Ponts des Alouettes

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Marans

Jusqu'à la fin du 18e siècle, l'accès à Marans par le nord est délicat. Il se fait essentiellement par bateau, via la Sèvre Niortaise et la Vendée. Cependant, comme le montre la carte des environs de Marans vers 1703 par Claude Masse, un itinéraire terrestre serpente à travers les marais mouillés à partir de la rive droite du port, entre le Grand Enfreneau et la rivière du Moulin des Marais, et arrive au Contrebot de Vix et au canal de Vix au sud-ouest de la ferme des Grandes Alouettes. Pour rejoindre celle-ci et, au-delà, une chaussée qui traverse les marais desséchés en direction de Chaillé-les-Marais, deux ponts franchissent déjà les deux canaux.

Dès 1768, les Ponts et chaussées entreprennent de construire une nouvelle voie à travers les marais pour désenclaver Marans et mieux relier le Poitou. Cette chaussée apparaît sur la carte du bassin de la Sèvre Niortaise par Jacques Parent, établie dès 1767, puis sur la carte du même territoire par Mesnager en 1818 (date à laquelle elle est abandonnée depuis longtemps ; le plan cadastral de 1820 n'en fait même pas état). Cette voie prend naissance au Contrebot de Vix, au sud-ouest des Grandes Alouettes, là où partait l'ancien itinéraire, et file en ligne droite en direction de Marans via la rue de la Maréchaussée. Cette nouvelle chaussée est dénoncée dès le mois de décembre 1768 par tous les riverains car elle forme comme une digue empêchant les eaux d'amont de s'évacuer et augmentant l'effet des inondations en amont. Les grandes inondations de 1770 leur donnent dramatiquement raison.

Cette chaussée s'avérant donc inopérante, voire contre-productive, une nouvelle grande route royale de Nantes à La Rochelle (actuelle D137) est construite à partir de 1782. Passant désormais au sud-est des Grandes Alouettes, elle nécessite l'édification, en 1783-1784, de quatre ponts en bois par-dessus les canaux et cours d'eau franchis, notamment le canal de Vix et le Contrebot de Vix. Le chantier est adjugé le 25 novembre 1783 à François Ravet, conducteur principal de travaux. Ainsi sont construits les premiers ponts des Alouettes, pour l'instant au nombre de deux. Chacun comprend un tablier en bois soutenu par trois poteaux. La hauteur de leur tablier a été calculée selon le niveau des grandes eaux de 1770.

Pourtant, durant l'hiver 1808, une forte inondation engloutit une partie de la nouvelle route. Sa surélévation, nécessaire, est alors proposée, avec par conséquent la reconstruction des ponts, toujours en bois, et désormais accessibles par des rampes. L'ingénieur des Ponts et chaussées Alexandre Potel en présente les plans le 16 avril 1811. Il propose un pont et à deux travées de 5 mètres d'ouverture chacune pour le pont sur le canal de Vix, de 6 mètres pour celui sur le Contrebot. Potel établit le devis des travaux le 18 mai 1812, une partie des matériaux est acheminée, mais le chantier est suspendu en raison des événements de la fin de l'Empire et des besoins en matériaux pour assurer la défense de La Rochelle face à une hypothétique attaque ennemie. Une partie des bois apportés pour la reconstruction des ponts est emportée, le reste demeure sur place, à tous les vents, et se détériore. Ces matériaux sont pourtant utilisés lorsque, enfin, le chantier est adjugé le 29 avril 1816. Les travaux, qui incluent la reconstruction du pont de la rivière du Moulin des Marais, sont achevés en 1818. Les nouveaux ponts, dont ceux permettant de traverser le canal de Vix et le Contrebot, figurent sur le plan cadastral de 1820.

L'état des nouveaux ouvrage se dégrade pourtant rapidement. Dans un rapport du 30 janvier 1839, l'ingénieur des Ponts et chaussées Marchegay dénonce l'utilisation, en 1816-1818, des bois que l'on avait laissés sur place, à tous les vents. Il propose dès lors la reconstruction des deux ponts, en pierre cette fois, avec une seule arche pour chacun, en anse de panier. Le pont sur le Contrebot aura une ouverture de 8,40 mètres et une hauteur sous clé de voûte de 4 mètres (soit 60 centimètres au-dessus du niveau des crues de 1770) ; le pont sur le canal de Vix aura une ouverture de 6 mètres et une hauteur de 5. La pierre de taille proviendra des carrières de Saint-Savinien pour les parapets, notamment, de Saint-Vaise pour les voussoirs de la voûte, et de Crazanne pour les angles des pieds droits. Les pieux des fondations seront en pins provenant des Landes (où la forêt a été récemment plantée). Les travaux sont adjugés le 13 mars 1839 à M. Vignault-Luzet, de Marans, et réceptionnés le 2 décembre 1841. La date 1840 est inscrite sur la clé de voûte du pont sur le canal de Vix, côté amont (à l'est).

Quatre vingts ans plus tard, le creusement du canal évacuateur ou canal des Boches entraîne la construction d'un troisième pont des Alouettes. Le chantier se déroule durant l'été 1922. Le pont, de type Hennebique, et à tablier métallique, comprend une seule travée de 20 mètres d'ouverture, entre deux culées en maçonnerie. Ce pont est détruit par les troupes allemandes, se repliant vers La Rochelle, dans la nuit du 10 au 11 septembre 1944. Remplacé par un pont provisoire, il est reconstruit en 1953 par l'entreprise Lavaud et Foliard.

Périodes

Principale : 2e quart 19e siècle, milieu 20e siècle

Dates

1840, porte la date

1953, daté par travaux historiques

Les ponts des Alouettes sont au nombre de trois. Ils franchissent, du nord au sud, le canal de Vix, le Contrebot de Vix et le canal évacuateur ou canal des Boches. Les deux premiers, en pierre de taille, sont à une seule arche en plein cintre, sous un bandeau. L'ouverture de l'arche est plus grande pour le pont du Contrebot. Le pont sur le canal évacuateur est d'une seule travée, avec un tablier droit en béton armé de 25 mètres de portée, reposant sur deux culées en pierre fondées sur 78 pieux en béton armé.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Marans , route D137

Milieu d'implantation: isolé

Cadastre: 1820 A, B, F, 2016 AR, OA, OF, ZE

Localiser ce document

Chargement des enrichissements...