Maison de maître, dite Château Cap-de-Haut

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Blaye

Dans leur rusticité, les bâtiments de chais peuvent dater du 18e siècle, de même que les logements secondaires. Le "bien" de Cap-de-Haut est acquis en 1793 de Valentin Bousquet et frères par Pierre Chiché, négociant à Blaye, pour la somme de 850 000 livres.

Le cru de Cap-de-Haut est cité en 1824 parmi les meilleurs du Blayais dans le Traité sur les vins de W. Frank, possédé par un membre de la famille Binaud et produisant de 25 à 30 tonneaux. L'ensemble des bâtiments figure sur le plan cadastral de 1832 selon des dispositions similaires aux actuelles : selon la matrice, "maison, bâtiment, jardin et agrément", ainsi que les vignes environnantes, appartiennent alors au dénommé Gélibert, domicilié rue Saint-Simon à Blaye. Sans doute s'agit-il de Barthélemy Joseph Gellibert (1767-1860), président du conseil d'arrondissement de Blaye en 1842.

Le registre des augmentations et diminutions indique une augmentation de construction de maison pour l'avocat Gélibert, en 1844. Ce chantier peut correspondre à la reconstruction du corps de logis, dont la modénature de la façade du côté est, en particulier la porte en arc plein-cintre combinée à des fenêtres rectangulaires et la corniche à modillons, est conforme aux réalisations de cette époque.

Le cru est mentionné dès l'édition de 1868 de l'ouvrage Bordeaux et ses vins dans la catégorie des 1ers bourgeois du Blayais, avec une production de 25 à 40 tonneaux, en possession de Gellibert. La demeure est encore transformée dans ces mêmes années, puisque la matrice signale en 1870 une augmentation de construction conséquente, ainsi qu'une construction nouvelle, au nom de Thibaud Gellibert (Thibaut Lucien Gellibert est connu comme président du tribunal de Blaye puis de celui de Bordeaux, propriétaire de plusieurs biens dans la ville ainsi que de la maison familiale de Camillac à Bourg). La modification de la façade ouest, et notamment la création de l'avant-corps, ainsi que la construction de la remise au sud, appartiennent vraisemblablement à cette campagne de travaux. Si la lettre G du monogramme sculpté au-dessus de la porte d'entrée correspond bien au patronyme Gellibert, les lettres S et B entremêlées sont plus énigmatiques. Le monogramme LG de la grille d'imposte correspond, sans ambiguïté, à Lucien Gellibert. Une édition plus tardive de Bordeaux et ses vins précise d'ailleurs que "M. Gellibert, magistrat distingué de la Cour de Bordeaux, [...] imprima un charmant caractère artistique" à la demeure.

A la fin du 19e siècle, Mlle Gellibert est à la tête du cru, dont la production ne s'élève plus qu'à 20 tonneaux en 1898. Passé entre les mains de négociants de la place de Bordeaux, le domaine est acquis en 1920 par G. Faure, courtier en vins et "viticulteur expérimenté" qui sut tirer le meilleur parti d'un passé si favorable et d'un ensemble de circonstances remarquablement heureuses". Les bâtiments ne paraissent pas avoir évolué depuis, à l'exception du chai et d'un petit bâtiment proche de l'entrée, tombés en ruine dans les années 2000.

Périodes

Principale : 18e siècle

Principale : 2e quart 19e siècle

Principale : 3e quart 19e siècle

Dates

1870, daté par source

Le domaine occupe une croupe viticole au nord de la ville. Implanté en bordure de l'ancien chemin de Blaye à Saint-Androny, entouré d'un mur de clôture, il est accessible par un portail entre deux piliers en pierre de taille. Les bâtiments se composent de la demeure et de logements attenants, d'une remise indépendante au sud et de bâtiments viticoles formant une longue aile détachée à l'ouest. Un petit parc environne la demeure à l'est.

La maison de maître comporte un corps de logis rectangulaire d'un étage, flanqué d'un avant-corps au centre de la façade ouest. Cet élément à pans-coupés est bâti en pierre de taille et chaînes à bossage, couvert d'un toit à brisis en ardoise avec une lucarne cintrée. La porte d'entrée, à chambranle à crossettes, est agrémentée d'une ferronnerie d'imposte avec monogramme ; un second monogramme surmonte les claveaux en arc segmentaire. Les autres murs sont en moellon enduit. L'élévation postérieure, de 5 travées, est percée d'une porte en arc plein-cintre et de fenêtres rectangulaires. Un bandeau souligne l'étage et une corniche à modillons couronne les murs.

Un premier logement attenant au sud compte 2 travées ; un jour d'aération témoigne de la présence d'une cave. Un second corps de logement, formant retrait sur l'élévation ouest, comprend 3 travées principales et une 4e travée ouverte d'un portail. La remise au sud est en moellon couvert d'un enduit ocre rosé, les encadrement sont harpés. L'aile des dépendances viticoles est composée de deux bâtiments juxtaposés en rez-de-chaussée. Le sol de la partie cuvier, à l'est, est décaissé ; une maie en bois y est conservée.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Blaye , rue Joseph-Taillasson

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: le Cap-de-Haut

Cadastre: 1832 A1 95, 98, 99, 2017 AC 56

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