Grotte des Eaux-Chaudes

France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Laruns

La grotte des Eaux-Chaudes, curiosité et but de promenade pour les curistes, n'apparaît dans la documentation historique qu'au début du 19e siècle. Elle figure dans la plupart des guides de l'époque qui se plaisent à décrire cette merveille de la nature et conseillent aux curistes de s'y rendre en excursion. Elle fait également l'objet de nombreux dessins sur tous supports (mine de plomb, aquarelle, lithographies) au fil du siècle, en particulier en 1835 dans les Voyages pittoresques et romantiques du baron Taylor - second volume du Languedoc - qui répertorie le patrimoine bâti et naturel de l'Ancien Régime. Elle témoigne plus généralement de l'intérêt porté aux éléments naturels, en particulier aux grottes, comme celles de Bétharram, qui fascinent les esprits romantiques et les savants de la Restauration à la Troisième République. Dans cette optique, Théophile de Bordeu signale dès 1740 la grotte voisine d'Espalungue dont la description laisse percevoir l'émerveillement que suscitait ce type de monument naturel à l'époque : "on [y] aperçoit les ouvrages du monde les plus beaux : ce ne sont que colonnes, sculptures et voûtes superbes ; il n'est point d'ordre d'architecture que la nature n'ait employé [...], tout s'y trouve".

Dès les années 1840, l'exploitation de la grotte est officialisée et conditionnée par l'aménagement d'un sentier et de passerelles - perceptibles dans les cartes postales de la fin du siècle. Les guides conseillent plutôt l'ascension à cheval, ce qui ne tient pas tant au dénivelé qu'au long parcours à flanc de montagne entre les arbres et les rochers pour l'atteindre. En 1844, la grotte et le sentier connaissent d'importants travaux d'aménagement imposant la fermeture temporaire de la cavité, qui toutefois peut être visitée sous la conduite du baigneur dénommé Bertrand.

A partir de 1852, la grotte fait l'objet d'un affermage renouvelé régulièrement à condition de rendre viable le sentier, ce qu'obtient Jean Gaspalou cette année-là. Mais en 1858, la commune signale l'urgence de renouveler le bail en raison de son délabrement intérieur et extérieur. Le parcours est alors jugé "difficile et dangereux". A cette époque, la grotte est occultée par une grande palissade de bois et fermée à clef en dehors des temps de visite. Les tarifs, que le concessionnaire est tenu d'afficher à l'entrée, sont fixés comme suit : 1 franc par personne, 1.25 francs la visite guidée, 1.25 francs par personne pour l'éclairage. Les moins de dix ans et les domestiques bénéficient d'un demi-tarif. Les habitants de Laruns obtiennent la gratuité de l'accès mais doivent s'acquitter des tarifs d'éclairage.

En juillet 1858, Joseph Sanchette fils, marchand à Laruns, est déclaré adjudicataire pour la somme de 700 francs avec Jean Gaspalou pour cautionnaire. Bernard Larrouy, propriétaire d'une pension dans le bourg thermal, assure ensuite l'affermage entre 1878 et 1896 avec des baux de sept et dix ans.

En 1885, avec la fin de ce contrat d'exploitation, le conseil municipal vote des travaux de réparation urgents concernant les passerelles, toutes défectueuses. La commune souligne le fait que la grotte nécessite un entretien rigoureux car elle est soumise au régime forestier. L'entretien constitue donc une condition sine qua non du nouveau bail, pour lequel la commune s'engage à fournir le bois nécessaire aux réparations. L'affermage est ensuite renouvelé de façon plus régulière : il est soumis à adjudication en 1896, obtenue par Jean Balou, mais ce dernier semble n'être resté que brièvement puisque dès 1900, les délibérations indiquent qu'il y a tout intérêt à renvoyer le concessionnaire, qui est alors le fermier Antoine Abbadie (probablement l'un des propriétaires de l'hôtel éponyme).

Le docteur Peytureau obtient ainsi la concession en 1900. Il procède à l'installation de l'éclairage électrique qui se substitue aux torches et feux de Bengale utilisés jusqu'alors, ce qui implique une augmentation des tarifs d'entrée qui atteignent 2.50 francs par personne et 5 francs pour une personne seule. Au début du 20e siècle, la grotte et ses installations figurent sur une série de cartes postales mettant en scène ses visiteurs, ses guides, son entrée pittoresque, sa cabane (nommée "refuge de la grotte") et ses tables.

Ses aménagements ont été démantelés dans le courant du 20e siècle laissant place à une passerelle improvisée au-dessus du petit cours d'eau qui s'en écoule. Située sur un sentier de randonnée, elle n'est plus exploitée dans une perspective commerciale bien qu'elle suscite toujours l'intérêt des marcheurs et des spéléologues. Le débit du torrent, qui s'en écoulait et faisait l'objet de tant de représentations autrefois, est désormais fortement réduit, du fait de son captage vers la centrale électrique de Miégebat.

Périodes

Principale : 2e quart 19e siècle

Secondaire : 1er quart 20e siècle

Dates

1844, daté par source

1900, daté par source

Fermée par une palissade rudimentaire en bois, agrémentée d'une cabane en planches et accessible par des passerelles également en bois au 19e et au début du 20e siècle, la grotte est désormais dépourvue de ses aménagements. Le sentier qui y donne accès démarre au niveau de la Source Minvielle, dans le village thermal des Eaux-Chaudes, et serpente jusqu'à l'entrée de la cavité. Au-dessus du cours d'eau qui la traverse, dont le débit fluctue en fonction des précipitations et des saisons, est installée une passerelle précaire, sans garde-corps, faite de rails de chemin de fer et de plaques de métal. Au cœur de la cavité, ce même cours d'eau, dont le débit est aujourd'hui réduit en raison de son captage, est ponctué par une sorte de barrage constitué de blocs en béton.

La grotte elle-même, occultée par la végétation, se compose d'une première immense cavité, dotée de stalactites, dont l'une est traversée par un filet d'eau recueilli dans un semblant de bassin. Le fond de la grotte ouvre sur un boyau composé cinq autres salles et d'une galerie profonde de plusieurs kilomètres.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : bois

  2. Matériau du gros oeuvre : métal

  3. Matériau du gros oeuvre : béton

Toits
Autres organes de circulation
  1. rampe d'accès
État de conservation
  1. vestiges

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Laruns

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: Grotte d'Eaux-Chaudes

Cadastre: 2018 BE 62

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