Ville de Marennes

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Une implantation gallo-romaine serait attestée par la découverte de tuiles et de céramique commune dans le bourg.

La paroisse et l'église Saint-Pierre de Sales sont attestées dès le 11e siècle : la charte de fondation de l'abbaye de Saintes par Geoffroy Martel, comte d'Anjou, et la comtesse Agnès, mentionne en 1047 l'eclesia S. Petris de Salis, "l'église Saint-Pierre de Salles, qui est la paroisse de Marennes et le centre de la juridiction seigneuriales des dames abbesses dans ledit bourg" (cité par Lételié). Le 11 juillet 1153, la bulle papale d'Anastase IV confirme les possessions de l'abbaye de Saintes et signale la paroisse de Sales (Sanctus Petrus de Salis).

Le prieuré de Marennes se développe sous la protection de l'abbaye de Saintes mais la prévôté de Marennes est également attestée vers 1171 relevant des seigneurs de Broue. De nombreux conflits opposèrent les abbesses de Saintes aux seigneurs de Marennes. Parmi ceux-ci, les seigneurs de Pons qui reçurent en 1380 du roi Charles VI les îles et baillage de de Marennes et l'île d'Oléron, pour services militaires rendus.

De l'époque médiévale n'est conservée que la tour-clocher de l'église édifiée à la fin du 15e siècle, témoin de la prospérité retrouvée après la guerre de Cent Ans. Y étaient sculptées les armoiries des seigneurs de Pons disputant sans cesse leur prééminence aux puissantes abbesses de Saintes.

Lors de son "grand tour de France, le jeune roi Charles IX fait son entrée solennelle à Marennes en 1565 : la ville est ainsi décrite comme "un beau et grand village". Les destructions liées aux Guerres de Religion laissent sans doute la ville en mauvais état : les registres de la fabrique cités par A. Baudrit signalent en 1591 que "les catholiques de la présente paroisse, qui sont en petit nombre, sont presque tous pauvres gens qui n'ont terres ne marez. Ils ont à entretenir leur église qui est toute desmolie et par terre, sans ornemens et autres choses nécessaires pour ledict service divin".

Marennes bénéficie également de la proximité de Brouage, ville nouvelle créée en 1555, et lieu stratégique du pouvoir royal.

Le 17e siècle est marqué par un élan de reconstruction, en premier lieu de l'église, dont les travaux sont engagés en 1602, mais également en lien avec l'implantation d'un couvent de Récollets en 1628. Un édit de novembre 1639 institue une sénéchaussée et un siège présidial à Marennes, comprenant 52 paroisses, distraites des compétences du présidial de Saintes et du siège royal de Saint-Jean-d'Angély. Le comte de Marennes, l'abbesse de Saintes et les officiers de Saint-Jean s'opposent à cet édit, dont l'application est retardée jusqu'en 1646.

Marennes devient le siège de l’Amirauté en 1645 aux dépens de Brouage, puis siège de l’Élection en 1647 et l'une des 4 subdélégations de la Généralité de La Rochelle en 1694.

Plusieurs hôtels et constructions datent de la première moitié du 17e siècle : l'hôtel Baron (1638), la maison dite Richelieu (1650). Un plan de 1630 montre la ville de Marennes au bâti regroupé autour de l'église : on y dénombre alors 681 feux. Plus tardive (1753), une vue cavalière représente les clochers des Jésuites et des Récollets.

En 1638, la ville est ainsi décrite : "Sur le midy, nous arrivâmes à Marennes, estimé le plus beau et le meilleur de tous les bourgs de France tant par sa grandeur et nombre d’habitants qu’il a, que pour la richesse que lui apportent presque une infinité de salines qui l’environnent plusieurs lieues à la ronde… Si vous vous arrestez dans Marennes, considérez quel est ce bourg par la quantité des maisons, la plupart belles, et par la fréquence des habitans bien riches" (extrait du Voyage de Godefroy à Royan sous Louis XIII en 1638 (publié dans la Revue Aunis et Saintonge en 1902 et cité par Louis Papy, La côte de l’Atlantique à la Gironde, 1941).

Des plans dressés en 1770 avec bornage des parties de la ville dépendant des abbesses de Saintes ou relevant du maréchal duc de Richelieu, comte de Marennes, apportent une vue partielle de la ville mais révèlent certains détails de sa physionomie :

-deux plans génériques représentent la partie est de la ville : avec les moulins à vent, la place des Ayres, les halles (du baillage et de l'abbaye), l'église, le cimetière et le presbytère, la "maison censonnerie". La légende détaillée donne des indications sur certains aménagements ou sites spécifiques : le four banal de l'abbaye, prisons de l'abbaye, une "roche pierre saillante" dite tête maigre [ou nègre], les vestiges de l'ancienne chapelle Saint-Esprit dont le clocher a disparu, les venelles et les puits...

-la partie de l'ancien fief du Rat correspond à l'est de la rue de la République, entre la rue du Docteur Roux (ancien chemin de Feusse) et le centre commercial : un abreuvoir était aménagé le long de la route ; les croisements des rues ou chemins sont dénommés "cantons", sortes de places dotées de puits (canton de la Sernuge).

-la partie de l'ancien fief de l'Homme correspond au sud de la rue de la République et à l'est de la rue du Général de Gaulle (ancienne "rue publique"), avec le "canton" de la Robine.

-le fief de l'Oisellerie correspond à l'ancienne rue Sainte-Valière, côté nord de l'actuelle rue Georges Clémenceau, entre la rue Fradin et la rue Alsace-Lorraine : le four banal du fief de l'Oisellerie y est mentionné ainsi que la croix du carrefour de la rue Sainte-Valière et du chemin menant au village de la Boirie.

Au milieu du 18e siècle, les grandes familles locales font construire de beaux hôtels particuliers : l'hôtel Bonsonge, l'hôtel Larigaudière (ancienne sous-préfecture). La prospérité de la contrée repose sur l'exploitation des marais salants et le commerce du sel, mais également sur l'agriculture. La polyculture est attestée par la présence de nombreux moulins qui environnent le bourg (par exemple sur le plan de la ville réalisé par Claude Masse après 1715). Les travaux de l'église sont également achevés en 1770.

Le développement de la ville se poursuit au 19e siècle : après la Révolution, par délibération du 21 juillet 1790, la commune de Marennes acquiert la maison des frères Récollets afin d'y installer les tribunaux, la justice de paix, la sous-préfecture et la prison.

La ville est ainsi décrite en 1839 : "La Ville de Marennes est aujourd'hui le chef-lieu d'une sous-préfecture ; elle possède un tribunal de première instance et de commerce, une recette particulière des finances, des douanes et des contributions directes ; un commissariat de marine, un bureau d'enregistrement, une conservation des hypothèques, une direction de poste, une lieutenance de gendarmerie, une cure et une église protestante. Les foires, au nombre de quatre, se tiennent les 29 février, juin et septembre, et le premier lundi d'août" (Statistique du Département de 1839).

En 1841, l'ancien hôtel Larigaudière est acquis pour accueillir la sous-préfecture : elle donne ainsi sur la place des Ayres, dégagée des anciens bâtiments relevant de l'abbaye de Saintes (halle, prison, auditoire).

Plusieurs plans dressés au 19e siècle permettent de suivre l'évolution de la ville. Un plan d'alignement est réalisé en 1847 : on y distingue les principaux éléments structurants : la mairie et le palais de justice accessible par une allée arborée, la place des Ayres, également arborée, avec la sous-préfecture, l'église entourée d'une place au nord et du cimetière au sud (le nouveau cimetière est aménagé à distance en 1847), la place des halles et la grande Place d'Armes plantée d'arbres. Le jardin public est également projeté à proximité du bassin à flot : celui-ci est réalisé dans le cadre des travaux du canal maritime entre 1842 et 1850. La rue Sainte-Valière, correspondant à la route départementale n°7 reliant Saintes à Bourcefranc, constitue l'axe principal de la ville : elle regroupe les principaux commerces et activités : Michelle Lallement y a ainsi identifié en 1830 des tonneliers, menuisiers, charpentiers de navire, un cordier (René Baudry) qui vient de Corme-Royal, un maréchal ferrant (Riche, père et fils), des docteurs, perruquiers, tailleur, horloger (Pierre Philippe Lefaucheur) ; quelques sauniers, maisons de maçons et tailleurs de pierre (Joseph Fredeau et Léonor Fourneau, Charret, maçon à Bourcefranc).

En 1835, est fondé le Journal de Marennes par Jacques-Sylvestre Raissac : en 1881 l’imprimerie s’installe au n°105 de la rue Dubois Meynardie (là où se trouve aujourd’hui Le Littoral) ; il cesse de paraître en 1940.

Le plan de la ville, daté 1850 et encadré d'illustrations résumant les richesses de Marennes (huîtres, sel, poisson et coquillages, fruits, église et tour de Chassiron), signale les points d'intérêt. Par la rue Sainte-Valière, la ville est directement reliée à la point du Chapus et au-delà à l'île d'Oléron et son phare de Chassiron ; par le canal maritime, au sud, elle rejoint la Seudre et l'océan.

Le plan du port de Marennes, publié en 1884, met en évidence les connexions établies entre les terres et la mer, avec la réalisation du canal de la Charente à la Seudre, dont les travaux sont achevés en 1862 et l'établissement de la voie ferrée de Tonnay-Charente au Chapus en 1889. Celle-ci vient ceinturer la ville au sud. Ces infrastructures permettent le développement de l'usine Généraud puis Saint-Gobain installée à Marennes dès 1865.

Toutefois les profondes mutations économiques, notamment la crise du sel, montrent rapidement leurs effets : en 1887, la ville est ainsi perçue : "[Marennes] était autrefois florissante et son industrie salicole se partageait, avec celle de Brouage, l'approvisionnement de la grande pêche, depuis le golfe de Gascogne jusqu'au Zuyderzée. Mais peu à peu l'envasement progressif des chenaux de la Seudre, et leur transformation en marais insalubres, l'éviction des sels de Marennes par les plus beaux du Midi, et la concurrence énergique des sels d'Angleterre pour l'approvisionnement de la Belgique et de la Hollande, toutes ces causes réunies ont frappé d'une déchéance capitale le commerce de la contrée. Aussi la ville ne présente-t-elle plus aujourd'hui que l'aspect attristant d'un centre de population dont la vie sociale se retire peu à peu ; et en parcourant ses rues propres, régulières et désertes, où de vieux hôtels d'un luxe suranné et un remarquable clocher du XVe siècle n'attestent que trop une prospérité disparue, on peut se demander, avec une nuance de doute, si les nombreux travaux d'utilité publique exécutés dans ce pays, canal d'eau douce de la Charente à la Seudre, port maritime et chemin de fer, parviendront à le relever de sa décadence" (Extrait de Ports maritimes de France, 1887, p. 255.

A la fin du 19e siècle, la commune bénéficie du legs de Jacques Dubois Meynardie. L'école Henri-Aubin est édifiée en 1889 et l'hôpital Dubois Meynardie est inauguré en 1892. Les bâtiments sont implantés aux extrémités de la traverse de la ville, participant à l'extension du bâti. Les halles sont reconstruites également à cette époque (1898) ainsi que la caserne du Commandant Lucas, inaugurée en 1907. Dans les années 1930, une poste et un foyer municipal sont construits. Mais dès 1926, la sous-préfecture est supprimée.

Le 20e siècle est marqué par la densification du bâti et l'agglomération progressive des anciens hameaux (la Boirie, l'Aumône...) à la ville. L'urbanisation est contenue entre la route départementale D748 au nord, contournement routier du centre de Marennes établi en 1974, et l'ancienne voie de chemin de fer déclassée en 1991 au sud.

Le collège Jean Hay est construit en 1974-1975 ; la construction du centre des Finances publiques, du centre commercial et du siège de la Direction des territoires et de la Mer dans les années 1970 transforme le centre-bourg. Les parcelles de jardins ou de champs sont progressivement loties et le périmètre en amende peu à peu densifié.

Quelques dates ont été repérées sur certaines maisons ou portails (1767, 1884, 1930) ; les initiales de propriétaires sont sculptées au-dessus des portes ou sur des portails métalliques.

Périodes

Principale : Moyen Age

Principale : Temps modernes

Principale : 19e siècle

Principale : 20e siècle

Principale : 21e siècle

Dates

1767, porte la date

1884, porte la date

1930, porte la date

La ville de Marennes est implantée à 3,5 kilomètres de son port sur la Seudre, à 6 km de la pointe du Chapus et de l'océan et à 5,4 km de la citadelle de Brouage.

Elle est située sur un affleurement rocheux au milieu de l'ancien golfe de Saintonge et des marais. Elle est repérable dans le paysage par le clocher de l'église haut de 82 mètres. Le bâti s'est développé le long de la route reliant Saintes à la pointe du Chapus, d'est en ouest. Il est circonscrit au nord par le contournement (départementale D728) et au sud par l'ancienne voie de chemin de fer : le périmètre urbain forme ainsi une amende. Malgré ce contournement, la traverse de Marennes reste l'élément structurant de la ville : elle est désormais formée de l'avenue Maréchal Leclerc, puis de la rue de la République, de la rue Georges Clémenceau et de l'avenue de Lattre de Tassigny.

Les places constituent des espaces arborés mais également utilisés comme parkings : place Chasseloup-Laubat, place de l'église, place Carnot, place Galieni. Le centre commercial Leclerc occupe une grande surface du centre-ville.

Les îlots bâtis sont encore traversées d'impasses ou de venelles (passage Clémenceau, venelle des jardins)

Les anciens hameaux sont aujourd'hui insérés dans des quartiers et des constructions plus récentes. Ont ainsi été englobés certains domaines comme celui de Beaulieu, à côté du collège, ou bien la ferme établie rue du Docteur Roux.

Les maisons étaient accompagnées de bâtiments de dépendance (écuries, remises) dont on trouve encore les vestiges, à l'arrière ou donnant sur la rue.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Marennes

Milieu d'implantation: en ville

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