Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

Cette bâtisse imposante, probablement construite au 18e siècle comme le suggère son annexe la grange Borda édifiée en 1722, figure déjà sur le cadastre levé en 1831. Inscrite sous le domonyme d'Eyherasquia (Eiheski) dans la matrice cadastrale, elle appartient alors à Pierre Etchebarne, propriétaire cultivateur et notable, dont le patronyme est l'un des rares à être mentionné sur le plan. Il est d'ailleurs l'un des signataires de la matrice de 1831 en tant que "propriétaire classificateur". Outre cette maison et une trentaine de terrains situés dans d'autres quartiers de la commune, sa vaste propriété au lieu-dit Gamé se compose de huit parcelles de labours (Guibeleguiette et Etchelguegagnecoalhorra), de pâtures (Etchelguegagne et Ordoquia), de prés (Etchelguia, Ordoquia et Eyherasquia) et d'une grange (Borda), plus tard aménagée en écurie. Trois de ces parcelles sont alors délimitées par le ruisseau s'écoulant depuis la source Lamina Ziloa, qui se trouve sur les parcelles dénommées Etchelguegagnecoalhorra et Etchelguia. La propriété est transmise à Bernard Patalagoïty, cultivateur à Alçay, puis à Adolphe Etchebarne en 1867. La maison Eiherasquia (Eiheski), agrandie en 1882, elle est dans un premier temps transmise en indivision à Anicet Arhancet et Pierre Cocostéguy en 1891.

Pierre Aguer, propriétaire de la ferme voisine, étend progressivement son emprise foncière dans le quartier Gamé. Il acquiert d'abord la grange Borda en 1891 ainsi que l'ensemble des terres d'Etchebarne, y compris la source, entre 1905 et 1906. Quant à la maison Eiheski, elle est acquise par Jean Etchegoyen, allié Iriart, originaire de Camou, en 1896, pour être finalement rachetée par Pierre Aguer, époux Quéheille, en 1930.

Conçue comme une imposante maison rurale de style vernaculaire, l'édifice est aménagé par la famille Aguer dans les années 1930 pour accueillir des chambres d'hôtel à l'étage ainsi que quatre cabines avec baignoires en métal et une douche au rez-de-chaussée du côté bordant le ruisseau. L'eau de la source était acheminée par un canal de 350 mètres de long jusqu'à la maison. L'eau, jaillissant de la résurgence à plus de 30 degrés, était portée à 37 degrés grâce une chaudière à bois tandis que la cure pouvait être complétée par l'ingestion de l'eau d'une autre source, froide, située sur une route voisine. De l'entre-deux-guerres aux années 1960, l'établissement pouvait accueillir jusqu'à une vingtaine de curistes par jour.

Parallèlement à la fréquentation directe au bassin de la source, l'activité thermale de cet établissement perdure ainsi durant une cinquantaine d'années. La bâtisse a connu plusieurs campagnes de travaux durant les Trente Glorieuses, avec une extension en rez-de-chaussée sur ses faces postérieure et latérale (côté du pré) et l'aménagement des lucarnes de sa façade principale, ainsi que la construction d'un vaste bâtiment agricole. Avec le déclin de l'établissement vers 1980 en raison de la vétusté de ses aménagements, inadaptés aux normes sanitaires modernes, l'édifice, ayant longtemps eu une vocation d'accueil du public, abrite, désormais, uniquement le restaurant Aguerria.