Maisons, fermes : l'habitat à Angles-sur-l'Anglin

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La majorité des habitations sont concentrées dans le bourg, en surplomb de l’Anglin. À mesure que l'on s'éloigne de la place Aimé Octobre, le bâti devient de plus en plus contemporain. Le faubourg de Sainte-Croix présente lui aussi un habitat dense, qui s’étend le long de la route menant à Saint-Pierre de Maillé jusqu’au hameau des Droux.

En dehors du bourg, on rencontre plusieurs regroupements de fermes, notamment aux hameaux de Douce et de Boisdichon. D'autres hameaux constitués de plusieurs fermes se situent de part et d'autre d'une limite communale, comme aux Liboureaux, situés en partie à Saint-Pierre-de-Maillé, et aux Robins, partagés avec la commune de Vicq-sur-Gartempe. Le reste du territoire de la commune présente une faible densité de bâti, en particulier dans la partie nord. La plupart des hameaux sont constitués d'une seule ferme, comprenant un logement, des dépendances et parfois un puits.

Seules deux fermes présentent un plan et un décor médiéval, à Douce et à Beaulieu. Dans les deux cas, la porte d'entrée est décorée d'une accolade sur son linteau et placé le mur pignon. La cheminée est adossée à ce mur pignon, à côté de la porte.

Plus d'une quinzaine de maisons recensées présentent un plan ou décor médiéval plus ou moins altéré. On dénombre par exemple 10 maisons ayant leur façade principale sur le mur pignon, une caractéristique du bâti médiéval. Deux exemples sont visibles sur la place Aimé Octobre, au n°1 et n°22. Pour la première maison, on remarque de petites ouvertures chanfreinées ainsi qu'une porte en plein cintre du 16e siècle. L’élément le plus ancien de ce décor de façade est la petite fenêtre quadrilobée située au niveaux des combles. La maison natale du cardinal de La Balue (1421-1491), située rue du Pont, est elle aussi une habitation médiévale. Sur sa façade, elle présente les reste d'une fenêtre à croisée. La porte d'entrée date quant à elle du 17e siècle.

D'autres maisons ont conservés un décor de façade qui laisse supposer une construction au Moyen Âge. Des linteaux portant des accolades, des baies chanfreinées et des fenêtres à croisées sont visibles aussi bien dans le bourg qu'autour de l'abbaye Sainte-Croix. Les croisées ont souvent été supprimées après la Révolution française et l'instauration de l'impôt sur les portes et fenêtres.

Les escaliers en vis sont une autre caractéristique de l'habitat médiéval. Quatre ont été repérés à Angles-sur-l'Anglin. Ils peuvent être dans œuvre ou semi-hors œuvre. Dans ce cas, ils prennent place dans une tourelle accolée à la maison.

Certaines maisons conservent encore leur caves, appelées « rochas » dans les sources. Elles servaient à stocker le produit de l'activité viticole. Des poteaux de pierres sont parfois installés pour supporter la voûte. Taillées à même le roc ou voûtées en berceau, elles peuvent atteindre des dimensions considérables et peut-être communiquer entre elles, ce qui laissent supposer qu'elles pouvaient servir de refuges lorsque la ville était attaquée.

La quasi-totalité de ces habitations ont subi des transformations plus ou moins importantes lors des siècles suivant leur construction. La plupart des maisons médiévales du bourg présentent en particulier des remaniements datant de la deuxième moitié du 18e siècle, identifiables par des linteaux en arc segmentaires et des dates de reconstructions sur les façades. Par exemple, la maison située au n° 7 de la rue de Tournon possède une façade en mur pignon, mais ses baies sont datées par une inscription du 1773.

La commune possède aussi de plusieurs habitations à escaliers extérieurs. Présents en plus grand nombre dans le bourg que dans les hameaux, leurs escaliers peuvent être parallèles, perpendiculaires à la façade ou former un coude. Ils permettent d'accéder directement à la pièce à vivre, située à l'étage, alors que le rez de chaussée avait fonction de cellier ou d'atelier pour les artisans. Dans les hameaux, l'escalier permet parfois d'accéder directement au grenier, ce qui facilite le stockage du grain dans cet espace. Certains de ces escaliers étaient protégés par un auvent, appelé balet, mais rare sont les maisons et les fermes à l'avoir conservé.

Les fermes du début du 19e siècle se caractérisent par un souci de symétrie dans la façade. Leur étage les différencient des fermes des siècles antérieurs. Les paliers sont parfois éclairés d'un œil-de-bœuf, ou « boulite ». Dans la deuxième moitié du 19e siècle, les maisons de notables commencent à afficher un décor, qui reste discret. Il se cantonne souvent aux lucarnes et aux corniches qui s'ornent de denticules. Certaines fermes ont vu leur logement entièrement rebâti au début du 20e siècle, comme au Bornais et à Chézelle par exemple.

Les dates inscrites sur les façades des maisons et des fermes de la communes sont au nombre de 33. Elles sont parfois accompagnées d'initiales, probablement celles du propriétaire, ou d'un élément décoratif, comme un cœur. La maison du n° 7 de la place Aimé Octobre présente la seule inscription lapidaire retrouvée sur la façade d'une maison. Elle nous renseigne sur la date de reconstruction (1663) et sur le nom du propriétaire de l'époque, Pierre Dieudonné Villeret. Elle est située en dessus et en dessous d'un cadran solaire.

La pierre calcaire est employée dans la totalité des habitations antérieures au 20e siècle. Elles sont généralement construites en moellons plus ou moins grossiers, la pierre de taille étant réservée aux chaînages d'angles et au contour des baies. À partir du 19e siècle, on rencontre aussi quelques briques, issues des tuileries des Vaux à Saint-Pierre-de-Maillé ou du Chêne-Roux à la Bussière. Le matériau de couverture privilégié reste la tuile plate que l'on retrouve dans le bourg et les hameaux. L'ardoise est employée de manière ponctuelle sur des bâtiments publics ou sur quelques habitations du 19e ou du 20e siècle. Le métal est aussi parfois employé, en particulier dans les ferronneries ornant les fenêtres des maisons du 18e siècle, ou au niveau des toitures sous la forme d'épis de faîtage.

Les fermes de la commune, qu'elles soient situées dans le bourg ou les hameaux, sont reconnaissables à leurs dépendances agricoles. Celles-ci ont des usages multiples et leurs formes s'adaptent à leur utilisation. Elles peuvent être accolées entre elles, accolées au logis, ou indépendantes.

Les granges-étables servent autant à stocker le matériel agricole et les récoltes qu'a abriter le bétail. Elles sont généralement ouverte par une grande porte à deux battants, située sur le mur gouttereau ou sur le mur pignon. Dans ce dernier cas, certaines grange-étable, dites « à nefs », possèdent une vaisseau central plus élevée que les parties latérales. Elles sont généralement bâties sur deux rangées de poteaux supportant le plancher du grenier, où été entreposé le grain. L'une des partie latérale peut aussi être séparée du reste de la grange pour accueillir des étables. Des pierres trouées, utilisées pour attacher le bétail, sont parfois encore visibles dans les maçonneries. La plupart des granges de ce type figurent sur le cadastre de 1826 et sont donc antérieures à cette date.

Les hangars sont des structures charpentées reposant sur des poteaux en bois ou en pierre. Couverts d'un toit à deux pans ou disposées en appentis, ils servent de lieu de stockage pour le foin et le matériel agricole. Leur utilisation c'est développée à partir du 19e siècle, lorsque les volumes de production agricole ont considérablement augmenté.

Les fermes possédaient généralement un puits pour l'alimentation en eau de l'exploitation. L'eau était surtout utilisée par les habitants de la ferme, les animaux devaient se désaltérer dans des marres artificielles, que l'on retrouve encore en particulier dans la partie nord de la commune. Au début du 20e siècle, les puits en pierres ont été détruits et remplacés par des pompes.

Certaines fermes possèdent aussi un four, le plus souvent accolé à une dépendance ou au logement. Le four est parfois installé dans un bâtiment indépendant, le fournil.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

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