Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

Comme le suggèrent ses caractéristiques, la maison-ferme de La Borie pourrait être un ancien petit repaire noble. Par son emplacement : placé à l’extrémité d’un éperon rocheux dominant la partie occidentale du méandre de la Vézère, il contrôle la plaine et le cours de la rivière ainsi que le chemin qui y mène. Par son organisation concentrique : la demeure est le centre autour duquel prenaient place une dépendance, un colombier, un jardin et des vignes situées au plus près. Par son architecture : le grand bâtiment principal, de plan rectangulaire, haut d’un rez-de-chaussée surélevé par deux étages de soubassement en partie creusés dans la roche, comprend de grandes pièces à vivre munies de cheminée, d’évier et de fenêtres à traverse en pierre. Toutefois, aucun texte ne vient conforter cette hypothèse. Un village s’est probablement développé autour de lui, à une époque indéterminée.

Plusieurs pans de murs en partie basse du bâtiment principal et de l’actuel mur de clôture nord font penser à une construction de la période médiévale, peut-être du XIVe siècle. C’est sur cette base médiévale que fut érigé le bâtiment principal actuel à la fin du XVe ou au début du XVIe siècle : la demi-croisée à chanfrein concave formant ébrasement, traverse en pierre et appui mouluré, ainsi que les petites fenêtres et les portes à chanfrein droit sont des éléments caractéristiques de cette période. Le bâtiment était alors isolé, sans les constructions annexes actuelles, et comprenait deux étages de soubassement (le deuxième, le plus bas, accessible au sud, côté cour, par une porte en plein-cintre, servait d’espace de stockage) et un rez-de-chaussée, accessible à l’est par une terrasse en partie rocheuse et en partie maçonnée, qui abritait les pièces à vivres (cuisine faisant office de pièce commune et une chambre). Les pignons étaient alors plus accentués qu’aujourd’hui, le bâtiment étant sans doute couvert en lauze.

En 1768, le village est représenté succinctement sur la planche n° 23 de la carte de Belleyme, et aucune demeure noble n’y est signalée. En 1813, lorsque le plan cadastral ancien de la commune est dressé, la ferme comprend deux bâtiments adossés au même alignement, orientés nord-est/sud-ouest, disposés à gauche de la cour. L’un d’eux était une maison, l’autre une grange-étable. La cour comprenait également un bâtiment circulaire, dans l’angle oriental, peut-être un pigeonnier ou une tour de défense. De ces bâtiments, seule une petite grange-étable subsiste. Les autres bâtiments actuels, qui ne sont pas représentés en 1813, semblent avoir été construits dans la seconde moitié de ce siècle. Une grange-étable de plan rectangulaire fut en effet élevée au fond de la cour, à l’est, en moellon pour les murs (autrefois enduits), et en pierre de taille pour les chaînes d’angle et les baies (portes et fenêtres) ; elle était alors couverte en lauze, comme l’indique ses mur-pignons dont les pentes ont été modifiées pour permettre l’installation de tuiles plates. La même opération a été menée sur le bâtiment principal, peut-être au même moment. Les autres dépendances furent bâties contre les murs de clôture plus anciens : l’une d’elles comprend un four à pain, qui s’élève à l’emplacement de la tourelle circulaire représentée sur le plan cadastral de 1813. Un nouveau pigeonnier fut construit plus loin, au sud, isolé sur un petit éperon rocheux dominant la plaine.