Château de La Fleunie

France > Nouvelle-Aquitaine > Dordogne > Condat-sur-Vézère

Cet ancien repaire noble était situé à la limite juridictionnelle méridionale de la paroisse de Condat avec celle de Coly et du bois du même nom (aussi appelé "Bois Labat"), la limite septentrionale étant marquée par le "Fons del Cayre" mentionné en 1451 - et encore en 1692. En outre, l'extrait de la carte de la Vézère par l'ingénieur du roi François Ferry levée en 1696 montre tout l'intérêt stratégique du site, véritable verrou sur la Vézère avec les châteaux de La Filolie à Condat (rive droite) et de Sauvebœuf à Aubas (rive gauche). Cette implantation plaide en faveur d'une création précoce du domaine noble sur le site. En effet, le mouvement de chasement de vassaux, par lequel les seigneurs-châtelains de Montignac (dont dépendait Condat) concédaient des territoires à leurs chevaliers ou écuyers pour les récompenser, est attesté par des textes, en 1257 pour la paroisse du Cern, en 1280 pour celle de Sergeac, et par des vestiges du début du XIIIe siècle à Saint-Léon-sur-Vézère (La Salle et Clérans).

La plus ancienne mention de La Fleunie remonte toutefois seulement au début du XVe siècle : la "mansus de la Frunya" est citée en 1406. On ignore qui en est alors le propriétaire, mais il s'agit peut-être déjà de la famille de Vins, famille de notables de Montignac dont les armes figuraient sculptées sur une clef de voûte de l'église Sainte-Marie dite du Plô (Fournioux 2002, p. 20).

Quoi qu'il en soit, il paraît assuré qu'une importante campagne de travaux eut lieu à la toute fin du XVe siècle ou au début du suivant : le bâtiment principal, aile nord-ouest du château actuel, avec ses deux tours d'angle nord et ouest, qui se distingue surtout par sa porte d'entrée à moulures à listel se croisant aux angles supérieurs et à accolades, les fenêtres à chanfrein concave ou les lucarnes à chanfrein droit et à fronton triangulaire à mouchettes datent de ce moment - certaines de ces caractéristiques se voient aux châteaux de La Salle et de Clérans à Saint-Léon ou au repaire noble de Cramirac à Sergeac, tous trois datés par des analyses dendrochronologiques de la période comprise entre 1494 et 1510.

Plus tard dans le XVIe siècle, une nouvelle campagne de travaux, en partie liée aux troubles du temps est menée : celle-ci consiste en l'érection d'une grosse et haute tour de défense à chemin de ronde au sud, soit le côté le plus exposé du site car dominé par un coteau boisé. Il s'agit aussi d'agrandir le château par la construction d'une nouvelle aile sud-ouest, un corps de logis renfermant un escalier rampes sur rampes central. Un corps de galerie en retour d'équerre, au sud-est, fermait sans doute la cour de ce côté, flanquée d'une tour à son extrémité. Ces travaux doivent peut-être être attribués à Théophile de Vins, "escuyer, seigneur de la Flenye", qui rend hommage au roi de Navarre pour sa "maison noble de la Guniebaudie située dans le fort de la ville de Montignac" le 19 mars 1583.

A la fin du XVIIe siècle et au commencement du XVIIIe, c'est encore un membre de cette famille qui en est propriétaire. En 1672-1673, "noble Joseph de Vins, écuyer, seigneur de la Fleunye et autres places, [...] veut justifier que tant lui que ses prédécesseurs ont, de tout temps, joui du droit de péage dans la juridiction de la Fleunye" (Arch. départ. de la Dordogne, B. 1164). En 1675-1677, c'est le même qui remet "au greffe les pièces concernant l'hérédité de ses père et mère" pour justifier de sa noblesse et de sa légitimé (Ibid., B. 1178). En 1686, le lieutenant particulier de la cour du Présidial de Périgueux "défend aux habitants de Condat et de Saint-Lazare et autres, de causer du dommage aux divers domaines de noble Joseph de Vins, écuyer, seigneur de la Fleunie, soit par eux, soit par leurs valets ou leurs bestiaux." (Ibid., B 1209). En 1708, "messire Joseph de Vins" est encore "seigneur de la Fleunye". Il meurt peu après sans descendance mâle directe, laissant sa fille Marie à la tête de tous ses domaines. Celle-ci, mariée à Jean du Cheylard, écuyer, seigneur du Cheylard, meurt elle-aussi peu après. En 1731, « Messire Joseph de La Quérerie du Cheylard, chevalier, seigneur de la Fleunie, accepte l'hérédité de feu dame Marie de Vins, veuve de Jean du Cheylard, écuyer, seigneur du Cheylard, sous bénéfice d'inventaire seulement, sans faire confusion de sa donation contractuelle et de ses autres droits et biens avec ceux de ladite hérédité » (Ibid., B 1718).

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, le château est le centre d'un vaste domaine qui possède droit de haute justice sur deux hameaux de Condat, Maurival et Les Péricoux, et dont les terres sont largement consacrée à la viticulture - comme l'atteste la carte de Belleyme levée en 1768, mais aussi le cadastre ancien de 1825, plus précis, qui indique la présence de grandes parcelles de vigne bordant directement le château à cette date, à l'ouest comme à l'est.

Après la Révolution, le domaine change de mains à de multiples reprises, passant des Bayeron aux Lasescuras de Lépine, puis aux Daubrée et aux familles Delbourg et Faucher. L'aile sud-est, détruite et remplacée par un simple petit bâtiment, est reconstruite après 1825 avec la tour est, qui renferme une chapelle - disposition qui était peut-être celle d'origine. Restauré il y a une trentaine d'années suite à un incendie qui ravagea la façade nord-ouest, le château accueille aujourd'hui un hôtel-restaurant.

Périodes

Principale : 14e siècle (incertitude) (détruit)

Principale : limite 15e siècle 16e siècle

Principale : 2e moitié 16e siècle

Secondaire : 4e quart 19e siècle

Secondaire : 20e siècle

Sur la rive gauche de la Vézère, ce château fait face à celui dit de La Petite Filolie. De plan quadrangulaire autour d'une cour, il comprend trois bâtiments cantonnés de tours aux angles extérieurs, sur les points cardinaux. Construit en moellon de calcaire et en pierre de taille pour les parties vives (cadre des portes et fenêtres, chaînes d'angle et corniches), il comprend au nord-ouest un grand corps de logis rectangulaire dont les tours circulaires possèdent de simples lucarnes percées de petites canonnières pour armes à feu légères dans les toits en poivrière. Le pignon est du logis présente de petites ouvertures laissant apparaître de petites canonnières bouchées, vraisemblablement des remplois. L'aile sud-ouest, en retour d'équerre, est flanquée au sud d'une grosse et haute tour à chemin de ronde (disparu, seules les consoles subsistent) et dotée d'une chambre de tir percée d'une série de petites canonnières à fente de visée verticale. Un escalier rampe sur rampe dans-œuvre dessert cette aile que précède une porte dotée d'un entablement ; un petit vestibule distribue des pièces de chaque côté ; il présente un sol en pisé et une voûte en berceau de belle facture. Enfin, au sud-est, une aile néo-gothique fermant la cour réunit la grosse tour à une tour circulaire de petite taille qui abritait une chapelle.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

  2. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. ardoise
Étages

1 étage carré, étage de comble

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Forme de la couverture : toit conique

  3. Partie de toit : croupe

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Dordogne , Condat-sur-Vézère

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: la Fleunie

Cadastre: 1825 B2 666, 1986 B2 453

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