallée et répartis de manière plus disséminée sur le plateau.
Le paysage de la commune
La rive gauche de la vallée de la Vienne, sur les 4 km que la rivière parcourt sur le territoire de Gouex, présente une vallée assez large située à 77 m d'altitude et un vaste plateau culminant à 125 m. La commune de Gouex se caractérise par la présence d'importants espaces boisés (20% de la superficie communale), dont une partie d'un seul tenant à l'ouest de la commune, appelée Forêt de Gouex et bois des Ports sur quelques 190 hectares. De nombreux cours d'eau et sources, irriguent tout le territoire communal. Le Mortaigues, qui prend sa source à Queaux, vient se jeter dans le Goberté (ou Gauberté) au sud de la ferme du Ponteil. Ce dernier se poursuit sur la commune de Mazerolles en alimentant de nombreux étangs, où il rejoint la Vienne, au nord de Loubressac (commune de Lussac-les-Châteaux). Pas moins de 7 sources sont repérables le long des rives de la Vienne, plus 5 autres sur le plateau, alimentant les ruisseaux. Le sol calcaire recèle un réseau de grottes et cavités naturelles parfois accessibles par des bouches se situant le long des coteaux pentus comme ceux du Goberté.
Deux axes routiers relient la commune aux villages alentours : la départementale 727, qui va de Mazerolles à Bouresse, traverse le plateau du nord-est au sud-ouest ; la départementale 25 longe la vallée de la Vienne reliant la commune à Lussac au nord, par Le Pont (commune de Mazerolles) et à Queaux au sud.
Profitant de la largeur de la vallée sur cette rive gauche, des hameaux d'importance diverse se sont développés : la Groge, aujourd'hui confondu avec le bourg, La Rallerie à l'extrémité sud à la frontière avec Queaux et, au nord, le village des Bordes, lui-même divisé en "Bordes du haut" et "bas village" séparés par la départementale 25. Avec une population très légèrement inférieure à celle du bourg (seulement 25 à 50 habitants de moins entre 1856 et 1946), ce dernier hameau constitue un pôle de peuplement qui a pu concurrencer le bourg. Sur le plateau, les hameaux les plus importants se situaient surtout au sud est de la commune, près de Bouresse. L'évolution des structures agricoles, puis le remembrement a conduit à l'abandon progressif de plusieurs fermes.
Quelques éléments remarquables du patrimoine
Bien que la commune ne compte pas de monuments protégés au titre des Monuments Historiques, elle n'en recèle pas moins quelques éléments d'architecture intéressants : le château des Escorcières, construit au début du 19e siècle, la villa des Roseaux, édifiée à l'emplacement d'une importante ferme, l'ancienne école de filles dite "Le Couvent" et quelques fermes d'importance (voir la synthèse des maisons et fermes à Gouex IA86012611).