Monument commémoratif à Frédéric Bastiat

France > Nouvelle-Aquitaine > Landes > Mugron

En 1867, à la suite de discussions informelles au Cercle de Mugron, un groupe de notables de la ville, mené par le maire Pierre Soubaigné aîné (1824-1899), projeta l’érection d’un monument commémoratif à la mémoire du célèbre économiste Frédéric Bastiat (Bayonne 1801 – Rome 1850), apôtre du libre-échange, qui fut juge de paix à Mugron de 1831 à 1846. Deux comités, l’un mugronnais (présidé par Soubaigné), l’autre parisien, se constituèrent en novembre 1869. Une souscription nationale, lancée dans le même temps grâce à l’entregent des députés landais Émile Darracq et Victor Lefranc et de l’économiste d’origine dacquoise Paul Lacoin, produisit en quelques années une somme de plus de 15.000 francs. Y participèrent notamment l’Assemblée nationale, la Société d’Économie politique de Paris, plusieurs chambres de commerce et le fameux patron de presse Émile de Girardin.

Le projet, mené parallèlement à celui de l'aménagement de la place devant la nouvelle église (construction d'une nouvelle mairie et d'une halle), subit une longue interruption du fait de la guerre franco-prussienne. La paix revenue, le sculpteur bordelais Louis de Coëffard de Mazerolles (1818-1887), qui avait déjà soumis deux maquettes de statue avant le conflit, proposa en mai 1871 de les adapter à "une belle fontaine publique", choix édilitaire plus susceptible d’intéresser la commune au projet. Si la proposition de monument mixte fut bien retenue, le dessin de Coëffard ne semble pas avoir donné satisfaction, puisque Paul Lacoin publiait en janvier 1873 un nouvel "appel aux artistes". En mai de la même année, l’architecte départemental Alexandre Ozanne (1828-1888), secondé par le sculpteur bordelais Amédée Jouandot (1833-1884), communiqua un avant-projet avec variantes de monument-fontaine, qui reçut en juillet l’approbation de la plupart des membres du comité mugronnais.

De nouveaux atermoiements, dus apparemment à des dissensions entre les membres mugronnais et "des personnes étrangères au Cercle" (octobre 1874), retardèrent encore la décision finale. Le projet Ozanne-Jouandot, malgré les sollicitations pressantes de l’architecte auprès du député Henri de Gavardie, fut mis de côté, puis enterré lorsque le conducteur des ponts et chaussées Lafontan eut démontré, en mai 1875, les difficultés et le coût exorbitant qu’entraîneraient les travaux d’adduction d’eau nécessaires à l’exécution du plan de monument-fontaine.

L’abandon du projet édilitaire, entériné par le comité et par le maire Léon Hiard (neveu par alliance de Bastiat), eut pour conséquence la recherche d’un nouveau maître d’œuvre. Le choix des responsables, qui craignaient "d’être taxés d’impuissance ou de mauvaise volonté", se porta enfin sur le sculpteur parisien Vital Gabriel Dubray, dit Vital-Dubray (1813-1892), soutenu par le conseiller général Henri de Favernay, riche propriétaire de Saint-Sever. Son projet de monument allégorique (qui succédait à des ébauches "dressées à la hâte" dès 1874) fut approuvé en septembre 1876. La première pierre fut posée le 7 mai 1877 et les travaux furent exécutés, non sans retards, en 1877-1878 sous la supervision du peintre et entrepreneur mugronnais Bernard Tiburce Meyranx (1828-1888) et de l’ingénieur Lafontan en l’absence de Vital-Dubray. L’inauguration eut lieu le 23 avril 1878 en présence du ministre des finances Léon Say, petit-fils du grand économiste libre-échangiste Jean-Baptiste Say.

Dès 1884, diverses dégradations obligèrent à recourir à une souscription "pour l’entretien du monument Bastiat". L’œuvre resta toutefois intacte jusqu’en 1942, date à laquelle ses éléments en bronze, le buste de Bastiat et la statue allégorique de la Renommée, furent fondus par ordre du gouvernement de Vichy dans le cadre de sa campagne de "récupération des métaux non ferreux". A l’occasion de la commémoration du cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Bastiat en 1951, le buste a été refondu d’après un moulage en plâtre conservé par la commune – mais non l’effigie de la Renommée, qui n’est plus connue que par des photographies et par la lithographie parue dans Le Monde illustré à l'occasion de l'inauguration.

Périodes

Principale : 4e quart 19e siècle

Principale : 3e quart 20e siècle

Dates

1878, daté par source

1951, daté par source

Auteurs Auteur : Dubray Vital Gabriel

Vital Gabriel Dubray, dit Vital-Dubray, sculpteur né le 27 février 1813 à Paris et mort dans la même ville le 1er octobre 1892 ; élève de Jules Ramey, exposa au Salon de Paris à partir de 1840 ; auteur de la célèbre statue de Jeanne Hachette à Beauvais (1851).

, sculpteur (attribution par source)
Auteur : Coëffard de Mazerolles André-Louis, sculpteur (attribution par source)
Auteur : Ozanne Alexandre

Né à Bonneboscq (Calvados) le 21 novembre 1828, mort à Dax le 18 novembre 1888 et inhumé au cimetière Saint-Pierre de cette ville. Ingénieur civil, architecte départemental des Landes de 1859 à 1879. Fils de Célestin Ozanne (1797-1870) et de Florentine Prévost (1805-1881) ; marié en premières noces, le 28 avril 1857 à Bordeaux, avec Jeanne Mathilde Brousse († Bordeaux, 17 juillet 1858) ; marié en secondes noces, le 25 février 1862 à Dax, avec Anne Clary Mène (Dax, 12 avril 1831 - Dax, 11 mars 1924), fille de Pierre Paul Mène (1792-1866), notaire, et de Marie Amélie Bonnecaze (1797-1877). Il eut du premier lit une fille, Mathilde Isabelle Jeanne (1858-1929), Mme Eugène Levassor, du second lit deux autres filles, Marie Amélie Célestine (1863-1942), épouse en 1890 d'Eugène Louis Joseph Deschamps, sous-commissaire de la Marine, et Joséphine Anne Marguerite (1864-1954).

, architecte (attribution par source)
Auteur : Jouandot Amédée

Sculpteur, né à Bordeaux le 2 septembre 1833, mort le 9 mars 1884 à Saint-Maurice ; élève de Francisque Duret et François Jouffroy à l'école des beaux-arts de Paris ; auteur des statues de la fontaine des Trois Grâces sur la place de la Bourse à Bordeaux (1869).

, sculpteur (attribution par source)
Lieux d'exécution

lieu d'exécution

Le monument est constitué d'un buste à la française en bronze, sur piédouche, fixé au sommet d'un haut piédestal pyramidal en calcaire, de plan carré, à trois niveaux : une base moulurée en cavet renversé surmonté d'un tore en demi-cœur renversé ; un dé portant sur chaque face une plaque rectangulaire horizontale en marbre blanc encastrée, couronné d'une corniche moulurée en doucine droite ; un socle à plinthe et corniche moulurées, avec une plaque de bronze encastrée sur la face principale (sud). Deux couronnes d’immortelles en marbre blanc (ajouts tardifs ?) étaient fixées sur les côtés. Le piédestal est surélevé sur deux degrés carrés. Jusqu'en 1942, une statue allégorique de la Renommée, plus grande que nature, complétait le monument sur sa face sud ; une clôture en fer forgé entourait les degrés.

Catégories

sculpture, fonderie, marbrerie

Structures
  1. plan, carré
  2. revers sculpté
Matériaux
  1. Matériau principal : calcaire

    Techniques : mouluré

  2. Matériau principal : bronze

    Techniques : fondu

Dimensions
  1. Type de mesure : h

    Valeur : 360

    Précision sur la mesure : hauteur totale approximative

Iconographie
  1. Caractère général : en buste

    Thèmes : homme, manteau, effet de tissu

  2. Caractère général : allégorie

    Thèmes : femme, renommée, écriture

  3. Caractère général : ornementation

    Thèmes : couronne végétale


Précision sur l'iconographie :

Le buste de Frédéric Bastiat le représente en vêtements contemporains (redingote à revers, cravate), mais le torse enveloppé dans un manteau largement drapé à la romaine. Une statue allégorique en pied de la Renommée, drapée à l'antique et la tête laurée, figurée en train d'écrire les titres des ouvrages de Bastiat sur la plaque frontale du socle, complétait le programme iconographique jusqu'à sa destruction en 1942. Des couronnes d'immortelles (à demi-détruites) sont fixées sur les côtés du dé du piédestal.

Inscriptions et marques
  • signature, fondu
  • inscription donnant l'identité du modèle, gravé
  • dédicace, gravé

Signature (sur le côté droit du piédouche du buste) : VITAL DUBRAY. Inscription donnant l'identité du modèle (sur la plaque de bronze au niveau supérieur du piédestal, face sud) : FREDERIC BASTIAT. Inscriptions dédicatoires et commémoratives (gravées et soulignées de rouge, sur les quatre plaques de marbre du piédestal) : AU GRAND ÉCONOMISTE ! / SES ADMIRATEURS ET SES AMIS [face nord]. JUGE DE PAIX DU CANTON DE MUGRON ; / MEMBRE DU CONSEIL GÉNÉRAL DES LANDES / REPRÉSENTANT DU PEUPLE AUX / ASSEMBLÉES CONSTITUANTE ET LÉGISLATIVE [face ouest]. COBDEN ET LA LIGUE / SOPHISMES ECONOMIQUES / HARMONIES ECONOMIQUES / LA LOI [face sud ; principaux ouvrages de Bastiat]. CE MONUMENT A ÉTÉ INAUGURÉ / LE XXIII AVRIL MDCCCLXXVIII [face est]. Inscription (lacunaire, sur la moitié subsistante d'une couronne d'immortelles) : [...] BASTIAT. Fragment d'inscription effacé et illisible sur la face est du socle.

État de conservation
  • manque
  • partie remplacée

La statue de la Renommée et le buste d'origine ont été fondus en 1942 ; le buste a été refondu en 1951 sur le moule original de 1878. La clôture en fer qui entourait le monument a été supprimée. Les couronnes d'immortelles du socle sont en très mauvais état.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Landes , Mugron , place Frédéric-Bastiat

Cadastre: 2016 AB non numéroté

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