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Maisons, fermes : l'habitat à Vaux-sur-Mer
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Vaux-sur-Mer
Historique
Près des trois quarts des maisons recensées au cours de l'enquête ont été construites entre les années 1900 et 1970. Les deux tiers l'ont été soit à la fin du 19e siècle/début du 20e, soit durant la Reconstruction d'après 1945. Telles sont bien les grandes caractéristiques chronologiques de l'habitat à Vaux-sur-Mer, commune qui a commencé à se développer à la fin du 19e siècle, dans le sillage de la station balnéaire de Royan, puis s'est considérablement développée après 1945, au point de devenir une véritable ville.
Les bâtiments repérés les plus anciens sont d'anciennes fermes situées à Chantermerle et à Chauchamp. Au nombre de sept, et remontant majoritairement à la première moitié ou au milieu du 19e siècle, elles rappellent l'histoire agricole et même viticole de la commune, une histoire mise à mal par la crise du phylloxéra à la fin du 19e siècle. Jusqu'aux années 1950-1960, ces fermes ont maintenu leur activité de polyculture dont témoignent encore leurs dépendances (chai, étable...) accolées en appentis à l'arrière du logis. Par le décor de leur façade, caractéristique du style saintongeais (corniche couronnant la façade, bandeau séparant le rez-de-chaussée de l'étage, habitable ou non), deux d'entre elles en particulier, à Chantemerle, rappellent l'expansion économique et viticole des années 1850-1860.
En dehors de ces quelques exploitations agricoles, et de quelques maisons dans le bourg, l'essentiel des nouvelles constructions réalisées à Vaux dans les années 1860-1900 l'ont été sur la falaise ouest de Pontaillac, quartier alors en plein essor. C'est là que se trouvent les villas les plus cossues, à l'architecture la plus exubérante et colorée. Certaines ont pris place un peu plus loin, vers la conche de Gilet ou vers la plage de Nauzan.
Près d'un cinquième des maisons recensées au cours de l'enquête ont été édifiées pendant les années 1920-1930, période où le phénomène de la villégiature et des bains de mer a commencé à s'étendre davantage à Vaux-sur-Mer. C'est l'époque des premières villas construites dans le nouveau lotissement des Fées. D'autres viennent prendre place en second rang derrière les grandes villas de Pontaillac. Quelques-unes s'établissent le long du nouveau boulevard de la Côte de Beauté ou bien sur les hauteurs qui surplombent les marais et la plage de Nauzan.
Plus du tiers des maisons observées lors de l'inventaire témoignent de la période de reconstruction puis d'urbanisation qui a vu la ville de Vaux-sur-Mer sortir de terre à partir des années 1950-1960, jusqu'aux créations contemporaines des années 2000. Par leurs formes et leurs matériaux, elles illustrent le courant moderniste qui, prolongeant l'expérimentation royannaise, a bousculé les codes de l'architecture jusqu'à nos jours.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 2e moitié 19e siècle, 20e siècle |
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Description
En dehors des éléments les plus remarquables du patrimoine, l'inventaire a porté sur 118 maisons (dont villas) et 7 anciennes fermes. Ont été prises en compte les constructions antérieures aux années 1960, à l'exception de celles pour lesquelles de récents remaniements rendent l'état d'origine illisible. Parmi ces125 éléments du patrimoine inventoriés, 40 ont fait l'objet d'un simple recensement et 43 ont été sélectionnés en raison de leur intérêt historique et/ou architectural. Tous ces éléments témoignent de l'histoire de la commune, en particulier de son développement comme station balnéaire et comme ville reconstruite après 1945, tout en présentant quelques témoignages de son histoire rurale antérieure.
1. Des chalets sous toutes les formes
Les 84 villas recensées à Vaux-sur-Mer illustrent parfaitement les différents courants de l'architecture dite de villégiature qui a engendré de nombreuses constructions à partir de la seconde moitié du 19e siècle, notamment sur les bords de mer,. Parmi elles, deux grands groupes se distinguent par leur nombre : les villas de type chalet et les villas modernistes. Chacun représente près de 40 % du total. Inspiré des habitations montagnardes, le chalet est le type le plus ancien. Il a été adopté pour les grandes villas construites dans les années 1860-1870 le long de la falaise ouest de Pontaillac : "Bon Accueil" (ou "l'Iris Bleu"), "la Brise", "les Rochers", "Malgrétout", "Marpa", "'Océan", "Sainte-Marie" alignent ainsi leur haute façade placée sur le mur pignon, couronnée par un débordement de toit, et sur laquelle les ouvertures sont réparties de manière symétrique, souvent autour d'une porte centrale. Cette disposition correspond généralement à une organisation également symétrique des pièces à l'intérieur, avec un couloir central desservant les pièces de chaque côté. La villa comprend souvent un étage de soubassement, semi-enterré, où prenaient place les pièces de service, alors que le rez-de-chaussée surélevé et les étages étaient réservés aux pièces de réception et aux chambres. Comme pour les chalets de montagne, le décor de la façade fait la part belle aux balcons avec garde-corps en bois (quelquefois remplacé, après 1945, par du béton). Le bois est également présent par les consoles qui soutiennent le débordement de toit, parfois développées et ciselées sous la forme d'aisseliers, comme sur la villa "Marpa".
La forme traditionnelle du chalet a perduré dans les années 1920-1930, par exemple dans le quartier construit dans l'Entre-deux-guerres derrière le front de Pontaillac. La villa "Bonjour", 4 allée des Vagues, montre ainsi sa façade sur le mur pignon, sous un débordement de toit ; elle diffère toutefois du chalet traditionnel par la position décentrée, vers la gauche, de ses deux travées d'ouvertures. Ici, le décor réside surtout dans les incrustations de briques de couleur, sur les linteaux des ouvertures et autour du cartouche qui porte le nom de la villa. Ce type de décor se retrouve sur bien d'autres villas du début du 20e siècle, par exemple "la Tempête", avenue de Nauzan- Plage, qui a conservé du chalet le pignon qui surmonte une partie de sa façade, ainsi que la répartition symétrique des ouvertures. Ici, le décor réside non seulement dans les incrustations de briques vernissées, mais aussi dans le traitement bicolore des volets. Le décor de briques vernissées est notamment la marque de fabrique de Maurice et Robert Senusson, deux frères entrepreneurs qui ont beaucoup œuvré dans la région de Royan à partir des années 1920. Leurs briques bleues et leur signature se retrouvent par exemple sur la villa "Amor", 17 rue Benjamin-Delessert.
Pendant l'Entre-deux-guerres, la mode du chalet a connu des adaptations qualifiées de néo-régionalistes car inspirées de l'architecture traditionnelle de certaines régions de France, notamment du Pays Basque mais aussi de la Saintonge elle-même. Six exemples de chalet d'architecture néo-régionaliste basque sont visibles à Vaux-sur-Mer, dont trois se trouvent dans le lotissement des Fées. "Etchola", au 3 avenue des Arbousiers, construite en 1928, présente au sud une façade dissymétrique, divisée par des pans de murs appuyés sur des corbeaux en pierre. Surmontée par un débordement de toit soutenu par des consoles en bois, cette façade est ornée de pans de bois dans sa partie supérieure, en encorbellement. La partie inférieure est recouverte d'un parement de moellons, tout comme la façade ouest dans son intégralité, à l'agencement plus traditionnel. Un peu plus loin, les villas jumelles "Conchita" et "Franchita", édifiées en 1934 aux 15 et 17 avenue de Cordouan, présentent elles aussi un décor de pans de bois sur la partie supérieure de la façade. Quant à l'architecture traditionnelle saintongeaise, elle a inspiré quelques villas par le recours à la tuile creuse sur un toit abaissé et à croupes ; à la génoise, frise placée au sommet de la façade et constituée d'une suite de tuiles ; ou encore au moellon de pierre dont la rusticité est mise en valeur par l'absence d'enduit ou par l'utilisation en parement. C'est ce que l'on observe par exemple sur la villa située au 19 avenue de la Pointe de Grave, ou celle du 24 rue des Rochers.
Le type chalet et ses variantes ont pu être repris après 1945, même si, dans le cadre de la Reconstruction, ils pouvaient alors paraître démodés. Le principe de la façade sur le mur pignon, avec répartition symétrique des ouvertures, a parfois été adopté pour de petites maisons en rez-de-chaussée, par exemple celle située au 9 rue de la Grosse Pierre, datée de 1964. L'architecture néo-régionaliste saintongeaise se retrouve aussi sur certaines constructions de la fin des années 1940 et du début des années 1950, comme celle située au 12 rue des Plataines, ou sur "Sylva Mare", dans le lotissement des Fées, 1 avenue des Deux-Plages.
2. Les villas modernistes : une architecture de rupture
Après les chalets, le courant de l'architecture de villégiature le plus représenté à Vaux-sur-Mer est celui du mouvement moderniste, dont 29 exemples ont été relevés. Développée dans les années 1950-1960 après avoir été expérimentée dans le cadre de la reconstruction de Royan notamment, cette architecture a largement recours aux formes géométriques et aux lignes sobres, à l'alliance entre le béton, la pierre et le métal, à l'alternance entre l'enduit lisse et blanc et le parement de pierre rustique, et aux jeux d'ombres et de lumière. Toit à deux pans inclinés non par vers l'extérieur mais vers l'intérieur, ou bien toit à un seul pan ou en terrasse ; soubassement abritant entre autres un garage, sous un rez-de-chaussée surélevé accessible par un escalier extérieur ; brise-soleil tamisant la lumière et portant ses ombres sur la façade ; pavés de verre entourant la porte ou marquant une cage d'escalier ; balcons en avancée et porches en retrait ; gardes-corps des balcons et de l'escalier extérieur en métal, au motif de zig-zag repris sur le portail ou le portillon qui ferme le jardin : tels sont les éléments que l'on retrouve généralement sur ce type de construction en rupture radicale avec ce qui se faisait avant-guerre.
Parmi les exemples les plus représentatifs de ce courant, la villa "Diama Reck", à Pontaillac, 39 boulevard de la Falaise, se remarque par son toit incliné qui se prolonge par une "casquette" en béton, soutenue par un pilier et qui fournit de l'ombre au balcon-terrasse. Quant à "Globule", au 28 avenue de Rohan, dans le lotissement des Fées, son toit incliné vers l'arrière permet d'ouvrir à l'avant, côté mer, une façade percée de larges baies. Le jeu d'ombres et de lumière engendré par la présence d'un brise-soleil, horizontal ou vertical, se retrouve par exemple sur "Ker Mag", 23 boulevard de la Côte de Beauté. Certaines villas illustrent enfin la référence à l'architecture maritime des paquebots, notamment par des garde-corps en tubes d'acier ou par des hublots percés dans les murs. "Scimbel", par exemple, au 112 boulevard de la Côte de Beauté, présente ce type de décor, adapté ici en une série de petites ouvertures carrées. On retrouve des hublots, bien ronds cette fois, sur "Cap Vert", 74 rue des Tourterelles ou sur "Sipighi", 95 boulevard de la Falaise.
Cette architecture moderniste a permis à plusieurs architectes de se faire un nom. Marc Quentin (1921-1997), par exemple, a signé en 1956 la villa "Tribord Amures", 33 boulevard de la Falaise, où le jeu de volumes et de lumière est particulièrement présent. "La Foulbée", 13 bouelvard Alfred-Robert, est une réalisation de l'architecte Marc Hébrard (1909-1979), en 1959. Plusieurs villas ont été conçues par le bureau d'études de René Eveillé, de Royan, par exemple "Globule" en 1951 ou "Scimbel" en 1958. Quant à Henri Bertrand, directeur du Bureau d'études de constructions immobilières à Saint-Georges-de-Didonne, on lui doit "Sipighi" en 1960.
3. Cottages, rationalisme et Art déco
Bien avant les années 1950-1960, des architectes se sont éloignés du modèle du chalet traditionnel. Ainsi est né, dès la fin du 19e siècle, le type "cottage" de l'architecture de villégiature. Directement inspiré des constructions anglo-saxonnes, il place cette fois-ci l’asymétrie comme principale valeur. Les villas de ce type présentent en effet un plan en L ou en T qui engendre en façade la présence d'un avant-corps latéral avec façade sur un mur pignon. Ce plan libère la maison et son agencement intérieur de la contrainte de symétrie du chalet. Un soin tout particulier est généralement porté au décor des ouvertures (encadrements en brique et pierre, garde-corps en bois ou en ferronnerie, se détachant sur les murs en parement de moellons) et au décor du pignon de l'avant-corps latéral (ferme de charpente apparente, épi de faîtage...).
15 exemples de cottage ont été relevés à Vaux-sur-Mer (soir près d'une villa sur cinq). Les plus spectaculaires, là encore, se trouvent sur la façade ouest de Pontaillac, par exemple "Tourville", au 19 boulevard de la Falaise. L'avant-corps latéral en façade, à pans coupés, est coiffé d'un toit à large débordement, soutenu par des aisseliers en bois. Le décor en brique rouge se retrouve sur la tour-belvédère hexagonale dont la présence rappelle le souci de voir le panorama et d'être vu de tous. Entre l'avant-corps et la tourelle, la porte, au sommet d'un petit perron, est ornée des armoiries sculptées du maréchal de Tourville, vice-amiral de Louis XIV. Un peu plus loin sur le boulevard, au numéro 23, une autre villa des années 1890 offre au regard de tous son avant-corps en pignon, ses balcons en bois, ses décor de rayures en brique rouge, dit "en maillot de bain", ses cabochons de céramique, et sa tour-belvédère hexagonale, cette fois reportée sur le côté pour bénéficier de la vue à la fois sur Pontaillac et sur l'estuaire. Comme pour "Tourville", cette tour confère à la villa l'aspect d'un petit château.
Située à l'arrière de Pontaillac, 5 allée des Vagues, la villa "Ellen", construite entre 1925 et 1937 par l'entrepreneur Maurice Senusson, illustre pour sa part l'alliance entre le cottage et le chalet : en effet, sa façade reprend le principe de l'avant-corps en pignon du cottage, mais il est cette fois-ci placé au centre de l'élévation, formant l'axe de symétrie propre au chalet. La façade se distingue par ailleurs par un jeu subtil de formes, de matériaux et de couleurs : à l'enduit ocre du niveau supérieur répond le parement en moellons des deux niveaux inférieurs ; à cette même couleur ocre et à la blondeur de la pierre de taille, s'oppose le bleu des briques vernissées incrustées en bandeau et dans les linteaux des ouvertures. On remarque aussi les pleins-de-travées appareillés, aux motifs géométriques.
Enfin, certaines villas sortent des catégories habituelles, qu'il s'agisse du chalet ou du cottage. "La Filandière", 46 avenue des Fées, avance comme un éperon vers l'estuaire et le platin rocheux. Construite dans les années 1930 pour un magistrat parisien, elle est l'un des rares témoins de l'architecture rationaliste de l'Entre-deux-guerres autour de Royan, une architecture qui se manifeste notamment par ses lignes sobres, voire sévères. La rigueur des lignes et du décor réside dans les ouvertures, rectangulaires, dans les jardinières en dur, sur lesquelles donnent la plupart des fenêtres, et dans les bandeaux, les carrés et les rectangles de faïence or et rouge qui dessinent des motifs géométriques. La villa "Mélusine", elle aussi une des plus anciennes du lotissement des Fées (début des années 1930), est pour sa part un des rares témoins du style Art déco dans la région. Sous un toit en terrasse, elle présente des linteaux à pans coupés et, sur sa porte, encadrée de pilastres, un décor de lignes simples entrecoupées de courbes.
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier collectif, communal |
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Référence du dossier |
IA17046402 |
Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée et directeur du Centre vendéen de recherches historiques à partir de 2017. |
Cadre d'étude |
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Date d'enquête |
2015 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Maisons, fermes : l'habitat à Vaux-sur-Mer, Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/bd46595c-eacd-4831-9324-8559c25d69f4 |
Titre courant |
Maisons, fermes : l'habitat à Vaux-sur-Mer |
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Dénomination |
maison ferme |