Demeure dite hôtel de Denan, puis gendarmerie (détruit), portail

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Marans

Ce portail, probablement du 18e siècle, est le dernier vestige d'une ancienne demeure ayant servi de gendarmerie. La maison noble de Bernay, relevant de la seigneurie de Marans, est mentionnée en 1539 et appartient alors à Pierre de Sansiquet, écuyer, seigneur de Bernay et aussi de Denan, en Poitou. Dès le 16e siècle, le nom de la seigneurie et de la demeure évolue d'ailleurs en Denan. En 1639, elles sont détenues par Geoffroy Grimouard, chevalier, seigneur du Payré, et passent aussitôt à Pierre Geay, sieur de la Pénissière, décédé en 1645, un des acteurs des dessèchements de marais autour de Marans. Sa fille, Marie Geay apporte Denan à son époux, Jean Giraud, écuyer, sieur de la Cousture. Leur fils, Jean Giraud, en fait la déclaration au comte de Marans en 1678.

Vendu en 1697, puis en 1718 par Jean-Baptiste Bonsingault de Montéguy, Denan est finalement acquis par Henri-François des Herbiers. La propriété figure sur le plan de Marans par Claude Masse en 1716, avec un parc dessiné au sud. Selon le plan, la demeure sert de logement au curé. Elle reste sans doute presbytère pendant une grande partie de la première moitié du 18e siècle, époque à laquelle semblent remonter les anciennes cheminées dont on garde la mémoire. La demeure fait l'objet d'une nouvelle déclaration au comte de Marans, le 6 mars 1744, de la part d'Alexis Augustin des Herbiers, chevalier, seigneur de l'Etenduère, au nom de son frère, Henri-François des Herbiers, commissaire général d'artillerie à Dunkerque. Il s'agit d'une "grande maison vulgairement appelée de Denan, consistant en chambres basses et hautes, salles, cuisines, cours, écuries, granges, jardin et un pré, le tout se joignant et renfermé de murs tout autour". Henri-François des Herbiers a acquis cette propriété auprès de Pierre Gambier, curé d'Andilly-les-Marais. En 1754, sa fille, Olive, épouse de Gaspard Cochon, cède Denan à son oncle, Alexis-Augustin des Herbiers, qui le transmet à son gendre, Jacques d'Escoubleau, comte de Sourdis. Celui-ci le rend en 1765 à Paul Ballain, curé de Marans.

Sous la Révolution et au début du 19e siècle, la brigade de gendarmerie de Marans est logée dans plusieurs maisons successives (près de l'ancien château en 1792, sur le site de l'ancien hôpital, plus tard école de filles puis école maternelle, en 1799, rue de la Guillerie en 1804, rue d'Aligre en 1810). Ces locaux s'avérant tous successivement trop petits et vétustes, la municipalité de Marans prend en location, à partir du 1er juillet 1820, une plus grande propriété à la sortie sud de la ville. Visible sur le plan cadastral de 1820, l'ancien hôtel de Denan appartient alors à Jacques Priouzeau (1789-1848), propriétaire demeurant à la cabane de la Gabauge, à Marans, marié en 1812 à Véronique Rigaud. La demeure comprend une cave, deux appartements au rez-de-chaussée, quatre autres à l'étage et un grenier. Elle dispose d'une grande cour divisée en deux parties par une écurie et d'autres servitudes.

L'entretien des lieux est sujet à des litiges avec le propriétaire. Une visite de la maison a lieu le 22 novembre 1828 pour déterminer les travaux à effectuer. D'autres travaux sont réclamés en 1837-1838. Quelques années plus tard, la municipalité finit par acheter la demeure.

Un plan des lieux établi à l'occasion de la construction de l'hôpital d'Aligre, le 14 avril 1852, montre le corps principal de bâtiment, sur le côté sud d'une cour, avec un escalier rampe sur rampe à l'intérieur, une tour ronde à l'arrière et, en retour d'équerre, le long de la rue, une conciergerie et une petite "salle des détenus". Du même côté, la cour est délimitée sur la rue par le portail toujours visible de nos jours. A l'est, un jardin est entouré par un magasin à fourrages, au sud, une écurie et d'autres dépendances, au nord.

Le 9 novembre 1856, la municipalité confirme l'affectation des lieux à la gendarmerie. Elle en délègue la propriété au nouvel hôpital d'Aligre qui les loue à l'autorité militaire. De nombreuses réparations sont encore à envisager. D'importants travaux sont menés en 1872-1874 : réfection du toit du bâtiment principal, construction de deux cellules dans la cour, réparations dans les cinq logements et création d'un sixième. C'est probablement à cette époque que les ouvertures des ailes côté cour sont revues, et que, côté sud, la tour ronde disparaît au profit d'un corps de bâtiment qui, tout en prolongeant l'aile ouest, vient masquer le corps principal ; toujours côté sud, les grandes ouvertures du 18e siècle, en arc segmentaire, sont en partie murées au profit de baies plus petites.

La demeure est décrite le 20 octobre 1908 à l'occasion du renouvellement du bail, pour quinze ans, entre l'hôpital d'Aligre et l'Etat pour la gendarmerie. Elle comprend "onze chambres à feu et huit pièces froides", avec un râtelier d'armes dans chaque chambre, garni de drap au support du canon et une boîte fermant à clé pour ranger les munitions. On compte aussi deux chambres de sûreté avec cabinets et chambre de discipline, un magasin à fourrage et à avoine, et une écurie.

Désaffecté après la construction d'une nouvelle gendarmerie, le bâtiment est démoli en avril 1975, à l'exception du portail.

Périodes

Principale : 17e siècle, 18e siècle

Secondaire : 3e quart 19e siècle

De l'ancienne gendarmerie, il ne reste que ce portail situé le long de la rue Guy Seguinot. Intégré dans un haut mur de clôture, il comprend une porte charretière en arc en plein cintre, avec clé et sommiers saillants ; et une porte piétonne couverte, ornée d'une corniche et d'un entablement que soutiennent deux pilastres.

La gendarmerie s'étirait à l'arrière de ce portail, au sud du parking, dans l'enceinte de l'ancien hôpital d'Aligre. L'hôtel de Denan dans lequel elle était logée, était constitué principalement d'un corps central de bâtiment, à deux étages, encadré par deux ailes à un étage. Le corps central était couvert d'un haut toit en ardoise et à croupes, percé au nord comme au sud, d'une lucarne à fronton triangulaire. Au nord, côté cour, la lucarne terminait une travée d'ouvertures qui comprenait, aux étages, deux baies en arc délardé et, au rez-de-chaussée, une porte entourée par une corniche et deux pilastres (décor identique à celui de la porte piétonne du portail). Le corps central de bâtiment abritait un escalier en pierre rampe sur rampe qui desservait l'étage de chacune des deux ailes. Au rez-de-chaussée de l'aile ouest, dans l'angle formé avec le portail, se trouvait une petite porte en arc en plein cintre qui ouvrait sur l'aile de bâtiment longeant l'actuelle rue Guy Seguinot. Au sud, l'extension de l'aile ouest pratiquée dans les années 1870 masquait le corps principal de bâtiment.

L'intérieur de l'ancien hôtel particulier contenait des cheminées en pierre de taille. L'une, de la première moitié du 18e siècle, présentait un décor sculpté composé de coquilles, de motifs végétaux et floraux, d'étoiles et de moulures.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. ardoise
Étages

2 étages carrés

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

État de conservation
  1. vestiges

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Marans , rue Guy Seguinot

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 1820 E 10 et 11, 2016 AH

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