Château de la Brulonnière

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Persac

Peut-être édifié à la place d'un premier hébergement noble dont il ne reste pas de traces, le château de la Brulonnière est construit à partir de 1465, date à laquelle Guichard Brulon rachète les droits féodaux et les droits de haute, moyenne et basse justice de la Tour-aux-Cognons (Civaux) qu'il fait transposer sur son fief de la Brulonnière (voir le résumé historique des seigneurs et de la seigneurie de la Brulonnière en annexe 1). Les travaux sont achevés un peu après 1474. Le logis seigneurial est construit à l'extrémité orientale d'une grande cour trapézoïdale protégée par des tours dotées d'archères-canonnières et ceinturée de courtines. Bien que prévues et autorisées par les lettres patentes du roi, l'existence de fossés défensifs n'est pas établie (voir annexe 2).

Le château subit des dommages lors des guerres de religion : il est pillé alors que les troupes de l'amiral de Coligny assiègent Poitiers et occupent les environs, dont Persac, à plusieurs reprises. Après cette période de troubles, la famille de Nuchèze, propriétaire depuis le début du 16e siècle, procède à quelques modifications sur le château, notamment en agrémentant l'étage de comble par deux lucarnes sur consoles d'inspiration Renaissance. Un procès-verbal de visite de 1653 mentionne, en plus des trois tours actuelles, l'existence d'une tour en cul-de-lampe, peut-être située à l'angle nord-ouest (voir annexe 3). Il indique également la présence de peintures (murales?) dans une des chambres du deuxième étage (désignée sous le nom de "chambre peinte") et d'une salle d'armes située au premier étage de la tour sud-est, à côté de la salle haute du château. La chapelle, séparant les deux salles du premier étage du château, est également mentionnée.

Vendu pour la première fois en 1669 à François Le Maistre, conseiller du Roi au Parlement de Paris, le château n'est plus la résidence principale du seigneur de la Brulonnière. De nouvelles campagnes de restauration et de transformations sont réalisées dans la seconde moitié du 18e siècle, à la demande des descendantes de François Le Maistre, et plus particulièrement Anne-Geneviève puis Anne-Nicole Le Camus. Les divers procès-verbaux de réparations dressés entre 1769 et 1772 montrent que la petite tour en cul-de-lampe a disparu, qu'une maison de garde a été construite (dans le prolongement nord du château), et que toutes les tours étaient couvertes de tuiles plates. Une des tours du château accueille une prison au rez-de-chaussée, attribut de la fonction de justice exercée par le seigneur. Le mur ouest de la cave est consolidé à l'aplomb du mur pignon du cuvier qui se situe au-dessus et repose sur la voûte. L'avenue d'ormes située au nord de la propriété, le long de la grange, semble disparaître un peu après 1772, les arbres étant malades ou abîmés suite aux "ouragans de vent" du mois d'août qui ont également endommagé la toiture.

Lors de l'établissement du cadastre napoléonien de 1811, le château se développe déjà sur le plan qu'on lui connaît aujourd'hui, et comprend 28 ouvertures imposables. D'après le plan (voir illustrations), un imposant bâtiment s'adosse à la courtine nord, près de la tour nord-ouest. Il s'agit sans doute d'une grange-étable, à laquelle sont, peut-être accolés des toits. Le long de la courtine sud se trouvait également un bâtiment, peut-être une écurie, accolée au cuvier.

En 1818, le château et l'ensemble du domaine sont vendus à Jacques Marie Laurens de la Besge qui entreprend d'importants travaux sur la partie ancienne du logis seigneurial : de nouvelles portes d'accès direct au rez-de-chaussée et au premier étage sont percées côté est, la tour sud-est est agrémentée de fenêtres au premier et deuxième étage, et sur la façade ouest, plusieurs fenêtres existantes sont agrandies, les traverses et meneaux supprimés. Un pont en bois est construit depuis la porte du premier étage de la façade orientale pour arriver jusque dans le jardin anglais. L'ancienne maison de garde adossée sur le pignon nord du château est intégrée à la partie médiévale et de nouvelles chambres et salons y sont aménagés. L'un d'eux accueille un décor évoquant un petit théâtre, peut-être aménagé pour jouer les pièces de divertissement évoquées par le vicomte Emile de la Besge dans ses Souvenirs et récits de chasse. Les courtines qui avaient sans doute déjà partiellement disparu au 18e siècle, sont finies de démolir, sauf une petite partie située au nord-ouest qui sert d'appui aux nouveaux communs élevés de part et d'autre de la tour nord-ouest.

Les transformations se poursuivent au début du 20e siècle : l'escalier en bois entre le premier et le deuxième étage de la partie nord du château est agrandi (vers 1905) et le pont en bois menant vers le jardin est reconstruit en béton (vers 1920).

Aujourd'hui, les servitudes situées au nord-ouest sont en grande partie démolies, y compris celles qui étaient encore visible en 1991-1992. Des mouvements de terrain ont également entraîné un effondrement de la voûte de la cave qui n'est plus accessible.

Périodes

Principale : 3e quart 15e siècle

Secondaire : 1ère moitié 17e siècle, 2e moitié 18e siècle

Secondaire : 1ère moitié 19e siècle

Secondaire : 1er quart 20e siècle

Dates

1465, daté par source

1818, daté par travaux historiques

Le château de la Brulonnière se situe au nord-ouest du bourg de Persac, à l'écart des habitations, entouré de prés, jardin, et bois. L'accès se fait par un portail monumental en fer forgé situé au nord de la place de l'église et donnant accès à une grande allée en partie arborée. Son édification en bordure de coteau près des rives de la Grande Blourde lui confère une position dominante à l'ouest. Les ruines des communs, qui prenaient appui sur le mur d'enceinte, sont visibles du côté nord-ouest, envahies par la végétation.

Le château est construit en appareil régulier de moellons dressés de calcaire mêlé à du silex, partiellement enduit. Les tours sont couvertes de toits coniques en ardoise, le corps principal de l'édifice d'un toit à deux pans couvert de tuiles plates. La tour d'enceinte nord-ouest s'élève sur trois niveaux, celle du sud-ouest dispose d'un niveau supplémentaire, en soubassement, dû à la rupture de pente. Ces tours sont ajourées de baies à encadrements en cavet et de canonnières majoritairement bouchées. Un cerclage en fer pour la sécuriser marque le soubassement de la tour sud-ouest. Le logis seigneurial s'élève sur un rez-de-chaussée, un étage carré, un étage de comble et un comble perdu. La déclivité du terrain vers le sud-ouest a permis la création d'un étage de soubassement au sud de la tour d'escalier.

L'édifice se compose d'un grand quadrilatère orienté sud-nord, flanqué de trois tours circulaires, une hors-œuvre côté ouest accueillant l'escalier en vis, une demi-hors-œuvre au milieu de la façade est (elle marquait la limite septentrionale de l'édifice à l'époque médiévale) et la troisième située à l'angle sud-est. La base des tours est et sud-est est talutée et accueille des archères-canonnières. Plusieurs baies des trois tours sont décorées de chanfreins, arcs en accolade, moulures en réglets,... Certaines ont un décor particulièrement soigné :

- La porte située au sud de la tour d'escalier est décorée d'un arc en triple accolade sommé d'un fleuron à double rang de feuilles et accosté de deux pinacles. Les piédroits sont décorés de colonnettes à chapiteaux sculptés de feuilles. Le tympan est orné d'un blason portant le lion rampant des Brulon et le tout est couronné d'un larmier très saillant.

- La fenêtre du deuxième étage de la tour de la façade orientale est dotée d'un décor de gâble en accolade couronné d'un fleuron semblable à celui de la porte de l'escalier. Les pinacles bordant le gâble reposent sur des culots très abîmés mais représentant peut-être des animaux fantastiques. L'appui de fenêtre est décoré de deux modillons à tête humaine, encadrant le blason au lion rampant des Brulon.

Bien que présentant une grande homogénéité, les façades se décomposent en deux parties, correspondant aux deux principales campagnes de construction. Les travées d'ouvertures de la moitié nord du château sont alignées et ne présentent pas de modénature particulière, hormis les feuillures accueillant les contrevents. Celles de la moitié sud ne sont pas alignées et sont décorées d'arcs en accolade (dont une accolade à trois pointes au rez-de-chaussée de la façade ouest), appuis saillants moulurés, traces de croisées dont les meneaux et traverses ont été supprimés. La façade ouest présente quatre travées d'ouvertures au nord de la tour d'escalier et une série d'ouvertures non alignées côté sud. Deux portes permettent l'entrée depuis cette façade : une située au sud-ouest, dont le décor est similaire à celle qui lui fait face dans la tour d'escalier (voir ci-dessus). Il est accompagnée de bas-reliefs animaliers, certainement des lions, disposés sur les coussinets des piédroits. La seconde entrée se situe au nord-ouest, desservie par un escalier droit à deux volées recouvert de végétation. L'étage de comble est décoré de trois lucarnes passantes à fronton-pignon, en faux encorbellement supporté par quatre consoles en triple talon. Trois acrotères sphériques décorent les frontons triangulaires. Le tympan de la lucarne septentrionale est orné d'un blason représentant un chevron accompagné en chef de deux étoiles et en pointe d'un croissant (les armes de la Besge). Les deux autres lucarnes sont décorées d'un motif pentagonal, et deux trous semblables à des ouvertures de canonnières sont visibles sous les appuis saillants (quoique disposés de manière irrégulière, il pourrait s'agir de remplois). Le pignon sud présente une travée d'ouvertures presque en alignement. Au niveau du comble perdu, on aperçoit une ouverture murée qui s'ouvrait au ras du rampant. Les fenêtres des premier, deuxième et troisième niveaux sont moulurées comme celles de la façade ouest. Du côté est, l'accès se fait depuis une porte-fenêtre située au premier étage, par un pont en béton menant au jardin. Plusieurs baies de dimensions différentes éclairent cette façade, dont certaines moulurées. Au nord de la tour, comme pour l'autre façade, les ouvertures s'agrandissent et s'alignent. L'étage de comble est éclairé par deux petites lucarnes rampantes à croupe et des tabatières. A l'angle sud-est, les anciennes latrines, construites dans un bâti couvert d'un toit en appentis en rupture avec la rive, accueillent aujourd'hui des toilettes, à chaque niveau.

Dans la cour à l'ouest se trouve un pilier, vestige d'un ancien portail, et les restes de la cave, autrefois surmontée d'un cuvier qui prenait appui sur la voûte de celle-ci (voir historique). Elle s'est effondrée récemment suite à des mouvements de terrain.

L'intérieur a connu de nombreuses transformations lors de la création de la partie septentrionale de l'édifice, et les circulations ont été modifiées pour permettre le passage d'une partie à l'autre. Initialement, l'escalier en vis desservait les étages où se trouvaient une grande chambre côté sud et une plus petite côté nord, chacune communiquant avec une antichambre située dans les tours sud-est et nord-est. Dans cette partie, plusieurs encadrements de portes présentent des moulurations, en accolade ou en cavet. La porte d'accès au premier étage, menant à l'ancienne salle d'apparat du château, est couronnée d'un écu portant une fleur de lys et accosté de ce qui semble être deux lions rampants. Un second escalier en bois dessert les salons au nord de l'édifice. Dans la salle basse trône une cheminée monumentale ornée du blason des Brulon. Les salons parquetés sont décorés de corniches moulurées en plâtre et pour certains de lambris d'appui. Un des salons est agrémenté d'une alcove, décorée à la façon d'un petit théâtre : la coupole en quart de sphère surbaissé est soutenue par des pilastres carrés ornés de chapiteaux corinthiens. Les rayons sont soulignés d'une frise et deux muses ailées sont sculptées en bas-relief aux angles de l'entablement. La chapelle du premier étage a laissé la place à un vestibule dont la grande porte en plein-cintre donne sur le pont en béton menant de ce premier étage à l'ancien petit jardin à la française, aujourd'hui disparu. Cachés dans la végétation, deux modillons ornent le garde-corps du pont.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit partiel

  2. Matériau du gros oeuvre : silex

Toits
  1. tuile plate, ardoise
Plans

plan rectangulaire régulier

Étages

étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : pignon couvert

  2. Forme de la couverture : toit conique

Escaliers
  1. Emplacement : escalier hors-oeuvre

    Forme : escalier en vis sans jour

    Structure : en maçonnerie

  2. Emplacement : escalier dans-oeuvre

    Forme : escalier tournant à retours avec jour

    Structure : en charpente

  3. Emplacement : escalier de distribution extérieur

    Forme : escalier droit

    Structure : en maçonnerie

Décors/Technique
  1. sculpture
Décors/Représentation
  1. Representations : blason


Précision sur la représentation :

Le blason avec un lion rampant est représenté sur les linteaux des deux portes d'accès au rez-de-chaussée de la tour d'escalier et de la salle basse du château. Dans cette salle, le linteau de la cheminée est également paré du blason représentant un lion.

Un blason est sculpté dans le tympan de la lucarne nord de la façade ouest, représentant un chevron accompagné en chef de deux étoiles et en pointe d'un croissant (armes des Nuchèze).

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Persac , 5 place de l' Eglise

Milieu d'implantation: en village

Cadastre: 1811 T 238, 2022 CM 85

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