Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

Mention : p. 8 à 12

ISBD/Commentaire :

A.D. Haute-Vienne 3 P 215 (1 à 10) Cadastre du Vigen, levé vers 1814, atlas de plans, section C et matrices.

ISBD/Commentaire :

A.P. La majeure partie des photographies anciennes du jardin paysager proviennent des archives de Monsieur Charles Dupont, propriétaire jusqu´en 1990. Deux photographies aériennes proviennent des archives personnelles de Martine Coiffe, fille des propriétaires dans les années 1970.

Mention : p. 8-12

ISBD/Commentaire :

TABOURY, M.-F. Nécrologie d´André Laurent. Bulletin de la Société d´horticulture et d´arboriculture de la Haute-Vienne, Janv., Fev., Mars, 1907, t. 45.

ISBD/Commentaire :

VALIERE, Nathalie. Un américain à Limoges : Charles Edward Haviland (1839-1901).- Tulle, Société Historique et Régionaliste du Bas-Limousin, 1992. t. 17 des Mémoires d´Histoire Régionale des Editions Lemouzi. 240 p.

ISBD/Commentaire :

Visite du Grand Reynou. Bull. Soc d´Horticulture de Limoges, 1902. Compte rendu d´une visite effectuée par les membres de la Société d´Horticulture de Limoges.

ISBD/Commentaire :

L´excursion printanière des Amis des Fleurs au château du Reynou. La Vie limousine. 25 juin 1931.

ISBD/Commentaire :

Enquête orale : Une enquête orale a été faite auprès de Monsieur Jean d´Albis vers 1990 et auprès de Madame Edmée Haviland rencontrée à Paris en 1993. L´un et l´autre n´avaient aucune précision à apporter pour la création de ce parc. Madame E. Haviland, petite-fille de Charles Haviland avait gardé comme souvenir du Reynou, le bruissement des râteaux passés tous les matins sur la terrasse par le "bataillon de jardiniers".

ISBD/Commentaire :

CHARDONNE, Jacques. Les Destinées sentimentales. En 3 tomes : La femme de Jean Barnery. Pauline. Porcelaine de Limoges. Paris Grasset, 1934.

ISBD/Commentaire :

RACINE, Michel. Architecture rustique des rocailleurs. Paris : Editions du Moniteur, 1981. 159 p., ill.

ISBD/Commentaire :

Le parc du Reynou, commune du Vigen, Haute-Vienne. Etude préalable réalisée par Juliette Dessert, architecte paysagiste. 1993. (Documents et témoignages, Pascale Charles-Lavauzelle, Peleia, sarl). Documentation consultable aux M.H à la DRAC du Limousin.

ISBD/Commentaire :

Compte rendu de la visite du parc du Reynou, par W. Messiez stagiaire à l´Institut pour le Développement Forestier de Rennes, travail mené sous la Direction de P. Bazin, septembre 1997. Documentation consultable aux M.H à la DRAC du Limousin.

ISBD/Commentaire :

Etude de faisabilité de valorisation de l´espace paysager classé du parc du Reynou par Cyril Vrignon, septembre 1997. Documentation consultable aux M.H à la DRAC du Limousin.

COMPLEMENT D'INFORMATION HISTORIQUE

Rappel de la chronologie des travaux d'agrandissement du château et analyse des documents (dossier château et dossier jardin paysager) et des renseignements oraux recueillis depuis 1990, en vue d'une proposition de datation des aménagements du jardin paysager.

Le document 2 (dossier jardin), photo 92 87 02077 XB montre au premier plan une pièce d'eau et à gauche de celle-ci des arbres nouvellement plantés ; au second plan la terrasse dite des platanes présente des sujets plus vieux que ceux de la pièce d'eau. En arrière plan, l'ancienne maison a été agrandie des deux tours néo-classiques. Un zoom sur cette construction permet de voir que le pavillon nord n'est pas encore construit.

Cette photo serait postérieure à 1877 et antérieure à 1895. La terrasse des platanes semblerait antérieure à la création des pièces d'eau et pourrait être consécutive aux premiers agrandissements de la vieille maison et à dater autour de 1880-85.

Charles Haviland a épousé Madeleine Burty en 1877, il a le Reynou en nue propriété, il en devient propriétaire en 1884.

En 1931, le compte rendu d'une visite des Amis des fleurs rapporte que tous les visiteurs purent alors admirer à loisir la magnifique ordonnance du parc, ses remarquables et intéressantes plantations, son lac majestueux, aux rives si gentiment fleuries, enfin tout cet ensemble magique créé il y a près d'un demi siècle par André Laurent. Ce compte rendu confirmerait la date des premiers travaux du parc et les attribue au pépiniériste et paysagiste André Laurent.

Le document 3 (photo 97 87 0417 XB) confirme le précédent en montrant les arbres de la terrasse dite des platanes comme étant des sujets plantés antérieurement aux arbres qui jalonnent la pièce d'eau et le pont rustique.

Le document 8 (vue générale des trois pièces d'eau), montre que la création des pièces d'eau s'est ajoutée à une création paysagère antérieure comprenant pour le moins la terrasse des platanes et des conifères plantés en contrebas de cette terrasse.

1895 Jacques Rougerie qui était en 1886 chef jardinier du château de Maury à Condat-sur-Vienne devient chef jardinier du (Grand Reynou) selon la liste des membres de la Société d'Horticulture.

1960 Plantation des cèdres pleureurs.

1966-67 Abattage des platanes de la terrasse en vue de l'aménagement d'une piscine.

1980-90 Entretien minimal.

1990-96 L'ensemble du jardin n'a plus d'entretien, les pièces d'eau sont asséchées.

1996-97 Aménagement du parc zoologique. Le jardin paysager est nettoyé. Enlèvement du lierre, des ronces, réfection des conduites d'eau, curage de la rivière anglaise, curage et remise en eau des trois pièces d'eau (Cf. rapport Cyril Vrignon).

1999 Tempête. Destruction de la majeure partie de l'allée d'arrivée plantée de hêtres.

Sculptures ornant le jardin

Bull Soc d´Horticulture de Limoges 1902.

Compte rendu d'une visite effectuée par les membres de la Société d'Horticulture de Limoges.

Prés du château, à gauche, on admire les ruines d'une maison vénitienne de la fin du XVe siècle (portes, fenêtres, bas-relief et médaillons). Voici un lion de Saint-Marc de la même époque. Au tennis, habilement établi à droite du château, on trouve deux statues de Flore et Pomone et quatre groupes représentant les quatre saisons. Ces six statues en pierre ainsi que plusieurs vases et coupes, placés en différents endroits du parc, proviennent du travail italien du XVIIIe siècle.

Il faut citer encore trois statues de bronze (Mercure assis et deux coureurs) qui sont des reproductions modernes des bronzes romains du musée de Naples.

Ce compte rendu mentionne à gauche du château les ruines d'une maison vénitienne du 15e siècle. Ces fausses ruines (cf. doc. 20 et 21) sont localisées sur le plan de situation des différentes parties du jardin paysager (cf. Des. 3). Le tennis était situé sur la terrasse dite des platanes.

La statue de lion ailé dit de saint Marc, citée ci-dessus est actuellement dans le jardin de la maison sise 34 Rue Saint-Lazare, propriété de Jean d'Albis arrière petit-fils de Théodore Haviland. Selon Monsieur d'Albis, cette statue a été offerte par Paul Coiffe lorsqu'il était propriétaire du Reynou, à William Haviland en reconnaissance de son rôle joué lors de la fondation de la Société Harshaw-Coiffe. William Haviland a installé cette statue à l'ancien hôtel particulier de Théodore Haviland, 29 avenue de la Libération à Limoges. Pendant la guerre, cette sculpture a été installée rue Waldeck Rousseau, puis à la mort de William Haviland, cette oeuvre est tombée dans la succession d'Harold Haviland qui l'a vendue à Jean d'Albis en 1968.

Cette information a été recueillie par le témoignage oral de Monsieur d'Albis en 1993.

DESCRIPTION

La numérotation des différentes parties de la composition renvoie au plan de situation : fig.1.

Ce jardin paysager se développe à mi-pente, sur le versant méridional d'un léger vallonement. La prairie ornée située devant la façade ouest du château, en pente douce jusqu'au petit ruisseau du Ribardy, participe à la composition d'ensemble en servant de transition avec le paysage agricole environnant. Au nord-est le jardin a pour limite l'ancien chemin.

1 Allée principale d'arrivée (fig. 40)

Cette allée, bordée au départ d'un bosquet de chênes et de résineux est plantée de hêtres assez espacés pour laisser filtrer la lumière et garder la vue à gauche vers une prairie plantée d'essences remarquables et à droite vers la rivière anglaise. Un grand nombre de hêtres de l'allée d´arrivée ont été abattus par la tempête de 1999.

Parmi les arbres remarquables à gauche de l'allée d'arrivée, on note un platane d'Orient (platanus orientalis) et à droite un thuya géant doré (thuya plicata zébrina). Ces deux sujets bordent l'extrémité de cette allée vers le château qui se termine en longeant d'un côté le monticule des fausses ruines, et de l'autre une canardière et une volière pour oiseaux d'ornement (actuellement démolie). Les fausses ruines ont disparu.

2 Monticule des fausses ruines (fig.22 et 23)

Ce monticule est en fait un des versants du vallonnement alpin étudié en partie n° 3. Autrefois aménagé de fausses ruines, colonnes et chapiteaux, portes en arc brisé avec décor néo-gothique (cf. doc.20 et 21), ce petit vallonnement est planté principalement de feuillages persistants : diverses variétés de buis (buxus microphilla, buxus sempervirens, buxus sempervirens aureo-marginata), conifères et ifs. Sa situation avant d'arriver à la cour d'honneur, la dominante des arbres ou arbustes persistants masque le vallon alpin ce qui contribue à ménager un effet de surprise sur cette coulée verte.

3 Le vallon alpin ou la coulée verte (fig. 47 et 48)

Le modelé de ce vallonnement est totalement artificiel. La partie la plus basse ou vallée se profile comme une coulée d'herbe verte ; elle semble s'inscrire à l'emplacement de l'ancien chemin d'accès porté sur le cadastre de 1814. Le monticule de gauche, lorsqu'on tourne le dos à la porte d'entrée du château, était aménagé par la scène des fausses ruines, celui de droite, plus haut, est planté de conifères et d'arbres colorés (fagus sylvatica purpurea). Il est parcouru d'un chemin en lacets permettant d'arriver au point le plus haut. De là une vue sur les ruines du château de Chalucet avait été soigneusement aménagée. La composition de cette partie du jardin à dominante de conifères crée un dépaysement. Au pied de ce monticule, la coulée verte rejoint la prairie plantée d'arbres remarquables colorés, située à gauche de l'allée d´arrivée.

4 Prairie ornée d'arbres remarquables, à gauche de l'allée d'arrivée (fig. 46)

Cette partie est plantée d'arbres remarquables isolés (parrotia persica, gleditsia triacanthos, cedrus atlantica glauca) ou disposés en ronds tels les hêtres pourpres (fagus sylvatica purpurea) ou les sapins (abies normanniana). Lorsqu'on se trouve près de la lisière la plus haute de cette partie, le dénivelé est de telle sorte que le regard passe à travers les hêtres de l'allée d'arrivée, ce qui permet d'apercevoir la rivière anglaise sans rupture visuelle du végétal, c'est-à-dire sans voir l'allée d'arrivée.

5 Rivière anglaise (fig. 42, 43, 44)

Cette rivière artificielle est alimentée par un aqueduc provenant du ruisseau du Ribardy. Les berges étaient ornées d'iris ou d'arbustes à fleurs (Hydrangea paniculata grandiflora). Des passerelles en bois ou en éléments rustiques jalonnent cette rivière qui vers son extrémité dessine une île plantée d'azalées arbustives. Un belvédère en demi-cercle avec gare-corps à balustres surplombe l'île. Ce belvédère est maintenant presque totalement sous l'ombrage d'un magnolia soulangeana, à l'origine, un poirier argenté lui faisait pendant. L'extrémité de la rivière se perd sous une touffe de bambous qui prend des proportions démesurées par rapport à la conception d'origine. Le chemin de promenade qui longeait les deux rives de cette rivière a totalement disparu.

6 Scène de la laiterie

Une allée courbe passant devant la verrière d'entrée du château et devant la sellerie et la remise à voitures fait une boucle autour de la scène pittoresque de la laiterie. Cette scène est composée d'une petite pièce d'eau autour de laquelle sont plantés des ifs, des conifères et des arbustes persistants pour maintenir la fraîcheur autour d'un abri construit en brique, carrelé à l'intérieur, servant à la fabrication et à la maturation des fromages.

7 Terrasse ouest du château (fig. 49 et 50)

Cette partie est la seule composée de façon régulière et fleurie de massifs de rosiers. Elle s'inscrit dans le prolongement de la terrasse couverte, elle-même située dans le prolongement du grand salon. La vue qui est ménagée à travers ces différents plans est un points fort de l'architecture et du jardin. Elle permettait à partir du grand salon de surplomber les massifs de rosiers et au delà était cadrée par deux arbres remarquables plantés en contrebas. Cette vue était composée selon plusieurs plans vers la prairie ornée puis la campagne bocagère.

On peut noter sur cette terrasse la présence d´un rare acer palmatum dissectum.

8 Terrasse de l´ancien tennis dite terrasse des platanes (fig. 29, 30, 53, 54 et 55)

Cette partie est celle qui a subi le plus de modifications par rapport à la conception d'origine. Une pelouse entourée d'une allée courbe précédait la terrasse du tennis (cf. doc.28 et 29). A l'origine cette allée était ponctuée de massifs fleuris ; par manque d'entretien elle s´est totalement effacée, deux cèdres pleureurs ont été plantés vers 1960 en remplacement de magnolias. Une autre allée courbe qui entourait les bambous situés à l'extrémité de la rivière anglaise a été totalement effacée par l'avancée de ceux-ci.

La terrasse aménagée pour le tennis est bordée d'un mur de soutènement avec garde-corps dont les balustres sont formés de briques empilées. Cette terrasse était plantée de cinquante deux platanes abattus lors de la construction d'une piscine dans les années 60. L'abri situé à côté de la piscine est l'ancien abri du tennis, à l'origine construit en éléments rustiques.

9 Les pièces d´eau

La première pièce, la plus haute des trois, reçoit l'arrivée d´eau en cascade à travers des rochers artificiels. Cette eau provient d'une part du trop-plein de la rivière anglaise par une conduite souterraine et d'autre part des sources de la prairie située au-dessus après avoir alimenté une (pêcherie) ou lavoir à topinambours, un lavoir et une cressonnière. La partie sommitale des rochers de la cascade forme une sorte de belvédère à partir duquel on peut voir les trois pièces d'eau à la suite les unes des autres, la vue va jusqu'au point où se situait un petit quai d´embarquement pour une barque à fond plat de canotage.

Les rives découpées des deux pièces d'eau suivantes dessinent un étranglement enjambé par un pont rustique en ciment armé. La deuxième pièce d'eau est ornée d'une grotte artificielle sous laquelle on peut accéder par canotage. La troisième pièce d'eau présente une île plantée de rhododendrons et reliée à la berge par un arc de rochers artificiels. Cette petite île n'est accessible que par voie d'eau. Un deuxième pont rustique permet de s'écarter de la rive pour accéder à un belvédère dont le garde-corps est un arbre en ciment armé disposé en porte à faux sur une avancée rocheuse.

Le trop plein des pièces d'eau s'échappe en cascade dans une gorge de rochers artificiels. A partir de ce point une promenade conduisait jusqu'au ruisseau du Ribardy, elle a totalement disparu sous l'avancée du taillis.

Ces pièces d'eau ornées d'éléments rustiques constituent un des éléments majeurs de la composition.

10 La prairie ornée dite (pré sec).

Ce pré en légère pente jusqu'au ruisseau participe à la composition d'ensemble. Il est planté prés de la rivière anglaise d'un groupe de cèdres bleus (cedrus atlantica glauca) et d'un goupe de sequoiadendron giganteum, et de façon isolée de cèdres bleus. Un chemin de promenade partait du trop plein des pièces d'eau pour aller jusqu'au ruisseau du Ribardy en le longeait jusqu'à l'extrémité ouest du pré sec pour remonter vers le début de la rivière anglaise. Un autre chemin de promenade longeait la rivière anglaise du côté du (pré sec). Ces promenades ont disparu.

11 Prairie haute ornée

Cette prairie plantée d'arbres d'ornement sert de transition entre le domaine agricole et le jardin paysager proprement dit. Cette prairie riche en sources était destinée à l'élevage mais aussi à des activités domestiques autour de la (pêcherie) (lavoir à topinambours), de la cressonnière ou encore du lavoir entouré d'une pergola où grimpait une glycine. Les arbres d'ornement sont principalement des frênes (fraxinus excelsior), des érables de Virginie (liriodendron) et des cèdres bleus (cedrus atlantica glauca).

12 Jardin des fleurs

Protégé du nord par deux dépendances agricoles disposées à angle droit, cet espace réservé à la culture des fleurs à couper ou en semis est totalement entouré de murs de clôture. Une petite serre chauffée provient de l'atelier de fabrication Bergerot, Boulevard de la Vilette, 76, Paris telle que l'indique la marque de fabrique. La porte est ornée de verres de couleurs gravés à l´acide d´un motif végétal.

13 Jardin potager

Le jardin potager est entièrement clos de hauts murs contre lesquels de nombreux arbres fruitiers étaient conduits en espalier comme sur l'ensemble des murs bien exposés des dépendances.

14 Jardin fruitier

Cet espace clos sur deux côtés de murs protégeant du nord, était planté d'arbres fruitiers de haute-tige et d'arbres palissés. La partie centrale, en herbe, était réservée à diverses volières d'oiseaux d´agrément, construites à la manière rustique et ombragées par des conifères et un très vieux chêne.

Pièce annexe (1)

Compte rendu d´une visite effectuée au (Grand Reynou), publiée dans le Bulletin de la Société d'Horticulture de Limoges. 1902

Sur la demande de notre aimable collègue, M. Mathiaud, jardinier chef, demande autorisée par le sympathique propriétaire, M. Charles Haviland, les commissions florales, maraîchère, fruitière et des arts et industries, conduites par nos dévoués vice-présidents, MM. Bonneville et Henri Nivet, MM. Charles Henry et Barotte étant retenus ailleurs ce jour-là ont, le 28 juillet, visité la superbe propriété du Grand-Reynou, dont un propriétaire intelligent et artiste, secondé par d'habiles jardiniers, a fait un Eden en miniature. Etalée sur le versant méridional d'une ondulation de terrain, la propriété du Grand-Reynou apparaît de loin comme un large bouquet de verdure, du centre duquel émerge le château, construction moderne où l'on a très heureusement conservé l'ancienne habitation et allié tous les styles. Avant d'arriver au château, nous traversons une partie du parc, dont les plantations, nombreuses et formées de toutes essences d'arbres et d'arbustes qui peuvent croître dans nos pays, sont une belle végétation, et dont les allées bien tracées et bien entretenues décrivent des méandres fort gracieux. Une rivière anglaise, très ombragée, aux eaux limpides, sillonne le parc qu'ornementent de l'autre côté du château, des bassins avec des chutes d'eau et des rochers artificiels d'une grande beauté : la nature a été copiée avec un art irréprochable. Prés du château, à gauche, on admire les ruines d'une maison vénitienne de la fin du XVe siècle (portes, fenêtres, bas-reliefs et médaillons). Voici un lion de Saint-Marc de la même époque. Au tennis habilement établi à droite du château, on trouve deux statues de Flore et Pomone et quatre groupes représentant les quatre saisons. Ces six statues en pierre ainsi que plusieurs vases et coupes, placés en différents endroits du parc, proviennent du travail italien du XVIIIe siècle.

Il faut citer encore trois statues de bronze (Mercure assis et deux coureurs) qui sont des reproductions modernes des bronzes romains du musée de Naples.

Des terrasses successives qui s'échelonnent devant le château, la vue s'étend fort loin et la perspective est charmante. De l'autre côté, une montagne artificielle abrite des vents du nord et permet aux regards, par une ingénieuse utilisation des trouées naturelles de la région, de plonger dans l'espace jusqu'aux monts de la Marche et aux collines du Bas-Limousin.

Au pied de cette montagne, les bâtiments de servitude, bien agencés ferment le jardin de culture maraîchère toutes les variétés de légumes sont l'objet de soins vigilants, et où des espaliers et contre-espaliers comprennent une collection fort complète, fort rare, je dirai, des arbres fruitiers acclimatés dans nos pays. ces arbres sont d'une vigueur exceptionnelle, peut-être au détriment de la production fruitière, qui nous a paru un peu faible. Sur ce point, nous avons trouvé très justes les remarques du jardinier et nous sommes convaincus que s'il est autorisé par le distingué propriétaire à faire des transformations dont il a conçu l'idée, ce sera au profit de la production, qui deviendra bien plus intense.

En raison du cadre étroit de ce rapport, nous ne pouvons décrire toutes les merveilles d'arboriculture qu'on admire au Grand-Reynou et pour clore, nous laissons la plume à M. Deschamps, rapporteur de la commission florale.

La commission florale, tout en reconnaissant le bon goût et les soins assidus apportés dans la floriculture par le jardinier chef, aurait été heureuse de voir les fleurs occuper une plus grande place dans la belle propriété du Reynou.

Nous avons remarqué autour du château, la plantation bien comprise de la partie française : un semis de Streptocarpus et de Primula obconica, plantes à très belle floraison, servant à la décoration du jardin d'hiver et des appartements. A noter aussi une très belle fougère de plein air l'Asplenium Spinulosum, servant aussi à la décoration des salons, et une petite plante naine du plus bel effet qui a fait l'admiration de tous les visiteurs.

La commission ne peut que féliciter M. Mathiaud pour les soins et le bon goût qu'il apporte dans ses cultures, et souhaite que les propriétaires de ce beau domaine donnent plus d'extension à la partie florale, ce qui mettrait une note gaie dans l'ensemble des plantations grandioses des beaux arbres que nous avons tous admirés.

Malgré l'étendue des plantations, la direction et l'entretien laissent peu à désirer, grâce à l'activité et à la compétence du jardinier chef, à qui la société attribue une grande médaille de vermeil.

Pièce annexe (2)

Nécrologie d´André Laurent extraite du Bulletin de la Société d´Horticulture et d´arboriculture de la Haute-Vienne. Janv. fevr. mars 1907 p. 8 à 12

Extraits du texte prononcé par M. Taboury :

Mesdames,

Messieurs,

André Laurent naquit en 1925, d'une humble famille d´ouvriers, dans cette région privilégiée que l´on a si justement appelée Le jardin de la France, et qui a été le berceau de l'horticulture française. J'ai nommé l'Anjou.

Dés l'âge de douze ans André Laurent entrait en apprentissage, et tour à tour les maîtres ès-horticulture de l'époque, les Moiret, les Templiers, les Cachet, les Félix Gauthier, les Printemps lui enseignèrent les secrets de leur art. Attentif à leurs leçons, ardent au travail, soigneux et délicat, il devint bientôt habile dans l'art de la multiplication des plantes, et mérita ainsi le gracieux et flatteur surnom de La Main d´or, sous lequel il fut longtemps connu dans toute la région angevine.

Aussi, lorsque vers 1846 un horticulteur limousin vint demander à la maison Leroy d'Angers un jeune homme, sérieux, actif intelligent capable de rénover son établissement en l´organisant à la façon angevine, André Laurent fut mis en première ligne. Et c'est ainsi que ce jeune horticulteur vint en Limousin, qu'il connut notre pays, qu'il l'aima, l'adopta et y créa une famille.

Tout d´abord il créa pour la maison Peyte, qui l'avait appelé, une importante pépinière, sur le type de celles de la Touraine et de l'Anjou.

Quelques années plus tard... il fonda son premier établissement de l'avenue des Bénédictins... Mais bientôt à l'étroit, serres et plantations furent transportées au Clos-La-Chatte, puis enfin à l'avenue de Louyat, pendant que les pépinières, qui prenaient de plus en plus d'extension, se créaient à Fargeas, à Aixe et à la Jonchère.

Ce n´est pas seulement comme horticulteur-pépiniériste qu'André Laurent s'est imposé à l'attention de ses nouveaux concitoyens. C'est aussi comme architecte-paysagiste, la région lui doit ses plus beaux parcs et ses plus belles plantations. Dés 1848, presque à son arrivée, il se faisait connaître par le tracé et l'excécution du parc de M. Cruveilher à Chateauneuf, qui fut une sorte de révélation, et jusqu'en ces dernières années, pendant plus de 50 ans, sa main dessina les jardins de nos belles habitations. Plantadis, Crochat, Le Reynou, Montméry, etc., resteront des modèles dans cet art des jardins, et attestent le savoir, le goût, le sentiment du paysage et de la ligne chez celui que M. Ed. André, le grand paysagiste français, a nommé son collègue limousin, et que d'autres déclaraient avoir sa place aux côtés de M. Alphand.

Pièce annexe (3)

Bulletin de la Société d´Horticulture, 1889 3e trim.

M. Rougerie (J.), chef jardinier chez M. Haviland, au Grand-Reynou, commune du Vigen (Haute-Vienne), avait exposé soixante-et-une variétés de poires et vingt-deux de pommes. Chaque variété était présentée par cinq spécimens d'une beauté remarquable due à la bonne culture des arbres et aux soins intelligents donnés aux fruits par M. Rougerie. Nous avons remarqué parmi les poires : Triomphe de Jodoigne, Beurré superflu, Olivier de Serres, Délices d'Anger, Bergamotte lucrative, Beurré de Luçon, Mne Favre, Beurré d'Isambart, Beurré d´Amboise, Beurré Van Mons, Saint-Germain d´hiver, Beurré Clairgeau, Beauprésent d´Artois, Passe-Colmar, Colmar doré, Glace d´hiver, Bergamotte Esperen, Beurré Bachelier ; Beurré gris d'hiver, Beurré Perrault, Nouveau Poiteau, Seigneur Esperen, Nec plus Meuris, Urbaniste, Maréchal de Cour, Duchesse d'Angoulème, Duchesse d'hiver, Fondante de Panisel, Orpha (obtenteur feu <M. Sensaud, Dr à Saint-Germain-Les Belles), Conseiller à la Cour, Doyonné d'hiver, Baronne de Mello et Seckle. Parmi les pommes, nous avons noté : Calville Saint-Sauveur, Reinette dorée, Reinette de Granville, Reinette du Canada, Reinette Blanche, Lincoln Pippin, Reinette de Caux, Reinette de Thoin, etc.

Pièce annexe (4)

L'excursion printanière des (Amis des Fleurs) au château du Reynou. Extrait de La Vie Limousine, 25 juin 1931.

Compte rendu de cette excursion :

Il y a quelques jours, en dépit de quelques ondées, de nombreux et fervents Amis des Fleurs sont allés, comme à un pèlerinage, visiter les merveilles florales, végétales et artistiques, qui font du Reynou l'un des plus jolis parcs de la région.

Dés leur arrivée, les Amis des fleurs furent reçus, prés du château, avec une amabilité charmante et une exquise cordialité, par Mme. et M. Rooker, et la délicieuse autant qu'instructive promenade commença.

Tous les visiteurs purent alors admirer à loisir la magique ordonnance du parc, ses remarquables plantations, son lac majestueux, aux rives si gentiment fleuries, enfin tout cet ensemble magique, créé il y a prés d'un demi-siècle par le maître paysagiste André Laurent.

Mais ce furent surtout les récentes transformations apportées à certains coins les plus en vue qui attirèrent irrésistiblement l'attention des Amis des fleurs : jardins de plantes vivaces, scènes aquatiques et alpines, etc., si à la mode aujourd´hui. Aux regards éblouis surgissaient à chaque pas des splendeurs végétales et florales inconnues. C'était une véritable féerie de grâce et de couleurs.

Et tout au long des allées ou des sentiers rustiques, dallés ou rocaillés, se déroulaient d'innombrables collections de variétés d'élite d'arbustes les plus recherchés, de plantes rares ou curieuses, d'une décoration incomparable et d'une floraison sans cesse renouvelée.

Tant de beautés et d'harmonie vivantes, créées pour la joie des yeux, laissèrent à tous les visiteurs ravis l'impression d'un enchantement sans fin.