Forge de Pontrouchaud. Extrait de : QUENOT, J.-P. Statistique du département de la Charente. Paris, 1818, p. 454-455.
Cette forge est située sur la Tardouëre, dans la commune de Roussines, arrondissement de Confolens. Elle est composée de deux hauts fourneaux dans la même masse, et de deux affineries. Les deux fourneaux ont été construits en 1792, par ordre du représentant de la république, pour y établir une fonderie de canons à gros calibre ; mais ou n'y fit qu'un fondage. La chèreté du bois, l'éloignement des mines, et la difficuté de s'en procurer à cause des mauvais chemins, n'auraient produit qu'une perte certaine au maître de fonderie ; ce qui lui fit abandonner cette entreprise. Il eût été d'ailleurs impossible de trouver dans le pays assez de bois propre au fondage, quand même la fonderie de Moutizon, qui n'en est qu'à une demi-lieue, aurait cessé de fondre.
Cette forge prend sa fonte à Montizon et à Champlaurier. Elle en consomme le plus ordinairement 600 quintaux métriques en gueuse, qui lui reviennent à 25 francs 50 centimes le quintal, et 850 brasses de bois. Avec ces provisions, elle fait au moins 470 quintaux de fer d'excellente qualité.
L'affinerie en fer dur emploie 265 quintaux de matière en fer clair, vieux pots, ferraille et limaille. Elle tire cette dernière des fonderies de Ruelle ; elle achète le fer clair à Champlaurier, et la ferraille et les vieux pots aux marchands de fer d'Angoulême, qui les tirent principalement de Rochefort, la Rochelle, et des îles voisines. Ces matières ne coûtent pas au-delà de 22 francs le quintal, rendues sur les lieux ; n'emploient pas plus de 300 brasses de bois, et font au moins 210 quintaux de fer. Le bois est de vieux châtaignier ou rebut de taillis, et ne coûte que 10 francs la brasse. Le fer provenant de cette affinerie n'est propre qu'à faire des ferrures de charrettes, des barres à labourer, des coins et des masses pour casser les pierres.
Cet établissement est le mieux situé du pays relativement à l'eau, parce qu'à telle hauteur qu'elle soit, dans les crues comme dans les baisses, il travaille toujours.
DÉTAIL DES DÉPENSES ET DES PRODUITS DE LA FORGE DE PONTROUCHAUD.
600 quintaux métriques de fonte, à 25 fr. 5o c. : 15,300 fr.
265 quintaux de matière, à 22 fr. : 5,830
1,150 brasses de bois, à 10 fr. : 11,500
Salaire de cinq forgerons : 1,861
Patente et impositions : 500
Salaire de commis : 300
Entretien, graisse, etc : 250
TOTAL : 35,541 fr.
Le produit présente 630 quintaux de fer, à 62 fr. : 39,370
Bénéfice : 3,829 fr.