Historique
Le bâtiment de la sous-préfecture correspond en grande partie à l'ancien hôtel Binaud, du nom d'une famille de notables, courtiers et négociants attestée à Blaye au 18e siècle. Il est établi en périphérie de la ville, dans un secteur encore peu urbanisé et artisanal à la fin de l'Ancien Régime, permettant d'investir une vaste parcelle et de réaliser un projet architectural d'ampleur.
De part son architecture et ses éléments décoratifs, en particuliers les allégories sculptées surmontant les fenêtres côté rue (les rubans plissés qui maintiennent les trophées sont notamment caractéristiques du style Louis XVI), l'hôtel semble avoir été édifié durant le 4e quart du 18e siècle. Son commanditaire est peut-être Bernard Binaud, dont la veuve, Catherine Groscassant, est mentionnée en 1818 lors de l'échange de la demeure avec le notaire blayais Géraud-Théodore Lesparre-Durroc, qui devient dès lors le nouveau propriétaire. A cette date, l'hôtel est déjà loué pour abriter la sous-préfecture. Un chai mitoyen avec un petit jardin est adjoint à la propriété cette même année, puis une petite maison et ses dépendances en 1829. L'ensemble est finalement acquis en 1839 par le Département pour y établir de manière pérenne la sous-préfecture. Des aménagements de confort sont réalisés la même année. En 1841-1842, un jardin adjacent est acquis, le cours du ruisseau traversant la propriété est rectifié alors que le percement d'une nouvelle rue longeant la propriété nécessite la cession d'une partie de la parcelle du jardin à la ville et la construction d'un mur de clôture. Outre de nouveaux aménagements de confort réalisés à la demande du sous-préfet Haussmann en 1846 à la "chambre de madame", des agrandissement sont envisagés en 1853 avec la construction d'une écurie-remise et d'une salle d'adjudication. Le projet de l'architecte Charles Durand, modifié notamment par l'établissement d'une salle de réunion à l'emplacement de la remise, est réalisé en 1855-1856 ; l'extension semble correspondre au corps de bâtiment prolongeant la partie ancienne de l'hôtel, du côté gauche depuis la rue. Après un incendie intervenu en 1869, de grosses réparations sont mentionnées en 1875 sous la conduite de l'architecte Labbé par les entrepreneurs Bernard Chaudet et Jean Charles.
D'autres travaux d'entretien sont mentionnés en 1888 et 1891, puis deux importantes campagnes de modernisation entre 1907 et 1929, sous la conduite des architectes du Département Eugène Gervais et Charles Grange.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 4e quart 18e siècle Secondaire : 2e quart 19e siècle Principale : 3e quart 19e siècle Secondaire : 4e quart 19e siècle |
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Dates |
1855, daté par source |
Auteurs |
Auteur :
Durand Charles, architecte (attribution par source) Personnalite : Haussmann Georges Eugène baron, habitant célèbre (attribution par source) Auteur : Gervais Eugène, architecte départemental (attribution par source) Auteur : Grange Charles, architecte départemental (attribution par source) |
Description
L'hôtel, aligné sur la rue, comporte une vaste parcelle de jardin à l'arrière délimitée par le ruisseau de la Cave, aujourd'hui canalisé. De plan en U, il présente un développement en largeur et 2 courtes ailes en retour sur l'élévation postérieure, encadrant un escalier extérieur. Ce premier corps de logis est complété d'annexes attenantes à l'est.
Le premier niveau, en soubassement côté jardin, est occupé par des caves, dont un caveau voûté en berceau. Le rez-de-chaussée surélevé donne de plain-pied côté rue ; il est surmonté d'un étage et d'un étage de comble. La façade de 9 travées, en pierre de taille à bossage continu, est centrée sur la porte d'entrée à ébrasement concave et couvrement en arc plein-cintre avec ferronnerie d'imposte. Les fenêtres du rez-de-chaussée sont en arc segmentaire clavé, alors que celles de l'étage sont rectangulaires et à chambranle. Chaque dessus de fenêtre est orné d'un trophée en bas-relief. Un cordon délimite l'étage et une corniche à modillons couronne la façade. Une série de lucarnes à fronton percées dans le brisis en ardoise éclaire les combles. La toiture à longs pans est couverte de tuiles creuses.
L'élévation postérieure et les ailes sont également en pierre de taille. Des pilastres à bossage encadrent la travée centrale à l'étage, couronnée d'un fronton triangulaire à modillons, et des pilastres corniers renforcent les angles des ailes. L'escalier extérieur est symétrique avec rampe en ferronnerie. La porte de cave sous l'escalier est en anse de panier, les ouvertures du rez-de-chaussée surélevé sont en arc segmentaire de part et d'autre de la porte d'entrée en arc plein-cintre. Les fenêtres sont rectangulaires à l'étage, celle du surcroît est à chambranle renfoncé. Des oculus circulaires éclairent le niveau de comble à surcroît des ailes.
A l'intérieur, la distribution verticale est assurée par un escalier tournant à retour avec jour.
L'extension attenante au corps de logis reprend, pour la modénature des 3 travées de la façade sur rue, le parti général de l'hôtel, mais sans décor sculpté.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Plans |
plan régulier en U |
Étages |
étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage en surcroît |
Couvrements |
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Élévations extérieures |
élévation à travées |
Couvertures |
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Escaliers |
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Décors/Technique |
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Décors/Représentation |
Précision sur la représentation : L'imposte en ferronnerie de la porte d'entrée sur rue est décoré de volutes chantournées. Le garde-corps de l'escalier extérieur côté jardin est également décoré de volutes symétriques et asymétriques, de pistils à graines et d'un quadrillage fleuronné. Le chambranle de la fenêtre axiale à l'étage est orné d'une course de feuilles de chêne, de perles et de feuilles d'eau. Les dessus de fenêtre sont décorés de tables sculptées en bas-relief représentant divers trophées : la chasse (fusils en sautoir, cor, oiseau, branche de chêne), la vigne et le vin (pampres de vigne, pichet, thyrse, lance), la marine militaire (canon, boulets, trompe, caducée, trident, ancre, faisceau de licteur), le commerce maritime (quai, bateau à voile, tonneaux, ballots), le commerce fluvial estuarien (roseaux, rames, ancre, gaffe, ballots, tonneau), l'agriculture et les travaux des champs (gerbe de blé, fléaux, faucille, gourde), le pastoralisme (bâton, houlette, musette, couronne végétale, rameau d'olivier). Seul le dessus de fenêtre de la travée de gauche est décoré d'une guirlande festonnée. La plupart des attributs sont retenus par des nœuds de ruban plissé. |
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA33004539 |
Dossier réalisé par |
Beschi Alain
Chercheur et conservateur du patrimoine au sein du service du patrimoine et de l'Inventaire en Aquitaine, puis Nouvelle-Aquitaine (1994-2023). |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Estuaire de la Gironde (rive droite) |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2010 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Conseil départemental de la Gironde |
Partenaires |
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Citer ce contenu |
Hôtel, puis sous-préfecture, Dossier réalisé par Beschi Alain, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Conseil départemental de la Gironde, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/526922e5-636f-4393-acf7-0cc95e48b467 |
Titre courant |
Hôtel, puis sous-préfecture |
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Dénomination |
hôtel |
Destination |
sous-préfecture |
Parties constituantes non étudiées |
jardin d'agrément puits |
Statut |
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Intérêt |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Blaye , 2 rue André-Lafon
Milieu d'implantation: en ville
Cadastre: 1832 B3 1254-1255, 2015 AM 202