Maisons, fermes : l'habitat à Béruges

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A l'époque gallo-romaine, l'éperon du bourg était occupé par des habitations. Les cartulaires des abbayes mentionnent encore au Moyen Age des noms de villas qui sont à cette époque des domaines agricoles : à Boussais, Visais, Jallais et Vauvinard. Au Moyen Age, des implantations apparaissent comme dépendances de l'abbaye du Pin : la Grange du Pin, la Loge du Pin, les Essarts, l'Aumône et Ferrières. La Torchaise est mentionnée en 1250 et la plupart des lieux-dits apparaissent durant cette période.

Au 18e et jusqu'au mileu du 20e siècle le nombre d'habitations reste assez stable (168 feux en 1720 comme en1762, 176 feux en 1759, 178 feux en 1790, 171 logements en 1830 et 174 en 1949) ; ensuite, la commune connaît une lente évolution avec 235 logements en 1962, qui s'accroît à partir de 1970 si bien que l'on comptait 397 logements en 1990 et la courbe augmente très rapidement depuis. Les premiers lotissements ont été établis dans le bourg en 1975 et 1985 et, récemment, de nombreux logements ont été bâtis avec la mise en oeuvre de deux lotissements au nord du bourg, celui du Verger-Bonnet entre 1996 et 2001 et celui de la Bourdillière depuis 2004 (436 logements en 2004). En revanche, quelques fermes figurant sur le plan cadastral de 1830 ont disparu ou sont en ruine : à la Torchaise, la Locherie, la Malinière et son four à chaux, la Mignotterie, le Rouleau, Visais, la Montagne [Doc. 1].

Parmi les 108 maisons et fermes retenues lors du recensement, le bâti le plus ancien pourrait dater en partie du 15e siècle [Fig. 32], 3 édifices semblent remonter au 16e siècle, 13 dateraient du 17e siècle et 8 du 18e siècle. Environ 75% des maisons et des fermes étudiées ont été construites au 19e siècle. Seules trois maisons datant du 1er quart du 20e siècle ont été retenues.

Peu de bâtiments comportent des chronogrammes, 7 ont été recensés : 1626, 1692, 1760, 1806, 1891, 1896, 1925. Cependant les sources ont permis de préciser quelques datations : 1641 et 1642, et surtout les matrices cadastrales : 1833, 1834, 1836, 1837, 1838, 1839, 1840, 1841, 1843, 1844, 1848, 1850, 1853, 1856, 1857, 1860, 1862, 1865, 1866, 1867, 1868, 1870, 1874, 1876, 1882, 1885, 1886, 1887, 1888, 1890, 1891. Bien entendu, beaucoup de fermes ont été agrandies et des logements modifiés, notamment au 20e siècle (25% des édifices étudiés).

L'économie de la commune était autrefois essentiellement tournée vers l'agriculture et l'élevage. En 1830, 37% de la superficie était consacrée au labour, 6,1% aux prairies et 0,8% à la vigne. En 1951, on comptait 47% de terres labourables, 4,8% de prairies, 0,6% de vignes. En 2000, les superficies agricoles diminuent avec 37% de terres labourables, la vigne a totalement disparu et les exploitations agricoles ne sont plus qu'au nombre de 21. La forêt occupe 43 % de la surface communale avec, en particulier, les vastes forêts de l'Epine au sud et de Vouillé-Saint-Hilaire au nord. Aujourd'hui, de plus en plus d'habitants travaillent en dehors de la commune.

Périodes

Principale : 17e siècle

Principale : 18e siècle

Principale : 19e siècle

Ce recensement prend en compte 60 maisons et 48 fermes, ou anciennes fermes, antérieures à 1950. Ont été également recensés 5 châteaux et 2 manoirs dont cette synthèse ne tient pas compte. Les habitations très remaniées récemment (une trentaine) n'ont pas été retenues, de même que les maisons postérieures à 1950 bien que quelques maisons contemporaines se remarquent par leur forme originale.

L'habitat est en partie dispersé, sur 64 écarts 16 ne possèdent qu'un seul logement, 11 n' en possèdent que 2 et seulement 6 écarts possèdent plus de 10 habitations. Les habitations se concentrent principalement autour de la vallée de la Boivre, à proximité des sources et des versants où la pierre pouvait être extraite facilement, ainsi qu'en bordure de la forêt de Vouillé-Saint-Hilaire. Dans la partie sud, seul le hameau de la Torchaise rassemble plusieurs logements, une grande superficie étant toujours occupée par la forêt, autour de l'abbaye de l'Epine et de ses dépendances.

Les édifices sont construits en moellons de calcaire et couverts d´enduit. La plupart des couvertures sont en tuile creuse, parfois associée à d´autres types de couverture. L´ardoise est peu répandue, elle est plutôt le privilège des châteaux ou de certaines demeures de la fin du 19e ou du début du 20e siècle.

Les 60 maisons retenues lors du recensement se situent surtout dans le bourg (24), les autres se trouvent dans les lieux-dits : la Torchaise (10), Ferrière (5), la Bourdillière (4)... [Doc. 2]. La plupart d'entre elles ont une cour ou un jardin (49), parfois clôturé par un muret ou un mur (18 dont 8 avec un portail). Plus de la moitié des maisons possèdent des petites dépendances, des communs ou des remises (34). Dans le bourg, deux abritent également un commerce. La majorité des maisons se trouve en retrait par rapport à la voie. Une seule présente une façade en pignon. Généralement, elles ont un étage carré (36) avec un comble à surcroît (19). 16 sont en rez-de-chaussée avec comble à surcroît. Quelques-unes ont un niveau de soubassement ou un sous-sol. La forme la plus courante présente en façade 3 travées et une porte centrale (14). Ces maisons peuvent être réparties en 5 types : maisons de bourg (23), maisons de faubourg (8), maisons rurales (23), maisons de campagne (4) et villas (2) [Doc. 6].

Parmi les 48 fermes ou anciennes fermes retenues, 5 se situent dans le bourg, 4 à Boussais ou à Ferrière, 3 à Bourgversé ou à Gaudent, 2 à la Torchaise, la Montagne, la Bourdillière, Saint-Laurent ; les autres sont isolées [Doc. 3]. Elles sont plutôt en retrait par rapport aux voies de circulation (40%). Généralement, elles se composent d´un ou plusieurs logements et de dépendances agricoles. Elles ont une cour mais peu d'entre-elles sont fermées par un muret ou un mur clôture (15). Les logements sont pour la plupart en rez-de-chaussée, 30 dont 24 avec comble à surcroît, et 17 à un étage dont 4 avec comble à surcroît. 3 d'entre eux ont une façade en pignon. Les autres présentent une façade en gouttereau, le plus souvent sans travée (14) ou bien à une travée plus une baie en rez-de-chaussée (11). 10 fermes possèdent un logement secondaire en plus du logement principal. Les granges-étables sont les dépendances principales dans cette région où l'élevage des bovins était l'une des activités essentielles (certaines fermes en possèdent 2) ; elles ouvrent sur un mur pignon (19) ou sur un mur gouttereau (15) [Doc. 8]. Certaines fermes possèdent un hangar dont la toiture est le plus souvent soutenue par des poteaux de bois (15) [Doc. 9]. S'y ajoutent de nombreuses petites étables : toits à cochons ou à volailles et des remises. Souvent on y trouve également un four et un puits ou une citerne. Beaucoup étaient autrefois accompagnées d'une mare, certaines aujourd'hui comblées.

Beaucoup de logements (maisons ou logements de ferme) étaient à l'origine de taille modeste. Leur façades sont sur un mur gouttereau, rarement sur un mur pignon (4). Beaucoup de ces façades présentent des ouvertures disposées en travées mais rarement ordonnancées : 45% ont 1 ou 2 travées (avec ou sans baie supplémentaire en rez-de-chaussée), 31% sont à 3 travées et seulement 5% comportent plus de 3 travées. Les autres logements, 19%, ont une façade sans travée [Doc. 11 et 12]. Les encadrements des ouvertures, comme les chaînages d'angle, sont majoritairement en pierre de taille, seulement 8 de ces habitations ont des baies avec un encadrement ou seulement un linteau en bois. Ces ouvertures sont très généralement rectangulaires, les plus anciennes peuvent avoir un encadrement chanfreiné (8). Parfois, sur la façade ou sur une élévation latérale est conservée une pierre saillante d'évacuation de l'ancien évier (16 ont été vues). Des témoignages de la pratique consistant à faire tracer à la chaux une croix, au-dessus de la porte d'entrée, au moment de la bénédiction d'un logement, sont parfois conservés (7). Une autre particularité, vue sur 3 édifices, a consisté jadis à planter une rangée d'os dans une élévation dans le but d'évacuer l'humidité des murs ou de suspendre des végétaux à faire sécher.

Typologie des maisons

Les logements de type "maisons de bourg" sont parmi les plus représentés avec 23 entités retenues. Elles se situent en bordure de rue, dans l'alignement des autres maisons et comportent un étage (83%), avec souvent un comble à surcroît (60%). Les toitures sont à longs pans avec parfois une croupe (34%).

Ceux qui se rattachent à la famille des "maisons de faubourg" (8) sont intégrés dans un parcellaire plus lâche avec des espaces libres entre la voie publique et le logement ou entre les maisons. Ils ont aussi le plus souvent 1 étage.

Les "maisons de campagne" (4) sont des habitations de grande taille avec étage, également séparées des autres maisons et accompagnées d´une cour, de communs et parfois d´un logement secondaire (50%). Leur toit, fréquemment pourvu de croupes, peut être couvert de tuile creuse (50%) ou parfois d'ardoise ou de tuile mécanique. Elles datent essentiellement de la seconde moitié du 19e siècle.

Les 2 maisons de type "villa" ont une forme qui se rapproche de celle des villas balnéaires avec des plans et des volumes plus complexes.

Les 23 "maisons de type rural" comportent un logement, souvent de taille réduite, accompagné de petites remises ou surtout de toits pour abriter cochons ou volailles (83%). De manière générale, elles ont une cour (91%), rarement entourée d'une clôture (8%). 70% sont en rez-de-chaussée avec, à une exception près, un comble à surcroît et 26% comportent un étage.

Typologie des fermes

Les fermes peuvent être réparties selon 4 types principaux : 40 sont à bâtiments séparés, 2 présentant une organisation dans la répartition spatiale des différents corps de bâtiments ; 4 sont à bâtiments jointifs, pouvant être ordonnés autour d'une cour selon un plan en U (1) ou en L (2) ; 2 sont de plan massé avec logement et dépendances abrités sous un même large toit ; 2 sont de plan allongé, constituées de plusieurs corps de bâtiments accolés et alignés, mais de hauteurs différentes et abrités sous des toitures distinctes [Doc. 7]. Bien entendu, suite aux modifications et aux adjonctions intervenues au cours de l'histoire, une même ferme apparentée à l'origine à l'une de ces catégories a pu évoluer ensuite vers une autre forme.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

  2. Mise en oeuvre : moellon

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