Les maisons et les fermes de Ligneyrac

France > Nouvelle-Aquitaine > Corrèze > Ligneyrac

La présence de la grande majorité des hameaux de la commune sur la carte de Cassini (cf. fig. 1) indique qu´ils existaient déjà au 18e siècle et témoigne, par conséquent, de leur origine ancienne. Implantés généralement en retrait des grandes voies de communication, notamment de la nouvelle route départementale n°19, ouverte en 1873-1875, ils bénéficient néanmoins d´un maillage de chemins ruraux assez dense.

Le bourg, implanté à flanc de colline, en position dominante, se développe autour de l´église romane et de l´oratoire couvert (cf. fig. 2).

L´étude a concerné 79 bâtis : 66 fermes et 13 maisons, dont 54 ont été repérées et 25 ont été sélectionnées. Dans ce corpus, 90% des maisons et fermes sont antérieures à 1832, date du cadastre napoléonien (cf. fig. 3). Les 10% restants concernent des bâtis construits à la fin du 19e siècle, voire au tout début du 20e siècle.

La confrontation des plans cadastraux de 1832 et de 2007 révèle que l´évolution de l´occupation du sol dans le bourg a peu ou pas évolué. Peu de bâtis anciens ont disparu ; certains ont été reconstruits ou transformés en bâtiment agricole (10%). La même constatation a été faite dans les hameaux où les reconstructions et les changements de destination des bâtis sont plus importants (36,7%).

L´analyse morphologique et stylistique, des constructions et des modénatures, révèle une prépondérance des maisons et fermes datant du 16e siècle (29%) et du 17e siècle (31, 5%). Les bâtis antérieurs ne représentent que 5% du corpus. Les quelques agrandissements et remaniements de bâtis (14%) ont été principalement réalisés aux 18e et 19e siècles. A cette occasion, le plan rectangulaire des logis a souvent été transformé en plan en L, comme cela a pu être constaté sur la commune de Collonges-la-Rouge.

Des dates correspondant à ces remaniements sont parfois portées sur les bâtiments, [1704 ; 1726 ; 1717 ; 1760 ; 1777 ; 1782 ; 1793 ; 1807 ; 1812 ; 1820 ; 1826 ; 1837 ; 1842 ; 1844 ; 1853 ; 1855 ; 1859 ; 1860 ; 1877 ; 1882 ; 1884 ; 1885 ; 1888 ; 1890 ; 1894 ; 1896 ; 1897 ; 1900 ; 1907 ; 1908 ; 1909 ; 1910 ; 1912 ; 1913 ; 1914 ; 1922 ; 1926 ; 1929 ; 1932 ; 1936 ; 1946 ; 1954].

Peu nombreuses (42), certaines sont inscrites dans un cartouche et ornées de cœur, d´étoile, de fleurs (cf. fig. 4) et parfois associées aux initiales ou au nom du commanditaire (cf. fig. 5).

Périodes

Principale : limite 14e siècle 15e siècle

Principale : limite 15e siècle 16e siècle

Principale : 16e siècle

Principale : 17e siècle

Secondaire : 18e siècle (porte la date)

Secondaire : 19e siècle (porte la date)

Secondaire : 1ère moitié 20e siècle (porte la date)

IMPLANTATION

Les maisons et les fermes qui font l´objet de ce dossier collectif se répartissent entre les hameaux et le bourg avec une prédominance des fermes dans les hameaux (77%). Cependant, quatre maisons d´origine médiévale ont pu être repérées dans les hameaux de Creffont, Pommier et Leygonie (cf. fig. 6). De la même manière, quatre fermes, dont l´origine remonterait au 16e siècle, sont implantées dans le bourg (cf. fig. 7).

MATÉRIAUX DE GROS ŒUVRE ET COUVERTURE

Le gros-œuvre est majoritairement constitué de blocage de moellons calcaire (cf. fig. 8) parfois associés à des moellons de grès gris de Ligneyrac ou rouge de Meyssac. Les encadrements des baies sont généralement en pierre de taille calcaire, mais le grès rouge est parfois utilisé pour créer un effet de polychromie. Le pan de bois est rarement utilisé.

Les toits à longs pans, à croupes ou à demi-croupe, sont majoritairement en ardoise. La tuile mécanique qui apparaît au milieu du 19e siècle est surtout utilisée pour les couvertures des dépendances agricoles. La pierre en couverture dite "lauze" est encore présente notamment sur les petits édicules (fournil) et en débord de toit.

ORGANISATION ET STRUCTURE

La maison se définit comme un module de plan carré ou rectangulaire ayant parfois évolué, au fil du temps et au gré des remaniements et des agrandissements, vers un plan en L. Elle se développe sur un niveau de cave et un niveau d´habitation, dont l´accès se fait par un escalier extérieur, en maçonnerie, parfois protégé par un large débord de toit formant un auvent (cf. fig. 9).

La ferme, quant à elle, se présente comme une unité d'exploitation agricole comprenant un logis principal et une grange-étable complétés de dépendances (séchoir, fournil, porcheries, poulailler, puits...). L'ensemble des bâtiments qui la compose est plus ou moins groupé autour d'un espace, le plus souvent une cour, ou bien le long d´une voie de circulation (cf. fig. 10). La composition des fermes a peu ou pas évolué depuis le relevé du cadastre de 1832, mais les ajouts se faisant au fur et à mesure des besoins ne sont pas à exclure. En effet, comme pour les maisons, les plans des logis de ferme ont fréquemment évolué du plan rectangulaire vers le plan en L, soit par l´ajout d´une nouvelle aile soit par la transformation d´une grange attenante en pièce d´habitation venant agrandir le volume du logis initial (cf. fig. 11).

La grande majorité des bâtiments de ferme ne présente aucune organisation particulière dans l'agencement de la façade. Cet effort, lorsqu'il existe, est réservé à la grange-étable avec une porte charretière centrale encadrée de plusieurs portes d´étable. L´alignement des fonctions domestiques et agricoles sous un même toit existe, mais n´est pas la règle générale, puisque dans 81,5% des cas les dépendances sont dissociées du logis. La cour, le plus souvent enherbée, est toujours devant le logis. La plupart d´entre elles sont fermées par des murets en pierre (cf. fig. 12).

Les granges-étables constituent l´un des bâtiments les plus importants dans la ferme. Le modèle le plus représenté sur le territoire de la commune est la grange-étable de type limousin. Adapté aux terrains plats, ce type de grange-étable, offre un seul niveau d´accès sur la façade sud. Elle abrite les bovins et leur fourrage, mais a parfois la particularité de comporter, à l´extrémité du corps de bâtiment, un petit espace aménagé pour les ovins (cf. fig. 13).

Sept granges-étables de type auvergnat ont été repérées lors de l´enquête (5 dans les hameaux et 2 dans le bourg). Implantées sur un terrain à faible déclivité, elles ont la particularité de disposer d´une rampe artificielle en terre qui permet d´offrir un accès de plain-pied à chaque niveau. Le niveau inférieur est occupé par les étables. L´accès charretier se fait à l´étage, du côté haut de la pente (cf. fig. 14).

En dehors des granges-étables, il faut signaler les séchoirs à noix ou à châtaignes qui ne sont pas toujours des bâtiments dédiés à cette seule fonction. En effet, ils sont parfois installés sous le comble d´un fournil ou d´un hangar (cf. fig. 15). L´élément patrimonial caractéristique du séchoir est le plancher de comble conçu à claire-voie avec des lattes de section triangulaire appelées "claies". Les séchoirs à noix se distinguent grâce à une caractéristique constante qui est le dispositif de ventilation naturelle. Le pourtour du plancher, à la base du toit, n´est pas maçonné mais ouvert sur une bande périphérique de 40 cm de haut environ, composée de potelets en bois et d´un grillage (cf. fig. 16).

Une vingtaine de fournils a été répertoriée dans les fermes ainsi que deux fours banaux dans les hameaux de Rosiers et de Sabazot. Ils se présentent généralement sous la forme d´un petit corps de bâtiment abritant un four à pain demi-circulaire en saillie sur le mur-pignon. Certains présentent une voûte en cul-de-four couverte de lauzes de calcaire (cf. fig. 17). La construction de ces édicules est particulièrement bien soignée avec quelquefois un avant-four ouvert en arc-brisé (cf. fig.18). Et même si quelques-uns ont été restaurés, il est probable que suite à l´abandon progressif des usages liés à ces édicules, le taux de disparition soit important.

TYPOLOGIE

Le regroupement de l´habitat, dans le bourg comme dans les écarts, caractérise une partie de l´habitat ancien. Dans le bourg, rarement isolées, les maisons les plus anciennes sont souvent dénaturées par les transformations et les changements d´usages successifs du bâti (cf. fig.19). Dans les hameaux, les configurations isolées restent également marginales (6%). La majorité est composée de plusieurs fermes, jusqu´à six fermes et plus à Pommier, La Martinie, Sabazot, ou encore à Traversat.

Dans ce secteur de polyculture, l´habitat s´inscrit dans trois grandes catégories :

1. La maison en rez-de-chaussée surélevé à pièce unique (93%). Elle est accessible par un escalier de distribution extérieur, en maçonnerie, donnant sur un perron parfois protégé par un large débord de toit formant un auvent, dit "bolet", soutenu (ou non) par des poteaux. Il s´agit d´un logis superposant une cave, le plus souvent voûtée en berceau, un étage de soubassement utilitaire servant de cellier et une pièce principale. Cette maison est celle du vigneron, de l'ouvrier agricole, ou de l'artisan. Elle se situe dans le bourg et les hameaux environnants (cf. fig. 20).

2. L´habitat mixte se caractérise par la cohabitation des hommes et du bétail sous le même toit. Ce modèle, définit également sous la typologie des fermes en bloc à terre, est peu représenté sur le territoire communal (20%) (cf. fig. 21). A Ligneyrac, il regroupe dans un même volume, mais pas forcément sous un même toit, les fonctions d´habitation et d´exploitation. La séparation entre les deux espaces est assurée par une simple cloison ou bien par un mur de refend sur lequel s´appuie parfois la cheminée de la salle commune.

Avant les remaniements de la seconde moitié du 20e siècle, il n´y avait aucune communication intérieure entre ces différentes zones. En façade, la différenciation entre les espaces était lisible grâce aux différentes ouvertures, toutes percées sur l´élévation principale et donnant sur la cour (porte piétonne pour le logis, porte d´étable, porte charretière, fenêtres droites, baie fenière...). Cette cohabitation, naturelle jusqu´au 19e siècle, n´est pas la conséquence d´une situation de dénuement mais d´un mode de vie commun, d´ailleurs très répandu en Europe, partout où domine la polyculture. Il permet au paysan de surveiller étroitement ses bêtes tout en bénéficiant, dans son logis, d´un surcroît de chaleur résultant de cette promiscuité. Les modifications intervenues au cours des siècles ont modifié la typologie de ces fermes. En effet, aujourd'hui nombre de logis et de grange-étable ont été remaniés et restaurés afin de les adapter aux nouveaux usages de vie (cf. fig. 22).

3. L´habitat indépendant se définit par l´absence de cohabitation entre les hommes et les animaux. Cette catégorie est mieux représentée en raison de la nature et de la petite taille des exploitations (80%) (cf. fig. 23). Cette organisation de l´espace entraîne la séparation des fonctions d´habitation et d´exploitation qui ne sont plus réunies sous le même toit. Dans ce type, le logis s´individualise par rapport aux dépendances agricoles. Les logis en rez-de-chaussée surélevés sont majoritaires (54%), tandis que ceux à un étage restent marginaux (12%) comparés aux logis en rez-de-chaussée (22%). Certains logis de ferme (4/65) sont flanqués d´une tour d´escalier : deux d´entre elles sont d´origine (Traversat ; Les Treilles) les deux autres sont des ajouts du 18e siècle.

CONCLUSION

Les maisons et les fermes sont de taille moyenne. Les changements d´usage des bâtis traditionnels, l´abandon et les remaniements des dépendances agricoles sont patents sur l´ensemble de la commune, ce qui peut, parfois, en gêner la lecture. Comme sur les communes voisines étudiées (Collonges-la-Rouge, notamment), les premiers témoignages de l'habitat rural apparaissent dès le 16e siècle et le 17e siècle avec de très beaux exemples d´architecture, reflet d´une économie assez florissante.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit partiel

  2. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  3. Matériau du gros oeuvre : grès

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit partiel

  4. Matériau du gros oeuvre : grès

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  5. Matériau du gros oeuvre : bois

    Revêtement : essentage de bardeaux

  6. Matériau du gros oeuvre : béton

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