Tissage (usine de tapisserie et usine de tapis) dit manufacture Croc père et fils, puis Croc-Jorrand, puis Aux Fabriques d'Aubusson, puis usine de petit matériel électrique FALA, puis Fabrique Réunie de Lampes électriques, puis Philips Eclairage

France > Nouvelle-Aquitaine > Creuse > Aubusson

Entre 1852 et 1859, Pierre Croc, teinturier et fabricant de tapis à Aubusson, propriétaire d´une filature de laines cardées dans la rue des Tanneurs (voir notice IA23000546), fait édifier une manufacture de tapis et de tapisseries sur un terrain situé en aval du pont des Récollets, à la confluence de la Beauze et de la Creuse. L´établissement, exploité conjointement par Pierre Croc et son fils Antoine, adopte la raison sociale de Croc père et fils. Il remporte une médaille de première classe à l´Exposition Universelle de 1855, à Paris. A partir de 1868, la direction de l´usine est reprise par le gendre d´Antoine, Adolphe Jorrand ; dès lors, la société adopte le nom de Croc père et fils et Jorrand. Sous l´égide de ce dernier, la manufacture s´oriente vers une mécanisation progressive du travail (achat de métiers à tisser de type Jacquard) et une diversification de ses productions (à côté de la tapisserie, de tradition ancienne, sont tissés des tapis ras, veloutés, jaspés, « écossais » et des moquettes imprimées). Une teinturerie est construite au Gôt-Barbat et l'usine, qui se composait jusqu´alors d´une maison d´habitation et d´une « fabrique », est agrandie en 1882. Entre 1885 et 1887, Adolphe Jorrand fait édifier, perpendiculairement à la rivière, trois nouvelles constructions, connues par l´en-tête d´une lettre représentant la manufacture en 1900 : des ateliers couverts de sheds, une cheminée de brique et un long bâtiment à travées, de plan rectangulaire, constitué de deux ailes symétriques encadrant un pavillon central en léger ressaut, pourvu d´un fronton triangulaire et d´un clocheton. La manufacture dispose également d´une maison de vente à Paris, n° 20 rue du Sentier. En 1923, l´entreprise fusionne avec la manufacture de tapis et de tapisseries de Frédéric Danton (voir notice IA23000546), industriel apparenté à la famille Croc-Jorrand. Les deux établissements sont réunis au sein d´une société anonyme baptisée « Aux Fabriques d´Aubusson », dont le siège social est établi à Paris, 13 rue de Lafayette. Son capital est alimenté par six membres fondateurs, au premier rang desquels figure le banquier Pierre Eugène de Caplane. En 1929, le siège social de la société est transféré 10 rue Vivienne. Fragilisée par le krach boursier et la crise survenue dans les années trente, la manufacture ferme ses portes en 1934. Dans l´attente d´une nouvelle affectation, ses bâtiments sont rachetés par la municipalité d´Aubusson. Le 19 octobre 1939, le gouvernement Daladier décrète la mise en place des opérations de repli et la décentralisation des structures industrielles. A la demande de l'Etat et avec l'autorisation du Ministère de la Défense Nationale, la Société des Fabricants Associés de Lampes Electriques (composée de la Société Française de lampes à incandescence, Omnium des Fabriques de Lampes, la Couronne et Argonia) décide de créer à Aubusson, en zone libre, une unité de production baptisée la FALA (Fabricants Associés de Lampes Aubussonnaises). En janvier 1940, la commune d´Aubusson consent à la FALA la location des bâtiments désaffectés de la manufacture. Le site est alors progressivement réaménagé, en différentes campagnes de travaux, qui se succèdent de 1940 à 1948. Au sud, le long de la Beauze, les anciennes écuries de la manufacture sont remaniées pour accueillir les services sociaux de l´entreprise (garderie d´enfants, cantine, bibliothèque, infirmerie, salles de formation) et des garages. En fond de cour, à l´ouest, est édifié un bâtiment de plan rectangulaire, destiné à abriter les bureaux de l´usine, ainsi que des ateliers (bobinage, recuisson, étirage et décapage des lampes). Au nord, le bâtiment principal de l´ancienne manufacture est détruit et remplacé par une longue aile perpendiculaire à la Creuse, contenant, au rez-de-chaussée les ateliers « entrée de courant » et aux étages, divers ateliers de fabrication (boudinage, formation des filaments, étirage au tungstène, contrôle des lampes, emballage, rebords). Plus au nord, les ateliers sous sheds faisant face au quai des Iles sont reconvertis en ateliers mécaniques d´entretien et en magasins. Les premières machines arrivent sur le site en mars 1940 et la production démarre le mois suivant. Les ampoules proviennent par transport ferroviaire des cristalleries de la région parisienne (Asnières, Villejuif, Ivry) et de Givors, dans le Rhône. En marge de la production traditionnelle de lampes à incandescence, l´usine, équipée au gaz acétylène à partir de 1940, fabrique aussi des lampes à l´aide de ce composé chimique. Sous le régime de Vichy, la modernité de ses installations et sa main d´œuvre essentiellement féminine font l´objet d´un reportage photographique réalisé pour la série « La France au travail ». Après la crise survenue dans l´immédiat après-guerre, en raison de la pénurie des matières premières, la FALA connaît une augmentation constante de sa production entre 1946 et 1955. Son essor permet de compenser la majeure partie du chômage local né du déclin de l´industrie tapissière. En 1955, la FALA est absorbée par l´entreprise FRLE (Fabriques Réunies de Lampes Electriques), une filiale de Philips et Thompson. Avant 1963, est aménagé au centre du site un jardin ouvrier, avec des parterres géométriques, un plan d´eau et un portique couvert. Le 1er janvier 1985, la FRLE devient Philips Eclairage. Mais le groupe, engagé dans une politique de restructuration, décide la fermeture du site aubussonnais, le 9 juin 1987. En 1989, la ville d'Aubusson rachète la totalité des bâtiments du site pour un franc symbolique. Dès 2007, elle entame la reconversion du site, avec pour projet d´y installer un Pôle Emploi et Formation, avec une participation financière de l'Etat et grâce à la structure juridique porteuse d'un GIP (Groupement d'Intérêt Public). Les sheds sont démolis en novembre 2007. Le travail de réhabilitation des autres bâtiments est toujours en cours. En 1900, la manufacture Croc père et fils et Jorrand employait 600 ouvriers. En 1928, les Fabriques d´Aubusson comptaient 225 salariés. En 1945, 180 ouvriers travaillaient à la FALA ; ils étaient 438 au sein de la FRLE en 1958, puis 410 en 1966 et 500 en 1976. Lors de la fermeture de l´usine, en 1987, elle comptait encore 298 salariés.

Périodes

Principale : 3e quart 19e siècle

Secondaire : 4e quart 19e siècle

Secondaire : 2e quart 20e siècle

Dates

1852, daté par source

1882, daté par source

1885, daté par source

1940, daté par source

L'usine, bâtie sur la rive gauche de la Creuse, s'organise autour d'une cour centrale. Au sud du site, le long de la Beauze, se trouve un groupe de bâtiments de même facture, qui se démarquent par leur traitement (moellons de granite enduits, corniche à modillons), les encadrements en brique de leurs ouvertures (pour la plupart cintrées) et leurs toitures à longs pans couvertes de tuiles plates. Ce sont les anciennes écuries et dépendances de la manufacture, reconverties en services sociaux de l'entreprise FALA-Philips. A l'ouest et au nord se situent les deux ailes de plan rectangulaire des anciens ateliers de fabrication, en béton enduit. L'aile nord se distingue par sa tour d'escalier hors-œuvre, de plan carré, accolée à l'est de sa longue élévation à travées. Cette tour abrite un escalier tournant à retours, en maçonnerie et suspendu, qui dessert les trois niveaux des anciens ateliers.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : béton

  2. Matériau du gros oeuvre : granite

  3. Revêtement : enduit

  4. Mise en oeuvre : moellon

Toits
  1. tuile mécanique, tuile plate
Plans

plan rectangulaire régulier

Étages

3 étages carrés

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

Escaliers
  1. Emplacement : escalier hors-oeuvre

    Forme : escalier tournant à retours sans jour

    Structure : en maçonnerie, suspendu

État de conservation
  1. établissement industriel désaffecté
  2. restauré

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Creuse , Aubusson , esplanade Charles-de-Gaulle

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 2007 (AH 338, 339, 340, 91)

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